L'auteur : huralp
La course : Trail du Sancy - 60 km
Date : 27/9/2015
Lieu : Le Mont Dore (Puy-de-Dôme)
Affichage : 3308 vues
Distance : 60km
Matos : New Balance Leadville 1210 V2
Sac Lafuma cinétik 11
2 Bidons avec pipette Raidlight
Bâtons Carbone Lidl
Cuissard Court Kalenji
Tee-shirt manche longue Zensah
Buf kikourou
Objectif : Terminer
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Mon dernier trail couru datait de 2013 et fut le 60 km du trail du Sancy, 2014 ayant été une année blanche sans dossard pour des raisons de santé.
Je savais que cette course allait être difficile, une entorse de la cheville m’ayant éloigné des chemins du 15 juillet au 20 août, je manquais de D+ dans les jambes et chaque sortie longue depuis 1 mois me l’a confirmée. Malgré tout j’espérais pouvoir boucler le parcours en 9 heures.
Ce dimanche, j’ai inauguré, en faisant le départ le plus loupé de l’histoire du trail, à 30 secondes du coup d’envoi, je m’aperçois que j’ai oublié mon dossard et que celui-ci est resté chez moi.
Dans mon malheur, j’ai la chance que le parcours passe devant mon domicile dans le centre du Mont Dore, toujours est-il que le temps de dégainer mes clefs de rentrer, de prendre mon dossard et de le glisser rapidement dans la manche de mon tee-shirt compressif que je me suis retrouvé bon dernier, 200 m derrière le quad qui ferme la marche. Me voilà obligé de pousser sur les jambes pour regagner le troupeau. A peine recollé au peloton, j’ai ma sangle pectorale qui lâche, elle est sortie de sa glissière qui permet de la positionner en hauteur, je m’arrête pour essayer de la remettre en place, mais à l’éclairage de la frontale je n’y parviens pas et décide de poursuivre ainsi, le temps que le jour pointe son nez, le confort n’est pas optimum comme je cours avec 2 bidons de 75 cl, cela a tendance à balloter.
La connaissance du terrain me permet de rapidement grappiller du terrain et de regagner quelques places, avantage indéniable de connaitre par avance la longueur d’une côte, ainsi que les portions qui valent le coup d’être courues ou marchées.
Pour ma cheville j’appréhendais le passage de nuit sur les plaines brulées (1500 m), cette portion d’alpage en terrain très meuble peut être très piégeuse avec ces nombreux trous et touffes d’herbes mais cela c’est bien passé. A noter cette magnifique lune rouge orangée sur l’horizon.
La descente sur la stèle (1245 m) et Chamablanc (1170m) malgré des zones caillouteuses est un parcours que j’affectionne particulièrement, l’hiver se sont des pistes de ski de fond, à mon époque « mushing » j’y pratiquais le traineau avec mes chiens le soir venu. A Chamablanc premier ravito, c’est la grosse affluence, je décide de faire l’impasse comme il me reste suffisamment de boisson, je m’arrête juste quelques mètres plus loin pour repositionner avec succès ma pectorale.
Puis nous montons sur le Rocher de L’Aigle (1232 m) avant d’entamer une grande descente bien glissante dans le bois en direction du village du Pregnoux (1000 m). Comme il y a 2 ans la gendarmerie de Montagne y a placé une corde dont chacun aura certainement apprécié la présence. Sur ce passage délicat je suis à deux doigts de la crampe à chacun de mes mollets, chose pas banal moi qui n’y suis pas sujet, la dernière doit dater de 5 ans voir plus. La descente se poursuit en direction de la Bouboule, j’y arrive avec 4 mn d’avance par rapport à 2013, ce qui me rassure quelque peu au vu de mon départ canon
Au niveau de la Bourboule (895m) nous changeons de versant et attaquons une très longue montée vers le Puy Gros (1485 m), j’ai les jambes qui ne répondent pas super bien et commence déjà à sentir mes quadri, heureusement je suis parti avec les bâtons ! Le final est pentu et dans le rocher, au sommet belle vue d’un côté sur la Bourboule et Le Mont Dore et de l’autre sur la Banne d’Ordanche et le Puy Loup, au loin le sommet du Sancy est accroché par les nuages.
La fraicheur et le vent n’incitent pas à s’attarder, nous attaquons la redescente sur le Mont Dore en direction du ravitaillement n°2 situé au lieu-dit « Prends toi garde » (1050 m), parcours en parti en sous-bois que les coureurs ayant participés au 30 km du trail hivernale connaissent déjà.
J’arrive au ravitaillement n°2, 28 ème km, en 3h34 mn soit 13 mn plus tôt qu’en 2013, pause de 3 mn le temps de recharger mes bidons de prendre une soupe, je repars et me retrouve en plein dans le flux des 1000 coureurs du 34 km partis du Mont Dore à 9h30. J’essaye de ne pas me faire emporter par le flux très rapide en trottinant et n’hésitant pas à passer en mode marche active quand la pente s’accentue, ce qui nous vaudra avec 2 autres participants du 60 km quelques remarques désobligeantes de coureurs à l’esprit étriqué, comme quoi nous les ralentissons . Certains de semblant pas comprendre que nous sommes déjà au 30 ème km.
Le chemin vers le col de la Croix Morand (1400 m) est de 5 km, un ravitaillement en eau y a été installé. Quand j’y arrive, je ne suis pas des plus frais, j’ai connu des jours meilleurs, je dirais que le plaisir n’y est pas malgré que je sois dans mon timing, j’y retrouve kikourou Valmente qui tente de me remotiver.
