L'auteur : dafunker
La course : Le Tour de la Grande Casse - 65 km
Date : 23/8/2015
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 2140 vues
Distance : 65km
Objectif : Faire un temps
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Introduction
Ça fait quelques années que ma famille et moi louons un chalet à Pralognan-la-Vanoise (au Barrioz). Nous y restons à chaque fois 2 semaines pour prendre un bon bol d'air frais. C'est toujours un plaisir de retourner au col de la vanoise et au lac blanc puis de découvrir de nouvelles randonnées...
Chaque année, nous observions ces coureurs participants aux 2 courses (TGC & Sauvage) avec tout le village les applaudissant lors de leur passage dans l'artère principale (Avenue de Chasse Forêt). L'envie de participer au TGC s'est montrée un peu plus forte en 2014 et c'est à partir de ce moment là que j'ai souhaité participer à l'édition suivante.
Je me suis donc entrainé. Habitant à Paris (Sud), j'ai essayé de me trouver une petite montagne toute proche et c'est sur le parc Montsouris que j'ai jeté mon dévolu. Accrochez vous bien, son pied est à 54m et son sommet culmine à 81m. 27D+ ! Mais c'est mieux que rien.
5-6 randonnées de 20km en 2014 à Pralognan, 2 courses de 10km et plusieurs dizaines d'entrainements à Paris plus tard, je me suis inscris au TGC avec l'envie de faire moins de 12H et d'être dans le top 100. J'épluche alors les compte-rendus kikourou, je lis des conseils donnés par les pros, sur l'économie d'énergie, le matériel, etc...
Retrait des dossards
Le retrait des dossards s'effectuait entre 14h et 18h. J'y suis allé à 14h15 et ça a été très rapide. Chaque course (TGC & Sauvage) avait sa file.
Voici le contenu du sac en photo :
Briefing
Le briefing a commencé peu après 18h et a duré une trentaine minutes.
Dans une très bonne ambiance, plusieurs intervenants ont présentés leur rôle et l'importance que nous, coureurs, avions pour les aider à faire au mieux leur travail.
Le speaker annonce qu'autrefois, 80% des coureurs étaient des savoyards mais qu'ils ne sont plus que 9%
Pour cette édition, nous aurons la chance de courir aux côtés de Corrine Favre.
Chose inédite, le parcours du TGC a été inversé. La course commencera par le col de la Vanoise et se terminera par le Col de Leschaux. Cette décision a été prise le matin même à cause des risques d'orage annoncés pour 17H. Les rappatriements en hélicoptère sont très difficile du côté de La leisse et du Col de la Vanoise et c'est pour cette raison que l'on s'y rendra directement dès 5H du matin.
D'emblée, tout le monde comprend qu'on finira par le col le plus difficile... le Col de Leschaux. De base, il est déjà très compliqué, alors avec 52km dans les pattes...
2 barrières horaires ont également été ajoutées (par sécurité très probablement)
Voici le document donné par l'orga et obligatoire lors d'un contrôle durant la course.
Préparation
Le matériel obligatoire fut le suivant :
Je me suis fait un petit roadbook grâce au logiciel Course Generator (le développeur tient un topic à ce propos dans le forum). L'intérêt était de me fixer des petits objectifs de temps durant le parcours.
Course
Réveil à 4H20, une banane avalée, le sac enfilé et la frontale mise sur le front, je pars vers la place de la mairie d'où sera donné le départ. La journée sera plus longue que prévue
Seulement 174 pointés sur 219 inscris, où sont passés les 45 autres ? N'ont-ils pas vus le pointage ?
Le départ est lancé à 5H.
Comme attendu, tout le monde s'élance à vive allure dans l'avenue de Chasse Forêt en direction du Col de la Vanoise (2517m), comme s'il s'agissait d'une course de 10km. Je fais pareil afin de ne pas être bloqué par des gens qui auraient une allure moindre et je prend le risque de me mettre un peu dans le rouge.
La vue est magnifique, toutes ces petites lampes frontales se dirigeant vers le col de la vanoise puis traversant le lac des vaches... Beaucoup prirent des photos à cet endroit là, chose que j'aurais dû faire également mais j'étais assez omnubilé par le temps et par l'économie d'énergie. J'espère que quelqu'un partagera ses clichés
D'en haut du lac des vaches, on distingue au loin un nombre important de lampes frontales et je me dis que ceux-là vont avoir du mal à arriver au col avant 7h...
