L'auteur : freethunder
La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie
Date : 27/8/2014
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 1334 vues
Distance : 119km
Matos : - Saucony Xodus 4
- Olmo 12
Objectif : Terminer
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Voila, on y est.
7h00 du matin. Au départ de cette course de dingue. 119 km et 7500 de dénivelé positif
Pour être très franc, je ne pars pas très confiant. Une préparation pas vraiment à la hauteur de la tâche. 1232 km et 24 000 m de dénivelé en 2014
Un bon mois de juillet et un petit mois d'aout.
Bref, depuis mon arrivée à Chamonix, je me dis que je ne peux pas revenir en arrière, et qu'il faudra faire avec....
Côté Stratégie :
Alimentation : Boire une gorgée tous les 1/4h et manger du salé régulièrement pour tenir l'eau.
Physique : Partir en sous régime, aucune dérogation jusqu'a Bourg Saint Maurice. Après on verra.... :)
10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 -> DEPART
7h00, avec mon ami Chanthou. Le temps est juste magnifique. Celui-ci contraste avec l'énorme pluie de la veille.
2km de course à pied, avant d’entamer la première ascension. J'en profite pour retirer illico ma veste. Et c'est parti pour 1200 m de D+ direction l’arête Mont-Favre.
Nous partons en queue de peloton, mais le parcours 4x4 nous permet de monter à notre rythme qui n'est de toute façon pas intense :)
Une belle montée avec une superbe vue sur Courmayeur et le soleil qui se lève. Magnifique
Maison Veille / Checrouit -> 6.6 km - 1h22 - Position 1418.
Pas d’arrêt à ce ravito. Direction L’arête Mont Favre, encore 500m de D+
Nous arrivons dans un long single ou les bouchons nous arrêtent régulièrement. J'étais préparé à cela et cela ne me pose pas de soucis ni de stress. On profite du paysage. Le Mont Blanc en arrière plan ;)
Seule bémol, une petit gène au niveau du talon. Hmm j’espère ne pas avoir d'ampoule.
Arête du Mont Favre -> 11.6 km - 2h33 - Position 1321.
Le non arrêt nous fais gagner une petite centaine de place.
Pour le moment, je ne pense pas avoir tapé dans les jambes. Je suis bien.
Une petite descente vers le lac combal nous attends. Je n'ai que très peu de souvenir de cette descente. Je me rappel uniquement les derniers kilomètres sur le plat en fond de vallée, longeant le lac avec de très forte rafales de vent.
Lac Combal -> 15 km - 3h22 - Position 1364
Ravito où je m’aperçois que je n'ai pas beaucoup bu. 500 ml et rien mangé.
Je refais le plein d'eau, et je prends ma première soupe de pâte, Je met de côté tuc et gâteaux sucré de côté
J'avais a ce moment perdu mon pote que je retrouve juste avant de repartir.
Allez zou direction le col de Chavane, qui sera le point le plus haut de la course à 2584m.
Toujours en mode single trace, donc une vitesse régulée. Ça monte doucement mais surement avec toujours de grosse rafales de vent.
Je mettrais 1h10 pour avaler ces 600m de D+.
Toujours pas de douleur, ni l'impression de forcer.
Col Chavanne -> 19.7 km - 4h36 - Position 1326
Les positions ne changent pas beaucoup à cause des singles. Les places gagnées sont surement due au ravito.
Petite photo avec vue sur le mont blanc et une autre en direction du Col du Petit Saint Bernard.
Nous voila pour une grande descente de plus de 10 km sur un chemin de 4x4.
J'en profite pour répondre aux 30 textos d'encouragement reçus. Ça passe le temps. Le reste se fera en courant sans forcer.
Les 6 derniers kilomètres avant le Col du petit Saint Bernard seront une succession de montée et de plat. Avalée sans trop de difficultés ou j'aurais le plaisir de croiser mes parents que je n'attendais pas si tôtÇa me fais grandement plaisir, non pas de voir ma mère au bord des larmes (surement l'émotion ou une poussière ;) mais qu'ils soient la et me suivent :)
Dernière montée tout en lacet dans une grosse végétation avec vue sur un super lac et nous voila au Ravito du Petit Saint Bernard.
