L'auteur : tiblam
La course : 100 Miles Sud de France
Date : 9/10/2015
Lieu : Font Romeu Odeillo Via (Pyrénées-Orientales)
Affichage : 1978 vues
Distance : 165km
Matos : Batons Black Diamond Distance FLZ
Objectif : Terminer
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12/09/2015
Il est bientôt midi, je galère depuis 12h, avec une douleur intercostale, dans cette course Canfranc Canfranc (100kms/9000D+) pour avoir mes points UTMB.
En effet, n'ayant pas été tiré au sort 2 années de suite, je bypasse le tirage au sort en 2016 à condition d'avoir les points ... Mais n'ayant fait qu'une mini course à 1 point en 2014, mon année 2015 va être relevée ...
J'ai misé l'option 2/3/4 : 2 et 3 validé (meme si les 3 pts, j'ai du m'y reprendre à 2 fois).
Je viens d'apprendre qu'avec les conditions météo,la course passe à 80kms/7000D+ , et le parcours est changé, je n'ai plus de repères, je ne suis meme pas sûr qu'elle vaille encore 4 pts. Vu que l'on est en Espagne, je ne comprends rien ...
J'arrive à un endroit où je finis par comprendre que c'est là que ma course va s'arrêter : le serre file en a marre lui aussi, et meme si en théorie, je suis encore dans les clous, il décide d'arrêter tout le petit groupe de 4 qu'on est.Je ne cherche pas à contester la décision. Je vais enfin sortir de l'enfer.
On dit toujours qu'on apprend d'une course que l'on abandonne, mais là, j'ai encore des doutes. La seule chose de positif qui m'est arrivée à cette course, c'est que ma femme et mes filles ne pouvant pas venir, j'ai demandé à mon frère, Vincent, que je ne connais pas beaucoup, de m'accompagner, et ça nous a permis de nous découvrir un peu plus.
Enfin, je m'écarte de mon objectif principal qui est le CR des 100 miles Sud de France.
Donc, après cet abandon, j'ai commencé à chercher une autre course qui rapporterait 4 pts. Après une mini engueulade - nécessaire - avec ma femme, Audrey , qui me dit de mieux qualifier mes courses, car je dépense non seulement de l'argent, mais aussi des jours de congés ... Elle a bien fait de me mettre une mini pression, car je pense que je serais parti sur une course avec 10 participants, dont le 10e finisher, était le 3e du Treg, donc un niveau au dessus du mien ...
Je vois donc qu'il y a les 100 miles sud de France qui sont du 9 au 11 octobre. Ca me parait pas mal, en France en plus, donc je vais comprendre tout ce qu'il va se dire ... De la Montagne à la Mer, je me dis aussi que ça doit aller point de vue du terrain (erreur).
Je valide avec Audrey que je peux m'inscrire sur cette course, et voilà, la machine est lancée; je réajuste mon entrainement jusqu'à la date du départ. Je profite au passage pour la remercie de me laisser vivre ma passion, et qui m'a soutenu pendant cette course comme dans toutes les autres!
Mais, sur ma 1ere séance de fractionné : contracture au mollet, du coup,j'ai tout coupé mon planning. J'ai lu que c'était bon de couper 3 semaines avant, et que l'erreur était de vouloir se rassurer. En effet, c'est mon cas, mais là, j'y suis contraint, donc je pourrai bien vérifier cette théorie ...
A cela s'ajoute ma douleur intercostale qui ne part pas, un mal de lombaires. Je prends donc rdv avec mon kiné pour mon mollet, ma côte et mes lombaires. J'ai bien fait, j'avais une tendinite au mollet, pour les lombaires, du chaud allait suffire, et j'avais 3 côtes déplacées qu'il m'a remise en place ... Je ne pouvais donc pas finir Canfranc Canfranc dans ces conditions ... Mon kiné me propose une dernière séance pour continuer à me soulager, je m'empresse de l'accepter (à 2j du départ), et il me redéplace une côte, et après un check up complet, me dit que c'est bon, la machine est parée !
Je peux donc partir relativement serein vers Argeles après ce 1er détour en Espagne ...
09/10/2015
Ca y est, nous y voilà enfin, après une super mauvaise nuit avec un nez complètement bouché, je me dis que l'air de la montagne va me revigorer!
A affronter 165 kms , 8000m de D+ et 9700m de D-
Un brieffing à 9h vraiment top.Le directeur de course (j'imagine que c'est lui qui faisait le brieffing) m'a paru vraiment pro, et cela n'avait rien à voir avec ce qui s'était dit sur l'édition précédente. Il nous assure qu'on aura bien nos 165kms et pas plus (mais au final, je pense bien qu'on a du en faire un peu plus ... ).
