Récit de la course : 100 km du Loire-Béconnais 2006, par robin

L'auteur : robin

La course : 100 km du Loire-Béconnais

Date : 18/6/2006

Lieu : St Augustin Des Bois (Maine-et-Loire)

Affichage : 1916 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

Partager :

100 km du Loire Beconnais

A accompagner d’une bière bien fraîche

4h50 ouf enfin prêt ! c'est juste ! 10 minutes pour rejoindre la ligne de départ cela va le faire. C'est qu'il en a mis du temps à se préparer le Robin. Les petits pansements à mettre sur les petons, aller chercher le dossard, prendre vite fait un petit dej, repasser au camping-car pour prendre la ceinture porte-bidon et apporter les dernières retouches à la panoplie du parfait petit coureur !
Par contre j'ai un peu zappé le fait que le départ soit légèrement situé plus loin. Au point de vue temps c'est bon mais je pensais arriver plus tôt pour serrer la paluche à Marco et à Fabrice Viaud (FABCENTkm ). C'est Marco qui m'interpelle. Doué comme je le suis, je ne l'avais pas trouvé. On a le temps d'échanger quelques mots. Lui aussi a eu le temps d'apprécier la qualité de la sono du mariage du coin. Résultat petite nuit pour ne pas dire nuit blanche ! Pas grave la dernière nuit n'est pas celle où nous dormons à poings fermés.

Le départ est donné. Je me cale sur mon allure. Mon dieu ! Heureux les simples d'esprit ils auront le royaume de Dieu ! Rétroactivement je me dis qu'il faut être C.. de partir sur une base de 9 h avec pour toute expérience du 100 bornes qu'une seule participation à Chavagnes ! Soit à Chavagnes il y avait du vent ce jour là mais de là à espérer battre son record au Loire Beconnais c'est franchement être bourrin ! ( ou bœuf ? )

Enfin, il fait bon. La campagne s'éveille tranquillement. Dans le jour naissant, toutes les cotes sont belles. C'est le bonheur, tout baigne !
1er ravitaillement impeccable ! Organisation Nickel ! Je trouve tout ce que je veux ( eau gazeuse, coca, biscuits salés bananes … ). Tout au long de la journée nous allons pouvoir apprécier la qualité de l'accueil des bénévoles.

Passage à Bacon-les granits. Cela doit être un peu avant Bacon que je m'insère dans un groupe de deux coureurs et de leurs accompagnateurs respectifs. Nous avançons à une allure identique. Cela permet d'avoir une compagnie.

( Petite parenthèse sur les accompagnateurs :

Au bout du deuxième 100 bornes, je pense que c'est un plus l'accompagnateur. C'est possible de faire cent "sans" ( je suis crevé moi ! ) mais la présence d'un accompagnateur est un plus au niveau logistique ( par rapport à mes deux acolytes, je prenais plus de temps aux ravitaillements le temps de prendre la gourde, de manger ) mais également au niveau mental (cf. passage concernant le ravitaillement de Bacon un peu plus bas) . Mais il faut vraiment bien le choisir il doit connaître la course à pied, bien « sentir » son coureur. )

Pour l'instant cela va bien Mme la Marquise.

Après Bacon le parcours est relativement plat. C'est avant Villemoisan que le parcours s'élève bien. Belles cotes dont un ravitaillement situé au 2/3 d'une cote. Après Villemoisan, cela se calme.

Passage sur la ligne d'arrivée dans les temps estimés : 3H et quelques minutes. Le groupe s'éclate un peu le troisième comparse stoppe à proximité de la ligne d'arrivée pour un changement vestimentaire ou prise de casquette. Nous poursuivons à deux. Nous sommes rejoints à proximité du ravitaillement par le troisième comparse qui a préféré accélérer que de se retrouver seul. Le groupe se reforme. Nous découvrons sous le soleil cette première partie.

Arrivé sur Bacon, un des coureurs retrouve des membres de sa famille ce qui fait que je me retrouve seul au ravitaillement. Je refais le plein d'eau, grignote biscuits salés , banane et repart seul. Court moment d'hésitation , je continue seul. Quelques kilomètres avant Bacon, le rythme s'était un peu accéléré. Continuant seul, cela sera plus facile de maintenir mon allure. Ils me rattraperont ils sont plus rapides !

La température monte. Cela fonctionne encore. Je suis à peu près au 50ème.Peu à peu les premières ratées se font entendre. Au ravitaillement de Villemoisan je suis obligé de faire un arrêt aux toilettes. Je commence à avoir mal au ventre. Je préfère perdre quelques minutes. Ravitaillement avec le même rituel (remplissage du bidon, verre d'eau gazeuse, coca banane, biscuits salés). Un peu surpris, je ne vois pas revenir mes deux comparses. A moins qu'ils soient passés pendant mon arrêt WC !

