Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées 2014, par alban

L'auteur : alban

La course : Le Grand Raid des Pyrénées

Date : 22/8/2014

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 3746 vues

Distance : 160km

Objectif : Terminer

6 commentaires

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GRP 160 : Le soleil au bout de la nuit !

GRP 160 : Le soleil au bout de la nuit !

5 ans après, me revoilà à Vielle Aure, synonyme de grands moments de bonheur/douleur/épanouissement/solitude/partage !

Marqué par le GRP 2009 , GRAND RAID des PYRENEES 2009 - Enfin Le blog Trail d'Alban

je m'étais promis de revenir un jour, mieux préparé, pour redécouvrir le bonheur d'arpenter ces magnifiques sentiers techniques.

 
 

Me voilà donc sur la ligne de départ pour un nouveau raid démesuré ! Un joli feu d'artifice, et c'est parti ! je chante, I'm running in the rain, just running in the rain, I 'm happy again !

7è édition, 160km, 10000m d+, 687 partants, 404 arrivants : un exploit sportif et mental !

7è édition, 160km, 10000m d+, 687 partants, 404 arrivants : un exploit sportif et mental !

Je pars prudemment d'autant plus qu'en altitude les conditions météo s'annoncent rudes avec pluie, brouillard et froid. L’allure est bonne et je gère l'effort. Certains vont déjà très vite à mon avis et à les entendre souffler dans cette première ascension, on se demande si c'est bien raisonnable ... Nous passons le Col de Portet. Le soleil commence à se lever c’est magnifique car nous dépassons la mer de nuage qui plombait l’atmosphère du petit matin.

Direction le Col du Bastanet à 2400m pour redescendre ensuite vers Artigues au pied du Col du Tourmalet, via les superbes lacs de Greziolles. On domine le grand lac de l’Oule. C’est beau !

Dans la très longue descente sur Artigues je connais des petits soucis digestif, petite pause technique, et je repars sans encombres !

Maintenant il va falloir attaquer un des gros morceau de cet ultra, le Pic du Midi de Bigorre.

Là encore je monte à mon rythme, environ 600m/h jusqu'au col de Sencours où la pente va progressivement forcir, 500m de d+ final pour atteindre le Pic. La pluie et le froid refont leur apparition, j'enfile la gore tex, ça glisse, c'est dur, l'ambiance là haut n'incite pas à la contemplation, pointage puis demi-tour pour une rapide redescente au col !

Ravito sans trainer pour ne pas me refroidir, direction Hautacam !

4 cols à franchir avant tout de même, 4 cols sauvages, une partie magnifique de ce grand raid, isolé, splendide, j'ai adoré ces moments de run dans des paysages naturels et reculés de toute beauté.

Un grand moment de cet ultra !

A Hautacam, retour à la civilisation, presque 13h de course déjà, 64km et 4500m de d+ au compteur, je continue l'interminable et abominable descente sur Pierrefitte, abominable car en partie bitumée .. et ça pour les jambes y'a pas pire. Comme beaucoup en arrivant à la base vie, je peste sur cette portion !

30 minutes de pause, changement de chaussures/chaussettes, ravito complet, il est 20h, le monstre m'attends.

On est toujours plus courageux à plusieurs pour affronter les monstres. C'est à 6 puis 8 qu'on attaque leCabaliros, dans la nuit, le froid , le brouillard total, pas de visibilité à plus de 5m, de la boue, du hors sentier, l'ambiance est à la rigolade malgré les conditions dantesques, on cherche les balises à maintes reprises et les qualités d'orienteur de chacun prennent le dessus sur celles de grimpeur !

"- vous avez vu la balise?

- non, c'est par où?

- par là, non ça redescend ... , là tout droit ...

- et non,

- ça y est j'en vois une, LA HAUT !

- LES GARS PAR LA !!

- putain je vois pas la suivante /// elle est où, putain ça commence à me gaver ///

- ...

Pouy Droumide 23h00 ... c'est le ravito juste avant la bascule, Sono à fond, c'est soirée disco au Cabaliros !! ce moment surréaliste nous rebooste pour le final mentalement éprouvant, Merci aux bénévoles c'était parfait!! J'ai adoré !!

Après encore quelques hésitations, notre groupe bascule pour la descente tant attendue, après 1900m de grimpette de folie.

J'entre dans Cauterets bien entamé et tout crotté de la tête au pieds, un vrai cochon, ravito dans le casino et sa superbe moquette rouge. Elle va prendre cher la moquette...

Je m'allonge pour la première fois 10 minutes afin de retrouver mes esprits, les pensées m'envahissent, les yeux fermés je tente de m'apaiser le plus dur est fait, y'a plus qu'à rentrer à Vielle Aure, t'as fait plus de la moitié, le plus dur, allez, y'a plus qu'à gérer ...

3h04 du matin, pas le temps pour une dernière belotte, je repars avec Jérome du groupe des 6 qui a fait toute la montée du Cabaliros avec moi , on s'entend bien et on attaque tranquillement la montée en direction du col de Riou, on parle, on parle, on parle ... puis,

" - tiens ... ça fait longtemps qu'on a pas vu de balises ?

