L'auteur : Youlito
La course : 80 km du Mont-Blanc
Date : 27/6/2014
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 3942 vues
Distance : 88km
Matos : Haut : Laki seamless + tshirt + veste ronhill et gants + bonnet/casquette
Bas : s-lab salomon et booster
Chaussures : trabuco GTX
Objectif : Terminer
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Huit mois après m'y être inscrit, j'ai couru ce trail dont c'était cette année la deuxième édition. L'année dernière le tracé avait été modifié pour raisons climatiques, cette année on a eu droit au vrai parcours. Et c'était costaud.
Arrivé à Chamonix le Mercredi 25 juin en fin de matinée, j'ai récupéré les clés de l'appart loué sur place au pied de l'Aiguille du Midi. Les sensations sont plutôt bonnes et le paysage est fabuleux mais je commence un peu à flipper quand je m'aperçois que l'appartement donne pile poil sur la fin de la dernière descente du parcours, soit les 1200 derniers mètres de dénivelé négatif à avaler d'une traite. Ça va piquer. 8 mois que j’attends cette course donc, que je rêvasse sur son profil chaque jour, que je salive le parcours, je suis impatient.
La journée de Jeudi me verra tourner en rond comme un lion en cage en attendant d'en découdre le lendemain. J'ai hâte que ça commence. Je fais une petite sortie de 30 minutes à travers la ville pour me décrasser du voyage de la veille et respirer un peu l'air alpin, tout se passe bien et le cardio ne monte pas trop, ce qui me rassure un peu car j'ai peur de manquer de rythme après une fin de prépa coupée un peu tôt à cause d’une petite blessure à la cheville droite 3 semaines plus tôt en Lozère. J’ai donc un peu d’appréhension car le parcours est présenté comme hyper dur et ma cheville n’est pas rétablie à 100%. Je vais devoir faire très attention. Le retrait du dossard et le contrôle des sacs de course se font tranquillement et je migre ensuite vers la Place du Triangle de l'Amitié, pour la présentation des élites qui prendront le départ ici-même demain matin. Ils sont tous là, François D'Haene, Xavier Thevenard, Ana Frost, Emelie Forsberg, un énorme plateau avec lequel j'ai la chance de faire quelques photos souvenirs. À cemoment là je me dis que quoi qu'il arrive le lendemain je n'aurai pas fait le voyage en Haute-Savoie pour rien.
Retour à l'appart vers 19h15, préparation du ptit dej pour demain matin, plat de pâtes englouti puis direction la couette à 21h00. Je ne trouve le sommeil qu'1h30 plus tard, évidemment. Réveil du lendemain programmé à 2h30 histoire de me préparer tranquillement. J'aurai les yeux grands ouverts 30 minutes avant, évidemment.
Je me lève, donc, et commence à me préparer doucement, je déjeune et file prendre une douche afin de me réveiller un peu puis m’habille pour partir à l’attaque. Un dernier petit coup de fil à la maman qui décroche en un éclaire et un dernier texto à ma chère et tendre que j'ai laissée à la maison avec notre petit bébé de 6 mois. Ca y est on y est. Arrivé sur l'aire de départ je me demande si je n'ai pas été trop gourmand en matière de couches vestimentaires. J'ai un laki seamless (sous couche technique) et t-shirt, veste, gants, bonnet. En bas je suis en short + manchons pour mollets. Je vois presque tout le monde en tenue plus légère que moi mais je décide de rester comme ça car le Brévent est à 2500m d'altitude et je doute de pouvoir m'y sentir bien si je suis trop dévêtu.
Le speaker annonce 3 minutes avant le départ de la course, je sens l'adrénaline monter mais bizarrement je n'ai aucune pression alors que j'en avais pas mal la veille. Je me sens serein et apaisé, comme si c'était annonciateur de la journée à venir... Je me mets dans le sas de départ, vers l'arrière, pas trop non plus car je n'ai pas envie de partir en dernier. Mais suffisamment pour être à un rythme tranquille car il ne faut pas oublier que je suis là avant tout pour terminer et que ma fin de préparation n'a pas été optimale.
Le départ est donné c'est parti !!
Je reste calé à un rythme tout doux, car ça commence à monter direct. Je suis étonné d'entendre autours de moi des coureurs au souffle déjà un peu court alors que nous n'avons pas atteint le 1er km de course. On arrive sur les premiers sentiers, pas de difficultés particulières, je me martèle ce que David me disait à savoir qu'il faut rester frais physiquement pour essayer de faire la dernière montée du parcours aussi facilement que la première. À environ 2km on a la possibilité de courir sur un peu de plat, juste avant de se retrouver un peu bloqué en avançant de 100m en 6-7 minutes, en mode péage de Saint-Arnoult. Des coureurs ayant participé à la première édition l'année passée discutent et rassurent les troupes quand ils disent que c'était pareil l'an dernier à cet endroit.
