L'auteur : Knet
La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 40 km
Date : 23/8/2014
Lieu : St Nazaire Les Eymes (Isère)
Affichage : 4686 vues
Distance : 40km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
Vendredi après-midi. Veille de course. Je regarde le profil du 40 km de l'UT4M, et je me demande dans quoi je me suis embarquée. Pas vraiment du flip, mais un peu d'appréhension quand même.
J'ai passé une saison printemps/été où je me suis bien entraînée. J'ai avalé des km et du dénivelé. Pas trop de vitesse. J'ai fait plusieurs courses, des bonnes et moins bonnes. La dernière en date, le 33km des passerelles du Monteynard, fini en hypoglycémie, m'a permis de voir ce que je ne devais surtout pas faire en course. On apprend toujours de nos expériences...
Je me sens bien, et j'ai juste à attendre le lendemain, le compte à rebours, la montée d'adrénaline au moment de déclencher le chrono.
Même si la combinaison de tant de km et tant de dénivelé est une inconnue pour moi, je n'ai qu'une hâte : être au samedi, et y aller, tout donner. J'ai le roadbook dans le sac, quelques temps de passage, en me donnant comme temps max 7h30. L'objectif principal : finir en bon état, sans pépin, sans entorse... C'est MA course de fin de saison. Je veux en profiter et me faire plaisir. C'est le plan.
Je fais une nuit complète et me lève avec une pêche d'enfer. Stéphane, un ami qui participe également au 40 km, me récupère pour rejoindre le départ à St Nazaire les Eymes. Eva, sa copine, est là pour la logistique et détendre l'atmosphère un peu avant le départ. Plusieurs coureurs du 160 arrivent et repartent de la base de vie, ceux que l'on voit n'ont pas l'air marqué par les 127 km qu'ils ont déjà avalés... On pense à David, notre coach, qui est aligné aussi sur le grand parcours et se trouve dans Belledonne au moment où l'on part.
8h45, on entre dans le sas de départ pour scanner le dossard, et il n'y a plus qu'à attendre le "partez!" donné par la maire de la commune.
9h, les presque 200 coureurs que nous sommes s'élancent. Je ne fais pas trop attention au nombre de coureurs devant moi, je décide de partir à la sensation, sans trop calculer, mais sans me griller non plus en cherchant à aller trop vite. On démarre avec un faut plat montant qui nous mène jusqu'au départ de la montée vers le Col de La Faita. Je me sens vraiment bien, les jambes répondent bien et les conditions météo sont idéales pour moi (pas trop chaud!). Je double un peu de monde dans une petite cadence qui ne me demande pas trop d'effort. Au début de la portion en forêt, l'un de mes terrains de jeu pour mes entraînements, je passe en mode marche, mais j'avance bien. Ça ne bouchonne pas, les 3 km de route ont étendu le flot de coureurs. Je colle un coureur en t-shirt rouge, David, qui donne un rythme rapide dans cette montée. On dépasse une féminine, et on continue sans mollir. Au milieu de la montée, on dépasse un coureur du 160 qui me dit : "je crois que tu es la 1ère féminine" . Je suis surprise, je n'avais pas fait attention au nombre de filles qui étaient parties devant moi au départ, mais je préfère être prudente et attendre qu'on confirme l'info. David accélère un peu le rythme, je le suis toujours, et deux autres coureurs se greffent au wagon. On se motive à 4, on discute un peu, vraiment sympa comme ambiance. Un petit mot d'encouragement à ceux du 160 que l'on double, j'ai du mal à me dire que ces coureuses et coureurs qui ont le sourire et avancent bien ont déjà plus de 24h de course dans les jambes.... Impressionnée !
Au sommet du col de la Faita, un bénévole m'annonce que je suis bien première féminine. Le genre de configuration qui ne m'avait même pas effleuré l'esprit... Que je n'avais même pas osé imaginer. Mais on court depuis moins de 10km, et pas question de m'enflammer. L'objectif reste le même : finir, en forme.
Je jette un coup d'œil à ma montre, 1h15 à la Faita. J'avais tablé sur 1h57 sur le road book. Je me dis que soit je suis partie trop fort et je vais le payer, soit j'ai fait des estimations complètement foireuses et je suis bien plus en forme que ce que je pensais...
On enchaine sur une section très sympa, ludique, en sous bois avec des relances, j'adore ce type de terrain.