Alors, comme pour la Diag, j'ai mis le tee shirt de l'orga au départ, et je me dis qu'à l'arrivée (si j'y suis) , je mettrai le tee shirt d'enfants sans cancer pour apporter mon soutien à l'association de mon pote Olivier. Mon tee shirt m'attendra donc à la 3e base vie.
Pyrénées 2000 -> Vernet ( 0 -> 53.4km)
Le départ de la course est donné , il fait beau et c'est top ! Le début de parcours est assez plat, quelques légères montées que je fais en courant pour maintenir un certain rythme. Je sais qu'il y a 69m de D+ sur 10kms, donc je dois pouvoir faire les mini bosses en courant.
Sur la route, je croise un fou de 2013 , il l'avait faite en 37h contre moi en 55h. Il me pose des questions sur la Transmartinique (mon ile d'origine), on discute un peu; mais j'avoue (enseignement tout de meme de Canfranc-Canfranc) que j'essaie au maximum de parler, car dans la 1ere montée de Canfranc Canfranc, j'avais parlé avec des français, et ça m'avait un peu essouflé ... Donc j'essaie de garder un peu d'oxygène pour ne pas avoir de point de côté dès le départ ...
J'arrive à la citadelle au 10e km en un peu moins d'1h, ma montre garmin fenix 3, en mode ultra m'en affiche 5.5, donc c'est mal barré ... Mais ce qui compte c'est la trace me dis-je ... A la réflexion, la prochaine fois je mettrai le mode normal et je la rechargerai aux bases vies (chose que j'ai du faire cette fois encore).
A la citadelle, on a un bon escalier en haut duquel est aligné une rangée de mitraillette ... Le message est clair, il ne faut pas trainer ! En tous cas, c'est hyper sympa depasser à cet endroit.
Je continue mon petit bonhomme de chemin jusqu'au 14e où il y a la 1ere barrière horaire, enfin, elle est là plus pour la forme que pour vraiment éliminer ... J'y suis en un peu moins d'1h30, donc je suis bien. Je peux donc déplier mes bâtons, car c'est à partir de maintenant que le dénivelé arrive.
Toute cette partie de la course (du 14e au 53e) jusqu'à la 1ere base vie, est vraiment magique : J'ai de bonnes sensations, je n'ai mal nulle part, la vue est magnifique, je profite un max pour prendre des photos et un peu filmer. La seule chose que je pourrais légèrement critiquer, c'est qu'il fait quand même un peu frais, mais rien par rapport à ce qu'on va avoir la nuit prochaine ...
Dans les sentiers, je vois un trailer , Michaël, avec des chaussures la sportiva bleues. Je lui demande comment il les trouve. Il pense que je me fous de sa gueule, car il a des crampes (et il pensait que je le savais), mais bon, il va aussi vite que moi qui n'ai pas de crampes ... Donc ça commençait plutôt bien entre nous ...
J'arrive donc à Vernet avec 3h45 d'avance sur la barrière horaire. J'avais visé arriver à 20h, mais bon, quasi 4h d'avance , en ne restant qu'1h, ça laisse encore 3h d'avance sur la barrière, donc c'est pas mal.
Je suis assez désorganisé à cette base vie, et je perds du temps je trouve, et ne mange pas assez. Il faut dire que la soupe de pâtes n'est pas excellente, et je trouve qu'il fait froid.
Enfin j'avais bien prévu dans mon sac d'allègement un collant long , une polaire, un tee shirt odlo, des gants, donc être paré à affronter le froid.
Vernet -> Arles sur Tech ( 53.4 km -> 89.2 km)
A mon départ de Vernet, c'est qui qui part en même temps que moi ? Et bien, Michael !
Je l'aime bien Michael, j'avais trouvé notre premier échange bizarre (peut être que pas lui), mais il me fait bien rire avec ses histoires de slip odlo, ou avec son pessimisme sur la course. Il l'a faite l'année dernière, c'est le local de l'étape comme je l'appelle, et c'est vrai qu'il n'a pas tort, c'est encore dur ce qu'il reste à faire ... En tous cas, je suis content de repartir avec lui.
Enfin, c'était cool, car on s'est un peu perdu à la sortie de Vernet, et pour attaquer le gros morceau de la course (10kms/1500D+). Très vite, avec tout mon attirail contre le froid, j'explose de chaud, et je commence à retirer des couches.
