L'auteur : Run95
La course : La 6000 D
Date : 25/7/2015
Lieu : La Plagne (Savoie)
Affichage : 1968 vues
Distance : 63km
Objectif : Terminer
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RECIT 6000D 2015
Je tenais à vous raconter ma course pour 3 raisons principales :
La 1ère : montrer aux gens que l'on peut être un coureur moyen, habiter en banlieue parisienne et réussir une telle épreuve sans trop de "casse".
La 2ème : donner quelques conseils qui pourront vous servir sur la course si c'est votre 1ère édition et que vous redoutez les barrières horaires.
La 3ème : grâce aux 1 et 2, vous faire découvrir cette course magnifique et vous inciter à vous lancer.
Je me présente vite fait, j'ai 52 ans (68 kg), je cours 3 fois/semaine régulièrement. Je cours le 10 km en 47'. Je n'ai fait que 2 marathons : Vincennes (3h56) et Madrid (4h30). J'habite Argenteuil dans le Val d'Oise.
Petite anecdote au passage : tous ceux avec qui je discutais sur la course habitaient à la montagne ou en région très vallonnée. Quand je leur disais que j'étais d'Argenteuil, soit ils étaient admiratifs, soit ils étaient morts de rire ! Effet garanti !
Je ne vais pas vous raconter mes 11 semaines d'entrainement, ce serait trop long et je ne pense pas que cela vous soit très utile. Je pense en effet que votre entrainement va dépendre de vos containtes perso ( travail, famille, forme...).Je peux vous dire en tout cas que pour moi cela a été difficile vu qu'il n'y a pas trop de dénivelé du coté d'Argenteuil. Il existe donc 2 solutions, soit faire des sorties en montagne tous les week-end (trop loin et onéreux), soit me "taper" des côtes de 1000m (80D+) pendant 4h pour essayer d'atteindre les 1500m D+ ( Forêt de St-Leu). Bon......on y arrive, mais on est content quand çà se termine !
Je ne vais pas non plus m'attarder sur le matériel, chaussures, vêtement technique utilisés pour la course. Là encore c'est une histoire d'appréciation personnelle et d'habitude (de moyens aussi) ; je peux juste vous dire qu'il n'y a pas besoin de dépenser une fortune pour terminer ce genre de course. ( perso, chaussure trail Go Sport à 40 euros).Evidemment, si vous faites des trails toutes les semaines, un autre choix peut s'imposer.
LA COURSE
Dès le départ çà va vite, je décide d'y aller doucement au début, faut pas exagerer, il est quand même 6h30 du matin. Rapidement je m'aperçois que tout le monde me double et je me dis à ce moment là qu'il ne faut surtout pas que je me laisse entrainer et garder mon rythme, même très lent. Je me rendrais compte un peu plus tard que ce n'était pas forcément la meilleure des solutions.On court environ 3-4 kms sur un chemin assez facile quand arrive la 1ère côte. Là commence un spectacle assez drôle, c'est le moment où tous les coureurs dégainent leur bâtons de marche. On assiste à quelques frottements et certains coureurs ramèneront de jolis souvenirs au niveau de leurs mollets ou cuisses (dont notre amie Carole des Lapins Runners). Je décide de laisser mes bâtons pour l'instant derrière mon sac à dos et en profite pour doubler un bon nombre de coureurs, la pente n'étant pas si raide que çà. Arrive vite le début des hostilités avec du dénivelé vraiment positif. A partir de ce moment-là on n'a plus trop le choix, on est obligés de se ranger tranquillement en file indienne et esperer une opportunité pour pouvoir doubler. C'est à ce moment que je sors ma blague qui tue à qui veut bien m'entendre : " Ah, merde alors, moi qui voulait faire un podium !" Devant les réactions mitigées de mon entourage, je décide de ne pas trop en rajouter et continue ma route. On re-essaiera sur une autre course.
PREMIER CONSEIL : Je vous conseille, dès le départ de vous placer plutôt vers l'avant. Ou sinon de ne pas partir trop lentement durant les premiers kms. En effet, dès qu'arrivent les premières montées raides, il vous sera difficile de trouver votre rythme et vous serez obligés de subir celui des autres, qui peut être vraiment très lent par endroits.