Je suis encore avec le gruppetto des 3 coureurs, on se relaie pour garder le rythme. L'un des gars me dit "bon ben, tu joues la gagne là ! On va tenter moins de 6h" , j'ai un petit sourire en coin, mais encore trop tôt pour rêver. Et pour les moins de 6h, faut pas déconner non plus...
Arrive le premier ravito avant la montée vers Chamechaude, je m'arrête très rapidement pour boire un peu d'eau et manger deux petites tranches de cake au fruit. J'ai pris un premier gel au 10eme, et je prends des moitiés de barres maison toutes les 45min de course, même si je n'ai pas la sensation de faim. David m'a attendue et me dit qu'on repart quand je suis prête. Il passe devant, je prends la suite, les deux autres restent un peu plus longtemps au ravito mais nous rattrapent. La montée vers Chamechaude est dure, on voit le single qui nous mène au point haut, ça n'en finit pas, mais les paysages et la vue sur le massif sont grandioses !
Je me marre toute seule en voyant deux moutons sur le bord du chemin qui se sont arrêtés de brouter pour regarder les trailers avec des yeux ahuris.
Je sens que David commence à ralentir et à avoir du mal, je le passe et lui dis de s'accrocher à mes baskets, mais il lâche peu à peu.
Au sommet, trois bénévoles emmitouflés contrôlent les dossards. Il fait frais, le petit vent m'a refroidi un peu. J'ai presqu'une heure d'avance sur les estimations. Je laisse tomber le roadbook, je sais qu'il ne veut plus rien dire.
Je me prends un peu de temps pour regarder le paysage devant moi, souffler un coup avant d'attaquer la descente technique dans les cailloux. C'est beau !!!!
Je suis loin d'être à l'aise dans les descentes, je n'arrive pas à "poser le cerveau" et accélérer. Trop peur de me faire mal. Du coup, j'y vais tranquille, je fais gaffe à mes appuis et je relance dès que ça devient plus roulant. Mes deux compagnons de route me passent comme des balles dans cette descente, j'essaye autant que possible de ne pas trop perdre de terrain. On part pour presque 10km de descente jusqu'au Sappey, avec des pentes qui n'arrêtent pas de changer, du bien raide au faux plat cool descendant. Je craignais un peu l'état des chemins, et au final les portions un peu boueuses sont très courtes et se négocient bien. Les quadris sont sollicités à fond par contre, je fais attention à ma position pour ne pas forcer trop sur les cuisses mais c'est compliqué !
Au Sappey, je m'arrête plus longtemps au ravito pour boire, manger une banane et calmer un peu les jambes qui ont morflé après cette descente. Je repars reboostée, je me sens bien physiquement, prête à attaquer la montée vers le Fort St Eynard. Le chemin est raide, je double plusieurs coureurs du 160 qui voient enfin le bout de leur épreuve avec cette dernière grosse "bosse".
Je fais toute la montée en marche rapide, je m'aide en poussant sur les cuisses, je souffle à l'effort. Je me retrouve un moment toute seule sur le chemin alors je me concentre, à chaque foulée, je pense "ce n'est pas une jambe qui travaille, c'est une jambe qui se repose" et j'arrive au Fort sans avoir trop souffert. Avant d'entamer la descente, je jette un coup d'œil sur la vallée mais la brume cache Grenoble ; des bénévoles se marrent en voyant ma mine déçue !
La descente jusqu'au col de Vence se fait bien, je me refais doubler par mes deux compères que j'avais repassé après le Sappey. Je connais bien cette descente, je l'ai fait plusieurs fois en entraînement ou en rando, et c'est un terrain qui me plait, souple, pas trop technique même si la pente est "sympa"!
Au col de Vence, un copain doit m'attendre pour finir les derniers km avec moi. Patrice est bien là quand je sors du ravito, il a failli me râter puisque que mes temps de passage étaient complètement faux. Il me chambre en me disant que j'ai fait l'épicière... Pas faux pour le coup !!!
On repart sur un faux plat montant que je n'arrive pas à courir. Je marche vite, on repasse les deux coureurs. La descente du col de Vence a durci à nouveau les cuisses, je sens que ça devient plus compliqué, mais je n'ai pas le droit de lâcher maintenant.