J'ai gardé ma 2e paire de gants pour le haut de la côte et la 2e partie de nuit, car je sais que je transpire aussi des mains, et que j'ai la sensibilité accrue au niveau des doigts. Il me faut donc optimiser !
Nous faisons donc le début de la côte avec Michaël, à qui je dis d'y aller, je n'aime pas avoir la sensation de bloquer qqu'un derrière moi ... Mais il me dit (gentil ;)) qu'il ne peut pas faire plus vite. On croise qqu'un arrêté, qui va finalement prendre le train en marche.
On monte tous les 3 jusqu'à un ravito improvisé par des locaux qui charrient notre Michaël , mais il ne se laisse pas faire ... En tous cas, moment de sourire dans la montée :)
Puis,à un moment, Michaël en a assez de rigoler, et il démarre lentement, mais surement... C'est marrant cette sensation de voir quelqu'un qui avance devant toi, pas très vite, mais tu n'as juste pas la force (mentale surtout) de l'accrocher ...
Par contre, l'autre larron qui nous avait rejoint, reste dans mon train à moi. Je lui propose of course de me doubler, mais il n'y a pas de soucis, mon petit rythme lui va très bien ...
A un moment de l'ascencion, nous débouchons sur un sentier plus large, qui monte en pente douce. C'est ce genre de pente que j'affectionne. J'arrive à avancer bien plus rapidement, et du coup, je ne conduis plus que moi vers le refuge des cortalets. J'ai par contre les mains gelées, et je ne vais pas m'arrêter en pleine montée pour changer de gants, surtout avec des mains congelées ...
Enfin, tant bien que mal, j'arrive au refuge, où j'ai hyper froid. J'ai un t shirt de rechange, mais je ne peux pas encore le mettre, car je ne peux rien faire avec mes doigts. Je les pose sur la marmite de thé, la bénévole essaie de me les rechauffer, mais je sens bien qu'elle a peur que ses doigts gèlent à leur tour au contact des miens ;)
Enfin, à part ça, ambiance sympa au refuge, je revoir Michael, mais aussi les lyonnais Daniel, Manu et Serge qui étaient au même hotel que moi.
Tout ça me fait bien perdre du temps, j'ai du y passer 3/4h au refuge ...
J'arrive tant bien que mal à me changer, à mettre mes nouveaux gants, et je me dis qu'il me faut faire une micro sieste, car je suis kaputt ... Du coup, je mets mes mains sur la marmite de thé, met mon compte à rebours sur 10' , et ferme les yeux. Au bout de 10', c'est le départ , mais là, on va descendre, donc j'espère retrouver l'usage de mes doigts.
En effet, plus je descends, mieux mes doigts se portent, et je suis rassuré. Je regarde l'heure, ne pouvant pas me fier aux kms de ma fenix3, je suis toujours un peu dans le trouble ... ça a au moins pour mérite de ne pas me dire que l'orga a rajouté des kms supplémentaires ... Il y a une chose qu'elle fait bien, c'est le dénivelé (l'altitude), en général, c'était assez fiable.
Je me dis que ce serait bien que j'arrive à Arles à 7h, comme ça je pourrais dormir, mais je vois que ce n'est pas possible ... Enfin, au fur et à mesure de l'avancement, je me dis que vu que j'ai perdu du temps aux cortalets, c'est normal que je sois à la bourre, et que si j'arrive avec 3h d'avance sur la barrière, ça fera 2h en en sortant, que c'est déjà pas si mal, et que je pourrais réduire ma sieste de 40' que j'avais prévue ...
Et puis arrive ce que j'avais redouté, j'ai mon baton qui se pète ... En effet, j'avais déjà eu ce problème lors de mon Ardennes Mega Trail, à 1km de l'arrivée ... Black Diamond a été nickel , il m'en avait renvoyé une paire ... Ce qui fait que j'avais une paire + un baton ancien. Comme je redoutais que ça m'arrive à nouveau, j'avais eu la bonne idée de m'alourdir de quelques grammes supplémentaires pour me prendre ce baton dans mon sac ... J'ai vraiment bien fait, j'ai eu peur qu'ils ne relachent, mais ils ont tenu bon ! Mais à voir, car là, ils ne vont plus tenir longtemps je pense quand j'ai vu leur tête à l'arrivée ... Je ne suis pas sûr que les black diamonds soient faits pour la caillasse ...
L'arrivée à Arles ne se fait pas tout de suite, on doit contourner le village, mais Michaël m'avait prévenu, donc je ne suis pas surpris de ce détour ...
