L'auteur : petit_merou
La course : TOR330 Tor des Géants
Date : 7/9/2014
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 2228 vues
Distance : 335km
Matos : 3 moonrace
Objectif : Objectif majeur
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vieux motard que jamais :
ici c'est la version blog: http://au-fil-du-vent.over-blog.fr/2014/09/tor-des-geants-2014-le-cr.html
ici c'est la video : https://youtu.be/8LX7fSrJSbA (videos et photos)
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let's go !
le tor des géants c'est 330 km et 24000 d+. Ca se passe dans le val d'aoste en Italie. Voici mon CR en photo et vidéo !
Prologue
j'avais bati ce tableau pour me prévision de course (softrun.fr), qui m'avait calculé un temps probable de 120h
j'ai poussé le truc à 110 histoire de...
Gloablement je calcule 15min de pause à chaque ravito et 2h à chaque base de vie.
L'algo de calcul utilise un coef de perte de vitesse, donc en gros je sais qu'au debut les temps sont serrés (il faut aller vite) et sur la fin les temps sont larges (j'ai plus de marge)
Courmayeur - Val Grisenche : 49 km 3850 d+ / 3400 d-
dans le sas de départ, l'ambiance est déjà bien chaude, je m'assois pour passer le temps.
2 min plus tard, une grosse patte violette et velue se pose sur moi (m'écrase en fait) !!
c'est un sénateur (chapeau) qui s'est déguisé en yeti ! super costume :o)))
tu as du crever de chaud la dessous ;)
les minutes passent, je me remets debout
5, 4 3 2 1 forza !!!
apres qqes metres de plat, voire de descente (tout arrive), un bisou aux supportrices et bing c'est parti pour une grimpette en sous bois. je prends directement les batons, et suis le rythme, à la queue leu leu,
le cardio est plus haut que prévu, la vitesse aussi, j'arrive au col en avance (1500 d+ d'un coup ca demarre fort). petites photos, et une barre et ça repart
bon , s'agit pas de faire le con, je descends tranquille pour ménager les genoux et faire descendre les bpm.
1e ravito, je ferais bien une pause technique, mais l'endroit n'est pas équipé, ca tient plus de la cabane que du ravito. je fais le plein du camel, dans une mini cohue (tu pars pour 4-5 jours et les gars te bousculent pour 30 sec au ravito, bref....)
un peu plus loin, je profite d'un passage en sousbois pour une pause technique. je repars le coeur (et l'intestin) leger et c'est déja la tuile ! (3h30 de course)
meuh non pas d'inquiétude, c'est le nom du village pour un gros ravito (la tHuile en fait)
L et V sont la avec la banderole, les spectateurs nous applaudissent, merci !!
Bcp de monde au ravito, je fais a au plus court (saucisson et camel) et re ressors retrouver les filles. bisous et encouragement puis direction le prochain col : Alto paso !
en fait c'est simple de résumer la course, y a 13 cols avec chaque fois ~1500d+, on va se lasser :)
dans l'ascension du paso alto
Ascension normale, pas vraiment dans le rythme (trop haut) mais rien d'alarmant.
les paysages sont tres beaux, on passe dans un cirque, c'est vraiment chouette.
On croise également plein de randonneurs, tu m'étonnes, vu le coin !!
sur l’ascension au refuge Deffeyes, 1er abandon : cheville tordue (oui, le chemin n'est pas plat, bcp de cailloux, mefi)
un dernier coup de cul, et boum, face au glacier, wahooo. le refuge est juste derrière. à nouveau un ravito léger et je repars pour la fin du col (je suis parti sur un stratégie d'alimentation à base de barre toutes les 2h, donc pas besoin de s'attarder aux ravitos)
la fin de la montée est également très belle, minérale (j'adore), puis on arrive au col alto paso ("Hauts Pas" pour les moins espagnols d'entre vous)
la récompense est une superbe vue, wahooo !
je vais me repeter souvent, mais le parcours est superbe !!
je repense à l'utmb... ça n'a juste rien à voir en terme de paysage (et de difficultés...)
Derrière ça descend severe, dans un pierrier... les gens que j'ai dépassés en monté me passent devant. ma stratégie est de faire gaffe pour éviter la blessure (remember GRR 2011), je reste à mon allure prudente. en plus je commence à avoir un coup de mou...
en bas, c'est promoud, j'y arrive relativement fatigué, je m'assois et prends mon temps. ils font des plats chauds (polenta !!) j'en prends 2x, ca va mieux. je me dis qu'une nouriture à base de barres n'est peut etre pas l'idéale sur 5j, je décide donc de m'arreter plus longtemps et de manger plus aux ravitos et de commencer à penser à me ménager? Ce n'est pas demain la veille de l'arrivée...
je repars avec le ventre bien rempli, direction le (superbe) col crosatie. la vue est très jolie, ouf car j'ai du temps pour ça: ca bouchonne...
la fin de la montée se passe dans la caillasse, avec des cordes pour certains passages, voire, dans qqes cas des petites parties en escalade lègere (pied/main), c'est tres sympa, mais je sens que les passages à 2500m sont fatiguants: pas le même rythme, bpm elevé, et plus d' effort à fournir.
le col est à nouveau tres beau, je suis en avance, et la moyenne de bpm est encore plus elevée que prévue. mais bon je me sens bien, donc je reste sur ce rythme
hop, la descente vers le lac du grand fond avec une vue sur un beau glacier. On passe à coté de la stèle érigée pour le concurrent chinois décédé lors de l'édition 2013.
la descente continue, on passe par un pont, que je prends en photo, histoire d'amortir le prix de la gopro
j’enchaîne par une descente très pentue, je sens que les genoux grincent, je marche un bon moment avant d'attraper une route en bitume qui mène à Pranaval. je déroule tranquillement, ca fait du bien et soulage les articulations. il commence à faire sombre, et oui, la nuit tombe.
retour sur bitume : le choc !
.
Hop, ravito léger à pranaval. je passe un coup de fil à V on se souhaite bonne nuit et j'attaque le tronçon vers la base de vie de valgrisenche
Je fais un bout de chemin avec un gars (Trail verbier, Pyrenées et le marathon des sables), je mets ma fontral et on finit, en discutant, par arriver à Valgrisenche, avec 15 min d'avance.
vue que le timing est calculé avec une perte de vitesse, 15 min d'avance au début, ca fait un rythme bien élevé. ceci étant comme jusque là tout se passe bien (sauf genou) je ne m'alerte pas.
go ravito !
