Récit de la course : Le Maxi Cross de Bouffemont - 42.5 km 2016, par The Running Lawyer

L'auteur : The Running Lawyer

La course : Le Maxi Cross de Bouffemont - 42.5 km

Date : 7/2/2016

Lieu : Bouffemont (Val-d'Oise)

Affichage : 3921 vues

Distance : 41km

Matos : De la bonne humeur !

Objectif : Se dépenser

7 commentaires

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Au-delà du corps... l'esprit.

Dimanche 7 février 2016

Le Maxicross de Bouffémont. 41 kilomètres et un dénivelé de plus de 1.700 mètres.

D’après PhilippeG-521, il s’agit du trail d’Île-de-France le plus difficile. Plus que difficile, il m’a paru laborieux… tout comme risque de l’être ce compte-rendu, tant j’ai de choses à évoquer.

Quand mon réveil sonne, ce dimanche à 4h20, j’ai dû faire face à la première difficulté : sortir de mon lit douillet sans réveiller la maisonnée.

Après un petit déjeuner express, je retrouve PhilippeG-521 à ma voiture pour rejoindre Bouffémont, à une heure de route de chez moi. PhilippeG-521 ne courra pas ; il est blessé. Mais il tient à venir voir les copains et rendre à Lucas Papi une paire de chaussure Hokka que ce dernier avait oubliée sur un parking, à l’issue de leur dernière course commune.

A Bouffémont, tout est prêt : de l’accueil sur le parking à celui du gymnase, tout se fait dans la douceur. Même la météo et la température sont dans le ton et l’ambiance du jour : il fait 7 °C à 7 heures du matin et le ciel est clair.

Tant et si bien que l’heure du départ approche sans que je n’y prenne gare. Sept heures donc, et un départ avec Thunderstruck d’ACDC dans les enceintes de l’organisation, histoire de réveiller le quartier. Et la frontale sur la tête…. Ce n’est que mon troisième départ en nocturne et la première course où je verrai le jour se lever. J’ai hâte de vivre ce moment entre chien et loup où la nuit et le jour se succèdent.

Ce dimanche, j’ai vécu cet instant de lever du jour au sortir de la forêt, dans une grande coupe de bois vallonnée où doivent pousser les fougères, au printemps, en narguant les pylônes électriques. Durant cet instant magique, où la lumière laiteuse du soleil commence à manger la nuit, il n’aura pas échappé aux trailers présents à mes cotés une présence féminine, accroupie dans les fougères fanées à quelques dizaines de mètres de nous sur les hauteurs, les yeux dans le lointain et le sourire aux lèvres, soulageant une envie naturelle. Tableau champêtre, bucolique et… sportif !

Mais c’est bien souvent nos pieds qu’il nous faut regarder, tant la boue est présente sur le parcours : de la boue molle, collante, glissante ou liquide, sur le plat, en côte ou en descente,… il y en a pour tous les genres.

Côté course, le train est bon et je suis à l’aise. J’ai en tête qu’il faut garder de la force pour les 24 derniers kilomètres et surmonter le fameux M dont on m’a parlé. Il s’agit d’un enchaînement de côtes et de descentes assez… éprouvantes. Pour tout dire, le dénivelé de la course affiche +1.700 m au total et je me rends rapidement compte que j’aurai peu de répit.

Les 15 premiers kilomètres sont donc avalés avec facilité, malgré les longs singles glissants et interdisant tout dépassement. À ce moment, je n’ai aucune idée de mon positionnement dans la course, et à vrai dire, je m’en fiche. Toutefois, je pense être dans le premier tiers des coureurs, avant le flot, car au ravitaillement il n’y a pas d’attroupement. J’en profite pour ranger mon coupe-vent dans mon sac, compte tenu de la chaleur. PhilippeG-521 m’avait prévenu et conseillé d’épingler mon dossard sur mon T-shirt, sous le coupe-vent. Je le remercie intérieurement et me félicite de l’avoir écouté… Un morceau de banane dans la bouche et c’est reparti… jusqu’à la douleur !