La montée du Puy de la Tâche est perturbée par un gros bouchon. Une échelle de passage de clôture où il n’est possible de passer qu’un à un et qui ne permet pas d’absorber les 1000 coureurs du 34 et ceux du 60 km, il nous faudra patienter 30 mn pour passer cette obstacle, dans le vent par 5 à 6 °c et comme le soleil est encore très bas il ne chauffe aucunement. Cela met bien à mal ma motivation. Dur de repartir et de retrouver un rythme régulier après cet arrêt prolongé car les muscles se sont refroidis.
Nous enchainons sur un sentier de crêtes en mono trace le Puy de la Tâche (1629 m), Le Puy de la Monne (1692 m), le Puy Barbier (1702 m) et le Puy de l’Angle (1732 m), avant de redescendre sur le Col de la Croix St Robert (1450 m) où a été installé un ravitaillement solide.
Au pointage je me pose vraiment la question de l’abandon, mais décide de poursuivre, recharge rapide des bidons et ravitaillement salé, je sais que si je m’attarde la course s’arrêtera là. En 3 mn je suis reparti, mais après 1 km j’ai les jambes coupées et l’impression d’être collé au chemin, la vue du Roc de Cuzeau (1737 m) me démoralise. Je fais demi-tour en marchant sur 500 m bien décidé de rendre mon dossard au ravito précédent. De voir le flux des coureurs, je me dis que c’est vraiment trop con, je n’ai jamais abandonné sur une course et le faire ici sur mon terrain de jeu dans le Sancy serait vraiment dommage.
Demi-tour, je sais que les 22 km restant vont se faire à l’arrache, là je me décide de me mettre à fond dedans de puiser au plus profond de moi l’énergie qui va me permettre d’arriver au terme de ce trail, je sais qu’une fois Cuzeau passé le gros morceau sera la sortie de Chaudefour.
J’arrive au sommet de Cuzeau assez rapidement, je me surprends car dès que le terrain le permet je cours, sinon marche active avec les bâtons, je ne pense même plus à mes quadri. Seule l’arrivée au mont Dore compte. C’est idiot mais à ce moment-là j’ai une grosse envie de manger une glace.
Col de Cuzeau (1648 m), Puy des Crebasses (1762 m), et c’est longue descente technique vers la vallée de Chaudefour (1200 m). A Chaudefour un ravitaillement en eau nous attend, là des coureurs sont couchés dans l’herbe à la recherche d’un second souffle. Je repars avec le même groupe de coureurs que j’avais rejoint dans la descente, c’est plus motivant d’attaquer la plus grosse difficulté de ce trail en groupe, la montée se fait bien, Puy de Champgourdeix (1570 m), Puy de la Perdrix (1824 m) et soulagement ultime le Col de la cabane, je sais qu’à partir de là il ne reste plus que 8 km.
Après une petite descente sur la piste de ski, le Sancy (1886 m) se dresse devant nous. Le chemin pour accéder au sommet vient d’être entièrement réaménagé, un gros travail de diguettes et de tapis antiérosifs a été fait pendant plus d’un mois, le voilà prêt à affronter de nouveau les caprices de la météo et la foule de randonneurs et traileurs.
Le Sancy impressionne un peu vu d’en bas, mais est bien moins méchant qu’il n’y parait, surtout après 52 bornes. D’autant qu’ensuite ce n’est que de la descente jusqu’au Mont Dore. Une descente qui débute par des marches d’escaliers irrégulières et très casse pattes, puis nous empruntons la monotrace du Pas de L’âne, bien moins glissante qu’en 2013, avant d‘attaquer avec prudence les pierriers du fond du Val de Courre.
Après c’est roulant mais traumatisant pour les genoux et les cuisses endoloris car en moins de 8 km depuis le Sancy c’est 840 m de D-, nous enchainons le Val de Courre, la piste de ski des Longes, le parking des Longes, le chemin des médecins puis des artistes pour terminer sur le chemin des Milles Gouttes.
Et pour finir l’arche d’arrivée !!!
Parcours bouclé en 9h33’52’’ non pas sans douleur et souffrance, sans l’attente de 30 mn, la bêtise d’oublier mon dossard au départ et mon hésitation à abandonner à la Croix St Robert, j’aurais atteint mon objectif. Il faut bien avouer que je n’ai jamais autant souffert sur un trail et que jamais je n’ai eu à puiser aussi loin dans mon mental pour terminer une course.
L’organisation est toujours aussi parfaite et cette année j’ai trouvé le repas d’après course bien meilleur que sur les précédentes éditions. Dommage pour le ralentissement dans la montée du Puy de la tâche.
NB : A J+2 je n’ai toujours pas mangé ma glace !!!
4 commentaires
Commentaire de anthodelb posté le 29-09-2015 à 16:57:54
Bravo à toi Yannick pour être allé au bout, surtout après ce départ pas commun !
A bientôt sur les sentiers du Sancy.
Anthony
Commentaire de robin posté le 29-09-2015 à 17:51:42
En effet départ remarquable ! Tu as réussi cependant à surmonter toutes les difficultés. Bravo.
Je n'arrive pas tout à fait à remettre les images en face des noms. Il n'y a pas à dire. Il faudra que j'y revienne.
Bonne récup et bonne glace ! Il n'est pas encore trop tard
Commentaire de pinafl posté le 29-09-2015 à 22:26:45
Bravo pour avoir terminé, malgré ce qui a du être un gros coup de flip au départ :-)
Commentaire de philkikou posté le 01-10-2015 à 06:15:56
Bien aimé le passage à la Bouboule... Physique pas au top mais fini au moral.. dans un paysage magnifique.. bravo pour avoir terminer ta course malgré tous ces pépins et un départ qui aurait pu entamer ton moral...
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