L'auteur : Gazel
La course : Boulieu Trail - 100 km
Date : 3/10/2015
Lieu : Boulieu Les Annonay (Ardèche)
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Distance : 100km
Objectif : Terminer
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« Ohé, bravo, Gael, t’es presqu’arrivé ! Courage, tu n’as plus que 500m »
Oui cela fait plaisir, ce comité d’accueil familial avant de franchir la ligne d’arrivée, au bout de 15h et plus de quarante minutes. Il pleuvait, mon fils serrait fort son parapluie fermé, il ne sentait pas la pluie et il avait l’air trempé. Ma femme, ma fille aussi étaient là, on a fait des photos et on a poursuivi ensemble jusqu’au centre du village de Boulieu les Annonay. J’ai franchi l’arche noire, et le soulagement, le plaisir d’avoir terminé mon deuxième ultratrail de l’année, toutes les émotions me submergent. Je reçois une médaille de finisher, grosse comme la tranche la plus grande d’une boule de pétanque… Ma femme me demande si je vais bien, je réponds que oui, je n’ai aucun gros bobo, pas d’ampoule, pas eu de gros coup de pompe, mais qu’elle ne devinera jamais où est-ce que j’avais le plus mal… Elle essaye deux réponses, mais elle ne devine pas. Je lui dis que c’est entre les avant-bras et la main, des deux côtés. Pour lui expliquer pourquoi, j’ai du tout lui raconter depuis le début ! C'est-à-dire plus 20 h en arriere :
Vendredi soir, je suis parti de la maison à minuit et quart, après avoir diné léger à 20h et dormi deux heures. La route est bien dégagée de Veauche à Boulieu les Annonay, je trouve la salle polyvalente et me gare à moins de 100m. Il est 1h15 du matin. La distribution des dossards reprend à 2h, pour un départ prévu à 3H. J’allonge le siège de ma Corsa, je règle un réveil et décide de fermer l’œil encore une heure… Une heure de somnolence légère, et hop le réveil re-sonne. Je finis de me préparer
et je vais chercher mon dossard, il est 2h30 quand je l’obtiens. Je me dirige vers le départ, et après 10 minutes d’attente, les organisateurs et la maire font un discours, ils nous annoncent un départ lancé ! En fait on fait un tour dans le village et on repasse l’arche de départ en courant, tout simplement.
On quitte rapidement le village, on alterne route et chemin pendant 1 ou 2 km pour ne faire ensuite que du chemin. Le dénivelé commence de suite. Ma lumière frontale éclaire suffisamment devant moi, j’y ai mis des piles neuves. La nuit est sombre, on se concentre alors sur le parcours. Les sentiers sont roulants , je me laisse entrainé dans un groupe de 4, on prend le relais de temps en temps, on s'éloigne en descente on se retrouve en montée. Depuis les hauteurs nous apercevons les lumières des villes dans la vallée, la fraicheur s'accentue.
Parfois le vent s'en mele et le refroidissement est progressif. J'ai choisi un t-shirt manches courtes, les bras s'engourdissent, mais le sac à dos me tient le buste au chaud. Je continue de courir sans rien changer, si ce n'est que je me masse un peu les avant-bras deux ou 3 fois.
Le premier ravito, à 24km est dans un pièce semi-ouverte, adossée à une ferme. Il fait du bien au moral, je sors un buff pour la tête et une paire de gants en polaire. Mais je ne reste pas longtemps et repars. La fin de la nuit approche, mais ce ne sera que vers le suc des 3 chiens que je percevrai les premières lueurs. Mais le premier sommet du parcours, 1330m d'altitude, est venteux et dans le brouillard. Je bascule de l'autre coté dans la foulée pour ne pas me refroidir. Est-ce de la buée sur mes lunettes ou le brouillard ? je ne sais pas, mais je dois prêter attention à mes appuis. Les sentiers se font plus étroits, toujours forestiers, et là une trouée dans les nuages laisse voir un bout du soleil, dans une belle lumière rose.
Je prend une photo, j'éteins ma frontale puis on arrive sur Vanosc. Juste un pointage des dossards, mais je demande combien devant. La personne me répond 37. En repartant, je regarde mon gps, et je vois 37 km. Du coup je ne sais pas combien de personnes sont devant, ce n'est pas important, c'était juste pour savoir.