Au 16ème km, en pleine descente, j’ai le genou droit qui me fait souffrir. J’ai l’impression que l’on m’enfonce une aiguille sous la rotule dès que j’appuie fermement mon pied sur le sol. L’enchaînement des côtés des descentes va s’avérer délicat si cela persiste.

Et cela persiste… Durant 3 km, je vais bondir sur une jambe et demie en montée comme en descente. Et sur le plat, je gamberge : la douleur est supportable sur le plat, mais pour combien de temps encore ? Qu’ai-je donc si subitement ? Vais-je trouver des secours pour m’arrêter ou vais-je devoir faire demi-tour ? Le moral descend jusqu’au fond de mes chaussettes (pleines de boue) tandis que passent les coureurs devant moi.

Fabrice, un ami de Philippe-G521 rencontré sur la Petite Origole, arrive à ma hauteur et me soutient moralement quelques instants. Je le remercie et l’invite à « remettre les gaz » plutôt qu’à m’attendre, alors que je ne sais pas si je vais poursuivre la course. Le voyant partir au loin, je me remémore une phrase de Scott Jurek qui indique que chaque coup dur est suivi d’un moment de mieux… Alors je m’en fais un mantra : « ça va aller mieux, ça va aller mieux, ça va déjà mieux »… et au 19e km, ma douleur a disparu !

Prudent, je décide de ne pas relancer immédiatement la machine : le capital confiance a été entamé, la cuisse et le mollet gauches ont morflé à supporter à eux seuls mon corps plus que d’habitude, la douleur pourrait revenir… Autant d’arguments qui me font raison garder et économiser des forces. Car à présent, je gère.

Je gère les bas-côtés boueux, les branchages et les troncs en travers du chemin, les côtes glissantes et les cordes bienvenues, tant en montée qu’en descente. Je gère aussi l’hydratation dans la mesure où mon coup de frein du 16e au 19e km ne m’a pas permis de transpirer tout ce que j’ai consciencieusement ingurgité jusqu’ici.

A vrai dire, je ne gère pas l’eau comme j’aurai dû le faire ; j’aurai dû freiner ma consommation parce qu’au 25e km, peu avant le second ravitaillement, j’ai l’impression que mon ventre est ballonné et m’indispose. Il me faudra faire 10 km de plus avant que ne reviennent les bonnes sensations. Et cela tombe plutôt bien car les difficultés succèdent aux difficultés…

PhilippeG-521 m’avait pourtant prévenu en indiquant que ce trail était réputé être le trail le plus difficile d’Île-de-France. Cette réputation n’est pas usurpée : le dénivelé est fort, qui plus est sur la fin. J’avais espéré terminer ce trail en moins de cinq heures lors du départ. À ce moment précis de la course, le chronomètre n’a plus aucune importance. Car j’ai l’impression que le mental a pris le pas sur le physique et que cette victoire à elle seule me suffit.

Il n’empêche, j’ai encore des kilomètres à parcourir et des collines à gravir. De la boue, toujours de la boue. Heureusement que le balisage irréprochable me permet de me concentrer sur mes appuis.

Et si j’échappe à plusieurs reprises à la roulade ou au plongeon involontaire dans des mares d’eau marron, tel n’est pas le cas de tous les participants : une seconde d’inattention suffit parfois au trailer fatigué pour mettre le pied dans un trou, percuter une pierre ou trébucher sur une racine. J’assiste à deux reprises (à 30 minutes d’intervalle) à des cascades involontaires et sans conséquences de coureurs me précédant.

Malgré ce risque, mon penchant pour la contemplation des paysages me fait lever la tête. Ici c’est une vieille tour en pierre, là un cimetière avec une vue incroyable, ici encore un vieux bolet qui a poussé au pied d’une souche de bouleau (mais comment a-t-il pu pousser en cette saison ?).

