L'auteur : crazy_french
La course : Andorra UT Vallnord / Ronda dels Cims
Date : 11/7/2014
Lieu : Ordino (Andorre)
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Distance : 112km
Objectif : Pas d'objectif
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Depuis toujours cette mitic raisonne dans ma tête, je la sais difficile, engagé, montagneuse et ça fait bien 3 raisons pour s’y inscrire. Point particulier de l’épreuve, l’altitude moyenne est de 2000m, il y a 10 cols ou sommets à franchir : 8 au-dessus de 2500m et 3 au-dessus de 2700m. Le sommet de la course et d’Andorre se situe au pic de Comapedrosa à 2950m. Autant le dire, tout de suite, l’acclimatation à l’altitude est indispensable. Malheureusement, divers contretemps les quelques semaines précédant l’épreuve m’ont empêché de goûter aux joies des cimes.
Après un déplacement professionnel le jeudi dans la Drome, avec Isa nous partons vendredi matin d’Aix en Provence pour rejoindre Ordino soit 6h00 de voiture. Récupération du dossard et briefing à 18h00, le ton est donné : l’année dernière 55% de finisher !!! L’organisation est très bien rodée, les explications sont claires et l’ambiance est très bonne. Avant le départ à 22h00, j’essaie de trouver le sommeil à l’hôtel, quelques minutes de sérénités avant le plongeon dans la nuit noire.
21h30, il est l’heure de rejoindre le sas des coureurs, j’aperçois les 4 chronos des 4 courses ; la Ronda Del Cims (170km et 13000D+) est parti depuis déjà 7h du mat’. Il n’y a pas de stress, une majorité d’Espagnol compose le peloton ; la course est le théâtre du championnat espagnol de Skyrunning. Derrière moi une ombre se jette sur moi, Fabio et Irène sont venus me saluer, c’est une grande joie de les voir à 5’ du départ. Le feu d’artifice annonce un départ imminent. C’est parti, les chevaux sont lancés !!!
Les 1ers kms sont comme à chaque fois une délivrance, je me cale en milieu de peloton mais petit à petit sans le vouloir, je double. Les 6 premiers kms sont roulants jusqu’à Ortz, la foule nous porte : Venga, venga !!!
Le 1er sommet est le pic Clot del Caval, il y a 1200m de D+ ; cette année je n’ai pas fait plus de 600m d’un coup, autant dire que la plus grande prudence s’impose… Mais ça passe bien, les bâtons me sont d’une grande utilité, dire qu’un temps j’ai hésité à les prendre. Il fait froid, un vent insidieux balaie les sommets. On enchaîne avec le Comapedrosa, celui-là je m’en méfie, et j’ai bien raison des pourcentages insensés et des passages techniques ; la descente derrière est sans répits mes pieds suivent les Hoka, j’ai l’impression de ne rien contrôler. Heureusement, ma petzl est efficace et la pleine lune nous accompagne.
Le jour commence à pointer quand nous entamons la descente du Bony della Pica et ses 1200m de D-, le début est super technique avec des passages avec chaînes, il y a souvent du gaz : j’adore !!! Beaucoup de bénévoles encadrent les endroits stratégiques avec toujours un petit mot sympa. Dès que ça devient plus roulant, je me lâche tout en gardant suffisamment de retenu pour ne pas cramer les quadriceps. En mémoire, une descente sur Courmayeur qui m’avait séché.
Arrivée à La Margineda déjà 3900m D+, il est 7h00 du mat’. Isa est déjà là, je récupère mon sac d’affaire de rechange et me change de la tête au pied. Mon compagnon de descente est désemparé, il ne trouve pas son sac.
Après 30’ d’arrêt et une bonne assiette de pates, je repars la musique dans les oreilles et le moral à bloc, il le faut car 1500m de D+ jusqu’au col Bou mort.
L’ascension est régulière, je suis dans mon rythme jusqu’au sommet, on aperçoit la margineda et la fin de la descente de la pica. Le col suivant celui de la maianna, n’est pas bien dur, nous descendons vers la vallée d’Ila classé au patrimoine de l’humanité.
Après l’euphorie comme souvent en ultra, je connais mon 1er coup de moins bien l’altitude me pèse, je trouve la distance jusqu’au refuge d’Ila interminable ; et dès 2400m mon pouls s’accélère inexplicablement. Le dossard 1322 est en mode survie ; le colada Pessors et ses 2800m est un supplice.
Malgré tout, je reprends des couleurs dans la descente et retrouve Isa à la 2ème base vie à Bordes di Envalira (76ème Km). Je sais que mon classement c’est bien amélioré mais il faut que je prenne le temps pour refaire les niveaux : biscuit salé, soupe de vermicelle, fromage, pastèque, melon : tout y passe. Après 30’ de pause, j’ai encore 25’ d’avance sur mes prévisions de 28h00 mais je sais que le plus dur est à venir. Autour de moi, ça abandonne à tout va ; du genoux, de la cheville, et du moral dans les chaussettes…
Il reste 3 cols à franchir au-dessus de 2600m, le syndrome de l’altitude se confirme, c’est pénible de ne pas pouvoir suivre mes compagnons alors que la Pas de la Vasques semble si proche. La descente me permet de récupérer et l’arrivée au Val d’Inclès est une belle satisfaction. Hors ravitaillement, j’ai du mal à m’alimenter ; l’eau passe difficilement mais la soupe est toujours la bienvenue. Maintenant, je reste presque 45’ et quand je repars il fait froid la nuit ne va pas tarder à tomber.
Direction La Cresta Cabana Sorda, il y a 800m de D+, je m’arque boute sur mes bâtons et donne l’énergie qui me reste pour cette avant dernière montée. Cette fois-ci des nausées commence à me monter, il ne reste pas grand chose, je résiste jusqu’au refuge du Coma de Jan.
Vu ma tête, les bénévoles vont chercher le médecin qui vérifie mes constantes : tension, glycémie et hydradation : tout est OK… c’est l’altitude ; une piqure dans les fesses et je repars 45’ plus tard. Il fait nuit noire et la pluie commence à tomber ; il faut avoir le moral. Le collada Meners n’est pas direct, 4 km d’échauffement sont nécessaire avant d’arrivée à son pied. La pluie s’est intensifiée et la visibilité mauvaise, je donne ce qu’il me reste. Un couple me double, j’apprends que madame est 3ème féminine, je tente de m’accrocher mes forces sont insuffisantes. Peu avant le col, des bénévoles assurent la sécurité, c’est la tempête et je les trouve bien courageux. Au basculement, je suis bien entamé mais soulagé. La descente est interminable jusqu’à Sorteny mais je rattrape le couple de tout à l’heure.
Un dernier coca pour la route et je repars pour les 13 derniers kms. C’était interminable mais l’arrivée approchant le moral remonte. Je retrouve Isa au détour d’un sentier, retour à la civilisation, je fais les derniers kms avec Fabio.
51ème /325 et plus de 50% d’abandon, les chiffres parlent d’eux-mêmes… pour sûr une excellente préparation au GRR.
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