Je poursuis mais la succession de pentes commence à faire mal. Il fait chaud et la partie Villemoisan Saint Augustin est plutôt placée sous le signe du soleil. Autant au 1er tour le besoin de pause pipi se faisait sentir, ce n'est plus le cas maintenant. Ce qui m'inquiète c'est que les jambes font mal. Les quadriceps ont mal, une douleur au mollet gauche fait son entrée. Au raid de l'estuaire je n'avais pas connu ce problème. Cela commence à cogiter dur dans la tête l'idée d'abandonner commence à me travailler. Il fait de plus en plus chaud et les jambes font de plus en plus mal. Arrivé à proximité de la ligne d'arrivée je me mets à marcher dans le petit bois. Cela fait du bien d'être sous les arbres. J'avais pensé à la même chose tout à l'heure en apercevant un petit ruisseau bien à l'ombre de grands arbres. Passage de la ligne. Ravitaillement toujours dans la tête cet idée de stopper là. Je continue quelques centaines de mètres.
J'hèle ma femme et mes deux filles qui sont installés avec le camping-car sous les arbres à l'ombre. Elles me demandent comment cela va me disent qu'elles ont entendu qu'il y avait déjà des abandons. Je leur dresse vite fait un bilan, que je vais poursuivre vers Bacon et que je verrai là-bas la situation. Ma fille aînée me demande si je ne vais pas abandonner ? Cette éventualité à l'air de l'embêter. Je continue direction Bacon. La température monte ou du moins j'ai cette impression. A un moment donné je me rappelle de m'être dit que j'étais encore dans un temps de 9h20 mais voilà la machine cale. A plusieurs reprises, vaincu par la chaleur, les côtes qui ne sont pas terribles pourtant, la courte nuit, je commence à marcher. A plusieurs reprises, je stoppe tout le dos courbé, regardant mes pompes, les mains sur les cuisses. Les périodes marche se succèdent de plus en plus nombreuses. Finalement j'arrive au ravitaillement de Bacon. Celui-ci s'est déplacé à l'intérieur d'une salle ! Ah de la fraîcheur ! je bois deux ou trois verres, je m'assois sur une table et je ne bouge plus. Tous les voyants sont au rouge. Deux ou trois coureurs sont assis là dans le même état. Les minutes passent, je ne sais pas combien de temps je suis resté là sans rien faire à me demander si je jetais l'éponge, si c'était bien raisonnable de continuer, de se faire mal pour rien sans aucun plaisir. Je pense à ma fille qui sera déçu. A un moment donné, un duo accompagnateur-coureur arrive. Le coureur est usé, vidé avec un début d'hyppo. C'est à ce moment je vois l'avantage formidable d'avoir un super accompagnateur. Il le bichonne, lui remonte le moral essaie par tous les moyens de faire repartir la machine. Il demande si les bénévoles n'ont pas des rillettes ou du pâté et Oh miracle ils en ont. Aussitôt il découpe des petites bouchées et en fait partager le bénéfice à toute la bande d'éclopés. Mon dieu qu'elles sont bonnes. J'en mange deux ou trois, décide de me faire masser. Je ne suis plus à quelques minutes …. Il y a longtemps que le rêve fou de faire moins de 9h42 a fondu au soleil. Un par un les clignotants passent du rouge à l'orange. Je fais le plein de la gourde et je repars décidé à aller abandonner plus loin. Sortie en plein cagnard, cela monte. Des cris me font tourner la tête, à droite une famille joue dans sa piscine. Les pieds avancent c'est déjà cela !

Sortie Bacon, je vois une voiture immatriculée 22 cotes d'Armor ! Une femme me crie "allez la Bretagne "

Parenthèse : Je cours avec un short reprenant le Gwen Ha Du, le drapeau breton. Plusieurs raisons: j'adore la Bretagne, je suis né à Saint-Nazaire ( ah le vaste débat ! ) une partie de ma famille vient de la Bretagne l'autre du Sud-ouest ce qui avait fait dire à un de mes grands-pères : « je n'ose pas voir le résultat d'une Bretonne et d'un Charentais ! » ( Eh t'est pas déçu Papy dis ). Puis quand je suis arrivé en Sarthe, noyé dans le peloton, ma tendre et chère avait du mal à me distinguer. Paré de mon short, j'étais plus identifiable ! Autre avantage, le short Breton vous donne droit à des encouragements supplémentaires.
C'est ce qui se produit. Nous échangeons quelques plaisanteries sur l'absence de galettes-saucisses au ravito, l'absence de pluie et autres délires. Cela me refout un coup de pêche supplémentaire. Dans mon dos, j'entends quelqu'un dire. Il va finir celui là ! Je n'en suis pas convaincu encore mais cela fait du bien.