Puis il faut quitter la forêt et rejoindre le second (et dernier) ravitaillement. À cet endroit se rejoignent les coureurs du 41 et du 24 km. Un peu plus loin, je rattraperai et encouragerai les retardataires du 24 km.

Je rattrape également un coureur du 41 km qui est « dans le dur ». Au passage, je lui lance «allez, suis-moi ». Ce qu’il fait. Nous partageons quelques kilomètres. Puis c’est à moi d’aller moins bien. Mon compagnon prendra les devants, m’entraînant dans sa foulée. Avant d’aller à nouveau mieux, et de reprendre les devants.

Dans les derniers kilomètres, j’ai l’impression d’être plus efficace dans les côtes que dans les descentes. Puis arrive le fameux M. C’est à ce moment-là que je sens que mon acolyte du moment décroche. C’est également là, à la sortie du M que je suis rattrapé par une équipe de coureur accompagnant un jeune handicapé dans un fauteuil spécial (Etait-ce les dunes d'espoir et une de leurs joëlettes ?).

Dans le dernier kilomètre, il me rattrape et me propose de finir ensemble. Ce que nous faisons, avec un plaisir que je ne dissimule pas : je suis cuit et sa présence me dope.

Tout comme celle de PhilippeG-521 qui m’encourage à pleins poumons dans la dernière ligne droite…Je coupe la ligne d’arrivée en 4h51. Je suis 128e. PhilippeG-521 me rejoint et me félicite pour avoir atteint mon objectif initial : finir en moins de 5 heures. Je lui explique alors mon calvaire du 16ème kilomètre et mon coup de mieux 3 km plus loin… ce qui constitue ma vraie victoire du jour.

Nous partageons un verre de vin chaud. Je mange un hot dog… Je regrette un peu que le lot finisher soit si peu « durable ». Une simple bière, pas de T-shirt, de tour de cou ni même de « médaillette ». Il faut dire j'aime bien garder un souvenir de chaque course et que celle-ci m’en a fait baver.

Mais je suis heureux de ma matinée, d’avoir touché le fond et d’être remonté à la surface, d’avoir puisé l’énergie nécessaire pour que cette course ne s’arrête pas dans son 1er tiers. Ce matin-là, j’ai beaucoup appris. Je suis sûr que cela me servira bientôt. Et peut-être en avril…

https://avocatalacourse.wordpress.com/

7 commentaires

Commentaire de trailaulongcours posté le 11-02-2016 à 14:52:12

T'as bien tracé malgré les bobos. Bravo pour ta course. Pas possible pour moi de passer sous les 5 heures cette fois-ci. Faudrait gagner 13 minutes, ça ne se fera qu'un jour de grande forme.

Commentaire de The Running Lawyer posté le 11-02-2016 à 15:55:13

L'essentiel n'était-il pas de finir, tout compte fait ? Pour moi, si. C'était ma première à Bouffémont. Et te concernant, même à 5H13 ça reste extrêmement raisonnable, non ;-) ?

Commentaire de trailaulongcours posté le 11-02-2016 à 15:56:43

Clair! J'avais dit 5h15 donc pas déçu. Ca me place 200ème ce qui me va bien.

Commentaire de PhilippeG-642 posté le 11-02-2016 à 18:56:51

Super ton récit The Running Lawyer, très bien écrit !
Ben ta course, que dire, tu t'en es bien sorti je trouve pour une course très difficile, bravo :)
De bonne augure pour ton périple d'avril, cette course te servira même si ton aventure est plus plate.
En progression depuis le début, tu iras loin (au moins jusqu'en Vendée ;-) )
Beau chrono, belle place, c'est chouette ça, reste ton genou à surveiller.
C'était un plaisir de t'accompagner pour t'encourager.
A bientôt et j'espère à Auffargis.
Philippe

Commentaire de The Running Lawyer posté le 12-02-2016 à 10:25:12

Merci Philippe ! C'était super agréable de t'avoir à mes cotés. Et oui... on se voit pour Auffargis !

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