Récit de la course : L'O'Rigole - 82 km 2014, par trailaulongcours

L'auteur : trailaulongcours

La course : L'O'Rigole - 82 km

Date : 6/12/2014

Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 3244 vues

Distance : 82km

Matos : Collant Salomon Windstopper
Première couche thermo ODLO
Deuxième couche polaire manches longues Salomon
Veste GORE Windstopper
B1: XTWings
B2: NB Leadville 1210

Objectif : Terminer

10 commentaires

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Et de deux !

Et de deux !

 

L’auteur s’excuse pour l’absence de photos pour agrémenter ce récit et invite le lecteur à consulter celui de bubulle/Bob l’éponge/Pacman. Je n’ai jamais été à plus de 15mn de lui, les photos sont les mêmes !

 

L’objectif principal avant de finir l’année 2014 est de finir l’O’Rigole. Bon d’accord, si on veut vraiment finir une course, on peut éventuellement choisir un truc moins corsé. Il se trouve que l’O’Rigole, c’est un peu mon jardin, que j’adore courir de nuit, que je l’ai finie il y a deux ans, que j’ai adoré, qu’il y aura une armée de kikous, donc pas d’hésitation. Et puis mon arrêt prématuré à la Diagonale il a 6 semaines n’est pas très bien passé !

 

Rendez-vous donc au Perray en Yvelines avec 14 joyeux lurons pour un repas d’avant fête après avoir retiré mon dossard en moins d’une minute au gymnase. Il y a au maximum 20 personnes dans le gymnase, il est 18h20.

 

Après le repas, retour dans le gymnase ou règne une ambiance des grands soirs. Il est 20h30. Ca sent l’O’Rigole. Un gros contingent de kikous est présent sous la banderole où sera prise la photo vers 21h00. Ca plaisante pas mal, on se concerte, on se raconte nos dernières aventures. Bottle me raconte son Tor des Géants. 143h pour terminer. Ah oui, quand même. Du coup on relativise un peu ce qu’on va se prendre dans la tronche pendant 12h ou plus.

 

Séance photo, sourires francs, tendus parfois. La concentration est à son apogée. Derniers réglages. Ne rien oublier.

 

J’avais perdu pas mal de temps aux ravitos il y a deux ans. 25mn passées dans le gymnase à chaque fois. Il faisait plus froid à l’époque, et je n’avais pas pu gérer mieux les changements de tenue intégrales. Un des objectifs sera d’améliorer les arrêts aux stands. Se changer, se mettre au chaud et au sec. Prendre de quoi manger et manger tout en repartant.

 

C’est curieux, à aucun instant, ni avant ni dans les premiers kilomètres je ne me pose la question de l’abandon. Je suis confiant. L’abandon n’existe pas. C’est pas mal comme sensation, avec le recul. Sur le coup je n’y pense pas évidemment, mais après on se dit que c’est bon signe.

 

B1 – 3h40 (arrivée à 01h40 du matin)

 

Départ à 22h et quelques minutes. J’ai perdu Pat, c’est un classique. Pas un kikou en vue à l’exception de Patricia qui est à mes côtés. C’est parti. Je suis en queue de peloton, comme prévu, et compte bien y rester sauf gros gros bouchons ; dans ce cas je double par la forêt. Partir doucement, durer longtemps.

 

Je me sens bien. J’affectionne ces premiers hectomètres puis kilomètres où l’on est face à soi. Ce n’est pas vraiment un sentiment de liberté. La sensation d’être bien. Juste bien. Rien d’autre.

 

Aucun bobo. Ma cheville gauche a décidé de coopérer. Merci à elle.

 

Je discute avec quelques coureurs. Autant le faire maintenant, plus tard je n’aurais plus la tête à cela et puis il n’y aura plus autant de monde.

 

Je trouve le parcours un peu fade. Je m’étonne de ne pas avoir plus de boue. Je m’étonne également de si peu de single tracks et de dénivelé.

 

Je me retrouver derrière Bottle. Un métronome. Je le suis pendant de longs kilomètres. Il va parfois un chouilla trop vite mais je décide de coller. Il a fini le Tor, je peux lui faire confiance.

 

Les chemins sont toujours aussi larges. J’avance pas mal, je commence à doubler du monde après les Mesnuls. Le moral est bon mais je commence à être vraiment déçu par la facilité de cette B1.

 

Je me rassure en me disant que c’est sur la B2 et la B3 qu’on va ramasser.