On remonte encore du dénivelé et au 46km, on arrive sur le village du Monestier : 2ieme ravito, dans une salle publique. Je m'assois, me restaure, me réchauffe avec du thé tiède, vais au toilette. Je me fais mon mélange mi eau mi jus de pomme, et j'apprécie les pates de fruits, le saucisson, les carrés de fromage. Après une telle pause, on se sent presque comme neuf, et on se dit presque la moitié de fait... En repartant, je demande explicitement combien de personnes sont devant, et j'entend le chiffre 49. Cela me donne du courage, et continue l'ascension vers le point culminant , le grand Felletin à 1387m. Je crois que c'est sur cette partie qu'on quitte l'Ardèche et arrive en Haute-Loire. C'est un coin que j'ai pratiqué en hiver, lors du trail des lucioles, semi-nocturne qui part de Riotord. Aussi je pense reconnaitre certains chemins. Peu avant le sommet, je ressens mes premières gouttes toutes fines de pluie, le gps indique 48/49 km. Je met 10 minutes à me décider de m'arrêter, prendre ma veste de pluie dans le sac . Quel bonheur, la sensation de froid qui ne m'a pas quitté depuis le début s'estompe, et même si en arrivant au sommet, la brume et les nuages empêchent toute vision, je me sens mieux. Je déroule dans la descente vers St Julien Vocance.
Le ravito 3, à 62 km, se situe sous une tente blanche, mais comme la pluie continue, tout le monde est dessous : bénévoles, accompagnateurs... Aussi les coureurs se fraient un chemin et on peut alors déguster la soupe chaude. je décide sortir un sandwich jambon fromage salade, préparé la veille. Oui je commence à saturer des barres et pates de fruits avalés en vitesse, alors je savoure ! En repartant, le bénévole nous a annoncé 350 m de dénivelé un peu raide, et puis 2 grosses montées avant l'arrivée. Cela sera un peu plus compliqué, mais on se dit, plus qu'un marathon ! Ma femme m'appelle au téléphone, elle arrive dans le coin en voiture et va essayer de me voir passer. Comme le réseau 3g passe rarement, c'est toujours bon à prendre ce soutien.
La montée est rude effectivement par endroits, le tracé coupe parfois les lacets des chemins en pleine pente, c'est pour les amateurs éclairésJ'en profite aussi, et jamais je ne suis tombé. Pourtant , sans les bâtons, et avec des veilles chaussures (mes Salomon XT Wings) , je me sentais plus démuni, mais j'ai du faire plus attention. Après le ravito 3, je cours souvent seul, sur un plateau forestier alternant petites montées et petites descentes, je perds un peu le sens de l'orientation, la pluie continue et courir la tête un peu baissée dans la capuche finit par créer des tensions dans la nuque. je m'oblige à faire régulièrement des moulinets aux bras et à bouger la tête. Le point d'eau de Boiray est surprenant : pas de tente, deux personnes qui attendent sans parapluie et avec des jerricanes d'eau au sol . Je remplis une moitié de bidon et continue.
J'ai l'impression plusieurs fois de reprendre les mêmes chemins, me suis-je trompé à une bifurcation ? Ma femme me rappelle, me demande ou je suis, mais je suis incapable de lui donner autre chose que mon kilométrage gps...Finalement on se retrouvera peu avant le village de Villevocance, en bordure de route. Rapide séance photo, je change de chaussette, un bisou aux enfants, un mini yaourt à boire et hop on repart.