Je pense à tous les CRs que j'ai lu (bon, il y en avait peu ceci dit, mais avec le mien qui fait 300p , ça rattrapera pour ceux qui feront la course l'année prochaine) , et beaucoup avaient abandonné à Arles car ils avaient fait des calculs de temps de course qui leur restait à faire, alors je chasse vite cette idée de ma tête, je ne fais pas de calculs, après Arles, mon objectif ce sera le Perthus. J'ai juste ajusté mes temps de pause par rapport à mon retard ...
Je vois Michaël frais comme un gardon quand j'arrive au CP. Il en repartira vers 09h30. Moi, arrivé à 09h10, j'ai mangé une assiette de pates (très bonne), j'aurais du en prendre plus ... J'ai changé mes vêtements, et je suis allé m'allonger 20'.
Encore un peu de perte de temps à cette base vie, et toujours un sac aussi lourd !
Arles sur Tech -> Le Perthus ( 89.2 km -> 130.2 km)
C'est reparti pour une nouvelle journée, mais là encore, je repars couvert à donf car j'ai froid à la base vie, mais après quelques hectomètres, je transpire à grosses goutes, donc je dois m'arrêter , me déshabiller et repartir ... C'est pénible, mais c'est souvent le cas ...
On se perd à moitié, heureusement qu'il y avait un villageois qui nous a remis 2 fois dans le droit chemin ... Après ce n'était plus compliqué, c'était tout droit dans la montée.
Je fais un petit bilan, c'est un nouveau jour, c'est une nouvelle course qui commence, comme dirait le sophrologue JJ Menuet que Vincent m'avait conseillé. Il y a grosso modo 2 bosses jusqu'à la prochaine barrière horaire/base vie. La 1ere c'est maintenant, et j'ai 14h théorique pour les faire, mais si je veux avoir du temps devant moi, ce serait bien que je mette 10h, comme hier, j'avais prévu 10h de course, j'en ai mis 10h45, donc là, si j'ai cette meme marge d'erreur, arriver au Perthus vers 21h, ça m'ira bien pour faire ma sieste de 40' (je la veux celle là !!!).
La montée se passe plutôt sans encombres, et ensuite il y a un balcon assez sympa jusqu'à Montalba (100.7).
Arrivé à ce ravito, les bénévoles nous disent que ceux qui ont déjà fait la course ont dit que c'est vraiment la dernière difficulté de la course.
En effet, c'est bien la dernière TRES TRES TRES Grosse difficulté de la course ... D'ailleurs, quand je montais, au début, un peu insignifiant, il y avait des panneaux de Kilomètre Vertical, à la fin, il n'y en avait plus, mais s'ils cherchaient du raide pour un KV, c'était bien l'endroit ... Un truc de fous, c'était à pic, je pense que c'était bien à 50% de pente (dans l'AMT, il y avait une cote à 50% , et celle là me paraissait plus pentue) ...
Arrivé en haut, on est sur un balcon, pensant rebasculer dans la descente, mais que nenni , on voit des balisages qui continuent de monter. Là, je n'en peux plus, je me dis que je vais me faire une micro sieste de 5' pour récupérer. Je me mets donc au soleil, lance mon compte à rebours, et après cette mini recup, je repars vers les dernieres escalades jusqu'au sommet ...
Un peu avant l'arrivée sur une piste en pente tranquille, il y a les gendarmes qui me demande si ça va et si je veux qque chose. Je leur dis qu'il y a bien un ravito dans pas trop longtemps, et il me dit : "comme ils trouvaient ça trop facile, ils ont supprimé le ravito, le prochain sera dans 9 kms".
Du coup, je vais bien prendre de l'eau alors, mais je ne pouvais pas lui prendre toute son eau, car il en gardait pour ceux qui étaient derrière (et oui, pour une fois je ne suis pas dernier, donc faut se limiter ...)
Un autre gendarme, en mode cowboy quand meme, me dit que c'est de la route goudronnée qui se transforme en piste ensuite, mais que jusqu'au Perthus, il n'y aura plus de difficulté technique, les difficultés, ce sera pour la nuit prochaine.
Ca me va bien, moi, pour l'instant, j'ai l'objectif du Perthus, on verra plus tard ...