 

J’avais bien géré ma première boucle il y a deux ans, en mettant 4h40 et en arrivant frais comme un gardon. Je mets 3h40 cette année, preuve que le parcours était bien moins engagé.

 

Dans le gymnase, les flaques de boue autour des sacs montrent qu’il y eu du passage. Mais pas partout. Je n’ai aucune idée de qui est devant et derrière moi. Je m’attendais à trouver plus de monde dans le gymnase.

 

Je change de haut. Le peu de boue me permet de garder mes chaussures. Soupe chaude. Je charge les poches en salé et sucré et je retrouve Raya à la sortie du gymnase. Coïncidence bienvenue. 15mn à peine d’arrêt. C’est parfait.

 

B2 – 3h09 (arrivée à 04h49 du matin)

 

Le froid est saisissant à la sortie du gymnase. Je me réchauffe au bout de quelques kilomètres. Je tente de rester derrière Raya mais il va trop vite pour moi. Je reste à mon rythme. Je sais que la B2 est plate mais aussi très humide et cassante. Finalement il n’en sera rien. Ma déception monte d’un cran. C’est du Made in China cette O’Rigole 2015 ! J’avais adoré les passages submergés d’eau en 2014. Et surtout ce petit single de plusieurs kilomètres entre les arbres. Du hors piste total. Je pense à l’ONF. Au mal que l’orga a eu pour avoir les autorisations. Il faut bien se rendre à l’évidence que si le parcours en est là, c’est parce qu’il ne pouvait en être autrement. Je pense à l’ami Mulot qui a tracé la dernière boucle en me dis qu’après un hors-d’œuvre un peu fade et un plat principal qui manque de piment, le dessert sera la cerise qui trône sur le gâteau, à la hauteur de toutes mes espérances.

 

Je passe en marche mode marche nordique. Vitesse de croisière d’environ 7,5km/h. Cela me fait perdre un peu de temps sur cette boucle mais ce sera pour mieux avancer plus tard.

 

Nous sommes à la moitié de la B2, me semble-t-il, lorsque je vois des frontales briller dans la nuit à ma gauche. Je suis précédé de plusieurs coureurs qui doivent se trouver une centaine de mètres devant moi. Je m’attends donc à une bifurcation à gauche. Rien. Je m’arrête. Je regarde à nouveau vers la gauche. Ce sont des rubalises. Ceux devant se plantent. Ohé, c’est par là les amis. Demi tour. Tout le monde repart. Nono92 faisait parti du paquet je pense. C’est le seul endroit où le balisage était un peu juste.

 

Nous repartons sur la gauche. Mes souvenirs sont vagues sur la deuxième partie de la B2. J’ai peu doublé. Je me suis fait peu doubler. Il y avait peu de coureurs. Des quads nous rattrapent à grands renfort de sirènes et de gyrophares. J’espère qu’il n’est rien arrivé de grave.

 

Nous traversons une zone dégagée qui me fait prendre conscience de la clarté de la nuit et de la lumière intense de la pleine lune. Je décide d’éteindre ma frontale et de marcher. Je dois faire 2km sans frontale, un moment magique. Nuit noire. Solitude. Silence. C’est à ce moment que je croise l’ami Mulot qui fait le pied de grue sur un carrefour. Merci pour le soutien et la patience, ça fait chaud au cœur.

 

Je ne sais plus si c’est avant ou après que je me fais pacmaniser par Bubulle. Je reconnais Bob l’éponge dans le dos lorsqu’il me dépasse. Pas bavard Bubulle, pas bavard du tout. Il mène bon train. Je décide de le suivre. Je dois m’accrocher. Il est un peu au dessus de mon rythme et relance sans cesse. Grâce à ses récits détaillés (quel euphémisme), je sais qu’il s’adonne à ce moment-là à l’un de ses passe-temps préférés : la pacmanisation ! J’avoue qu’il est plutôt efficace. Je ne souhaite pourtant pas en être victime à ce moment précis. Je parviens à le suivre en mode marche nordique mais avec le gros braquet. Nous rejoindrons ainsi le Perray à quelques minutes d’écart après une bonne accélération de ma part sur la fin. Je rattrape d’ailleurs Raya quelques dizaines de mètres avant l’arrivée au gymnase.

 

Le gymnase s’est transformé quelque peu depuis mon premier puis mon deuxième passage. Ca fait la grimace un peu partout. Certains on l’air abattu. Livides. Les traits sont tirés. D’autres semblent plus frais, prêts à repartir.