Base de vie Val Grisenche
l'organisation me laisse le choix : d'abord manger puis me changer (des chambres sont mises à dispo avec lit et douches) ou l'inverse.
heu, le cerveau n'est pas pret pour répondre à une question aussi complexe, en plus je n'ai rien écrit sur le pense bête, je suis perdu
bon, apres qqes temps, je décide de manger d'abord
je me suis fait un mélange qui va laisser des traces dans la dietetique sportive:
poudre pepto (proteine) + poudre malto + spiruline + baie de goji !!! yabon les vitamines !!
j'ai préparé un melange tout pres pour chaque base de vie; ah ils me font bien rire avec leur pâte et leur riz, moi j'ai la formule secrète....
bref, je prend mon mélange, je la mets dans le bidon, on rajoute de l'eau, on secoue bien
ça mousse, ça déborde de partout, et .... c'est juste infame. un tres fort gout de vitamine...
je retente une autre gorgée, et, infâme à nouveau avec cette fois une petite envie de vomir...
bizarre, y'a que des bonnes choses dedans, je vais attendre encore un peu pour breveter le truc
dépité, je me dirige vers le self ou je prends une soupe, du riz, et bout de viandes, des yaourths et une banane (je ne déconne pas, les bases de vie sont incroyables)
c génial !!, je balance mon mélange à la poubelle et dans l'évier (et rince plusieurs fois car le gout est tenace)
une fois rassacié, racassié, raçasié, bon vous avez compris l'idée, je pars dans une chambre pour me changer. y'a de la place, lavabo, douche, 5 lits, top ! bravo l'organisation !
coté douche, j'ai mon plan : les lingettes pour bébé ! je démarre sur le visage, ca peluche dans la barbe, bof bof. je tente les jambes, c pas terrible non plus. bon ce plan lingettes n'est pas une succes. la douche ne me tente pas, j'abandonne donc l'idée de rester un mimimum propre.
coté habit, le boxer et le short sont tops je les garde. (pas une irritation ni frottement pour le boxer, et le short est top également) je mets un ts à manche longue, je change de moonrace (j'ai 3 paires de moonrace dans le sac), m'allonge un peu et boum, c'est l'heure
la pause aura duré 1h10, je repars donc avec 2h d 'avance sur le timing
bon appétit
Val Grisenche - Cognes : 54 km 4160 d+ / 4300 d-
grosse étape, avec 3 cols dont 2 au dessus de 3000 (3000 et 3300). 4100d+ sur 54 km, ca fait un beau ratio....
je démarre pour l'ascension du col fenetre (1000d+) et rapidement je sens que ça coince. pas de jus, cardio bloqué à 70%, j'essaye de relancer mais non, ça ne marche pas. je retente un 75%, je n'arrive pas à garder le rythme
au chalet épée je mange un biscuit, et je commence à avoir la tête qui tourne, c pas bon me dis-je en moi même... je m'allonge sur un banc 5-10 min, je me releve un poils sonné, mange et bois un thè, puis je repars.
les autres gars/filles ont l'air aussi un peu marqué, merde ! il reste 280 km !!
je repars avec le cardio à 70, un gars me dépasse, je me mets derriere pour prendre son rythme et j'arrive péniblement au col, bien fatigué
ah! une descente pour se remettre
oulalaa, c ultra pentue !!! agrippé aux batons j'avance un pied devant l'autre (oui ok, ca a l'air con, mais c'est à prendre au sens littéral, j'avance de 20 cm à chaque pas), je flippe de me casser la gueule!
je fais une pause, j'entends du bruit, c'est des bouquetins !! ils sont là à 5 m ! génial ! j'en avertis les coureurs/ses qui passent à coté de moi, mais chou blanc, tout le monde s'en fout...
allez je repars, la pente est moins raide, je peux dérouler, je prends la roue d un vieux et on arrive tranquillou à rheme . il m'aura fallu 4h, vs 3 estimées, j'en ai bavé (c pas fini, mon garçon...)
je prends bien mon temps: soupe, thé, fromage, jambon
ambiance feutrée au ravito
et c'est parti pour le col entrelor (3000m, 1300d+). il est 2h du mat, je suis en tshirt (manche longue)
j'avance à tout petit pas, dans un groupe de 2, dur d'avancer (altitude, fatigue?) mais je maintiens un rythme constant
Derrière on voit le col d'ou on vient, avec une ribambelle de lumiere, tres sympa ! un peu comme une saintélyon en fait, un peu.
hop, un petit passage en escalade et on arrive au col !! pfiouuu
on repart à 2, puis seul, je n'arrive pas à suivre le rythme du collegue, je décroche, je finis comme je peux la descente et arrive à eaux rousses. 4h40 depuis rheme vs 3h30.
je m'assois sur un banc mange un bout, les yeux dans le vague. j'avais lu sur le net que bcp de gens abandonnent à ce ravito, je crois comprendre vu les 2 cols qu'on vient de se faire et le troisieme qui attend derriere...
bon, je vois que je ne tiens pas les prévisions, elles sont trop dures, je me suis carbonisé comme un débutant en partant trop fort
je décide de couper l'effort, manifestement le planning est trop dur pour moi, et repars dépité mais conscient (tardivement) de mes erreurs
Allez, go Loson (3300m, 1500d+), c'est l'aube, je démarre tranquillou, je lis mes sms et y réponds (merci !!), je reste à 70%, ça va mieux.
j'arrive au somment vers 10h, 24h de course, 90 km .
la vue est superbe ! miam, il fait super beaui, re miam ! que c'est beau !
je mange une barre, et on repart par une descente technique sur un petit chemin étroit.
on repart à 2, puis seul, je n'arrive pas à suivre le rythme du collegue, je décroche, je finis comme je peux la descente et arrive à eaux rousses. 4h40 depuis rheme vs 3h30.
je m'assois sur un banc mange un bout, les yeux dans le vague. j'avais lu sur le net que bcp de gens abandonnent à ce ravito, je crois comprendre vu les 2 cols qu'on vient de se faire et le troisieme qui attend derriere...
bon, je vois que je ne tiens pas les prévisions, elles sont trop dures, je me suis carbonisé comme un débutant en partant trop fort
de décide de couper l'effort, et de ne plus chercher à suivre le planning, et repars dépité mais conscient de mes erreurs
Allez, go Loson (3300m, 1500d+), c'est l'aube, je démarre tranquillou, je lis mes sms et y réponds (merci !!), je reste à 70%, ça va mieux
l'ascension est longue, mais trs jolie, avec un final crevant, fait avec de tout petit pas (3300m ca se sent). On finit dans des caillasses et voila! on y est ! pfiou !
c 'est quoi le nom déjà ? on s'en cogne (désolé)
il commence à faire bien chaud, je passe en débardeur et j'arrive au refuge de sella.
je me sens mieux, ouf !