On arrive enfin à la piste de bobsleigh située à Montalbert au 15ème km. Là çà rebooste un peu, on est content de voir du monde et l'on est acceuilli avec un bon vieux "Higway To hell" d'ACDC qui redonne la pêche. J'en avais bien besoin après mes 2h de course à cet instant. Une petite pause photo pour ma femme et c'est reparti. pas le temps de se reposer, on attaque la montée vers La plagne puis grosse descente vers Plagne Centre pour un 1er ravitaillement et un 2ème point de contrôle au km 19. Là, petit probleme perso en ce qui concerne mon alimentation. En effet, lors de longues sorties à un rythme soutenu, ajouté à la chaleur (il n'est pourtant que 9h30), je n'arrive rien à avaler de solide. je me rabat alors sur de l'eau gazeuse ou du coca. Je poursuivrais ce régime liquide durant toute la course. Pour compenser, j'avais prévu une boisson protéinée dès le départ.
MON ALIMENTATION
Pendant la préparation et la course, vu que je connaissais mon "problème" alimentaire, j'avais opté pour les produits Nutraperf de la gamme Nutrathletic. Ce sont des poudres à diluer dans des bidons de 500ml. Bien-sûr il faut boire toutes les 10 mn, mais sur le terrain c'est un autre problème. En effet sur la 1ère partie qui est très raide, j'hésitais à faire des pauses de peur de ne plus pouvoir repartir. Je n'ai eu aucun problèmes (gastriques) avec ma boisson mais si c'était à refaire j'essaierais de me forcer un peu plus à manger pour avoir plus de pêche.
DEUXIEME CONSEIL : Je vous recommande la soupe qu'ils nous servent au ravito du glacier si vous avez comme moi du mal à avaler du solide. Même s'il fait très chaud à ce moment-là, c'est un très bon carburant pour entamer la descente; Car oui, il peut faire très chaud même à 3000m.
Donc nous continuons notre montée jusqu'à Roche de Mio ou il y a beaucoup de monde pour nous acceuillir, des proches et aussi beaucoup de touristes vu que toutes les remontées mécaniques sont gratuites le jour de la course. Du coup ma femme n'ira pas me rejoindre au glacier, trop d'attente pour monter là-haut. Belle descente à Roche de Mio sur quelques kms. Il y en a qui en profitent pour se lâcher un peu et esperer rattraper un peu de temps perdu lors de la montée. Moi j'ai décidé d'y aller doucement car je savais que la suite allait être redoutable.
TROISIEME CONSEIL : Si à ce moment-là vous êtes bien en jambes et que vous n'avez pas de douleurs particulières, c'est une belle portion roulante pour gagner quelques places. Sinon restez prudents pour la montée à venir.
Voici justement la montée au glacier, qui est tout simplement......vertigineuse. D'ailleurs je n'ose pas lever la tête pour essayer de l'apercevoir. je me contente de suivre les coureurs (marcheurs) et de me mettre à leur rythme. Certains passages sont vraiment très raides et l'on est obligés de s'aider des mains. La file des concurrents est impressionnante devant mais aussi derrière, ce qui me rassure un peu.
ARRIVEE AU GLACIER
Me voici arrivé au glacier au km 31. J'ai déjà 6h d'efforts dans les pattes. A ce moment-là j'ai environ 1h15 d'avance par rapport à la barrière horaire. Je me dis que ce n'est pas mal du tout vu la progression lente depuis le début. Mais je pense aussi à la tête de course et le 1er qui doit en finir. Au passage, bravo et respect à Sebastien Spehler qui est un garçon très simple et sympathique, avec qui on a discuté quelques jours avant la course. J'ai l'esprit assez serein, il fait chaud mais je sens que si je tarde trop je vais me refroidir très vite. Mes jambes sont lourdes mais pas de douleurs particulières ni de crampes. Encore une petite montée et c'est la descente, très raide et et un peu technique par endroits. Je m'aide de mes bâtons pour me freiner un peu. Il y a quelques années j'ai été victime d'une rupture des ligaments croisés au genoux droit donc je fais très attention de le garder bien dans l'axe. Evidemment beaucoup de coureurs me doublent mais certains m'encouragent et me disent qu'au niveau horaire on est encore bien mais qu'il ne faut pas s'endormir. Il fait très chaud et ma poche à eau commence à se vider sérieusement. On arrive au chalet et lac de carroley au km 39. Va suivre la montée du Col de l'Arpette. 2 petits kms terribles qui vont faire très mal. A ce moment de la course l'idée de re-grimper est juste......pas possible. Ce sera pour moi le passage le plus difficile de la course, mais jamais l'idée d'abandonner ne m'a effleuré l'esprit. Je soufre, il fait chaud, j'ai soif mais je ne suis pas dans le rouge. Les feux sont au vert, c'est à moi de passer. Je me contente d'avancer tel un zombie, en évitant de regarder en-haut ( de toute façon je n'ai plus la force de relever la tête). Je vais mettre 40 mn pour atteindre le Col. Certains sont dans un état critique. C'est à cet endroit (parait-il) que l'on décide d'arrêter ou pas.