- non tu déconnes, ... ah oui merde c'est vrai ça , y'a plus de balisage

- on a loupé une bifurcation ?

- je crois bien ...

- non, pas encore !!

Et allez, demi-tour! 200m de d+ en trop "more kilometers, more fun" qui dit l'autre

Mon cul oui! Cette erreur nous réveille et c'est sur un gros rythme qu'on avance cette fois, un peu énervé par ce jardinage, l'heure est plus à la causette, je prends cher dans cette montée mais au moins j'avance.

Ca y est j'atteins enfin le col qui paraissait si loin tout à l'heure, quel joie, mais quelle dépense d'énergie.

J'arrive à Aulian où je laisse partir Jérome qui veut rejoindre la 2è base vie au plus vite pour soigner ses pieds meurtris par un podologue. Moi il faut que je fasse une pause, dans 15 minutes il va faire jour, et je veux attaquer la descente sans frontale et après une petite sieste. Je dors cette fois 20 minutes. Au réveil, ça va mieux, et je repars de jour ce qui me met de bonne humeur...

de bonne humeur provisoire, car je retrouve la route goudronnée ... le calvaire recommence. Je cours mais c'est pas la joie, les cuisses et surtout les pieds commencent à souffrir sérieusement. Toute cette humidité, cette boue, ces glissades ont fait la joie et le lit de toutes mes nouvelles copines les ampoules,

" c'est la fête dans les salomon, des orteils jusqu'aux talons".

09h00 Esquieze Sère, 2é base vie du Grand Raid. 122km et 7500m de d+, je prends un coup au moral car je réalise qu'il reste quand même 42km et 2500m de d+ et que je suis dans le dur depuis quelques kilomètres... l'objectif est d'arriver avant la nuit et si possible en moins de 40h. Je commence à douter un peu, je prends le téléphone et lis tous les encouragements des sms qui m'aident à surmonter ce coup de mou! Merci les amis, ça fait plaisir et je me dis que je peux pas lâcher maintenant !

Tant bien que mal, j'attaque seul les 11km et 1000m de d+ pour rejoindre Tournaboup, un bon kilomètre vertical quoi! Je suis rejoint pour un collegue de Lyon, cheminot, et je m'accroche façon wagon, lui faisant une super locomotive. (oui ok elle est facile)

On papote et le temps passe plus vite malgré la pente cauchemardesque. C'est le grand soleil à présent, quel contraste avec la nuit passée. Il fait très chaud en arrivant à Tournaboup, ça tape fort, la crème solaire est de sortie!

Je vais en baver dans la montée et je laisse filer mon compère plus rapide que moi. Je m'arrose régulièrement dans les cours d'eau, j'ai quelques crampes par ci par là, mal aux pieds mais vraiment mal !, et surtout une grande fatigue est en train de s'installer, la fin va être très dure... Les encouragements des coureurs du 80km m'aident à tenir bon. Du passage de la Hourquette Nère et jusqu'au restaurant Merlans, je vais taper fort dans mes ressources pour avancer. La descente finale de 1400m sera un supplice mais je sais que c'est gagné, pas la peine de s'énerver, même si je me fais reprendre une bonne vingtaine de places sur ce final ! Dommage mais ça fait longtemps que le classement n'a plus d'importance !

20h30 j'entre à nouveau dans Vielle Aure pour ce moment tant attendu, j'en rêve depuis tellement d'heure maintenant! Je franchis l'arche d'arrivée le sourire jusqu'aux oreilles, 39h31 de course, objectif atteint avant la nuit, quelle joie !

Arrivé 179è/700 (60è SEH) c'est finalement pas si mal ! 405 finishers seulement...

Arrivé 179è/700 (60è SEH) c'est finalement pas si mal ! 405 finishers seulement...

Je m'attarde pas, j'ai tout donné et je suis en train de décompenser à très grande vitesse, je tremble, j'ai très froid, limite en hypothermie, tout mon corps se raidit, j'ai du mal à marcher, je rejoins vite la voiture pour me changer fissa, et je m'allonge dans mon sac de couchage ! Je plonge dans les bras de Morphée ! Je suis épuisé.

Merci aux bénévoles extraordinaires! Ce GRP est énorme, admirable.

Longue vie au GRP !

/ pleins de photos à venir/

6 commentaires

Commentaire de laulau posté le 26-08-2014 à 18:13:33

Quel courage et quel volonté, bravo à toi !

Commentaire de morti posté le 26-08-2014 à 22:16:30

Bravo à toi et merci pour ton récit qui nous fait revivre la course. Nous sommes beaucoup à avoir souffert des pieds pendant cette course. Je crois bien que je faisais partis du groupe des 6-8 pendant la nuit...

Commentaire de arnauddetroyes posté le 26-08-2014 à 22:48:41

Bravo plus que merité vu les abandons et la météo ...
Merci pour ce CR

Commentaire de Rolexo posté le 26-08-2014 à 23:34:17

Bravo et merci pour ton récit !

Commentaire de caro.s91 posté le 27-08-2014 à 13:02:10

whaou, quel récit !!! On vit pleinement ta course! Bravo

Commentaire de bruno12 posté le 27-08-2014 à 14:18:46

Félicitations pour ta course et ton récit.

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