,
la gopro prend de chouettes photos mais le fisheye a tendance à saboter les paysages (effet de cylindre)
arrivée à Salla
au refuge, à nouveau une bonne pause, histoire de me rafraichir, boire et manger
la descente vers cognes est un beau casse patte, j'ai prevenu v&l de mon retard, elles m'attendent bien sagement à un restaurant !
des bisous et hop on se dirige vers le ravito sous un soleil de plomb (A cognes, ça cogne, hum hum)
arrivé au ravito à 12h30, cette section aura durée 14h15 au lieu de 13h15. j'ai en bavé, mais au final c'est pas si mal
Base de vie : Cognes (100 km, 26h30)
V m'indique qu'il y a des douches, j’hésite, elle insiste, j'y vais (d'autant plus que le plan lingettes n'a pas été couronné de succès).
je remets le meme boxer et le même short (un régal ce combo !)
Quelle bonheur !!! je revis !
je reste sous la flotte 10 minutes, quelle sensation formidable, je n'imaginais pas !
ensuite on mange un bout, je tente de dormir, mais n'y arrive pas (25 min à somnoler)
je me fais soigner un début d'ampoule, on discute encore un coup et je refais mon sac
la douche m'a fait un bien fou! voir V&L m'a remotivé, donnas nous voila !
les sections impaires étant réputées plus facile, je repars le coeur léger
la pause aura duré 3h30 (!! et je n'ai pas dormi)
goldorak, go !
Cognes - Donnas : 47 km, 1900D+/3100d-
ça démarre par la tres jolie ascension du Col Champorcher: c'est la fin de journée cela donne un ton jaune/orange c superbe! il faut revenir pour y faire de la rando.
avec un arrêt au ravito sogno puis la treeeeees longue descente vers donnas.
au barage de X, la nuit tombe, je perds le chemin qqes instants, mais ouf, je le retrouve (quel suspens)
au fur et à mesure de la descente je sens que le sommeil arrive et que je ne tiendrai pas jusque Donnas, je m'arrete donc à pont bosset pour dormir
le ravito n'est pas équipé en lit, je m'installe sur une chaise, puis un transat, puis par terre. A chaque arrivé d'un coureur, ca applaudit de partout, pas facile de roupiller, finalement je repars.
la pause aura duré ~1h15, mais je n'aurais pas dormi.
je ne me souviens plus de tout, mais il me semble que je commence à gagner des places au classement, je suis grisé d'avoir retrouvé la forme, je repars donc à bloc pour rattraper le temps perdu (je pense que la fatigue ne rend pas très malin)
je prends la tête d'un groupe de 3-4 et on continue l'interminable descente. qui monte de temps en temps (??)
Ca y est on est arrivée ! je cavale dans les rues, et croise 2 coureuses: on discute, et en fait non ce n'est pas donnas, c'est "dard", y'a encore un bout à faire....
en effet y'aura encore 30 min, mais bon tout arrive, même le ravito !! ouf !
cette section aura durée 10h20 (malgré la pause d'1h) vs 10h10 !! je reviens dans le rythme si !! j'ai qd même 2h de retard sur la planning. même si je m'étais juré le matin même de plus suivre ce truc, je ne peux pas m'en empécher....
base de vie :Donnas (150 km , 40h)
des douches et de lits sont dispo (comme à chaque base de vie). coté douche y'a pas vraiment de vestiaire pour se poser, je me cale sur une chaise, mais l'envie de me doucher n'est pas la. je me passe un coup de jet sur les jambes, ca ira bien.
je me change (pas le boxer, ni le short, quel bonheur ! ) me débarbouille, puis pars manger
c'est tres tranquille, pas bcp de monde, je prend un bon repas chaud et mon temps. Je profite aussi de la base pour recharger le tel (et oui, trop de fan, trop de sms, pas assez de batterie...)
je suis bien, heureux d'être là
bon voila, tout est pret, je refais mon sac, récupere le tel, c'est reparti
Donnas - Gressoney (51 km, 4800d+/3700d-, 19h45)
Je repars donc sans dormir depuis 42h. le contrôle m'annonce 101eme, (forcement un paquet de monde dort, donc je leur passe devant)
je reçois qqes sms me félicitant du classement, je les prends au sérieux et pars en relançant.
on traverse qqes villages, puis une énorme ascension de 1700d+, je commence à m'endormir en marchant. le soleil se leve, ça m'aide à resté éveillé. sur le coté d'un sentier un gars s'est allongé pour dormir (pas top, si pres de la base de vie... bon je suis un peu dans le même cas, j'ai sommeil alors que je viens de sortir de la base, mauvais timing), j'arrive au ravito de sassa, je mange un coup, et repars : je vise le refuge de coda pour y dormir. un gars arrive au ravito quand je pars, il demande un lit pour dormir, il s'appelle XYZ, je ferai un bout de route avec lui le jour d'apres
sur le papier Coda a l'air à coté (5km, mais surtout 1000d+....) je monte bien mais la fatigue est la, je somnole, heureusement c'est tres joli.
tiens voila un col, mais ce n'est pas celui du refuge... allez on va bien y arriver. j'entends de la musique, c'est sur on y est !!!
heu non, un vieux gars est monté avec un haut parleur branché sur un ipod (?) et fait profiter toute la vallée. 2 gars devant discutent avec lui, je ne comprends pas l'italien mais il n'a pas l'air d'avoir toute sa tête. les 2 gars abandonnent et on finit la grimpette à 3.
le COL enfin !!
mais un brouillard de folie est monté, on n'y voit rien, le chemin continue sur un arete, je regarde le paysage bouché, mais apres 45h sans dormir on imagine tres bien.
par contre en somnolant on est un peu moins vigilant, dans une caillasse, le baton se coince, je perd l'équilibre et tombe. le baton se casse, mega fuck !!
bon, ouf, je suis tombé a coté du baton cassé (j'aurais pu me faire tres mal) mais meeeeeeeerrrrrrrddddddeeeeeee! a cause de 1 sec d'inattention j'ai cassé mes batons (enfin non, ceux de ma femmes en fait.... deux fois oups)
j'arrive à coda, depité. Vu le parcours, ca va être couillu sans bâton... j'appelle V. pour lui indiquer mon histoire, que je vais me coucher, et surtout pour la prévenir que je serai pas à l'heure prévue à Niel :(
, mais pas de réseau :(
bon... rien à faire, je pars me coucher dans le refuge, dans un lit, top !