Col du Petit Saint Bernard -> 36.1 km - 7h22 - Position 1288
Je commence à ressentir un peu mes jambes. Bien content de m'assoir quelques instants. Mes parents m'attendent à la sortie pour un dernier encouragement avant Bourg Saint Maurice.
Deuxième Soupe de Pâtes, même stratégie. Je prend des réserves.
Je connais l'endroit pour y être passé en moto 2 mois plus tôt.
Maintenant c'est direction Bourg Saint Maurice. La descente sera longue. J'alterne course et marche à pied ou j'en profite pour balancer une deuxième salve de Texto :)
Je cours seul depuis le Col Chavanne mon pote ne doit pas être loin derrière.
Et effectivement 2 ou 3 km avant d'arriver en ville. Chanthou me rejoint avec une belle foulée qui me laisse sans voix. Il a l'air très bien :)
Les derniers Kms sont pour moi inutile, car après avoir vu tous ces paysages, regagner une grande ville ne me réjouis absolument pas. Ligne à haute tension, etc. Le pied...
Bourg Saint Maurice -> 50.4 km - 9h40 - Position 1235
Voila le Gros Ravito. Je rejoins mon père qui me fait l'assistance et ma mère dans les tribunes :)
Un petit mic mac avec la direction de course me fais changer 2 fois de places car je suis placé aux mauvais endroits...
Bref, la course commence à Bourg Saint Maurice, alors pour repartir de zero. Je change chaussette et t-shirt. Depuis le 10eme km, je ressentais une gène en dessous du tendon d’Achille. J'avais beaucoup de craintes sur une éventuelle ampoule en formation, mais une fois la chaussette enlevée, gros sourire. Je n'ai rien du tout. Du coup je décide de garder ses chaussures.
3éme soupe de pâtes, je remets de la NOK sur les pieds. Petit Stock de tuc et autres sucreries.
Petite bavardage avec papa et maman. Et la....
Moment de frayeur. Je n'ai plus que 30 min d'avance sur la barrière horaire. Houla faut que je m'active.
Hop hop hop, Je discute avec mon pote pour lui dire qu'il faut partir et il me dit. "Vas y je te rejoins".
Çà sera la dernière fois qu'on se verraavant la ligne
Go, c'est parti pour la grosse difficulté de la course (enfin c'est ce qu'on m'avait dit). 1700 m de D+ sur 11 km
Petit contrôle du corps. Tout va bien. Aucun bobo, les sensations sont bonnes.
La première partie de la montée est juste géniale. J'ai les jambes, j'ai la banane. Je monte à un bon rythme et je dépose pratiquement une centaine de coureur sur 5 km. Je sens bien que je monte fort, mais je ne pense pas être dans le rouge. Le dénivelé et l'inclinaison sont quand même assez impressionnant. Beaucoup de personne sont à l'arrêt. Pour moi ça va...
Enfin ça allait...
Premier gros coup de mou. 1 km avant le Fort de Platte. Je n'ai plus rien, plus de force. c'est incroyable comment on peut passer d'un état de fraicheur à un légume en si peu de temps.
J'avance toujours, mais c'est dure. Je décide de faire une pause une fois le soleil revenu, car depuis le début de l’ascension le soleil est de l'autre côté de la montagne.
Voila un brin de soleil. Je me pose sur le côté. Petite photo quand même, car c'est toujours aussi beau.
Je prends un petit Gel (le premier au final). 5 minutes d'arrêt et je repars et j'en profite pour remettre ma veste. Je tremble de froid. Pas bon signe.
Ce qui me rassure dans ce passage à vide c'est que je suis conscient de ce qui m'arrive. Je ne subit pas. Je sais ce que je dois faire. Je suis en Hypo. Donc alimentation et vêtement chaud.
Je sais que ça va revenir.
Fort de la Platte -> 55,7 km - 12h13 - Position 1144
Voila mon nouveau record en temps de course :)
Pas de ravito. Juste de l'eau. Je refais le plein d'eau et je repars sans me poser. Une personne m'indique que le plus dure est derrière nous. Je suis content de l'apprendre, en tout cas je le crois et à ce moment, c'était ce qu'il fallait que j'entende :)
Voila Direction le Passeur de Pralognan. Je ne capte plus trop, un peu déçu car j'aurais aimé avoir ma femme et mes filles avant leur dodo.