 

Soupe chaude. Je mange bien. Je remplis mes poches de bananes précoupées. Le ravito est bien fourni, les bénévoles débordés. C’est l’heure de pointe.

 

Je change intégralement de haut et décide d’abandonner mes XT Wings au profit de mes NB Leadville. Elles sont plus légères et roulantes, ce sera plus adapté sur la dernière boucle qui est plus sèche, moins boueuse et plus acrobatique. En regardant mes XT Wings, je me félicite d’avoir pris mes guêtres depuis le départ. Mes pieds sont restés à l’abri de la boue et d’éventuels cailloux. Je les garde.

 

Au moment de quitter le gymnase je vois Bubulle qui se change. Je sais qu’il me rattrapera.

 

B3 – 5h19 (arrivée à 10h08 du matin)

 

Je suis prêt à repartir. Je suis au chaud. Gros contraste thermique en sortant. Plus encore qu’à la B2. Je suis à nouveau accompagné par un coureur qui se présente. Thierry sera mon compagnon pendant de longs kilomètres. Il s’avère que c’est un kikou, pseudo, Jam. Je ne l’apprendrai qu’après, sur le site. Merci pour ton excellente compagnie et pardonne-moi pour mon manque de conversation (Bubulle était contagieux la nuit du 6 décembre).

 

Les kilomètres passent plus vite en discutant. Nous sommes seuls au début puis rattrapons une femme. Nous nous plantons légèrement à un moment donné en ratant une bifurcation à droite. Elle nous rappelle. 200m de plus.

 

Je ne suis pas au mieux. Je sens la fatigue. J’ai un peu sommeil. Il doit rester une vingtaine de km, je tiens le bon bout. Mais faut pas traîner.

 

Nous croisons les coureurs qui ont pris la boucle à l’envers. Ils me font douter un instant.

 

Le jour commence à se lever. Il fait froid. La fatigue s’accentue mais le corps va bien. Je n’ai aucune douleur. Rien d’anormal donc après près de 10h de course.

 

Nous laissons sur notre droite la magnifique Abbaye des Vaux de Cernay, passons les carrières pour nous diriger vers le point le plus éloigné du Perray-en-Yvelines.

 

Le jour se lève doucement.

 

Sur une portion droite je vois plusieurs coureurs environ 300m devant moi. Je les rattrape petit à petit après le pointage et reconnais d’abord Jack puis Patfinisher. Ils ont l’air dans le dur. Je salue Jack qui me jette un regard d’ahuri sans me répondre, sans avoir l’air de me connaître. Pat boite. Il n’a pas l’air en forme. Je les dépasse sans traîner et me lance dans une pacmanisation effrénée. Je compte près de 20 coureurs rattrapés avant Auffargis.

 

7/8 km avant la fin (je peux me tromper), l’ami Bubulle revient en force. J’aime pas Bob l’Eponge. Surtout quand il te nargue avec ses yeux de merlan frit quelques mètres devant et que tu es obligé de tout donner pour arriver à le suivre. Je savais qu’il n’était pas loin. Je pensais qu’il m’aurait rattrapé avant. Bubulle a l’air en forme. Le bougre. Il me dépasse et je recolle comme dans la B2. Je ne veux pas me faire pacmaniser. Je me concentre, je ne le lâche pas. T’avais un sacré rythme à ce moment-là, Bubulle.

 

Juste avant l’entrée de la sablière, nous croisons l’ami Mulot qui nous encourage. Je lui lance un petit ‘’même pas mal’’ au passage et double Bubulle dans la foulée. A la faveur d’un regain d’énergie, j’accélère et arrive à le décrocher. Je ne le reverrai pas.

 

Le binôme est rudement efficace Bubulle. A réessayer sans faute, en prenant des relais, on pourrait faire des ravages.

 

Les derniers kilomètres se font seul. Je rattrape 5 coureurs dans les deux derniers kilomètres. J’accélère encore un peu pour finir à 11km/h sur le dernier km.

 

12h07. 88km sur ma Garmin Fenix. 59ème au scratch.

 

Bilan

 

- Bon choix des chaussures (XTWings sur la B1 et B2/ New Balance Leadville sur la B3)

- Le parcours m’a déçu. Il reste sélectif mais n’avait rien en commun avec celui de 2010 et 2012

- Ravi d’avoir rencontré autant de kikous dont certains que je ne connaissais pas

- Un balisage exceptionnel

- Des bénévoles formidables, dévoués et frigorifiés

- Le sentiment d’avoir progressé un peu dans le monde de l’ultra

 

Merci à AlterNature. L’O’Rigole reste une course à part, qui vibre et sait faire vibrer. Vivement 2016 !