Donc la descente est pas mal, j'essaie de relancer, mais ce n'est pas facile tout le temps, mais plus la pente est pentue, mieux j'y arrive ... Je dois être passé en Espagne(ah,cette fameuse Espagne que j'ai vu il y a un mois ... en plus sur la Canfranc Canfranc, on faisait l'inverse ... passer en France, mais je ne l'ai pas fait à l'époque, content de prendre ma revanche), car des gens me croisent et me disent 'Ola' ... Je suis bien dans la descente, si bien que je rate l'embranchement qui emmène à la Illas. J'arrive à une route où il y a des espagnols , très sympas, mais qui veulent me faire passer par autre part ... en prenant la route ... Mais , au final, on finit par se comprendre, car je cherchais la Illas, et ils me montrent le panneau qui me dit qu'il me faut remonter ...
J'avais doublé une fille épuisée mentalement dans la descente, quand je fais 1/2 tour pour remonter, ça l'achève que l'on se soit trompés.
Par contre, je ne traine pas à l'attendre - désolé Mme - mais je dois faire mes 40' de sieste !!!
Arrivé enfin sur l'intersection que j'avais loupée (j'ai perdu 1/2h je pense, mais il me fallait bien faire un détour par l'Espagne un peu plus long ...), ça m'a donné un boost d'énergie pour rattraper mon retard, donc j'ai vraiment été vite -> la Illas, c'est d'ailleurs grisant de se dire qu'on peut aller aussi vite après tant d'heures d'effort ...
Mais attention, ça ne dure pas non plus des heures ces moments d'euforie ...
J'arrive donc un peu énervé à las Illas, les bénévoles sont sympas, elles me disent que ça va, j'ai le temps d'arriver au Perthus et meme de m'y reposer. Que de leurs calculs, celui qui arrive à 00h30 au Perthus, doit partir à 22h45 de las Illas ... ET il est 18h45, donc je suis large.
Je fais donc mes calculs, il faudrait 2h pour y arriver, ça veut dire que j'arrive là bas à 20h45, allez, 21h ... Bon, ça va, ça me permet toujours de faire ma sieste.
Par contre, trop pressé de partir du ravito, je n'ai pas pris ma frontale, et dans la montée, quand cela a commencé à s'obscurcir, j'ai du m'arrêter.
Alors, là encore, merci à l'orga de nous imposer 2 lampes frontales, car j'ai merdé avec mon système d'accu qui recharche ma batterie de ma petzl nao , ce qui fait que je n'avais pas ma nao -> Perthus (car au Perthus, j'avais eu la bonne idée d'y laisser une 3e batterie). Donc, je n'y voyais quasiment rien, mais au moins j'avais qque chose ...
J'étais devant 2 gars , dont j'ai entendu que l'un des 2 était en 3h04 au marathon, et que j'ai revu dans les douches à l'arrivée. Et avec ma lampe de merde, je ne voyais pas les balises, et ça m'inquiétait, donc on a fait demi tour pour enfin re refaire demi tour, là encore bien 1/4h / 20' de perdues ) ...
Bon, du coup, je ménage un peu mes ardeurs, je regarde l'heure, et un des gars dit qu'il reste 2kms -> Perthus. En marchant, ça nous fait arriver vers 21h30, je me dis - même si j'ai bien envie de courir - que ça va, on reste dans mon timing, si ça s'avère vrai. J'émets néanmoins mes doutes en disant qu'on ne voit rien à l'horizon, l'on me répond de ne pas m'inquiéter que ça va se dégager derrière la vallée.
Et plus les minutes passent, plus mon doute augmente, et là, je regarde mon altimètre, et je vois qu'on a au moins 150m de D- à faire. Donc qu'on n'y sera certainement pas dans les 5 minutes à venir ... C'est à ce moment là que je pars en courant avec ma frontale pourrie, mais tant pis.
J'aperçois ce qui pourrait être un ravito, et non, on nous fait monter, mais que font ils ? On passe dans une autre citadelle !! Je suis sûr d'être perdu, et d'avoir raté le ravito, on m'avait parlé du chateau de Valmy, je pense que c'est ça. J'essaie d'appeler le PC Course, mais pas de réseau ... Bon, je me dis que ça va bien me mener quelque part ... Et en effet, j'arrive au Perthus, le petit coup de cul avant le ravito était bien prévu ...
Bon, il est 22h15; je ne pourrai pas faire ma sieste de 40', mais je vais au moins m'en faire 20' .
Là encore, le ravito pas top, de la soupe de vermicelles, ça ne remplit pas bien son homme ... En plus j'ai merdé sur mon sac de ravito, je pensais que j'aurais des barres de pates de fruits qui m'attendraient, mais pas cette fois, donc il me faut piocher dans ce que l'orga a de prévue, mais ce n'est pas aussi pratique que moi : emballé dans des plastiques par exemple ...