Le dodo dure environ 1h, ensuite je grignote un coup, ça fait un bien fou ! et je retente ma chance avec le réseau
et ça marche:
Votre serviteur:
Bonjour Chérie, plusieurs points: 1/ j'ai cassé tes batons, tu peux m'en trouver d'autres?
Chérie:
merci...ok, je regarde, quoi comme baton?
Votre serviteur:
des mega costauds, pas des trails flexibles/legés; et 2/ je ne serai pas à Niel à 14h comme prévu et je ne sais pas trop combien de temps il me faudra...
Chérie:
ouch!! je suis déja en route, y'a des trucs à faire dans le village en t'attendant?? de toute facon je quitte Niel vers 18h30 pour avoir le temps de rentrer à l'hotel (courmayeur)
Votre serviteur:
18h30 !!!! ouch, c chaud, je bourrine, rdv à niel
je grignote un truc au ravito et boum, mode warrior ON, il est 11h30, Reste 5h
Je bourine comme un con, je descends comme une balle, dépasse des coureurs qui doivent se demander comment on peut être aussi con de descendre comme ça.
dans mon épopée, je ne suis pas seul:j'ai croisé un chien, il a l'air content d'avoir trouvé un partenaire de jeu, il me suit !!
45 min plus tard le ravito Lago Vargno(au lieu de 1h30), je suis une brute de l'espace, déja 45 min de gagnées !!!! dans 1h je suis à niel !
Hum, j'ai beau pas être bilingue en italien, lago me semble avoir un rapport avec de l'eau, alors que la, rien.... bizarre
bon en fait il s'agit d'un Ravito sauvage devant une maison(tres chouette par ailleurs).... on reviendra pour la brute de l'espace...bon, je repars avec le chien qui tranquillou était parti dans la maison...
un poils plus loin, ca picotte au niveau du gros doigt de pied gauche, je m’arrête, le constat est sans appel: une ampoule.
Hop, je prends l'épingle du dossard, je taillade l'ampoule et je mets un compeed (enfin un ersatz de compeed....) mais il ne tient pas. On va pas se laisser emme... par un compeed: je prends du strap et l'enroule autour du doigt de pied, nickel, je suis super content de moi !!
Une montée, une rencontre avec 2 randonneuses qui elles aussi avaient un chien et j’arrive au lago vergno. Le chien est resté avec l’autre chien, au grand désespoir des randonneuses
J’avais prévu 1h30 entre coda et le lac, vu comme j’ai foncé, j’ai du gagner….. rien. Un poil déçu je m’arrête au ravito et prends mon temps. Pffiou, j’ai cravaché pour rien gagner c’est frustrant
On discute avec les bénévoles, et hop direction le col marmontana, avec toujours le stress d’arriver à Niel dans les temps (plouf) pour récupérer les bâtons (et bien sur pour te voir, ma chérie !!)
Mode commando, on avance bien, tiens c rigolo ils ont du avoir une restriction du budget sur cette partie car il n’y a pas bcp de balisage. Tiens, ca fait un moment que j’en ai pas vu. Bon, encore un virage, tjs rien, je ralentis, je me retourne, rien devant rien derrière. Peut être après le prochain virage ? nope. Je repense à l’histoire du gars qui s’est trompé de chemin en 2013 et qui a été retrouvé en hypothermie dans une autre vallée….
Bon c’est décidé, je fais demi-tour, un poil gavé
Il ne doit pas être loin ce balisage
5 min
10 min
Toujours rien
Je descends toujours et arrive quasi au ravito de lago vergo et la, surprise je retrouve des fanions jaune…
Mega hyper super dégouté de la vie !!!!!! Quelle nouille !!!!
Je repars de plus belle, je rattrape un groupe, celui que j’ai dépassé juste après coda, tout ca pour rien ! Vert de chez vert, quelle double nouille !
Dans le chemin du col, je trouve que ma main picote, je regarde ce qu’il se passe : arghhh elephant man !! Mes mains ont enflé ! je décide d’enlever l’alliance (sorry chérie) histoire qu’elle ne bloque pas le sang. Ca me prendra bien 10 min à tirer comme une mule pour la faire passer (en trottinant les mains en l’air histoire de passer pour un fou), mais ouf, j’ai réussi et la planque dans une poche
Hop hop hop un dernier coup du cul pour atteindre le col marmotanna, il commence à pleuvoir, des mini grêlons sont même tombés ( !), mais je reste en t shirt, il fait bon, et je mets la protection de plus sur le sac : je fais pas mal d’effort, j’ai suffisamment chaud, mais je n’ai pas envie que mes affaires soient trempées.
De l’autre coté du col, un petit ravito sympa,
et on attaque le montée de créna Leu sur des rochers sous la pluie, un régal J
Du coup, comme je n’ai pas les bâtons, je peux bien utiliser les mains pour faire la grimpette.
Un joli passage nous amène au ravito du col vieccha, avec attention les yeux ; de la polenta cuite sur place dans un brasero, et …. De la bière pression ! Oui monsieur !
Punaise que ca fait du bien une petite mousse !
Je passe le col vieccha (faut pas de louper, le chemin est étroit et ça tombe à pic), et c’est parti pour la descente vers Niel.
C’est chaud car détrempée par la pluie (boue) et hyper glissant (dalle lisse)
Hop hop hop je saute tel le cabri, hop hop swiiiiiiip, je glisse sur une dalle et me ramasse sur le flanc : (gros) boum
Sonné, je reste bien 30-40 secondes au sol. J’ai un bol monstre, la tête n’a pas tapé sur le rocher, il s’en est fallu de peu…
Je me relève tout doucement, pas trop de bobo, éraflé sur les bras et les jambes, mais rien de sérieux. Punaise c’est passé près.
