L'auteur : yllen
La course : Orsières - Champex - Chamonix
Date : 28/8/2014
Lieu : Orsières (Suisse)
Affichage : 1324 vues
Distance : 53km
Objectif : Terminer
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L’entrainement :
Depuis le début de l’année, et après une saison d’hiver plutôt moyenne côté météo (env. 25 sorties en ski de rando pour 23 000+), j’ai couru/marché env. 46 000m+ sur 570kms, participé à 4 courses sur juin/juillet (Marathon Race, Trail des Crêtes du Chablais, Cross du Mont Blanc, Trail du Balcon des Fizz), et effectué 6 rando/courses de plus de 5h.
Ajouté à cela, du fractionné aux entrainements à l’athlé, ça peut paraître beaucoup. J’ai d’ailleurs terminé fin juin un peu sur les rotules…
Pour autant, je me sens bien en forme à l’approche de la course, après un mois de juillet moins chargé, et un passage dans le nord puis dans le sud en août pendant lesquels je me suis plutôt entrainée au farniente et au lever de coude…
Parlons objectif. Je n’ai jamais fait une course aussi longue, mais j’ai quand même déjà fait 48km et 3000m+, en 10h24, il y a 2 ans. Donc, avec l’entrainement, je me dis que finir l’OCC (53kms, 3300m+) sous la barre des 10h serait un bel objectif réalisable, cela ferait une moyenne d’un peu plus de 5km/h. Je me fais donc un plan avec les temps de passage pour tenter d'arriver en moins de 10h.
La course :
La course se déroulant en semaine, je devrais faire sans assistance ni encouragements de proches ou amis sur le parcours.
Le mercredi, je quitte le boulot avant 12h pour récupérer mon dossard à Chamonix le plus tôt possible afin de récupérer un horaire « convenable » pour la navette qui m’amènera à Orsières le jeudi matin. JE récupère mon dossard en 30mins, avec un ticket pour la navette de 4h45. Le soir, je peaufine mon sac en fonction de la météo annoncée. Il va faire beau, donc ça allège fortement son poids ! Il faudra être à Chamonix à 4h30, je mets donc le réveil à 3h30 du matin (Waou, ça me fait bizarre…).
J’arrive à me coucher tôt, 21h30 environ, cela me fera 6h de sommeil, bien suffisant. Sauf qu’à 2h10, mince je me réveille ! Et quand je me réveille en pleine nuit, mon cerveau a tendance à se mettre en route, et BAM, plus moyen de dormir ! Je me demande si je n’ai rien oublié dans le matos obligatoire, je pense au parcours, aux ravito, à plein de trucs…et du coup, à 3h, je me lève, je prend mon temps pour me préparer et quitte la maison à 3h50.
Arrivée à Chamonix à 4h20, je croise des coureurs qui en ont terminé avec la TDS. La navette est à l’heure, on quitte Chamonix à 4h45 direction Orsières, départ de la course. J’essai de dormir dans le bus mais impossible, j’ai du somnoler à peine 1 minute. Nous arrivons à Orsières vers 6h, pour un départ à 8h…il va falloir attendre 2h…c’est long ! On est tous les uns sur les autres dans une petite salle, certains essaient encore de dormir, moi je n’y arrive pas, même lorsque je subis vers 7h un gros coup de barre ! C'est pas le moment !!! Heureusement, après un thé+banane avalés et grâce à l’ambiance du départ, je retrouve des couleurs et me sens prête à partir !
Je m’échauffe très brièvement dans les rues d’Orsières (env 5min30 car je sais que je partirai tranquille). Le ciel est parfaitement dégagé, le soleil se lève sur les sommets environnants, il va faire beau, youpi ça me motive !
Sur la ligne de départ, je me fais prendre en photo par un autre coureur, puis après quelques ola et un compte à rebours, le départ est donné à 8h.
Orsières-Champex : 7,6kms, 580m+ : 1h23, 827è
La montée à Champex commence par une partie très roulante agrémentée de quelques montées. Il ne faut pas longtemps pour que l’on soit déjà au soleil.
Après 30min de course, ça bouchonne dans une montée…comme quoi ça ne servait à rien de partir trop vite ! Je reçois déjà un SMS d’encouragement d’un collègue.
Puis ça repart toujours sur un chemin valloné. 15 minutes plus tard, re bouchon dans une GROSSE montée : et oui c’est moi là de dos (merci Murielle pour la photo). Du coup pour passer le temps, on discute avec Murielle dans la montée.
La pente s’adoucit ensuite jusqu’au ravito de Champex, où je ne m’arrête pas.