 

 

 

10 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 11-12-2014 à 22:59:19

Je sais pas si je vais te pardonner le "j'aime pas Bob l'Eponge". Tu sais que, là, tu touche à un mythe, une légende, une vénération absolue de ma part? :-). Je te pardonnerai parce que, dans ton ignorance, tu ne peux pas savoir, va en paix, mon fils.

Bon, à part ça, donc, belle efficacité dans la gestion des transitions, ça te permet de compenser ta B2 de randonneur...;-). Et vraiment désolé de ce mutisme presque impoli dans la nuit : c'est vrai que je suis un peu comme ça en course. En plus, je n'étais pas sûr que c'était toi qui t'accrochais (en plus en marche nordique, ça m'aurait démoralisé...moi, je courais !).

Comme tu dis, ce binôme, il a du potentiel, il faudra qu'on trouve à le mettre en oeuvre un jour. Et, au final, tant qu'à me faire poutrer deux fois, autant que ce soit par quelqu'un que j'aime bien...:-)

Rendez-vous à bientôt pour les Nouvelles Aventures de PacBart et PacBubulle...

Commentaire de Jam posté le 12-12-2014 à 09:50:52

Naaaan, pas d'accord...déjà que Bubulle j'en ai assez que tu me pacmanises à chaque course et toujours dans les derniers hectomètres, alors si maintenant tu t'unis à Bart, tous mes espoirs de finir un jour devant s'envoleront définitivement :D

Commentaire de arnauddetroyes posté le 11-12-2014 à 23:57:33

Belle course!c est du finisher de chez finisher ca ...
bon et bien j essaie en 2016 de faire la meme ;)

Commentaire de ejouvin posté le 12-12-2014 à 09:01:27

Marrant de voir le ressenti des personnes sur cette course.
Pour toi, cela était "une promenade", peut être du fait de ton expérience de cette année, et de ta connaissance des précédentes éditions.

Bonne récupération à toi, tu as bien terminé l'année.

Commentaire de Jam posté le 12-12-2014 à 10:01:11

je confirme que tu avais l'air (et pas que) très facile. J'ai surtout halluciné sur ta marche nordic d'une redoutable efficacité. Je parle pas des grimpettes où je prenais un vent à chaque fois. Va falloir que je fasse beaucoup de sortie pour progresser si je veux pas me faire PacPoutrer à chaque fois :D
Pas bavard, mais on a quand même pu échanger un peu et à ce moment là de la course c'était plutôt bien sympatoche. A bientôt sur les chemins.

Commentaire de jack91290 posté le 12-12-2014 à 14:09:03

Bravo bart. Et desole de ce regard d ahuri, mais je venais de jardiner er j etais au plus mal a cet instant de la course.

Commentaire de Bert' posté le 12-12-2014 à 23:29:51

Bravo Bart ! Une bien bonne façon de finir l'année :-)
Et vive la Marche Nordique ! ;-)

Commentaire de bubulle posté le 13-12-2014 à 13:58:11

Surtout que Bart, il arrive à faire de la marche nordique....sans bâtons..:-)

Commentaire de trailaulongcours posté le 16-12-2014 à 12:19:51

Merci pour vos commentaires. Ejouvin, évidemment que c'est une ballade de santé. T'as vu mon temps par rapport au tien. Jimagine même pas l'enfer que ça doit être de terminer en moins de 10h.

Plaisir partagé avec Jam. Avoir de la compagnie dans les moments de fatigue intense peut changer la perceptiont que l'on a de la course. C'est bien de quitter le ravio avec quelqu'un.

Bubulle, pour Bob, je persiste et signe. J'l'aime pas. Quitte à froisser tes amours d'enfance. Il m'a jeté des regards que j'aimais pas. Il m'a cherché. Il m'a provoqué. Il est pas franc du collier ton Bob. Tu ne le sais pas car tu l'as dans le dos, mais il te fait une réputation de misère. La prochaine fois, je ne le regarderai pas. Je prendrai un air hautain pour lui montrer que même s'il va plus vite que moi, ben j'en ai rien à cirer.

Commentaire de trailaulongcours posté le 16-12-2014 à 12:21:26

PS. Bubulle, dès que mon genou va mieux, on se fait une sortie marche nordique si ça te dit. Faut commencer à préparer l'écotrail ;)

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