La nuit va bientôt arriver et je décide avant la dernière ascension de me poser pour installer la frontale.
Je me pose à côté d'un gros caillou. Je sors la première frontale. Je l'installe. Je prévois aussi les piles de rechange dans une poche plus accessible et la je me dis, tiens, je vais aussi sortir la deuxième frontale au cas où. Je la sors et hop je remballe le reste. je prends une barre de chocolat et je repars...
50m plus loin. Heu HOULLLALALALAA, je les mis où la deuxième frontale. Moment de panique, la nuit est maintenant là et je suis persuadé d'avoir laissé la frontale au sol.
Ok, j’étais à côté d'un gros caillou, mais bordel y'a que des gros cailloux. Je rebrousse chemin et scrute les GROS cailloux pendant 20 min. Je regarde quand même dans mon sac si je ne l'ai pas oublié.
Non rien. Je m’énerve, je stress, pas de 2eme frontale = cause d'élimination de la direction de course.
Je me maudis. Toujours rien et pourtant je suis sure d'avoir enfin localisé MON gros caillou. Je me pose, réfléchis et là. Moment de solitude
Ba oui ma deuxième frontale, elle était pas au sol, ni sur mon front, mais autour de mon cou... Quel BOULET :)
Bon, ça va mieux, je rigole même de ma bêtise, 20 min de perdu mais bon. Du coup ce stress m'a réveillé.
Il fait nuit maintenant. On monte toujours vers le passeur de Pralognan. C'est beau ce défilé de frontale devant et derrière.
La fin devient plus compliquée, plus technique. Je ne suis pas à l'aise.
Depuis 1 mois, je ne suis plus aussi confiant qu'avant dans les parties techniques.
La papa d'une très bonne amie à fait une très lourde chute sur sa tentative du GR20. Tibia, genoux, épaule. Il a frôlé la mort et risque l’amputation. Je n'arrête pas de penser à lui et je me vois à sa place. Bref, fini la confiance et l'inconscience. Je préfère perdre du temps et ne prendre aucun risque.
Passeur de Pralognan -> 61.9 km - 14h44 - Position 1201
Autant vous dire que la descente du Passeur de nuit avec la rosée fut un plaisir... Je pensais que les gens en faisait tout un drame. Mais bon j'avoue que cela a été compliqué.
Bref, la descente fût technique et assez physique au final. Je me suis rattrapé sur les derniers kilomètres avant le Cormet de Roseland avec une bonne marche nordique autour des 8 km/h.
Je peste encore car je ne capte toujours pas, histoire de prévenir mes parents que j'arrive bientôt. Ils attendent dans le froid au cormet et de Nuit.
J’espère les voir.
Cormet de Roselend -> 66.2 km - 16h06 - Position 1179
Je trouve mes parents à l'entrée du Ravito. On discute 5 minutes. J’espère les avoir rassuré sur mon état physique qui je pense n'est pas trop mal. Je les remercie chaudement pour le temps qu'il me consacre et même si on ne parle pas beaucoup. Ça me fais beaucoup de bien ;)
Voila je rentre dans ce ravito. Beaucoup de monde, pas de place. Beaucoup de gens sont allongés, fatigués.
Je ne réfléchis pas trop. Je n'ai aucun signe de fatigue mentale ou physique.
Je fais un changement express de chaussette et t-shirt. Je décide de garder mon short court et je remet les avant bras, la veste. Ravito en eau. Toujours ma petite soupe de pate et toujours ma réserve de tuc et sucrerie. Je discute un peu avec les bénévoles. Ça rigole (enfin je crois être marrant...). Un arrêt au pipiroom pour remettre un coup de vaseline car j'ai de gros échauffements vers les fesses... C'est d'ailleurs à ce moment là, la seule douleur que je ressens.
Au final ravitaillement express. Je repars dans la nuit. J'ai froid quelques minutes le temps de chauffer et rapidement je suis content d'avoir gardé ma petite tenue. Je suis bien. Ni trop chaud, Ni trop froid.
Voila il est un peu plus de 23h. On arrive dans la nuit. J'aime la nuit mais bon après 1 journée de trail, je ne sais pas. C'est l'inconnu.