La montée vers le Brévent se passe bien, même très bien. L'idée est de monter en aisance respiratoire pour pouvoir relancer facilement sur le plat et en descente. Je gère donc mon effort, et j'ai le sentiment de le faire plutôt bien et commence même à me dire que la journée peut bien se passer. Mais je reste vigilant, sans m'enflammer, hors de question, c'est le meilleur moyen de me faire "zlataner" par la Montagne si elle sent une once d'orgueil m'envahir. Je sais qu'elle se fera un plaisir de me mettre un bon tacle les deux pieds décollés du sol si elle me voit filer trop vite vers le but, en l’occurrence ici la ligne d’arrivée. Toujours est-il qu'à ce stade précoce de la course je suis dans un meilleur état que ce que j'avais prévu.
J'ai les yeux rivés au sol pour épargner tout traumas à ma cheville. Les racines dangereuses et les pierres un peu suspectes sont vues et évitées. Les névés font leur apparition à environ 5km de course et l'ascension continue. Les premiers rayons de soleil pointent sur un Mont-Blanc parfaitement dégagé, ça donne envie de chialer tellement c'est beau. C'est pour ça que j'ai fait tout ce chemin depuis des mois, pour en prendre plein la figure, je suis servi. Des coureurs s'arrêtent pour prendre des photos, je décide de ne pas faire de même pour ne pas trop me freiner dans ma bonne lancée. 6h44, ça y est le Brévent est passé. Avec succès et sans encombre ! Je suis 942ème et mon choix vestimentaire a été le bon.
La descente vers le ravitaillement de Planpraz au s'engage sur un chemin très caillouteux et enneigé par endroit mais plutôt large, la visibilité est bonne donc je peux aller à un bon petit rythme, toujours vigilant pour ma cheville, les genoux légèrement fléchis pour être bien stable. D'ordinaire je suis un grimpeur moyen mais, sans vantardise, je ne suis pas trop mauvais en descente. J'aime bien envoyer là où beaucoup sont en retenue et j'ai une bonne lecture du terrain donc en général j'anticipe bien ses aspérités ce qui me permet de prendre de bons appuis. Mais je suis plus habitué aux trails plus courts et aujourd'hui ce sera différent pour deux raisons, la course sera très longue et j'ai une cheville à 75% de ses capacités qui m'a empêché de terminer ma prépa. Je vais donc essayer de changer de stratégie par rapport à d'habitude en me retenant vraiment en descente pour garder du jus et faire de belles montées régulières et sans à-coups.
Le premier ravito arrive, je remplis mes flasques et chope 2-3 morceaux de chocolats, enlève ma veste et ne m'attarde pas. J'atteins ensuite la Flégère en étant bien frais et en ayant gagné une soixantaine de places. Je recharge en eau et continue.
On est au 17km. La montée vers la têteaux vents est agréable, on court sur de magnifiques balcons exposés au sud avec une vue complètement surréaliste sur le massif du Mont-blanc. Le glacier des Bossons est majestueux. L'Aiguille du Midi est magnifique. C'est incroyablement plus beau que ce que j'aurais pu imaginer. J'étame la descente vers Le Buet, elle est très technique avec beaucoup de ressauts rocheux parfois dangereux. J'ai une pensée pour Alexis, Free Runner engagé sur la CCC fin août prochain, quand j'entends un habitué des lieux expliquer que l'on descend actuellement une pente que les coureurs engagés sur la CCC prendront, eux, dans le sens inverse, après 80km dans les pattes. Il faudra être costaud.
Une fois la descente terminée une portion de route se présente, elle est bienvenue car permet de décrasser un peu les muscles et délier les articulations. Il ne reste que quelques centaines de mètres de plat avant le ravito du Buet où j'arrive après 5h55 de course et 2000m de D+ dans les jambes sans fatigue, j’en suis agréablement surpris. Je refais le plein d'eau et mange encore 2-3 morceaux de chocolat et un morceau de banane. Pas besoin de plus car pour l'instant je n'en ressens pas le besoin. Je ne m'attarde pas mais ne me précipite pas non plus. Je repars du Buet en 771ème position soit 122 places de gagnées depuis La Flégère (en comptant les coureurs doublés mais également par rapport à ceux ayant abandonné).
