L'auteur : Casidescôtes
La course : Ultra Trail du Vercors
Date : 5/9/2015
Lieu : Lans En Vercors (Isère)
Affichage : 1768 vues
Distance : 86km
Matos : Chaussure Asics Fudji Trabucco
Objectif : Objectif majeur
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Le jour J, mon premier trail de plus de 80 km, il est 3h30 et j'ai dû dormir 2 bonnes heures au total, la journée va être longue, mais heureusement il y avait la sieste de la veille qui sera salutaire. La veille au soir, mon père m'avait surpris en me disant qu'il m'accompagnerait pour le départ et nous quittons notre maison d'un week end, à 4h30 pour le départ qui est à 5h pour les solos. Il fait 5 °C. Je suis encore dans le gaz. Le départ est donné et je m'élance à "deux à l'heure" le temps de me réveiller… Je pars dans le dernier quart et j'avoue qu'à ce moment-là j'ai une grosse appréhension sur la gestion de mon effort sur ces 84 km annoncés. Je sais que les 50 premiers kilomètres cela devrait aller, mais après ???
Cette première partie de course est une longue montée jusqu'au sommet du Moucherotte soit 8 km pour 800 m de D+ et je mettrais 1h30. Je suis très prudent et même je dirais lent. Au sommet la vue plongeante sur Grenoble tout illuminé (il fait encore sombre) est splendide !
Je me fais plaisir dans la descente qui suit et je double pas mal de monde, faut dire que je suis très à l'aise en descente. Une légère remonté et on débouche dans un pierrier sur un bon kilomètre où il est impossible de doubler. (Le vallon des forges)
Plus loin le chemin se transforme en sentier en lacet très glissant et en sous-bois. Une fois encore impossible de doubler et nous sommes un grand nombre à nous suivre, une longue file de traileur !! Lorsque la pente se fait plus douce, le chemin s'élargit, je retrouve le sourire et double à nouveau une multitude de coureurs sur un sentier assez technique où la plupart ne prennent pas de risque. Certain me prennent même pour le premier relais duo et cela me fait sourire ! Il s'en suit une petite remonté de 2 km (250m D+) puis c'est la descente vers le premier ravito à St Nizier. Un peu moins de 3 h pour faire la première partie que je pensais faire en 2h 15 mais c'était sans compter sur la descente plus compliquée que prévue.
Je reste moins de 10 minutes et je repars pour 3 km de descente jusqu’à Engins. Cela se passe bien malgré quelques parties glissantes. On attaque alors le gros morceau de la journée et je continue à suivre mon plan, doucement en montée, ne pas se mettre dans le rouge. De temps en temps j'engage la conversation avec les coureurs qui me doublent, c'est très sympa et cela fait passer le temps… je mettrais 1h15 pour gravir les 800 m de D+. Arrivé sur le haut du plateau de la Moliére, j'ai un peu de mal à relancer et j'alterne entre marche rapide et course sur un terrain glissant parmi rochers et terres humides. Je me pose encore des questions sur ma gestion de l'effort sur une telle distance et je reste prudent. On débouche enfin sur un large chemin et je me remet à courir à 10 km/h s'il vous plait! Puis le chemin prend une pente descendante et j'en profite pour bien dérouler la foulée et détendre les muscles. D'ici la vue est magnifique.
Cela fait tout de même 30 km que nous courrons! Un petit raidillon passant par le Pas de l'Ours et immédiatement c'est la descente sur Autrans que nous entamons.
En montant au Pas de l'Ours
Le meilleur moment de la journée pour moi car je la descends à "fond" et je sais que tous mes proches m'attendent au ravitaillement. Je mets, sur certaine portion le turbo, les jambes sont bien présentes! Nous débouchons sur une route et il reste deux kilomètres avant Autrans, je ressens quelques douleurs dans les jambes, la descente, j'aurais mieux fait de ralentir le tempo, mais tant pis c'est trop tard. 200 m avant le ravito tous mes proches sont là et je les ferais avec mon fiston, mon neveu et mes frères et ça, ça mets un coup de booste au moral incroyable !!