QUATRIEME CONSEIL : N'ABANDONNEZ PAS !!!
Au Col de l'Arpette on est mort, on n'a plus de jambes, on a chaud et un panneau nous indique qu'il reste encore 21 kms à parcourir. Rassurez-vous, une petite descente et vous voila bientôt arrivé à Belle-Plagne puis Plagne-Bellecote pour le ravito et le pointage. Essayez d'aller au moins jusqu'à ce pointage pour savoir ou vous en êtes au niveau horaire. Vous déciderez de la suite selon votre état de forme. A cet instant j'avais 45 mn d'avance et j'avais assez confiance pour le reste de la course qui ne serait que de la descente. Ma femme m'a rejoint, j'en profite pour lui laisser mon sac à dos qui commence à me peser et surtout me tenir chaud, ainsi que mes bâtons (on peut s'en passer à ce moment-là). Je change de tee-shirt et enfile ma ceinture porte-bidons qui me suffira pour terminer la course.
CINQUIEME CONSEIL : Dans la mesure du possible, si vous êtes venu accompagné, en famille ou entre amis, il serait judicieux qu'une personne vous attende à Bellecote, pour toutes les raisons décrites juste avant.
C'est donc reparti pour rejoindre le charmant village de Montchavin situé à 10 km de là. C'est une portion assez agréable, plutôt roulante. On en profite pour discuter un peu, se rafraîchir dans les nombreuses rivières que nous traversons. On est sur un large sentier ombragé en sous-bois et on se sent bien même si les jambes sont lourdes. Je mettrais 1h20 à rallier le village. Au pointage j'ai toujours mes 45 mn d'avance, il reste 9 km à parcourir. Le problème ce sont les 7 km à faire dans la forêt, ils paraissent interminables à ce moment de la course.C'est une succession de petites montées et descentes sur un chemin étroit bourré de racines. Il faut être vigilant et bien regarder ou l'on met les pieds. Au bout de 11h de course on n'a plus l'oeil très vif. De plus l'endroit est assez sombre et l'on a hâte de sortir de là. Arrivés enfin sur la route goudronnée il reste environ 2 km plutôt agréables le long de la rivière. La forêt a fait des dégats au niveau horaire. J'ai fait les 9 km en 1h25 ! A l'arrivée l'avance n'était plus que de 30 mn.
SIXIEME CONSEIL : Après le pointage à bellecote, ne perdez pas trop de temps à rejoindre Montchavin si vous êtes un peu juste en temps. Il ne reste pas grand-chose mais le dernier passage en forêt peut vous être "fatal".
ARRIVEE (J') AIME
Finalement j'ai terminé dans de bonnes conditions en 12h05. Pas de blessures ni de crampes à déplorer. Lendemain marche un peu difficile, sans plus. Surlendemain rando 4h à l'Alpe-d'Huez ( 2h prévues mais petite erreur sur le parcours)
RESUME
Une course difficile, surtout pour une première, moi qui n'avait jamais parcouru plus de 35 km en trail (Trail des cerfs) mais qui reste "abordable" à condition de bien s'entrainer, de bien s'alimenter et de ne pas trop se poser de questions. Les paysages sont magnifiques avec les lacs, les forêts, le glacier, les rivières et le village de Montchavin. L'ambiance est au rendez-vous aux ravitos et dans les villages. Tout est bien étudié pour les accompagnateurs qui peuvent nous suivre facilement le long du parcours grace au roadbook fourni sur le site de la course (un peu plus délicat pour la montée en télécabine jusqu'au glacier à cause du monde). Les 33 km pour arriver au glacier sont très raides, on marche énormément (à mon niveau). si vous êtes bien entrainés et que vous marchez d'un bon pas, vous ne devriez pas avoir de problèmes avec les barrières horaires.
J'espère que mon récit vous aura plu et qu'il vous aidera, si vous décidez de vous lancer dans l'aventure.