C'est maintenant que les choses sérieuses vont commencer, je sais que je débute un deuxième trail (j'ai visualisé ma course comme si elle se répartissait en 4 trails différents : chaque ascension+descente = un trail). 1400m de D+ d'une seule traite m'attendent pour atteindre les points culminants du parcours, le Col des Corbeaux à 2602m d'altitude puis le Col de la Terrasse à 2643m. C'est vraiment maintenant que je vais voir ce que j'ai dans le ventre. Le début de la montée est un bonheur, on est le long d'un cours d'eau dont la fraîcheur se fait bien sentir, dans une forêt de pins dont les aiguilles mortes recouvrent le sol et forment un tapis légèrement souple et fort appréciable après la rudesse de la descente vers le Buet. Je double un petit groupe de coureur, sans me précipiter, en allant à un rythme constant, sans me mettre en difficulté. J'arrive sur une partie bien exposée, le soleil commence à taper sévèrement et je scrute scrupuleusement ma montre pour bien boire toutes les 15minutes et vérifier mon allure pour m’assurer d’être sous les barrières horaires. Je continue de prendre un gel par heure et de manger une poignée d'amendes régulièrement. Le premier tiers de la montée est passé, les paysages sont toujours aussi magnifiques, les sensations toujours aussi bonnes. Arrive alors une partie très rocheuse plutôt difficile, la végétation se fait plus rare, l'environnement est plutôt hostile avec des nappes de sédiments désertiques. On est au Vallon de Tré les eaux à environ 1900m d'altitude. Des névés assez imposants commencent à se pointer, ils sont beaux, massifs et dessinent de jolies forment graphiques. À cet instant je ne réalise pas encore qu'ils vont me faire vivre un véritable enfer dans quelques kilomètres...
La montée commence à être longue mais je profite des très rares endroits plats pour courir et dégourdir les jambes. Arrive alors ce qui restera, pour moi,comme la partie la plus déjantée du parcours. Les 400 derniers mètres d'ascension se font en ligne droite et dans la neige, en plein soleil, on est sur une pente à 17-18% et la réverbération est violente. Il fait très chaud et les coureurs sont de plus en plus nombreux à s'arrêter pour souffler et récupérer. J'en vois certains amorphes allongés sur le côté, c'est assez inquiétant. De mon côté je me refuse cette alternative pour deux raisons simples : je ne suis pas dans le rouge au point de devoir m'arrêter et je ne veux pas me freiner dans le rythme régulier que j'ai trouvé malgré la difficulté assez importante du passage. J'arrive enfin au Col des Corbeaux et me fait badger par un bénévole, sur le coup je ne le sais pas car je ne veux pas le demander mais j'ai fais l'ascension en 2h56 et j'ai gagné 159 places depuis Le Buet.
La montée vers le Col de la Terrasse se poursuit dans la neige puis s'engage alors la descente vers le Passet et le Lac d'Emosson, sur la partie Suisse du parcours. Je n'y avais pas pensé, mais si neige il y a eu en montant, neige il y aura forcément en descendant. Et là les galères commencent : une première chute me fait faire une demie vrille et je me retrouve le derrière dans la neige bien fraîche. Pas trop de dégât mais j'ai intérêt à faire attention car chaque pas non maitrisé peut littéralement m'envoyer dans le décors et me faire perdre tous mes espoirs de passer la ligne d'arrivée. Une deuxième gamelle me fait passer à deux doigts du cassage de bâtons. S'en suivront 3 autres chutes qui commencent sérieusement à me lasser et m'énerver. Mais aucun nom d'oiseau ne fuse, je m’efforce de rester concentré et de garder mon calme. Les appuis sont tellement mauvais que je me laisse par moment glisser en chasse neige, les pointes de pieds rentrées vers l'intérieur. Avec mes bâtons j’ai l’air d’un Jean-Claude Dusse les skis en moins. Autant dire que si je cherche le meilleur moyen de m'exploser la cheville, je l'ai trouvé ! Je laisse rapidement tomber cette solution et repense à cette vidéo de JR, (un Free Runner, encore un !) prise lors d'un entraînement sur les névés et postée sur Internet il y a peu. Ma décision est prise, je vais m'en inspirer : je m'assois, prends mes bâtons dans une seule main, et me laisse glisser sur quelques centaines de mètres, comme commencent à le faire également d'autres coureurs devant moi. C'est génial, non seulement je vais plus vite, mais j'évite aussi tout risque de blessure car la descente est beaucoup moins traumatisante comme ça. Et cerise sur le gâteau : c'est hyper marrant ! Je suis comme un gosse sur un toboggan géant au milieu des Alpes, c'est un truc de dingo. Une fois les névés terminés, retour aux choses sérieuses avec la descente vers le Col du Passet qui continue sur un parcours pierreux, technique, traversé par de nombreux cours d'eau et encore enneigé par endroits.