Ravitaillement à Autrans
Je reste 20 minutes à l'arrêt, grosso modo à mi-parcours c'est ce que j'avais prévu. Je m'allonge même une ou deux minutes sur le dos et cela me fait le plus grand bien. L'un de mes frangin me remplis le sac avec de l'eau plus Isostar citron sous dosé. Je tourne avec cela depuis plusieurs mois et cela me réussit assez bien.
En repartant d'Autrans
La remise en route est un peu difficile, et après 500 m cela recommence à monter! Je gère à nouveau et le coureurs avec qui je causais depuis le ravito me dépose, cela ne fait rien je gère l'effort… Il y a 9 km (et 400 m D+) entre Autrans et Méaudre, le prochain ravitaillement. J'avais prévue 1h30 dans mon plan de course et je le respecterais. Nous parcourons quelques sentiers très chaotiques pour la montée.
Et pour la descente, les chemins seront bien roulants et donc cela permet à nouveau de détendre un peu les muscles. L'arrivée sur Méaudre fait souffrir les quadri car on descend droit dans la pente sur une piste de ski sur environ 400m.
La piste de ski juste avant le ravito de Méaudre
En contre bas l'assistance est là et je les entends m'encourager cela fait du bien. Je m'arrête moins de 10 minutes et je repars avec le sac à nouveau remplit. Bon à chaque fois c'est plus de 3 kg (poche à eau + sac + nourriture solide) sur le dos mais bon il faut bien ça pour ne pas tomber à sec, surtout pas ! Il y a maintenant 16 km et 800m D+, et après tous, cela me va bien.
Après une dure montée le long d'un champ, la route s’aplatit et même redescend. Même topo que d'habitude je relance doucement en essayant de déroulé la foulée au maximum pour détendre les muscles endurcis dans la montée. Il s'en suit une longue descente de 4 kilomètres et comme je l'ai déjà dit j'avance plutôt rapidement sur cette portion qui sur la fin, nous fait prendre une route goudronnée sur quelques kilomètre, puis à nouveau on repasse en sous-bois.
Le profil est à la montée mais avec de nombreuse relance. C'est à ce moment-là que je m'aperçois que les jambes répondent très bien. Je m'efforce alors (mentalement) de courir à chaque fois que cela est possible et même sur des faux plat montant et tous se passe très bien. Je suis étonné de cela après tout de même 55 km. Je décide d'adopter cette méthode jusqu’à l'arrivée. Puis on arrive dans le bien nommé" bois barbu" où une surprise m'attend: Mon père, mes frères et mon beau-père sont là pour m'encourager. Un coup de booste au moral. Sur un si long parcours, avoir de la famille, des amis qui vous suivent cela aide c'est indéniable! L'un de mes frères me suit même pendant quelques centaines de mètre et c'est super! Ils me disent qu'il me reste 4 kilomètres avant Corrençon et je suis de nouveau re-boosté car tous les voyants sont au vert. Je fonce !! J'arrive à Corrençon en 10h35 min, moins de 10 minutes de pause. J'avais prévu 3h pour ces 16 km et je ne mettrais que 2h30, encore un signe positif.
Ravitaillement de Corrençon
C'est repartit pour 5 kilomètres et 300 mètres de dénivelé positif jusqu’à Villard de Lans. On attaque directement par la montée et j'y vais tranquillou, je me fais passer par de nombreux coureurs et ça, maintenant j'en ai l'habitude. Je sais que je les reprendrais dans la descente sur Villard. Et c'est ce qui se passe. Je suis même surpris par ce chemin très roulant en sous-bois et tapis d'épines de sapin qui amortissent la foulée. J'ai été très rapide sur cette portion car je mets environ 50 minutes pour rejoindre Villard et après tous ces kilomètres c'est encourageant! Cette fois c'est sûr, je vais finir mon premier ultra trail et cela rajoute de la motivation. Le comité d'accueil est là mais je ne reste que quelques minutes car je vais bien et je ne veux pas faire retomber la pression et l'effort, quitte à m'arrêter sur le parcours un peu plus loin.
Ravitaillement de Villard de Lans
Mon frére Fabien, m'accompagne encore sur quelques centaines de mètre, c'est super. Puis cela monte un peu, quelques relances et on arrive au fameux 70 eme kilomètre. Nous avons déjà eu des portions comme celle-ci auparavant mais après tout ce chemin ça fait mal. Environ 1 km de montée avec 200 m de D+.