Et la Déclic. Je suis bien. J'ai les jambes. Je vois les frontales au loin. Ça ne monte pas trop sec. C'est partie.
Marche nordique en mode solitaire. Je double beaucoup de monde. D'ailleurs quelques réflexions de concurrents fusent sur mon allure (HOula celui-la il est motivé).
UN PNEU que je suis motivé. Je ne lâche pas l'affaire. Je n'ai mal nul part. J'avance, j'ai même l'impression de foncer :). Je double, je double, c’est grisant toujours mal nul part, toujours pas la sensation de forcer. AH c'est TOP.
J'avale la montée assez facilement, mais par contre, je suis un peu perdu sur le tracé. J'avance sans trop savoir ou je vais et ce qu'il m'attends. Ce n'est pas grave. Je suis bien pour l'instant.
Arrive une longue descente en single assez technique dans une bonne gadoue qui rend le sol glissant. Je suis bien. Je fonce, je cours maintenant. Je double. Je saute par dessus les pierres, cailloux. Je glisse, mais tout va comme dans un rêve. Je suis bien, mais aussi conscient que cette fois ci. Je tape dans les jambes, mais bon la clairement dans ma tête c'est :
La tu prends du plaisir, continue. C'est le pied.
Ça continue, tout va bien. Je n'oublie pas de boire, je suis dans ma course.
Par contre niveau Chaussure, c'est compliqué. Ma descente infernale m'a fais prendre beaucoup de gadoue. Je patauge la dedans. Je n'ai pas froid, mais bon pour les pieds, c'est pas top...
LA Gitte -> 74.2 km - 18h31 - Position 953
Oh punaise, je savais que j'avais doublé mais la. Plus de 200 places de prises sur 8 km. Un peu d'abandon mais aussi beaucoup de monde :)
Pour ne pas mentir. Je ne me souvient de rien à ce moment là. Je sais même plus s'il y a eu un ravito ou non. L'euphorie ? Je ne sais pas !
Comme je le disais, à ce moment de la course, je n'arrive pas à me situer sur le parcours. Oui, je crois qu'on va vers le col Joly, mais c'est dans combien de km, et surtout qu'elle est la topographie. Bonne question. Je pense que c'est l'erreur de la course.
On repars sur une grosse montée que j'attaque toujours d'un air vaillant. Je double toujours. Il fait nuit et la brume est arrivée. Difficile de bien voir et surtout de voir ce qui arrive.
Bref j'avance, je discute un peu et on m'annonce encore 4 à 5 km avant le col JOLY. COOL, la-bas je ferais une pause et surement une bonne sieste de 30 minutes.
Sauf que 2 ou 3 km plus loin. Je croise un feu de camp improvisé par la sécurité qui m'annonce encore 8 km... La c'est un coup de bambou. Oh punaise, ça monte toujours, je ne suis pas arrivé.
J'ai quand même la forme mais bon... Alternance de montée, plat et sur la fin de plat et de descente.
La fin de cette section est technique.
Le sentier se rétrécit et on est au bord d'un ravin. Rocheux et très abrupte. La confiance s'en va et le stress remonte. Je sens aussi un début d'Hypo.
De nouveau je doute, j'ai froid et plus de force. Hop hop hop, fais pas le con surtout la où s'est dangereux.
Je me pose sur le bord du ravin. Je me force et c'est vraiment le cas, à manger une barre "coup de fouet". Au bord du vomissement à chaque gorgée.
Je coupe la frontale et fais une pause mentale. A ce moment je suis seul dans le noir et ça me fais du bien.
5 minutes et je repars. Je finirais le reste de la section en marchant trés tranquillement.
Depuis plusieurs dizaine de minutes on entendais le son du ravito sans jamais vraiment l'approcher. Rien de mieux pour se démotiver.
Voila enfin, je le vois, je vois même le chemin pour y arriver. Ah, grand moment de soulagement, je m'imagine déjà m'allonger et oublier ma course pendant 15 à 30 minutes. Je ne stress plus sur les Barrières Horaires. J'ai fais le boulot :)
Col JOLY -> 85 km - 21h45 - Position 869
Gros son qui met la pèche, sauf que j'aimerais bien piquer une petit somme.