Je reste un petit moment assis pour reprendre mes esprits et je repars doux doucement. Je suis tjs à la bourre mais je ne me vois pas/plus prendre de risque dans cette descente.
Du coup je regarde le roadbook : ah mais flute, Niel n’est pas une base de vie…. Il reste encore un col (lasoney) et au moins 4h (5h pour moi) pour arriver à gressoney…. Merde !!!!!!
Finalement tout arrive, même le ravito de Niel !!!! Il est 18h30 mission accomplie !
Quelle journée ! 7h pour faire coda->Niel, au lieu de 5h30, le mode warrior est à revoir
V&L sont là qui m’attendent depuis 4h ( merci !) , que ca fait du bien de vous voir !!! on se met à l’abri dans le ravito/auberge/restaurant/hotel(?)/mairie de niel.
Je prends de la polenta, on discute, ca fait du bien
Mais tout a une fin, je me rhabille, récupère les bâtons (mille mercis !!!), et passe chez les docteurs pour montrer mes mains enflés et faire un check de la chute. C pas la méga pèche, mais la machine tourne encore
Un bisou, il faut rentrer pour faire manger/dormir la petite, et c parti pour le col lasoney
Direct, il pleut sévère (mais juste), je mets la goretex, car la pas moyen de passer en t-shirt, la nuit tombe, l’eau ruisselle, les pompes sont trempées, les pieds aussi, les jambes aussi (je reste en short).
La frontal éclaire la capuche, donc je n’y vois pas grand-chose. Ou bien j’enlève la capuche, mais je suis rincé.
Quelle merdouille !
Le col arrive, de l’autre coté il pleut toujours, c’est devenu un marais, avec 5-10 cm de flotte partout, j’ai de l’eau jusqu’aux chevilles, miam, je suis conquis, je passe un très bon moment, on se régale.
Plus loin je rattrape un gars : Serkan ! C’est le gars que j’avais croisé à Sassa, qui était allé se coucher. On repart ensemble en discutant, génial, que ca fait du bien de ne plus être tout seul !
Il fait la course avec son frère jumeau, ils se sont séparés il ya qqes temps et il essaye de le rattraper
On passe au ravito de loo (y es tu ?) on se fait un plateau de fromage, et on atteint le base de vie de Gressoney à 23h30, Hourra….
19h45 pour ce tronçon, (51 km 4762/3700) au lieu de 16h45, ca reste raisonnable
200km de faits (14700 d+ / 14500d-) en 61h. Reste 133 km, une paille !
Base de vie de Gressoney (3h30)
On se sépare avec Serkan, chacun fait sa vie, bonne continuation et à bientôt sur un prochain ravito !
Je me pèle, je suis trempé, je pars direct me doucher.
Je trouve un vestiaire avec douche et wc, tandis que je me réchauffe sous l’eau bouillante, on gars rentre et vient pisser à coté de moi, à la bonne franquette
Je me change, je mets mes affaire sèches (les chaussettes en pilou, miam) et pars me pieuter ; une grande salle, plein de lit et de coureurs, pas un bruit. Je n’ai pas pris de réveil, tant pis je m’endors comme une masse, on verra bien quand je me réveillerai (je n’ai pas envie de ressortie en chercher un)
Réveil en douceur, 1h de dodo environ, je pars manger du chaud, les yeux collés avec les lentilles, ca fait du bien. Je prends mon temps. Pas de trace de Serkan.
Puis je me change, prends une tenue de course et repars,
il est 3h du mat, je suis 77eme (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)
Gressoney - Valtournenche (36 km, 2880+/1733d-, 13h)
A priori c’est un tronçon facile (ce sera vrai), et ca démarre par une grimpette au col pinter
1er arrêt au refuge alpenzu, j’y rencontre Olivier (marcassin mercantour)
On discute et il me conseille de ne pas rater le ravito « aroulaz », c’est un ravito hors organisation mais qui est à ne pas louper
Je le remercie et repars
La montée est longue, et la fatigue revient, une espèce de demi-sommeil qui m’accompagnera le reste de la course. Le déficit de sommeil commence à frapper
Uen fois au col, le soleil se lève, ca donne un coup de boost et je commence la descente,
Un village et c’est l’aroulaz ! une fille m’accueille, bonjour, vous avez faim, soif, sommeil ? sympa, je dis oui et rentre dans la maison
C super chouette, plein de trucs à manger et à boire. Le sommeil me reprend, je pique du nez dans l’assiette
Vous avez sommeil, on a des chambres si vous voulez
Je décline poliment
Mes voisins me conseillent de faire une pause
J’accepte
On fait le tour de la maison, et elle m’ouvre uen chambre : le paradis !!
Un lit, une grosse couette, une douche/wc
J’en chialerais
Je me dessape, et boum au lit, le pied total !!!!
Je dors 1 ou 2h je ne me souviens plus trop, magique
Je me rechausse, tiens les chaussures ont rétréci (pour ceux qui connaissent, les moonraces, c pas super simples à mettre)
Je reviens dans la salle à manger, remercie tout le monde, et vois à la TV que le 1er vient de finir (mercredi matin….)
D’après ce que j’ai compris il est de la famille de la maison ou je suis, super ambiance.
Je mange encore un coup, remercie à nouveau et repars
Il fait beau, je viens de passer un moment fantastique, les paysages sont magnifiques, quel pied !!!
Je passe le ravito de Crest (dur dur pour la comparaison avec l’aroulaz), continue en balcon jusque St Jacques. Je remarque que je ne cours plus, je suis en marche rapide. Au bout de 222 km on a le droit !
À St jacques, je regarde mes jambes, bizarre, ca boudine au niveau des chevilles et genou, les pieds sont gonflés : œdème ??
Je vois avec un bénévole/médecin ( ?) du ravito, il me conseille d’enlever les manchons (cuisses et mollet) qui, semble t’il, gênent la circulation et provoquent ces gonflements et rétention d'eau.
Je repars donc tout nu pour le tourmalin et le col nanaz, tout se passe bien, il fait super beau !
Le col est un filou (tu crois que tu es arrivé, et non, ce n’est pas encore…) et puis si, on y est !
Je croise des chamois/bouquetins dans la très jolie descente vers valtournenche.