Enfin, les ravitos sont proches les uns des autres, donc je pourrai finalement ne manger qu'à eux ... On verra.
Le Perthus -> La Vall (130.2 km -> 154.7 km)
Là , je repars du ravito sans mettre mon coupe vent, car en me disant que j'aurais trop chaud très vite. Mais c'est le contraire, j'ai très froid très vite ... Du coup, je m'arrête pour me couvrir ...
Et 10' plus tard pour me découvrir ... Que de temps perdu ...
Me revoilà donc dans une nouvelle pente, qui n'est pas si longue que ça, car après, je me souviens que ça a été relativement plat (faux plat montant), où je n'arrivais pas relancer, mais je marchais à un bon rythme.
J'arrive à un ravitaillement, avant le dernier col à plus de 1000m d'altitude. Ils m'expliquent que le col est à environ 2kms, que ça monte raide, mais bon, on est habitués, donc on y va.
Arrivé au col, il y a un ravito avec un thé chaud (ça fait vraiment du bien), mais je ne m'y attarde pas, car je commence à avoir froid ...
Il y a une bénévole qui me vante les mérites du trail l'ardéchois. Je lui dis que j'ai fait l'ardéchoise en vélo, mais elle n'a pas l'air de voir ce que c'est ...
Un bénévole m'accompagne à la sortie, enfin, sur le chemin, et m'explique que j'ai 10kms 'facile' de route goudronnée , puis de piste.
En effet, ça monte doucement, je marche bien, mais par contre, c'est interminable, là, je pense vraiment qu'on a eu plutôt 15kms que 10, car j'avais quand meme une belle allure, et j'ai mis plus de 3h pour les faire ...
Bon, il est vrai que j'ai fait des micro siestes de 5' sur des rochers sur le côté, mais de là à prendre autant de temps ...
Enfin, nous arrivons aux portes des 2 dernières difficultés , je les attendais ...
La descente vers l'ultime barrière horaire de la Vall , et après le ptit coup du cul pour voir Argeles.
Donc cette descente, je m'en étais fait toute une 'montagne', car dans le workbook ils disaient qu'elle était très très très technique, un gars que j'ai vu dans le bus le jeudi m'a fait comprendre que c'était de l'escalade. Je me demandais en la descendant si je ne devrais pas ranger mes batons pour ne pas tenter de les casser ...
Au final, c'est une descente, assez technique, oui, mais qui demandait l'aide des batons, et mon corps a plutôt bien réagi.
Pendant la course, je n'avais pas certains ont, des hallucinations de fous, en voyant des éléphants roses, ou autre , non moi, je vois des choses, genre des structures architecturales, en me demandant ce que c'est, et en me rapprochant, je vois qu'il s'agit d'arbres. Au début de cette descente, il y avait de gros rochers blancs, donc de loin, avec la frontale et tout, j'avais l'impression que c'était des statues (mais meme de près , ça aurait très bien pu être une statue) ...Enfin, donc, dans cette descente, j'aperçois un gros halot blanc , presque translucide, je me dis que ça doit être encore un rocher blanc , sauf que quand je suis à 2m; je me rends compte qu'il s'agissait d'une vache (qui a passé toute sa nuit là, j'ai vu 1 coureur qui a fini 10h avant moi qui l'a croisée aussi ...), et que j'ai contournée du coup ...
Je regarde l'heure,car ce n'est pas tout d'arriver avant 8h30 à la derniere barrière horaire. Ils ont dit au brieffing qu'ils seraient souples, mais j'aimerais être tout de même officiellement dans les clous.
En tous cas,j'arrive à la barrière content d'avoir passé l'avant derniere difficulté.
2 gars que j'avais doublé dans la descente me boostent sans le savoir, car en discutant avec les bénévoles, ils disent que je suis un super bon descendeur, qu'ils ont vu une fusée passer dans la descente (y a pas que moi qui hallucine ;)) , donc ça fait du bien d'entendre ça ... Et on repart quasi ensemble, les 2 potes me doublent en bas de la dernière montée.
Je regarde mon altimètre, on aurait du avoir fini à 523m, mais ça continue de grimper ... Je me dis, bon allez, dit toi que c'est à 700m, ça va, y a eu pire comme montée, même si elle était bien pentue, on avait déjà fait pire ...
Et on arrive finalement au sommet, où ils indiquent Argeles à 6kms , bon on ne suit pas ce sentier tout le temps, on en prend un autre, et c'est la que je recroise mes compères dans la descente, où ils ont été sympas de s'écarter pour me laisser passer. D'ailleurs, je dois dire que dans cette course en général, ça a été le cas assez souvent, chose malheureusement trop rare ... Je me souviens de moi à la Diag qui m'écartait en montée, mais pendant des heures, tellement il y avait de monde, et devoir galérer en descente pour doubler ... Là, il n'y a pas eu de problèmes.