J'arrive au refuge en 73ème position, à 6h30, 1:30:06 d'effort assez intense pour moi. J'ai 12 minutes d'avance par rapport à mon roadbook, temps qui me rassure pour la suite.
Surprise, un nouveau coureur pointe le bout de son nez. 174 ont été pointés au départ mais 175/219 au col de la vanoise.
Le ravitaillement était assez énorme, TUC, pain d'épice, brioche, saucisson, chocolat, abricots un peu séchés, pruneaux, bananes, coca, eau, eau gazeuse...
Je prend pas mal d'abricots, un bout de banane, du salé et je rempli ma bosse de chameau puis repars en direction du refuge de la Leisse. C'est assez roulant, je connais bien le chemin, tout le monde court jusqu'au refuge. Il y aura juste 5 minutes de montée pour l'atteindre. Une petite partie de la descente est assez technique. Manquant encore de confiance, je laisse passer 2 personnes. Je pointe alors à la 75ème place à 8H00. J'ai 16 minutes d'avance par rapport au roadbook.
Nous sommes accueillis avec une énorme marmitte de soupe faite maison (que je ne goûte pas par peur d'avoir envie d'aller au petit coin (fibres)). Je prend mon temps, un peu de coca, des pates de fruits et je repars au bout de 5minutes.
Direction Tignes - Val Claret où nous croiserons les traileurs de la Sauvage qui feront le chemin inverse.
Nous continuons jusqu'au sommet du Col de la Leisse (2755m), le paysage est lunaire, c'est assez joli. Puis on bascule de l'autre côté, nous empruntons une longue descente très roulante et on arrive aux courts de tennis de Val Claret où nous sommes applaudis par les bénévoles étant aux ravitaillement. Quelque soit le refuge ou le lieu d'où ils opèrent, les bénévoles ont quelques mots d'encouragements et ça fait chaud au coeur.
Je pointe à la 89ème place, 14 places de perdues. Probablement lors du ravitaillement et lors de la côte du Col de la Leisse. Il est 9h28 et j'ai 19 minutes d'avance. Je prend encore une fois mon temps, plus que d'habitude car nous attaquons tout de suite par l'ascencion du Col du Palet. Je repars avec le plein d'eau, je suis à l'aise dans la montée sauf à un endroit où la pente était très raide.
La descente qui s'ensuit a été la plus longue et la plus roulante de la course. On traverse un champs de vaches, le chemin est très étroit et il est recouvert de bouses. Même avec les bâtons, mes pieds glissaient dessus sur plusieurs centimètres... j'appellerais ça du Cow dung sliding.
Je rejoins 2 hommes qui discuttent entre eux, ils se connaissent. Quand ils me voient arriver, tout de suite, l'un d'entre eux se fou de la gueule de mes chaussures en disant que j'aurais pu avoir 1H d'avance et une meilleure protection des pieds avec une paire plus adaptée. Ils ont raison par rapport à la protection, par contre, au sujet de l'heure d'avance, je suis un peu plus sceptique. On rigole puis je les suis pendant 5km au pas de course, ils sont super à l'aise et connaissent bien le Trail, les suivre m'a fait gagner pas mal d'énergie puisqu'ils me faisaient penser à autre chose. Ils s'arrêtent 5minutes, je continue sur ma lancée et voit au loin Corinne Favre qui semblait mal en point, elle me laisse passer. (Elle abandonnera peu de temps après). Quelques minutes plus tard, un traileur surgit de nulle part, un anglais, un véritable boulet de canon, il avait pris un petit raccourcis et le descendait à vive allure puis me dépasse à grande vitesse.
J'arrive enfin au refuge du Laisonnay, km40. Que la descente fut longue... je commence à avoir mal aux chevilles, genoux, dos, j'ai même envie de grimper une côte pour me reposer ! Toujours un petit mot d'encouragement de la part des bénévoles, des habitants sont également là pour applaudir chaque nouvel arrivant. Cela fait toujours autant plaisir.
Un traileur arrive au ravitaillement en marchant, exténué, il dit à l'une des personnes faisant le pointage : "Bon aller, on va être raisonnable, je vous rend mon dossard". On lui explique qu'une navette de Tignes viendra ici, au Laisonnay et qu'il pourra être rapatrié. J'avais envie de lui dire qu'il avait encore beaucoup d'avance et qu'il pouvait rejoindre Pralognan tranquillement mais je n'ai pas osé et je crois que j'ai bien fait car la fin allait être tout sauf un long fleuve tranquille. Il sera rappatrié plus tard.