Champex-La Giète : 11 kms, 840m+ : 3h34 de course, 824è
Je mettrai plus de 2h pour faire cette montée interminable de 10km ! Au départ, elle est plutôt descendante comme montée d’ailleurs, je me fais doubler par beaucoup de personne (dont Murielle d’ailleurs), et ensuite arrive un faux plat où je prends un bon rythme en marchant avec les bâtons, je redouble quelques personnes (dont Murielle d’ailleurs, à force de se croiser, on se dit « à tout à l’heure sûrement» !).
Et enfin, vient la fameuse montée de Bovine avec ses marches casse pattes! Je suis le rythme sans trop doubler, c’est trop raide pour attaquer au risque de se mettre dans le rouge. La vue est magnifique, il fait beau, et pas encore trop chaud. Je reçois un SMS de Sylvie, me donnant du courage et des bises spéciales « j’ai la patate ! » ça motive !
Sur la fin en arrivant à Bovine, la pente s’adoucit, et nous traversons un troupeau de vaches.
L’une d’entre elle va se poser pile sur le chemin et nous empêcher de passer. Non mais c’est vrai quoi, qu’est-ce qu’on vient tous la déranger !!!
Arrivée à la Giète, je n’ai plus d’eau et je fais le plein pour attaquer la descente sur Trient.
La Giète-Trient : 5kms, 600m- : 4h20 de course, 867è
Difficile d’ « envoyer » un peu dans cette descente, on est tous à la queue leuleu sur un chemin étroit, et il faut se mettre dans le talus pour doubler, au risque de se faire mal, donc je ne prends pas le risque, je suis.
Arrivée au ravitaillement de Trient, ça bouchonne à l’entrée. 1 seule personne remplit les bidons et camelbak de chacun…mouais ben ça va être long…Une fois mon réservoir rempli, j’entre dans la tente, et là, il n’y a rien à manger…rien j’exagère, il reste du salami, 2 tranches de pain, 2 morceaux de fromage… je n’attends pas et repars aussitôt, tant pis, je continue avec mes gels et mes barres (mmmm miam !) Je pense avoir perdu 10 minutes sur ce ravito. Bizarre cette situation, pour être déjà venue plusieurs fois sur l’UTMB ou la CCC sur les précédentes éditions, ce ravito me semblait bien. Ils ont du être pris de court…pas grave.
Trient-Catogne : 5,5kms, 830m+, 5h56 de course, 683è
Il est environ 13h et il fait bien chaud dans cette montée. Les coins d’ombre font du bien. Une femme me suit de près depuis un moment, je lui dis « vous voulez passer ? », elle me répond « non, non pas du tout, le rythme me convient très bien !».
C’est vrai que j’ai un bon rythme et je double beaucoup de monde, mais je lui réponds que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir ce rythme jusqu’en haut !!!
Au bout d’un quart d’heure, elle me dit « bon allez je passe devant », je lui réponds « Ok mais faut pas accélérer »…chose qu’elle n’a pas fait, c’est plutôt moi qui ai ralenti,je la vois s’éloigner de plus en plus, jusqu’à ne plus la voir. Cette montée commence à être un peu longue, mais je reconnais les montagnes du côté du barrage d’Emosson, signe que nous arrivons bientôt au sommet de cette montée !
A la tente de pointage à Catogne, je recharge un peu d’eau et repars aussitôt.
Catogne-Vallorcine : 5km, 750m- : 6h51 de course, 678è
En route pour la descente vers Vallorcine. Il est toujours difficile de doubler, car pour cela il faut sortir du chemin. Je ne préfère pas tenter le diable au risque de me faire une cheville et préfère suivre. J’arrive parfois à grappiller quelques places en faisant l’intérieur des virages. Je prends vraiment plaisir à faire cette descente, je n’ai mal nul part, le chemin est roulant, sec, il fait beau, je profite !!
Arrivée au pied de la descente, il y a du monde pour encourager et ça fait du bien, avant d’entrer dansla tente du ravito. Je refais le plein en eau, puis je me fais un sandwich banane chocolat suivi d’une soupe (en y repensant après, j’aurais pu faire l’inverse) et repars en trottinant direction le col des Montets.
Vallorcine-Flégère : 11 km, 917m+, 9h31 de course, 584è
Je reçois un message d’encouragement de Julien. Je sais que Julien me suis sur internet, je lui demande ma place. Je suis alors 634è. C’est là que je change mon objectif. Finir en moins de 10h ne sera plus possible, mais finir dans les 600 premiers c’est tout à fait jouable. Ce serait la 1ère fois que je termine dans la 1ère moitié du classement !
Mais il reste encore la dernière montée, la plus longue pour la fin !!! Elle commence par un faux plat jusqu’à Tré le Champ en passant par le col des Montets. Sur cette partie, je ne double personne. Il va falloir grappiller les places dans la montée !!!