Les jambes commencent à couiner, je trottine doucement en descente, je sens que ca commence à fatiguer (240km quand même)
le col est un farceur (part 2)
même quand ça descend ça monte (mais c'est beau)
Au détour d’un virage je rattrape un gars que j’avais vu au ravito de st jacques. Super bizarre car je ne l’ai pas vu de toute la descente et d’un coup je suis à 2m derrière lui
Encore plus bizarre, il se retourne, me reconnait du ravito et m’engueule (??!!)
Bon, je dépasse mais je me demande bien ce qui a pu se passer (je crois qu’il a pensé que j’ai coupé le parcours pour arriver à le rattraper, mais je ne pense pas avoir raté le chemin, bon bref)
J’arrive dans valtournenche, et méga surprise : mes parents et ma tante sont là !!!! incredibleuh ! Ils ont fait la route pour me voir ! C’est super chouette !
On tente de passer sous l’arche avec la petite, comme sur les photos, mais non, elle pleure et veut partir, on repassera pour la photo de légende qu'on voit dans les magazines !
Nonobstant ma joie d’être en famille, je pars dans le gymnase de la base de vie pour dormir.
240km (17000 d+), 74h ça use ça use, reste moins de 100km ca sent bon, même si c’est encore loin….
Base de vie de valtournenche (3h10)
Dans le gymnase on est 5, dont 1 qui parle à son assistance, à (très) haute voix, merci les gars !
Bon, ca ne m’empêche pas de m’endormir en moins de 30 sec pour 1-2h
ensuite, un petit tour par la salle de bains, ou je croise une demoiselle en petite tenue (!non non, je ne me suis pas trompé de vestiaire, "no problem" me dit elle, et j'avais pas le bandeau...)
puis retour au ravito, je mange, discute avec la famille, fait des bisous et mon sac et repars
(Rigolo : je mets de plus en plus de temps à faire mon sac. Je mets les trucs, je les ressors, je compte, je fais 3 fois la même chose, on se moque de moi…)
Super chouette de voir du monde, même si j’étais un peu ailleurs, rien que leur présence donne un grand boost au moral
19h sonne, time to go
Val Tournenche – Ollomont (47km 3350/3680, 22h (! ...) )
Ce tronçon est considéré comme difficile : un long passage au dessus de 2500m, après 250 km de course. J’ai trouvé cette partie magnifique
Au ravito de barmasse, je recroise Serkan, il a les pieds dans un seau de glaces pour les faire dégonflées. On se souhaite bon courage, il n’a tjs pas retrouvé son jumeau.
Au ravito suivant (vareton ? reboulaz ?) je prends une soupe chaude avec du fromage, c tellement bon que j’en remplis mon bidon. Bon c con en fait car le fromage ne passe pas dans le tuyau et bouche le bidon, quel con ! Je n’ai plus que 2 neurones qui tournent…
Du coup, je dois dévisser le bidon pour boire, c pas terrible. Je commence à avoir sommeil, mais pour le moment, pas de ravito équipé, on continue !
On passe le col du tzan, ensuite un passage technique en pleine nuit, faut rester concentré. Ca a l’air superbe, on voit les profils des montagnes avec la lune
Nouveau col, Terray, et je descends sur le ravito du cuney, il est 2h30 du mat, kaput, au lit. J’avais prévu le coup, j’ai des affaires sèches dans le sac. Je me dépoile, et me couche, le rêve !
1h plus tard, debout, je me dessape à nouveau pour remettre mes fringues de courses. Mauvaise idée, je me pèle torse poils, j’ai du mal à me réchauffer, je pars sous la tente du ravito pres du chauffage.
Mes collègues ont des sales gueules J je pars aux toilettes et passe devant une glace, oh la vache !!!! Une gueule de raie : tête dans le Q et visage enflé, pas sex du tout du tout !
vache !! ça fait peur !!
je retourne sous la tente, et prends le temps : the chaud, sucre, biscuit. J’ai du resté au moins 30 min, la fatigue ne part plus.
Sous la tente, une américaine, un néo-calédonien, un autre gars ,2 bénévoles et moi, ca discute bien
Allez, 4h on décolle, la base de vie est à coté (25km)
A nouveau de la caillasse, mais c’est magnifique, les montagnes se détachent sur le noir de la nuit, il faut que je revienne ici de jour, cette section est vraiment très belle. Je m’arrête régulièrement pour en profiter
Un dernier refuge (clermont) entassé à 8 dans 2 m², je fais la pause dehors pour ne pas trop transpirer, assis avec les jambes en l’air, pour limite les œdèmes, puis non je rentre, ca pèle trop.
Hop, c pas tout ca, la descente vers Oyace commence, l’aube arrive, un nouveau jour commence ! Le dernier ? lors de la descente je crois reconnaître arsim (les lecteurs de kikourou comprendront)
Le chemin est tout doux, on passe en sous bois , je marche tranquillement et crac. Crac ? Oui crac ! Enfin non pas de son « crac » mais qqch me déchire le genou comme une décharge électrique (face interne du genou), bizarre. Y’a eu aucun choc pourtant.
Impossible de plier le genou, c’est comme à la réunion (2011, j’avais fini en boitant sur 30 km, lail en reste 60….). Je continue en boitant jusqu’oyace pour trouver un médecin. Bon je n’avance plus, 5-6 personnes me dépassent, MERDE ! ça me lance, fait ch* !
J’arrive à Oyace (271 km, 20000d+/d-, 95h de course), il est 7h du mat, je suis ~110eme.
gros coup au moral L
A la réunion, on m’avait fait un super strap, ça avait soulagé la douleur et j’avais pu finir. J’essaie de trouver le staff médical, mais rien sur Oyace, faut pousser jusqu’à Ollomont (Base de vie), C’est pas la porte à côté… Abandon? Non ! je vais tenter d’aller à Ollomont et je verrai avec les médecins.
Je récupère une poche de glace, me la met sur le genou, m’allonge et boum, je m’endors pour 1 ( ?) heure.
Une fois réveillé, j’appelle mes fans pour leur dire que je suis coincé à Oyace et que j’aurais à minima 4h de retard à Ollomont.
Puis je recroise une fille super sympa que j’ai vue encourager son mari. On discute, il apparait que son mari 1/ est docteur 2/ a fait l’utmb la semaine d’avant (!!) 3/ s’est fait une entorse à la cheville 3j avant le tor ( !!!) et 4/ tourne sous anti-inflammatoire ( !!!!)
On discute et malgré ma réticence, je prends un anti-inflammatoire, je devais pouvoir atteindre Ollomont.