Je pointe à la 79ème place à 11H42. 22 minutes d'avance par rapport au roadbook mais je sais qu'elles seront perdues dans pas longtemps car je me sens épuisé. Le prochain ravitaillement est dans 9km, je me dis que c'est assez court et décide de ne pas remplir ma réserve d'eau d'1.5L afin de gagner du poids. Grosse erreur.
Je reprend la route et malheureusement, toujours pas une côte en vue... je marche au début puis court. En doublant un jeune traileur qui marchait, je lui dis "Allez, courage" et il me répond quelque chose qui m'a fait froid dans le dos "C'est une course". Genre, je n'ai pas le droit de l'encourager car je gagne une place. Bon, soit, je reprend la douloureuse descente, à chaque virage, j'espère voir une côte au loin... mais non, ça ne vient toujours pas. On traverse un camping, tantôt c'est plat, tant ça descend. Je marche de temps en temps car je suis fatigué et là... une côte, l'avant dernière difficulté du jour et pas des moindre, la Tour du Merle (1930m) à Champagny en Vanoise.
Des gens nous encouragent lors de la montée, je retrouve l'Anglais qui était descendu comme une balle, il galère à monter tout comme moi. Je le suis et ne souhaite pas le dépasser pour ne pas avoir la pression et marcher plus vite que je ne devrais. Étant débile et n'ayant pas fait le plein de ma poche à eau, je me retrouve à court et espère arriver au ravitaillement du plan fournier dans les plus brefs délais. Mais ça montera encore pendant 20minutes... l'Anglais fut super cool, une fois en haut, je lui dis "This was insane" et me répond "Yeah, but this is not the last right ?". Ah bah ça c'est sûr, ce n'est pas la dernière montée, il y a encore le Col de Leschaux. Il me propose gentiement quelque chose à manger mais c'est bon j'ai tout ce qu'il faut et je ne lui demande pas d'eau, il faut bien que j'assume ma connerie
Je passe devant mais comme prévu, l'Anglais me dépasse comme à vive allure. Il a beau être assez fatigué en côte, le mec descend comme si c'était la première pente de la journée. Chapeau. On se retrouve au plan Fournier, le dernier ravitaillement 15 min plus tard. (km51)
Je pointe à la 81ème place à 13h34. 10 minutes d'avance par rapport au roadbook. Je bois 2-3 verres, mange et rempli la poche à eau entièrement. Une chaise est libre et je m'assois pendant 3-4 minutes. Je serais resté au ravitaillement 6-8 minutes.
S'ensuit les pires 13km de ma vie. Pour vous donner un ordre d'idée, d'après le roadbook, je devais arriver à 16h01 et bien j'arriverais 1h19 "en retard", au bout de 12h20 d'effort, à la 91ème place.
Moi qui souhaitais grimper une côte pendant un long moment, j'ai été servi. La montée du Col de Leschaux a été interminable. Une randonneuse m'a bien motivée durant la montée, en expliquant où j'en étais dans l'ascencion et en m'encourageant. Je rejoins l'Anglais puis reste derrière. Nous arrivâmes à la première partie du Col de Leschaux, côté Champagny en Vanoise et c'est à ce moment là que j'ai complètement explosé physiquement et psychologiquement. Qu'est ce que j'ai maudis ce Col... pour rejoindre la deuxième partie du Col, il a fallu se la jouer équilibriste sur des rochers et bien faire attention aux fanions orange disposés par l'organisation afin de ne pas se perdre. Le directeur de course avait bien prévenu, il s'agit d'un endroit type "Haute montagne". Aucune végétation, beaucoup de passage sans dénivelé mais avec des rochers à enjamber.
Puis ensuite une descente assez roulante pendant 200m mais sur laquelle je n'avais pas envie de courir. L'Anglais est parti à ce moment là comme une bombe, je ne le reverrais plus. (Il finira 83ème) Viennent ensuite les derniers 150m D+ et la longue, trop longue descente du Col. C'est ici que j'ai perdu la majorité du temps en marchant au lieu de courir car j'avais très mal aux hanches et au dos. Probablement parce que j'ai eu une mauvaise posture en descendant (dos relevé, le corps un peu en arrière), et j'ai peut-être eu cette posture par manque de quadriceps. J'ai marché 40% du temps.