Grande désillusion en rentrant dans le ravito. Pas de lit, ni même d'endroit pour s'allonger. Que des bancs.
Ok, pas grave. Je discute un peu avec 2 personnes et leur demande de me réveiller au cas où à leur départ. Je m'assois sur un banc et m'affale sur la table avec mon bonnet sur les yeux.
10 min plus tard. Bon je dormirais pas c'est sure. Ça m'a quand même fais du bien.
Au menu Soupe de pâte, tuc, coca, plein de bouteilles et petit garde mangé où je rajoute plus de sucré car j'ai l'impression que c'est ce que veux mon corps à l'instant T.
Petite erreur. J'ai laissé le tube de vaseline dans le sac de ravito au Cormet de Roseland.
Ça me fais de plus en plus mal la où vous savez :), c'est drôle mais en faite non, ça fais super mal.
Voila je repars pas trop mal direction la grande descente vers les contamines.
10 km de descente. Descente pas très technique mais qui commence à me faire ressentir 3 douleurs.
L’échauffement sur mon train arrière..
Mes 2 voûtes plantaires qui commencent à couiner dans les descentes quand tout mon poids du corps s’écrase...
Je ne retiendrais rien de ce passage et encore moins la fin qui m'a parut long et monotone surtout la grande descente sur de grandes plaques de pierres ultra glissantes.
Bref, je finis cette section en compagnie d'un ami suisse fort sympathique.
Les Contamines -> 94,9 km - 24h23 - Position 870
2 nouveaux chiffres clés. 95 km de course, quand même et bientôt 24h de course non stop. Incroyable. Je suis fière de moi :)
Bon ravito assez express.
Même si le jour arrive. Je ne sais pas pourquoi, il me prend l'envie de mettre mon pantalon Kway et mon t-shirt technique mizuno pour grand froid et de garder ma veste, la ou d'autres commence à se mettre en mode jour, short - t-shirt.
Je repars avec mon ami Suisse et un groupe de 3 vétérans, 2 femmes 1 hommes. C'est donc avec un petit groupe que je me dirige vers le Fort Truc.
La je sais où je vais. J'ai regardé sur mon pense bête. Une grosse côte vers le Fort Truc. Une petite descente et dernière grosse difficulté. Le Col du Tricot.
On nous a pas menti, ça monte sec, trés sec mais très praticable, on fait du 650m D+/h pas mal. On rejoint un ami breton sur le chemin avec qui j'entame une grande discussion sur le trail, l'alimentation et le diabète. Ça m’intéresse car j'ai un ami qui commence la course à pied et qui est aussi dans son cas.
Bref, on arrive au Fort de Truc et on redescend dans la vallée.
La Grosse interrogation. Je suis entourée de montagne mais il est où le Col du Tricot. Tout ce que je vois, ce ne sont que de grandes montagnes pour moi il ne reste que 300 m de D+.
Hummm, Ah c'est ça le Col du Tricot. Cette belle montée sèche de 600m sur 2 km.
Là j'ai du mal à encaisser. Un choc, je ne m'attendais pas à aussi gros. Mais bon moins de 20 km de l'arrivée. Ah ah ah impossible que je reste ici.
Allez zou, les panneaux de randonnées indique 2h pour la montée. On reste étonné par cette indication, j'ai plutôt l'impression que 3h c'est bien.
Bon ba on fera 2h mini voir plus car j'ai plus trop l'allure d'un randonneur.
Ca monte, ca tourne, ca monte, ca monte, Ah oui c'est quand même bien raide.
Bientôt la fin.
Col du Tricot -> 27h11 - 101,8 km - Position 829
Oui gagné, c'est la fin des montées. Ah le bonheur.
QUOI on a mis 1h pour montée ? Pas possible. Et ba dis donc, j'aurais jamais pensé ça.
Voila une belle photo dans la boite.
Autre nouvelle. JE SUIS CENTBORNARD. Punaise 100 km, WHaouuuuuuu
Voila maintenant c'est partis pour 10 km de descente. Heu je voulais dire 10 km d'une des plus grande galère de ma vie de sportif.