La fameuse montée vue d'en haut, avec Villard de Lans au fond.
Me rappelant du profil de la fin de la course (c'est la dernière montée), je décide de me mettre un peu dans le rouge sur ce coups-ci pour garder un petit rythme. Malgré cela quelques solo me dépassent. Cela doit être l'effet bâtons. Faudra que je m'y mette quand même un de ces 4 !! Arrivé au sommet de cette côte, J'ai les jambes tétanisées et je n'arrive pas à relancer. Cela ne m'inquiète pas trop, le chemin est jonché de racines et de cailloux, cela me permet de récupérer. On est sur le sentier Gobert. Un peu plus loin le sentier ce transforme en chemin de cailloux (pierriers) et je ne cours plus trop pour assurer mes pas, avec la fatigue il vaut mieux.
Certain passage sont escarpés et avec le ravin en contre bas j'ai eu l'impression quelques fois d'avoir une sensation de vertige. La fatigue sans doute. En tous cas la vue d'ici est magnifique et avec le soleil couchant la vallée est très belle.
Sur le sentier Gobert
A 6 km de l'arrivée on commence à descendre sur Lans en Vercors et à partir de ce moment je décide de tous donner. Sur cette dernière portion je doublerais bon nombre de coureurs moins à l'aise que moi en descente et certainement m'ayant doublé dans la montée précédente. Je fais même jeu égal avec un relais duo pendant quelques centaines de mètre. Je suis vraiment étonné de mon état de forme et je me dis que toutes ces sorties longue dans le massif du Pilat ont payées! A l'arrivée aucun de mes proches n'est présent. Ils n'ont pas eu le temps d'arriver. J'ai donc un sentiment très partagé entre la joie de terminer en moins de 14h et l'absence de mes proches. Je reste donc assez neutre.
Je termine très satisfait de ma course et comme sur la montagn'hard 40km en juillet j'ai très bien gérer mon effort sans jamais me mettre dans le rouge. Un amis coureur m'avais envoyé un sms à Corrençon me disant que j'étais 198e et je termine 142e ce qui veux dire que j'ai repris 56 places sur la seconde moitié du parcours mais aussi que mon rythme n'a pas trop faiblit au cours de ces 84 km. C'est encourageant pour repartir sur d'autre Ultratrail car maintenant je sais a peu prés ce qu'il faut faire comme entraînement pour tenir ces longues distances et même plus!
Pour conclure je trouve que cet l'ultratrail est idéal pour commencer sur de très longues distance. Le dénivelé est juste dosé per rapport à la distance (84 km). Les paysages sont superbes et il y à vraiment tous les types de chemin pour que chaque coureurs puissent s'exprimer selon leur qualités.
Ci dessous la vidéo qui va avec! :
5 commentaires
Commentaire de crocodile posté le 27-09-2015 à 12:53:53
Bravo pour ton ultra et merci pour ce récit documenté et plaisant à lire.
Ben qu'est-ce qu'ils ont foutu tes proches pour manquer ton arrivée ? T'es allé trop vite ! ;-)
Commentaire de samontetro posté le 28-09-2015 à 08:58:42
Pour un premier ultra, c'est une totale réussite dis donc! Autant sur la gestion de l'effort, de l'alimentation et ce finish avec encore du jus pour relancer! Bravo!
Commentaire de Casidescôtes posté le 28-09-2015 à 12:35:23
Salut Crocodile,
Merci pour le commentaire. Concernant mes proches avec des enfants en bas age ça a un peu trainé. C'est comme ça... Ils seront rodé pour le prochain !!
Merci Samontetro pour ton commentaire également et effectivement j'aurais bien fait 20 bornes de plus !!
Commentaire de Trimoreo posté le 28-09-2015 à 14:09:45
Bravo pour la perf et la gestion sur ce magnifique trail. T'as assuré. C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd pour les 20 km en plus ;)
Question : Qui va bien vouloir te trainer sur d'autres Ultras???
Commentaire de Casidescôtes posté le 28-09-2015 à 20:20:46
Qui va bien vouloir me trainer sur d'autres Ultras??? Ben... un certain Trimoreo évidement !
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