Période de marche et de course se succèdent. Quelques nuages viennent contrer les feux du soleil. Je m'asperge avec mon bidon. Je me fais reprendre par un des gars du groupe des 1ers tours. Le ravitaillement arrive. Même rituel : le plein du bidon pour la tête et le bouche, gâteau salé, banane. Toutes les heures je continue à prendre un gel, cela passe encore. Je repars mais là je crois que je vais finir.

Les montées de Villemoisan sont faites à la marche. Entre les ravitaillements, je bois et je me verse de l’eau sur la nuque et la tête. Je suis lâché par un adversaire que j'avais repris. Arrêt au ravitaillement de Villemoisan. Les bénévoles sont toujours à nos petits soins si ce n'est plus. Ils ont été vraiment formidables toute la journée. J'ai le droit de nouveau à un super massage fait de main de maître par un membre de l’organisation. Je prends mon temps, je ne suis plus trop pressé même si un moment donné l'envie de passé sous les 11h me taraude. Mais je suis trop juste.

Je suis dans les 10 derniers kilomètres. Je sais que je vais finir. Mon accéléromètre m'a lâché un peu avant Villemoisan. Je ne connais plus ma vitesse qui ne doit pas être élevée. Je suis vraiment cassé. Il n'y a plus plaisir depuis longtemps. Mais bon on avance

Arrivé au ravitaillement du 93 km ( je ne suis pas sur du kilométrage ) à une dizaine de mètres j'entends tout un coup crié " V'la le Breton ". J'ai retrouvé la personne vue à Bacon. D'un seul coup le chœur angevin du ravitaillement se lâche et j'ai le droit à tout le répertoire des Try ann. Séquence Emotion comme dirait Nicolas Hulot. . Délire garanti. Je repars sous les paroles de "Ils ont des chaperons, vive les bretons".

Les kilomètres passent 94, 95, 96, 97 km . Dernier ravitaillement , le plein SVP ! je repars 98 99. Arrivé Saint Augustin, le petit bois, L'arrivée Stop ! 11h36'. Comme tous les coureurs, j’ai le droit au podium, à l'interview

Je vois mes filles , ma femme. Contentes de me voir car cela faisait un moment que j'étais annoncé mais elles ne voyaient rien venir. Il faut dire que le speaker se basait sur les temps du 2eme tour et du 3ème passage à Bacon …
Je suis pris en charge par un coureur membre de l'organisation. Je commence à récupérer. Il m'amène au massage plein de sollicitude. J'en suis étonné et je me demande quelle tête j'ai ? Au massage je retrouve un coureur vu au ravito de Bacon A ce moment là lui aussi voulait abandonner. Il a également terminé. Une poignée de main vaut plus qu'un long discours.

Douche, repas où je retrouve quatre coureurs moment sympa. On récupère tranquille en bavardant.

Je repars retrouver mes femmes Direction le Mans

Bilan :

Déçu d’avoir loupé Fabrice Viaud peut-être un jour sur Rezé ? Je te suivrai sur la Transgaule pour te voir cueillir ta deuxième étoile !e
Content d’avoir fini, d’être aller au bout sûrement grâce à ma fille mais joie ternie (le mot est sans doute trop fort) par l’absence de plaisir à l’inverse du 1er.J’ai eu plus de plaisir sur le raid de l’Estuaire.
Il faudra que je retourne à Chavagnes pour améliorer mon temps le profil de la course y est plus favorable. J’espère un jour aller à Belves mais je crois que je me souviendrai du Loire-Beconnais et j’irai moins la fleur au fusil.
Regret car les courbatures ont disparu mais reste au mollet gauche une blessure qui va me rappeler pendant un petit moment l’âpreté de ce 100 bornes.

Merci de m’avoir lu et au plaisir de lire vos prochaines ballades. Quelles soient moins galère que celle-là !



2 commentaires

Commentaire de Geronimo posté le 28-06-2006 à 20:30:00

Bravo pour le courage et la ténacité !

Commentaire de Jerome_I posté le 01-06-2007 à 14:26:00

salut,

bravo pour ce CR, après ton message dans le forum je suis venu voir un peu ton parcours... Je vois que le 100km n'est pas quelque chose de facile...

Sportivement

Jérome

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version grand écran - 0.05 sec