Ensuite, je connais bien le chemin jusqu’à la Flégère puisque je l’ai fait au cross du Mont Blanc en juin. D’abord une monté d’env. 300m, puis une descente de quasi autant pour finir avec la dernière montée d’env.500m.
La montée de 300m passe bien, je double quelques personnes. Je reçois encore un SMS d’encouragement, cette fois c’est une fille du club d’athlé (merci Mumu). La descente, technique, se passe moins bien, je me refais doubler, les genoux commencent à être douloureux…Et enfin, nous sommes au pied de la toute dernière montée. Heureusement, nous la faisons à l’ombre, la température est idéale. Je commence à fatiguer dans cette montée, mais je me dis que c’est la dernière, après il ne reste que la descente sur Chamonix, donc faut y aller quoi !
Je double beaucoup de coureurs, certains sont même assis le long du chemin, épuisés. Je ne m’arrête pas et tente de garder un rythme régulier. Les derniers 100m sont interminables, jusqu’à apercevoir enfin la tente du ravitaillement de la Flégère !
Au ravito, je fais remplir mon camelbak d’eau gazeuse, j’englouti une soupe et repars de suite. Après quelques minutes, je sens une gêne dans mon sac. Et oui, l’eau gazeuse secouée, ça fait pression, ma poche à eau est gonflée à bloc, tout comme moi d’ailleurs qui m’imagine la ligne d’arrivée à Cham !!!
ça me fait mal au dos, mais pas question de m’arrêter pour vider une partie de ma poche à eau ! Voilà ce qui arrive lorsqu’on manque de lucidité, il n’était pas utile de la remplir juste pour descendre ! Je parviens quand même à vider suffisamment ma poche pour qu’elle ne me gêne plus.
Je reçois un message de Julien : « allez tu tiens le bon bout », puis de mes parents, m’annonçant que je suis 584è ! ça y est je suis sous les 600, il n’y a plus qu’à maintenir cette place !
Je me sens très bien dans cette descente (qui est sympa en plus), je garde un bon rythme, et je double encore et encore. J’arrive dans les rues de Chamonix, ça y est c’est bon, l’arrivée est toute proche ! Je longe l’arve, il y a du monde pour encourager, ça donne des ailes !!
Les derniers 500m dans le centre de Chamonix sont vraiment magiques avec tout ce monde qui vous encourage et crie votre prénom et vous applaudit. Quel souvenir !
Je franchis la ligne en 10h34, 566è sur 1200 partants, 50è dans ma catégorie sur 123. Je récupère mon T-Shirt FINISHER, mange quelques fruits secs au ravito. Je ne traine pas trop sur place, il faut encore rentrer à la maison , et il y a un petit peu de route, mieux vaut la faire avant que les jambes se « réveillent » …
L’après course :
Les quelques jours qui suivent, je me dis que je n’ai pas tout donné sur cette course. Sur la ligne d’arrivée, je n’étais pas épuisée et je pense même que j’aurais pu continuer encore quelques kms. Mais j’ai passé une super journée en montagne, je ne me suis pas fait de bobo, et surtout je me suis fait PLAISIR ! Bizarrement et contrairement à d’autres courses, je ne me suis jamais posé la question : « mais qu’est-ce que je fais là ? ». Je n’ai pas eu de gros coup de « moins bien ». Je pense que j’étais suffisamment entrainée et motivée pour faire cette course !
Alors, une CCC…pourquoi pas, mais je me laisse le temps pour augmenter progressivement la distance. J’ai encore de belles années devant moi !
Je tiens encore à remercier tous ceux qui ont pensé à moi ce jour là, et qui m’ont envoyé un petit message (ou pas), ça compte aussi de se savoir suivi, même si vous n’étiez pas présents sur le parcours !
2 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 15-09-2014 à 22:49:45
mais oui, mais oui, une CCC, ou une Montagn'hard 60 ou va savoir quoi encore, il y a tellement le choix. Tu as l'air mûre pour tout ça et je peux te certifier du haut de ma pauvre misérable expérience d'à peine plus d'un an en trail long de montagne que, une fois qu'on a essayé et réussi, on n'a plus qu'envie de recommencer.....
Commentaire de Benman posté le 17-09-2014 à 11:05:13
Bravo pour ta course et ton récit. Au milieu des autres courses de la semaine, forcément, l'OCC paraît moins extrême... sauf que tu l'a faite avec du plaisir tout le long, et ça c'est incomparable. Or c'est loin d'être une coursette, et aller au bout est un sacré performance. Bravo pour ton choix de privilégier la progressivité, et comme dit Bubulle, au plaisir de te retrouver par exemple début juillet dans un coin bien Joly...
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