Pentu avec de grosse bosse, des sauts, des rochers. Ah la la. J'ai vraiment mal à mes voûtes plantaires, impossible de poser un pied sans faire un petit pincement à la bouche. Et ces échauffements qui me font terriblement mal.
Je ne prends strictement aucun plaisir sur cette descente. AUCUN !
Seul la traversée d'un magnifique pont suspendu viendra briser mes douleurs.
Mais attends, ca remonte la ? oh punaise, c'est pas long, mais intense. Pourquoi je vois pas ça sur le RoadBook.
Allez on continue, on réfléchis plus.
BELLEVUE -> 105,9 km - 28h26 - Position 829
La je comprends pas comment je n'ai pas perdu de place, mais bon...
QUOI encore 5 km de descente, ah vous voulez dire que c'est encore plus raide que la dernière section.
Oh punaise. La je kiffe pas.
Bonne nouvelle douleur qui arrive au niveau du tendon rotulien. Pas de problème j'ai mon petit strap que je gardais pour l’occasion.
Pfeuu tu parles, c'est trop tard.
Me voila donc a descendre en m'aidant de mes bâtons pour freiner, dans une longue descente de 4 km.
Ce n'est pas temps la distance mais plutôt le dénivelle négatif impressionnant que je dois accomplir qui me mine le moral.
Bon allez un petit coup de fil à sa femme pour se remonter le moral. Je tente de définir une heure approximative d'arrivée , mais c'est vraiment dur pour moi. Je n'avance pas.
J'ai mal et ce bout de chemin m’énerve.
Vivement le plat voir de la côte. Ça sera toujours mieux que la descente.
Les Houches - 110,6 km - 29h35 - Position 837
J'arrive comme un légume mais heureux, heureux d'en avoir finis avec cette descente.
Je m'assois et prends le temps de récupérer. Je mange, refais le plein en eau car il ne reste que 8 km mais 8 km ça peut être très long...
Voila il reste 8 km de plat jusqu’à Chamonix. Enfin plat, ça monte et ça descend.
Allez Hop Marche Nordique. Tout le monde m'attends maintenant. J'ai un peu honte de les faire poireauté. Alors ça sera du 8 km/h bon en faite 5, mais le cœur y est.
Oui j'ai mal, oui j'ai une démarche de papi mais bon j'avance, je double encore un peu, enfin je reprends les places que j'ai perdu dans la descente.
Tiens, des petites larmes tombent par moment. Mon corps et mon cœur réalise que c'est bon. C'est fais. Tu vas être finisher. Oh punaise.
Bon ressaisis toi, tu vas pas pleurer hein ! Hein tu vas pas pleurer ? :)
J'avance toujours comme un forcené à 5 km/h mdr.
Beaucoup de monde sur mon passage. Toujours un mot sympa, un encouragement, un bravo. C'est génial avec ton prénom sur le dossard t'as l'impression que tout le monde te connait, c'est sympa.
Ah ça y est on arrive a Chamonix. Bon y'a pas moyen. Je finirais pas en marchant. Je range les bâtons et c'est partis pour 1 km de folie.
Mon père m'attends déjà à l'entrée de chamonix.
Il se met à courir avec moi. WHaouaa Génial.
Il part devant prévenir ma femme pour finir en beauté main dans la main avec mes deux filles et ma femme.
Je ne comprends pas sur le coup, mais ils sont pris de vitesse. Il ne m'attendait pas avant 30 min.
Mais bon tout se goupille bien. On fini tous les 4 mains dans la main autour d'une immense foule.
Je pensais arriver un peu dans l’anonymat. Non pas du tout. Bon ok, j'ai eu la chance d'arriver juste après les premiers de l'OCC, mais qu'importe.
C'était TOP.
Pas de larmes, mais des photos et des bisous.
Voila je passe cette ligne d'arrivée.
Cette ligne qui n’était encore qu'un rêve en début d'année.
Je m’étais inscris oui, mais bon de là à finir. 120 km et 7500m de D+ après.
Ouchh
Quelques petites remarques de fin.
- C'est fou ce qu'on voit pas le temps passer en courant. 31h ça parait dingue, mais si je vous dis que la première journée à 18h, je pensais qu'il était 12h et qu'a 5h du mat je pensais qu'il était 00h00 et qu'en arrivant, j’étais persuadé qu'il était 10h00. C'est fou.