Je prends de la polenta et m’installe à table avec Serkan et son jumeau !! Super de se recroiser ! on discute et on s’encourage.
La dessus, ma femme et fille arrivent ! Génial, ça fait du bien au moral de se voir. on discute, je leur explique mon soucis et que je tente d'aller à ollomont pour trouver un medecin.
mais bon, un bisou et il est temps de repartir après 4h d’arrêt ( !!)
Je repars en mode bourrin, génial ces anti-inflammatoires ! mais rapidement la douleur revient, et je boite à nouveau
La montée au col Brison est longue, je cogite bcp, mais ça passe, en revanche la descente est douloureuse et tres lente.
J’arrive à Ollomont à 17h (Oyace -> Ollomont : 10h….)
Ollomont – BV (3h)
Tout le monde m’attend à la BV depuis 12h (Parent, tante, femme et enfant), je suis crevé. Je prends une douche, et pars voir les médecins.
Pour le genou, que d’alle, ils peuvent rien faire (pas de massage, pas de strap, pas de médoc) mais ils mettront 2h à me le dire. « pensez vous que je peux continuer ? » « tu fais comme tu veux », bon me voila bien avancé…. Je souhaitais un avis médical, car apres 110h ce n’est pas évident d’être lucide sur soi et sur les risques qu’on prend.
En revanche ils ont vu mon pied et l’ampoule que j’avais soignée en mettant un strap sur le compeed : ça s’est infecté, ça suinte vert, le compeed a fusionné avec la chair (fallait pas strapper…) bilan, charcutage au bistouri avec la fille de Oyace (re bonjour) et ma femme qui me parlent pour ne pas penser à la boucherie (je douille)
Un fois soigné, je décide finalement de continuer.
Puis repas à la BV (un régal, environ 10 plats au choix)
Allez, je refais mon sac, je mets 200 ans choisir les affaires, à les rentrer et sortir du sac, sous les yeux inquiets de ma famille.
Finalement, j’ai réussi et je repars, il est 20h
Ollomont - Courmayeur ( 50km 3367d+/3521d- 23h ! )
Bien sûr je boite, j'en chie, ce n’est pas facile, mais j’arrive à monter, je dépasse des gens ( !) le moral est là, plutôt en mode résigné.
je passe au refuge et le col du champillon, pfiouu, déjà ça de fait. plus que 50 km et 1 col (malatra)
Et hop la descente, là ça fait mal, je m’appuie fortement sur les bâtons, les dragonnes me scient les mains je déguste, c’est long, plein de gens me dépassent.
L’un d’eux me demande ce que j’ai, peut être une tendinite que je réponds. Moi aussi me dit il !! mais comment tu fais pour avancer sans boiter ?? j’ai pris des anti inflammatoires !!
Ah…. Il m’explique (comme le medecin/coureur à Oyace) que c’est assez répandu comme pratique. En préventif, dès le début de la course, voire à l’entrainement pour supporter les charges… les bras m’en tombent, qu’est ce que je fais la, qu’est ce que c’est que ce sport ?
je recommence à avoir sommeil, le prochain ravito n'est pas loin, je vais m'y arrêter
apres un temps fou, j'y arrive, il est 1h30 du matin, mais heu finalement non merci je ne vais pas dormir ici : la délivrance (le film), vous connaissez? si non, regardez le et revenez après, si oui, ben tout pareil... 4 bûcherons qui doivent vivre dans 10m2 à 4h de toute autre habitation... ne reste pas ici petit merou, il va t'arriver des bricoles. le sommeil? oublié, la douleur? ou ça? j'accepte qd même un gâteau pour ne pas les vexer, les écoute jouer du banjo, puis je prends mon clic-clac et repars (c'est un cochon qu'on entend la bas?)
pfiouuu, quelle frousse (bon 1 an apres, ça va mieux, mais j'en rêve encore)
néanmoins j'ai quand même sommeil, le prochain refuge ( ND des bosses) est à 12km, c'est pas la porte à coté, je somnole en marchant en parlant à haute voix et me répondant dans mes rêves
je délire !!!
à demi conscient je rattrape le gars à la tendinite (c'est de la camelote son anti inf!), il me dit "slow down ! slow donw", en effet j'avance bien vite malgré le genou, mais je m'en tape, je ne comprends rien à rien, je veux dormir
au bout d'un temps infini (serieux, ca n'en finissait pas, heureusement que je divaguais, c'est passé plus vite...) j'arrive à ND des bosses, il est 4h30, j'ai marché à 4km/h (top !!)
je prends un 1/2 gateau, un thé et pars me coucher tout habillé, dans une salle avec 30-50 personnes, pas un bruit (!). Je m'endors en 30 sec pour 2h de dodo ! miam
je me lève, remets les moonrace ( difficilement: pied enflé, genou non pliable, orteil charcuté) et descends dans le hall (toilettes + stand médical) : le carnage !! c'est la cour des miracles !
des coureurs grelottants, déshydratation, hypothermie, vomissement, diarrhées!! ca fait peur !
je vais dans le local médical, mais une urgence arrive : une fille a été redescendue du col malatra, elle n'est pas bien du tout. Elle se fait emmitouflée dans un couverture et s'allonge avec un médecin au dessus d'elle, elle devra abandonner. (hypothemie, -15 au col cette nuit)
une médecin s'approche de moi, je lui montre le genou, encore plus enflé, elle lève les yeux au ciel : tous les mêmes ! me dit elle
je la suis dans le stand : une énorme pharmacie, encore des lit de camps avec des coureurs/ses en piteux état. elle discute avec les autres médecins : il faudrait interdire ces courses! regardez dans quel état ils sont (elle ne parle pas de moi)
comme je lui indique que je souhaite continuer sauf si elle s'y oppose, elle me propose un anti inflammatoire en piqûre.
je dis ok, mais je dois passer un test: faire pipi dans un gobelet pour voir mon état d'hydratation (l'antiflammatoire attaque les reins si tu es déshydraté)
je reviens des toilettes avec un gobelet clair comme de l'eau de roche (merci le bip toutes les 5 min) et je recroise "slow down" en discussion avec la médecin (je retranscris ici leur dialogue, traduit de l"italien)
slow down : mais, vous prescrivez les anti inf, alors que le réglement l'interdit??