Une fois arrivé à proximité de Pralognan, j'ai eu la mauvaise surprise de voir que le chemin avait été rallongé afin que les coureurs arrivent comme d'habitude par le haut de l'Avenue Chasse Forêt. C'était un petit détour, genre 500m mais j'étais à bout, un traileur à proximité pestait également Mais ce détour valait le coup malgré tout. Le village a applaudit ainsi que ma famille qui attendait sous la pluie.
Je suis fier de l'avoir terminé et de figurer parmis les 100 premiers malgré la fin horrible.
Un petit mot sur le premier, Christophe Polaszek qui est arrivé à 13h12 (8h11 d'effort). Impressionant.
Un grand merci à l'organisation, aux bénévoles ainsi qu'a toutes les personnes nous ayant encouragées durant la course !
10 commentaires
Commentaire de caral posté le 24-08-2015 à 17:23:10
Bravo à toi, ça avait l'air très dur et c'est bien d'être allé au bout
Commentaire de dafunker posté le 25-08-2015 à 08:57:11
Merci Caral, Bravo à toi également pour ton chrono sur la Sauvage !
Commentaire de Makik posté le 24-08-2015 à 21:43:09
Merci pour le récit, qui m'a fait revivre cette si belle course (j'étais quelques places derrière toi). Comme toi, j'ai serré les dents dans la longue montée au col de Leschaux, et j'ai aussi apprécié l'accueil et l'amabilité des bénévoles, aux petits soins pour nous. Il faudra y retourner l'an prochain, pour refaire la course "dans le bon sens" :D
Commentaire de dafunker posté le 25-08-2015 à 08:59:34
De rien Makik, Félicitations pour avoir terminé ce TGC.
J'aimerai bien savoir si l'autre sens est plus facile, alors oui, je rententerais probablement. Et toi ?
Commentaire de Makik posté le 25-08-2015 à 20:24:27
En tout cas, j'en ai très envie, quelle belle course !
Commentaire de Makik posté le 24-08-2015 à 22:30:51
Merci pour le récit, qui m'a fait revivre cette si belle course (j'étais quelques places derrière toi). Comme toi, j'ai serré les dents dans la longue montée au col de Leschaux, et j'ai aussi apprécié l'accueil et l'amabilité des bénévoles, aux petits soins pour nous. Il faudra y retourner l'an prochain, pour refaire la course "dans le bon sens" :D
Commentaire de mazbert posté le 24-08-2015 à 22:42:23
Cool de te lire. J'étais un des deux papoteurs que tu a croisé dans la descente vers le Laisonnay. Chapeau de faire une telle course avec tes chaussures car tu as du en chier dans les blocs avant plan Fournier. On a vécu la même course car nous partions quand tu es arrivé au ravito de plan Fournier. La différence s'est faite à la fin où nous en avions gardé un peu sous le pied pour la montée de Leschaux. Au plaisir de te relire et bonne chance pour la suite.
Commentaire de dafunker posté le 25-08-2015 à 09:09:14
Coucou Mazbert ! Ravi que tu aies pu lire le résumé ;)
J'attend toujours mes chaussures de Trail offertes par Corrine Favre ! (Je plaisante :p)
Oui, je vous ai perdu après le plan Fournier. Tu as finis super fort, Chapeau ! Et félicitations pour le nombre de courses (et quelles courses !) auxquelles tu as participé, ton profil kikourou est super impressionant.
Commentaire de truklimb posté le 25-08-2015 à 11:29:31
Bravo d'avoir été au bout, tu t'es bien accroché malgré les difficultés !
Tu es arrivé 1 minute avant moi au Laisonnay, j'imagine que j'au dû repartir avant toi du ravito (j'ai décollé grosso modo en même temps que l'anglais et que le jeune qui marchait). J'ai l'impression que la fin de course a été compliquée pour tout le monde ; je n'en voyais pas la fin pour la grimpette au col de Leschaux...
Commentaire de tidjolo76 posté le 31-08-2015 à 17:21:10
Chapeau bas l'ami. J'ai mis... 14h42 pour finir 149ème !
Comme tu l'indiques, ce col de Leschaux très compliqué. Perso, il m'a détruit physiquement. L'interminable descente vers Pralognan est également très dure physiquement. Bref un beau trail, difficile néanmoins.
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