- Une étrange impression de n'avoir pas fait une course mais plutôt une longue randonnée. Je pense avoir clairement étaient en dessous de mon niveau. Ou en tout cas, j'aurais pu forcer plus, même si je finis mal. J'ai l'impression de ne pas avoir tout donné. A méditer....
Les points à revoir :
1 : Les ravitaillements, trop long je pense. Il faut clairement que je définisse une stratégie de course pour les ravitaillements.
2 : L'alimentation en courant. Je ne suis décidément pas pour le GEL. La prochaine fois ca sera des petites tranches de pains de mies avec pâté, rillettes ou jambon. 1 ou 2 barre coup de fouet au cas ou.
Voila, je voulais en tout cas, remercier toutes les personnes qui m'ont écrit ou envoyé un message durant ma course. Je n'ai pu répondre à tout le monde, mais croyez moi, j'ai tout lu.
Merci à mon Pote Chanthou de m'avoir lancé sur cette course. C'est quand même mieux a deux que tout seul :)
Au final, il finit 1 petite heure après moi, mais en bien meilleur forme comme souvent :)
Merci à :
Ma femme, mes filles de m'avoir supporté avant, pendant et après la course,
Mes parents d'être venus exprès à chamonix pour attendre et ne voir que quelques minutes leur fils
La famille fourcade pour leur encouragement et la logistique :)
Merci au Forum Kikourou, pour toutes les bonnes informations, la bonne humeur, et vos récits passionnants.
J'ai l'impression d'être une star en écrivant ça, mais bon il fallait le dire :)
Merci
10 commentaires
Commentaire de Hockeyeur posté le 04-09-2014 à 09:31:36
Très joli CR et de superbes photos !!
Ca transpire le bonheur :-)
Et bravo pour ta performance ;-)
Commentaire de Hockeyeur posté le 04-09-2014 à 09:49:36
Au fait au final qu'as tu pensé des Saucony Xodus 4.0 pour cette TDS ?
Commentaire de yoshi posté le 04-09-2014 à 10:24:25
Wouah quel CR ! je vais essayer aussi d'en faire un mais cela sera sacrément moins précis, car je suis parti encore en mode "découverte" sans vrai plan de course.
Commentaire de yoshi posté le 04-09-2014 à 10:26:00
Wouah quel CR ! je vais essayer aussi d'en faire un mais cela sera sacrément moins précis, car je suis parti encore en mode "découverte" sans vrai plan de course.
Commentaire de freethunder posté le 04-09-2014 à 10:42:27
Pour les Xodus 4 :
Point positif :
- Je suis tout simplement bien dedans.
- Elle sont stable, mis à part dans 1010 cm de gadoue :)
- J'aime ce drop de 4 mm, c'est au départ ce qui m'a fais choisir ces chaussures. Je reste persuadé que le drop a une grande responsabilité sur le faite que je ne me sois pas blessé depuis le début d'année. Genoux principalement.
- Aucune Ampoule, Aucun échauffement au final.
Point négatif :
- Peut etre un peu trop souple sur du très long. J'attendrais mon deuxieme ultra pour savoir si mes douleurs sous la voute plantaire peuvent provenir des chaussures.
C'est la première fois que je finis sans bobo au pied. Pour info, j'ai pris 1 pointure 1/2 au dessus.
Nickel :)
Commentaire de Hockeyeur posté le 04-09-2014 à 13:00:50
Merci pour ton retour ;-)
J'en prends bonne note :-)
Commentaire de patfinisher posté le 04-09-2014 à 16:00:49
Beau cr ;-)
Commentaire de Mokiloque posté le 04-09-2014 à 16:15:15
Très beau CR, ça fait envie !
bravo à toi ! :D
Commentaire de patfinisher posté le 04-09-2014 à 20:24:19
Beau cr ;-)
Commentaire de sabzaina posté le 06-09-2014 à 17:32:00
Bravo bravo, très belle gestion de course. Tu es parti bien derrière nous (Bert et moi) j'ai l'impression et tu finis... 4 min devant ! Tu nous as certainement doublés vers les Gaillands.
Bonne récup et à bientôt :)
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