On arrive à un dernier ravito, où je veux me changer pour mettre mon t shirt 'Enfants Sans Cancer' ,comme dans l'esprit Diag : on a les t shirts imposés au départ et arrivée, ici j'aurais mis celui de l'orga au départ, et celui du coeur à l'arrivée.
En tous cas, la bénévole me demande si je suis sûr de vouloir me changer, car j'ai moins d'1h pour arriver , et qu'il reste 6kms ...
Elle me propose de prendre aussi des affaires de mon sac afin qu'il soit moins lourd, et qu'elle me les ammène à l'arrivée. Je lui dis non merci non plus, et me voilà parti à fond dans la descente !
Je descends à vive allure, et je me dis que s'il y a réellement 6 kms, je les ferais largement dans l'heure, voir meme la 1/2h, car si ce n'est que la descente relativement douce comme j'aime, j'envoie bien. Je regarde mon altimètre, la mer se rapproche, mais à l'horizon, elle reste loin quand meme ...
J'arrive à une route où je ne sais pas s'il faut aller à gauche ou à droite, heureusement, qqu'un me dit que c'est à gauche, je vois des ronds points à l'horizon, je me demande quand je vais arriver, car ça fait un moment que je cavale, et là, je remarche un peu, et me dis non, non, tu seras finisher, mais il faut être dans les moins de 48h, je regarde l'heure, il est 9h21, on est à 80m d'altitude, je ne dois pas être bien loin ...
Je croise un mec et lui demande si c'est loin, il me dit 'je ne voudrais pas te dire de conneries, mais il reste un bon km' ... Tu parles ... 1km plus tard, j'arrive à ce qui ressemble déjà plus à une arrivée, vu que l'on doit contourner la capitainerie ... Je crois vraiment qu'on a le port à contourner (on aurait pu piquer tout droit, mais c'est pas grave), et qu'on arrive ... Il y a une fille à vélo qui me dit qu'elle va m'accompagner, qu'il me reste environ 1.5km ... Je me dis que je ne vais jamais y arriver ...
Après ce 1.5km, la fille repart dans l'autre sens, il y a des gens en face qui me félicitent, ils me disent, il faut prendre la passerelle, et après c'est l'arrivée.
- Oui, ok, elle est où la passerelle ??
- Là , à gauche .
C'est bon, je la vois, je la prends, mais toujours pas d'arrivée, quand soudain, j'aperçois, à un bon km supplémentaire, une espèce d'arche rouge, où je me dis que là bas doit être la vraie arrivée, ce n'est pas tout près, mais je la vois, il est 09h44, je ne devrais pas avoir trop de soucis pour être dans les temps.
Je sens que mon corps commence à relacher la pression, car j'ai des élans de crampes qui se lancent, mais rien de bien méchant, en allongeant la foulée, et en ne forçant pas trop, je peux dérouler jusqu'à l'arrivée où le speaker prononce très bien mon nom, et il dit que l'on est encore 6 en route, pour la course 66, c'est pas si mal, et je crois meme être arrivé 98e, donc je peux me la péter et dire top 100 ...
Bilan
L'organisation a visiblement été très à l'écoute des reproches qui lui ont été fait l'année dernière, et ils ont su assuré 1 an plus tard; pour une orga si jeune, je trouve que c'est top, car perso, j'ai eu la malchance de la météo qui a surpris en 2010 les organisateurs de l'utmb ; malchance qui s'est poursuivie en 2012 où les organisateurs n'avaient pas encore tout à fait réglé leurs plans de backup à mon sens ...
Le temps était exceptionnel, et c'est vrai que ça change tout dans une course. Les nuits étaient certes froides, où j'ai eu un gros passage difficile, mais à part ça, on a eu beaucoup de chance.
La nourriture au ravitaillement était vraiment trop light pour moi, qu'il n'y ait pas de bons plats de pâtes (sauf à Arles, où c'était un tout petit plat, j'aurais du en prendre 2 d'ailleurs) à toutes les bases vie, était dommage.
J'ai un souvenir de la Réunion, avec du Rougaï saucisses, du poulet grillé, du méchoui ... Enfin, la fiesta, c'était la ballade, là, j'ai vraiment eu l'impression de ne pas manger pendant 2j ...