Lorsqu'on attaque la dernière descente vers le Rachais puis la Bastille, je n'ai "plus qu'à" rester lucide et faire gaffe à là où je pose mes pieds. On ne double personne dans la descente. Personne ne nous double non plus. Le rythme est bon, j'ai 40 bornes dans les jambes et du dénivelé mais je ne lâche rien dans cette section. Concentrée est le mot d'ordre !
Mais l'arrivée sur les quais de Grenoble me freine net. Plus de jus pour courir sur du plat. Je fais 400m et je dois me remettre à marcher ; Patrice essaye de me faire penser à autre chose qu'à mes jambes qui ne répondent plus comme je le veux, mais j'ai du mal. Il me met un peu la pression "tu ne vas quand même pas passer l'arche d'arrivée en marchant ?!" Alors je me remets à courir.
On arrive aux abords du parc Mistral, je marche un peu, juste pour être sûre d'avoir assez d'énergie pour courir jusqu'à l'arche. Sabine et Alex, deux autres amis, arrivent à ce moment là, et m'encouragent. Je me relance avec eux, et je vois l'arche.
Et là, c'est comme si en une fraction de seconde, tout disparaissait : je n'ai plus mal, je ne sens plus mes jambes lourdes, je ne sens plus les km et le dénivelé. J'accélère, je sprinte même, un sourire immense sur le visage, une joie indescriptible. Je lève les bras au ciel, je l'ai fait et en plus, je gagne!!!! Je passe l'arche en 6h09'55, première féminine... Je ne me rends même pas compte de ce que je viens de faire, je suis juste heureuse.
Ce n'est même pas tant le podium, c'est toute la course qui me rend fière. J'ai géré la distance, l'effort, j'ai pris le temps de profiter des vues somptueuses, je ne me suis pas fait mal, j'ai pris un plaisir énorme à courir dans ce massif... J'ai fait la meilleure de mes courses.
Même plusieurs jours après l'épreuve, je reste encore surprise de ce podium parce que complètement inattendu.
Mon coach me disait qu'on récoltait ce qu'on semait. On dirait bien que oui, l'entraînement et les efforts ont payé.
Mes deux partenaires de course finissent juste derrière moi, ralentis par une chute dans la descente vers le Rachais. David, mon "lièvre" sur le début de course, finit en 6h24.
Un grand bravo à l'organisation, le parcours est splendide, le balisage était parfait, les ravitos complets. Merci aux bénévoles pour les sourires et les encouragements.
Merci à Patrice pour m'avoir accompagnée sur les derniers km.
Merci à tous les amis pour leur soutien, les messages, les photos à l'arrivée et sur le podium. Une mention spéciale et des félicitations aux membres de Grési fitness inscrits sur le 40 et sur le 90km.
Et je finis par un grand et immense bravo à David qui finit en moins de 40h le 160km... Chapeau bas coach!
8 commentaires
Commentaire de Matt38 posté le 27-08-2014 à 22:01:28
Félicitation !je crois que tu m'as doublé a la fin de la monté du col de la faita. Superbe gestion de ta course.
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 27-08-2014 à 22:35:25
Si ça c'est pas THE course !!!
Bien joué Maela !!! Punaise, dire que tu as remporté l'UT4M, rien que ça !!!
Merci pour le récit ! Du coup j'y réfléchis pour l'an prochain... Encore bravo et merci pour ce partage
Commentaire de Jean-Phi posté le 28-08-2014 à 09:29:03
Bravo très belle performance !! Ton coach peut être fier et toi aussi !
Commentaire de PaL94 posté le 28-08-2014 à 10:00:18
Félicitations !!!
Commentaire de Bacchus posté le 28-08-2014 à 16:20:28
Bravo, magnifique performance !!
Merci pour ce récit
Commentaire de ijuju posté le 14-01-2015 à 00:47:19
salut,
il n'est jamais trop tard pour se rappeler de bons souvenirs ;)
http://mangeurdecailloux.com/dans-le-retro-ut4m-2014/
et bravo !
Commentaire de Knet posté le 14-01-2015 à 08:52:28
Super ton récit, ça me refait un petit quelque chose de repenser à cette course !
On se recroisera dans le Vercors cette année on dirait ;)
Commentaire de ijuju posté le 15-01-2015 à 11:53:31
pourquoi pas !
Et cette fois j’essaierai de pas me faire semer comme tous tes lièvres :)
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.