Je constate que mon GPS n'a plus de batterie et est passé en mode montre simple...Il faudra compter désormais avec les indications orales. Je traverse le village, je rejoins 3 coureurs et on croyait que le ravito 4 était là, mais il s'avère qu'il est 3-4 km plus loin. Et en effet, en suivant les cotés d'un ruisseau, on tombe nez-dessus, en pleine nature : ce ravito a été nommé la mer de glace. La même tente blanche, toujours bien remplie de personnes, nous attend. Rapide arrêt et je repars. On nous annonce 5 km de montée raide, et 7 km de descente. Effectivement il y aura des portions raides pour arriver à la croix de Chirol, mais cela reste gérable, même après plus de 85 km dans les jambes. Ce qui m'embête plus, c'est la pluie qui redouble et le vent qui se lève à nouveau. Heureusement j'ai une super veste imperméable et respirante, sans elle, je crois que j'abandonné. Je recommence à avoir froid, et me met à rêver de l'arrivée, son abri, sa douche et les vêtements secs. Cet espoir m'a fait serrer les dents, les sentiers se transforment en rivière, et je tombe sur une portion avec 10 m d'eau sur toute la largeur : obligé de pateauger! La descente de la croix de Chirol se fait majoritairement par un large chemin campagnard carrossable, mais on doit courir en évitant le ruisseau du milieu qui zizague. On croise deux ravitos liquide non annoncés, mais je ne m'arrête plus ! Je préviens ma petite famille au téléphone et on se retrouve avant l'arrivée : cf ci-dessus.
Voilà mon deuxième gros objectif de l'année est atteint : 50 km au sec en 7h, puis 52 km sous la pluie en 8h50... Je finis 50ieme au scratch, 20ieme vétéran1. Il y a eu 10 non partants et une vingtaine d'abandons. Merci aux collègues d'entrainements et à ma famille pour leur soutien. Merci aux bénévoles et à l'équipe de Boulieu trail. Je reviendrai par beau temps:) L'état de finisher valide ma préparation physique et mentale, mon alimentation et je vais pouvoir planifier les défis de 2016 sereinement.
Et au fait, avez-vous pu répondre à la question du début ? Pourquoi j'avais mal aux mains et avant-bras ? Les mouvements de bras obligatoires alors que le froid les attaquaient pendant 3h a eu raison de leur bon fonctionnement. Et cela m'a rappelé que j'avais eu la même chose aux Templiers en 2012. Faut que je me le note pour la prochaine longue course en saison froide et avec un départ de nuit....
7 commentaires
Commentaire de JuCB posté le 06-10-2015 à 10:18:25
Bravo à toute la famille, quelle idée de sortir tout le monde par ce temps !!
Ton récit retranscrit parfaitement la course, même ressenti pour moi (le point d'eau avec les 2 ados pas équipés pour rester statiques des heures sous la pluie, les membres congelés...)
Le 1er ravito,t'as vu une ferme, moi une bergerie... en fait c'était une école avec les tables sous le préau !!
Commentaire de maudymaud posté le 07-10-2015 à 01:39:17
Bravo d'avoir bravé les éléments et soi-même!
Commentaire de Romain Guillot posté le 07-10-2015 à 11:34:17
Chapeau !
Rien qu'en te lisant, j'étais déjà épuisé au 24ème km ;-)
Et de voir ce froid, cette pluie, la nuit... C'est impressionnant !
Commentaire de Gazel posté le 08-10-2015 à 09:36:33
Merci pour vos lectures et commentaires. J'ai oublié de dire que les gants en polaire sont des vraies éponges, et qu'au bout d'un moment, je ne sais pas si cela réchauffe ou refroidit les mains. Si quelqu'un a une solution pour des gants un peu imperméables (à part les gants mapa), je suis preneur !
Commentaire de bobsup posté le 08-10-2015 à 10:02:29
L'an dernier sur le salon de l'UTMB, la boutique de l'UTMB vendait des gants étanches, pas cher en plus genre 5 ou 10€. J'en ai, mais jamais utilisé :) Là, j'avais juste des gants en soie basiques et ça allait car il ne faisait pas trop froid je trouve.
Commentaire de philkikou posté le 08-10-2015 à 22:58:08
Bravo pour avoir fini ce 100kms dans de telles conditions météo !!! Pour les avant bras les manchettes très appréciables en vélo, doivent être pas mal dans ces conditions.
Pas vu au ravito du 46° du Monestier, l'année prochaine.. sous le soleil ;-)
Commentaire de Matisse posté le 14-10-2015 à 02:08:26
Super course, c'est juste pas croyable avec toutes ces conditions
Puis quand je pense que je suis crevé après 5 kilomètres
Bravo Gaël ! :-)
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