medécin : on n'est pas né de la dernière pluie, on sait que vous en prendrez vous-mêmes pour finir. du coup on préfère vous faire les piqûres en faisant les vérifications qui conviennent
sur ce, je baisse mon short et bing, un coup de piqûre dans les fesses : bon pour le service!!
je pars manger un coup, discute avec la medecin (non, je ne peux pas garantir que tu n'auras pas de séquelle, si tu veux continuer c'est toi qui vois)
je finis de m'habiller (les gros yeux à lafuma: leur sur-pantalon n'a pas de devant/derrière !! enfin si, il n'a qu'un seul coté, l'arrière ! tu peux le mettre dans le sens que tu veux, ca n'ira jamais !!!)
et finalement je pars, il est 8h, une superbe journée s'annonce
La montée est longue mais ce fait bien. je dépasse de nouveau des gens (même pas mal) et fait un bout de chemin avec un gars du jura : 60-65 ans, 3 PTL, 2 Tor, x utmb, une brute !! lors de sa 1ere PTL il s'est luxé l'épaule dès le début, et il a fini.... wahooo.
je passe le ravito du merdeux (sic) et continue vers le col
c'est vraiment bien foutu, le col représente la fin du tor (grosso modo) et il a la gueule de l'emploi, bravo l'organisation !
un dernier coup de cul, une échelle en métal et ca y est, je suis au col !! La vue est magnifique des 2 cotés du col!
c 'est terminé, j'ai réussi !! il est vendredi midi, je peux finir en rampant! quelle émotion !
je craque, je chiale comme une madeleine, impossible de m’arrêter (de pleurer). j'appelle V pour lui dire que c'est bon, le reste c'est une (grosse) formalité, mais j'ai fini ! et pareil je pleure au téléphone.
j'amorce la descente avec les larmes aux yeux, puis l'émotion s'en va : bon il reste encore du trajet mon garçon et tu n'avances pas vite. la descente est toute douce, en balcon, plein de gens me dépassent à nouveau, que c'est frustrant...
enfin bon, 2h30 plus tard j'arrive à bonati (2h30, les connaisseurs apprécieront....)
je m'allonge sur un banc et dors 15-20 min
allez direction Bertone! j'ai déja fait le chemin lors de l'utmb 2013, je sais que c'est "facile", mais long
un long calvaire en effet (à nouveau 2h .... bravo l'artiste), Oscar perez me dépasse (sisi), flute ! je suis quand même vert, j'étais 100eme et la je dégringole, bon c'est la vie, mais ça fait mal au Q !
Finalement Bertone est en vue (et quand on le voit, il reste 50m), une fille me soutient par l'épaule sur les derniers mètres (merci)
allez, il me reste une paille (4km, 2h...), mais je sais que la descente est raide. je sers les dents et me voila en bas sur le bitume, je pleure à nouveau, quelle mauviette !
la fin est facile, je suis entre 2 eaux ; euphorie et douleur et je bascule coté euphorie: V et L sont la, mon père aussi, je pleure à nouveau !
voici l'église, on tourne à droite, je vois le tapis rouge, la ligne d'arrivée...
on est le vendredi 12/09, il est 19h30 et je suis FINISHER !!!!!
11 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 25-06-2015 à 14:32:00
Hâte de lire la suite !!!
Tout en décontraction et avec beaucoup d'humour, tu décris parfaitement à quel point cette course semble difficile mais aussi magique. Mort de rire pour la photo de légende.
J'espère toutefois que tu as fini par enlever le boxer et le short sinon ils ont dû finir par s'incruster dans ta peau !
Commentaire de petit_merou posté le 26-06-2015 à 11:50:18
héhééh, merci !
pour le short/boxer, jai du les garder 3j, miam ! ensuite, j'ai changé, mais j'avais 2 shorts pareil, donc rebelotte ! pour le boxer en revanche, j'avais un autre modèle, moins confort.
je me dépeche pour finir (la video, elle, est complete, avec un gros spoiler sur la fin)
Commentaire de Bacchus posté le 25-06-2015 à 17:35:48
On attend la suite avec impatience
Bon j'ai vu sur ton blog que ça passais par la ligne d'arrivée, bravo
Ce CR est une bonne préparation pour ce qui m'attend dans deux mois et demi !!
Commentaire de petit_merou posté le 26-06-2015 à 11:52:16
je me dépêche de finir ! (la vidéo est complète)
tu vas te régaler, c'est un grand moment d'aventure
Commentaire de petit_merou posté le 23-08-2015 à 09:26:38
Voilà, j'ai fini le CR !!!!! ouf...
Commentaire de Arclusaz posté le 26-06-2015 à 08:42:05
magnifique !!!!!
et quel plaisir de revoir le fameux bandeau. En même temps, je me demande si tu ne devrais pas mettre plus souvent une casquette parce que un gars qui voit des yétis violets au départ, c'est inquiétant (c'est un kikoureur, Marcassin-mercantour)
Commentaire de petit_merou posté le 26-06-2015 à 11:55:04
thanks !
yes j'ai su pour le yeti, mais qd j'ai failli me faire écraser eu départ, ça m'a fait tout drôle ! je l'ai croisé au ravito alpenzu et c'est lui qui m'a donné l'astuce pour l'aroulaz !
le bandeau c pour mes fans, je vois qu'il y en a encore ||:)
Commentaire de arnauddetroyes posté le 23-08-2015 à 23:58:43
Wunderbar ton CR et surtout d être finisher de cette énorme aventure qu est le tor des géants.Je viens d en prendre plein les yeux .
Le passage avec les 4 bucherons m´a plié en deux :)
Bravo
Commentaire de petit_merou posté le 30-08-2015 à 19:56:44
merci !!
rien que pour les boucherons ca se tente cette course (bon faut se forcir les 270 premiers km)
++
Commentaire de arsim25 posté le 25-08-2015 à 16:14:20
Excellent texte! Beaucoup d'humour! Je pense sérieusement qu'il faut avoir de l'humour pour faire cette course, sinon ça doit être bien long...
On a dû effectivement se croiser mais je ne sais ni ou, ni quand, ni comment.
Bravo à toi en tous les cas!
Arnaud
Commentaire de petit_merou posté le 30-08-2015 à 19:59:47
facile, tu avais un collant long foncé (bleu/noir), et un sac à dos ! ca devait être dans la descente vers oyace au levé du soleil, une fois le col passé
bonne course pour l'édition 2015 !
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