Olivier, dossard 1512 FINISHER
12 commentaires
Commentaire de la buse de Noyarey posté le 11-08-2015 à 14:44:19
Merci pour le récit qui me rappelle de bons (mais vieux) souvenirs.
pour ce qui est du départ rapide , perso , je ne suis pas sur que ça soit indispensable .C'est une course qui se joue aprés le glacier : je me souviens avoir doublé un paquet de coureurs dans cette descente roulante parce que je l'avais attaquée "relativement" frais.
Commentaire de Run95 posté le 11-08-2015 à 16:55:19
Bien-sûr il ne faut pas partir trop vite, mais je conseille à ceux qui ne connaissent pas cette course et qui ne sont pas sûrs d'eux de ne pas rester trop loin derrière car après on subit le rythme très lent des derniers concurrents dans la montée. J'en ai fait l'expérience et moi qui ne suis pas rapide en descentes, je pense que j'aurais pu gagner du temps.
Commentaire de __icecool__ posté le 11-08-2015 à 15:14:06
Merci pour le récit et les conseils
Commentaire de la buse de Noyarey posté le 11-08-2015 à 17:34:34
en tout cas bravo.Je suis toujours admiratif quand je vois des gens de région de plaine s'en sortir aussi bien sur des trails avec gros déniv
Commentaire de coco38 posté le 11-08-2015 à 18:44:33
Bravo. Ca me rappelle aussi des bons souvenirs de ma 6000d 2009. Quasi les mêmes sensations. D'accord pour le départ assez rapide pour ne pas être dans les derniers. Mêmes impressions pour l'Arpette et la fin de course. On peut être un géant après 50 ans!
Commentaire de Run95 posté le 12-08-2015 à 19:30:03
Merci,à bientôt sur une autre course.
Commentaire de Bacchus posté le 13-08-2015 à 14:08:51
Bravo pour ta course et merci pour ce CR détaillé
Commentaire de Run95 posté le 13-08-2015 à 15:40:41
Merci,bravo à toi aussi pour tes grands raids ( de malades) et tes vidéos.
Commentaire de Potamochere posté le 24-08-2015 à 11:55:20
Bravo jeune homme !
Avec le recul, les bâtons t'ont ils aidé ou bien aurait tu pu t'en passer ?
Peux tu détailler un tout petit peu ton entrainement en forêt de St Leu ?
merci !
Commentaire de Run95 posté le 30-08-2015 à 19:22:20
Bonjour. Alors, en ce qui concerne les bâtons, ils m'ont vraiment aidé lors de la montée au glacier. D'ailleurs même le 1er ( Sébastien Spehler ) s'en est servi dans cette portion. Ils m'ont également été utiles lors de la descente pour me freiner à cause de mon " problème " de genoux. Sinon je pense qu'ils ne sont pas indispensables à partir du 42eme ( Col de l'Arpette ). En ce qui concerne mon entrainement, j'ai suivi celui proposé par le site Nutrathletic, sur 11 semaines. Lors de mes grosses sorties le dimanche ou il fallait que je fasse 1500 m de D+ je n'avais pas trop le choix en foret de St-Leu. Je prenais donc une cote de 900m avec 80m D+ ( du côté du chateau de la chasse ) que je montais et descendais pendant 20 fois. Ce qui faisait donc 1600m D+ et 1600m D- . Une distance de 36 km pour environ 4h15 de course. C'est le genre de séance dont on se souvient pendant longtemps ( refaite 3 fois ). Sinon 5 séances par semaine ( parfois 4 selon la forme ) avec des 30/30 sur des côtes en foret et des sorties de 1h30 vallonnées . Je te conseille d'aller sur le site Nutrathletic qui propose plusieurs plans selon les distances et les objectifs. Je pense que je n'ai rien oublié et j'espère que j'ai bien répondu à tes questions. A bientôt
Commentaire de Raphynisher posté le 08-09-2015 à 15:32:58
Bravo Olivier, Quelle course pour un premier Trail en Montagne, tu peux être fier. Quelques conseils pour toi : Equipe toi avec des chaussures qui ont une meilleure accroche pour les terrains accidentés tels que ceux que l'on trouve dans ce genre de TRAIL (ce n'est pas une question de cout mais d'économie d’énergie) car quand on a peu d’adhérence cela devient beaucoup plus physique et usant !! Bravo d'un Argenteuillais qui a le même terrain de jeu que toi ;-) Bisous à Valou
Commentaire de Potamochere posté le 09-09-2015 à 07:52:05
Merci pour ta réponse ! en effet des sortie de 4h15 c'est beau !
bonne continuation !
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