J'ai mes 4 pts, je me suis pesé après la course (spéciale dédicace pour Roro), et j'étais à 82.3kg, donc plutôt satisfait de cette baisse ( de 104 à 82 ) depuis mars.
Je fais 47h49 pour 165kms / 8000 D+/ 9700 D- / caillasse à gogo , c'est utile de le mettre quand meme ...
Maintenant, cap sur l'utmb , où ce seront des détours par l'italie et la suisse, mais dans l'immédiat un peu de repos avant tout de meme ... et essayer de surveiller le poids ...
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout, ça donne une idée de la longueur de la course :)
7 commentaires
Commentaire de philippe.u posté le 13-10-2015 à 21:26:44
Merci pour ce récit et bravo d'avoir terminé cette course difficile !
Le beau temps de la partie, c'est sûr que ça change tout.
Bonne chance pour l'UTMB
Commentaire de jematt10 posté le 13-10-2015 à 21:56:46
Quel commentaire, quelle mémoire d'éléphant et au final ça donne juste envie de s'élancer dans un ultra... mais bon, rêver est une chose, le faire une autre. Super content pour toi bravo !!! faudra que tu m'expliques cette nuit avec le froid et la grosse difficulté, comment tu t'en es sorti, que je comprenne un peu ;) bonne chance pour l'utmb 2016 effectivement; que la météo soit bonne; mais attend c'est quand déjà ? ah oui la semaine du 22 Août : il fera beau :-)
Commentaire de tiblam posté le 14-10-2015 à 10:58:37
Le temps c'est l'essentiel je crois ...
Après 2 fois fin aout Chamonix pourri, l'adage dirait jamais 2 sans 3, mais on va le faire mentir j'espère ...
Commentaire de Yvan11 posté le 14-10-2015 à 11:23:13
Tout d'abord bravo pour ta course et merci pour le récit.
Une petite remarque concernant ta conclusion sur l'orga : l'organisation n'est pas si jeune que çà (plusieurs années d'expérience sur Font Romeu) et pas tant que çà à l'écoute des coureurs, vu les ravitos et le balisage encore light cette année.
Commentaire de tiblam posté le 14-10-2015 à 11:33:38
Ok, j'étais surpris par leur efficacité alors ...
J'en déduis que tu l'as faite aussi ?
Commentaire de mathewsy81 posté le 14-10-2015 à 12:37:27
Hello,
Merci pour ce récit et félicitations pour ta course.
J'étais sur le 112 (Dossard 1582) et j'en ai bien bavé, surtout dans les 2 dernières descentes.
Les bénévoles étaient au top comme souvent et les ravitos sur le parcours m'ont bien suffit (Je ne mange pas beaucoup en général).
Le parcours est génial. On aurait plus profité des paysages de jour en faisant partir le 112 plus tôt que 17h00.
Dommage que les locaux ne soient pas venus si nombreux sur la ligne d'arrivée, ça faisait vraiment très intime même vers 14h30, mon heure d'arrivée.
J'ai goûté le vin et il est très bon.
Voici entre autre mes points de remarques à l'organisation :
- Mon sac en provenance du Perthus que je n'ai pu récupérer que le dimanche matin alors que j'en ai terminé le samedi après midi... si j'avais eu un train à prendre entre 2 comment j'aurai fait ? L'orga aurait du prévoir de rapatrier les sacs en plusieurs fois. (samedi midi, samedi soir, dimanche matin)
- Où était le repas d'après course (je sais ce n'était pas précisé à l'inscription) ?
- Le départ des navettes d'Argelès vers Vernet était précisé à Plage Centre... par chance j'ai suivi d'autres trailers qui devaient avoir la bonne information. Les navettes partaient en fait de l'office de tourisme 500 mètres + loin.
Commentaire de tiblam posté le 14-10-2015 à 15:09:23
Bravo pour le 112, tu as carburé dis donc ...
C'est vrai que le départ à 17h etait assez tardif ... Ils auraient du vous faire partir encore plus tard qu'on ait la chance de vous voir, et du coup, pas de problèmes de sacs ...
Tu as raison sur le départ des navettes, c'était vague le plage centre, je m'y suis un peu pommé pour la mienne en départ vers Font Remeu ... Bon, ceci dit, j'avais de l'avance, et j'ai pu trouver un traileur qui m'a guidé.
Pour le repas d'après course, j'avoue qu'après ma douche,je me suis couché, et malgré mon réveil qui sonnait 1h plus tard, j'ai été réveillé (heureusement) par l'orga qui me disait qu'ils démontaient les tentes, sans quoi j'aurais ratté mon train ...
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