J'ai super froid aux mains puisque je me suis réceptionné dessus lors de mes chutes. Mais je préfère attendre qu'elles se réchauffent toutes seules et décide de ne pas mettre mes gants car c'est le meilleur moyen de les mouiller. Ils ne sècheront pas lorsque je les remettrai dans mon sac et j'en aurai besoin ce soir à la nuit tombée. Idée payante puisque 10 minutes plus tard tout ceci n'est déjà qu'un mauvais souvenir. La descente dans la neige m'a un peu éprouvé mentalement et m'a saoulé. J'ai de la neige plein les godasses et des cailloux s'y sont invités, les sensations sont inconfortables, je n'aime pas ça. L'arrivée au Col du Passet est proche donc je serre un peu les dents. J'y parviens à 14h06 après un peu plus de 10h00 de course et une fin de descente un plus roulante qui m’a permis de retrouver une bonne foulée.
Je remplis mes flasques, mange un peu d'amandes et repars. On a environ 300m de D+ à avaler sur des sections assez costaudes voire dangereuses où l’escalade est parfois nécessaire, je passerai d’ailleurs un moment donné à deux doigts de la méga catastrophe en m’accrochant avec vigueur à une main courante de sécurité installée là certainement pas par hasard. Si je ne l’avais pas soudainement attrapée je me serais fracassé 6 ou 7 mètres plus bas. Bref, ces réjouissances se poursuivent avant d'entamer la descente vers Vallorcine qui fera environ 1000m de D-.
Elle est plutôt agréable et jolie cette descente. Les panoramas sont toujours autant à couper le souffle. Mais elle est plus longue que ce que j'imaginais. La portion Passet-Vallorcine me prendra pas moins de 2h05 alors que je pensais pouvoir la faire en 1h30-40. J'arrive finalement à Vallorcine à 16h10, après 12h10 de course et je me pose tranquillement pour manger du salé en décidant cette fois-ci de prendre une bonne pause d'au moins 20 minutes. Je crève la dalle, je mange des gels depuis le matin qui, certes, me permettent d'être en forme et de ne ressentir aucune fatigue musculaire mais là j'ai une petite fringale. Je prends une soupe, du pain, des tucs, du saucisson. Ah ouais il passe bien celui-là !! Du coup j'en reprends une fois, puis deux, puis trois. Une fois rassasié j'étudie le profil de la course et me prépare à attaquer la deuxième partie. On est censé être au 47ème km alors que ma montre m'en indique 50... Ya un problème quelque part. Je sonde un peu les autres coureurs autour de moi, pas un seul n'a un son de cloche différent : tous ont un GPS indiquant au moins 3 km de plus. Incroyable !
Peu importe, je suis bien conditionné et préparé dans la tête, je n'ai pas peur de repartir car je suis frais et ma cheville tient. Je sais désormais qu'il me faut gérer, continuer de faire attention sur mes appuis et je pourrai aller au bout. Je lis les textos de mes amis reçus sur mon vieux portable de fortune récupéré au fond d'un tiroir pour l'occasion car je sais qu'il est à l'épreuve des balles. Ça me donne de la force, et ce même si tout le monde est loin, car je sais que je suis suivi à distance, et avec assiduité. Je n'ai pas le temps de lire tous les messages, il faut que je reparte. Je prends quand même le temps d'envoyer des nouvelles à Charlotte. Je repars de Vallorcine à 16h34 après une bonne pause, je suis alors en 556ème place et j'ai gagné 45 places depuis le Passet.
L'hécatombe semble toujours aussi lourde à chaque ravito avec de plus en plus de coureurs cassés de partout et qui jettent l'éponge. En ce qui me concerne je suis bien, tout fonctionne à merveille, je comprends alors que ma stratégie de course est la bonne et que j'irai au bout, j'en suis désormais certain, mais toujours en restant prudent et sans m’enflammer. J'entame la montée vers les Posettes sur un rythme régulier, je double un coureur, puis deux, puis un groupe de quatre et ça continue. Je ne comprends pas ce qui m'arrive, je suis en feu ! Mon incompréhension est d'autant plus forte que j'avance à mon rythme,sans forcer, sans me mettre en difficulté, et je reprends plusieurs coureurs avançant plus doucement, c'est jouissif. Non pas le fait de doubler, mais de me sentir facile.
La montée continue, je double encore. Un coureur me regarde lui passer devant, l'air dégouté, me dit que j'ai mis les gaz, ce à quoi je réponds spontanément et un peu naïvement que j'y vais à un rythme normal car il faut garder des réserves, sur quoi il me réplique que les siennes sont presque vides. Un autre, prénommé Mathieu, me demande comment ça va lorsque j'arrive à ça hauteur, on discute un peu. Il me dit qu'il n'a plus trop de goût à continuer, je lui dis qu'il faut persévérer car on a, pour alors, déjà fait le plus dur en terme de D+ mais je n'ose pas en dire trop car je sais que ça peut se retourner contre moi par la suite. Me vouloir trop rassurant envers lui pourrait donner l'impression à la Montagne que je pars la fleur au fusil pour terminer et le tacle assassin ne se retrouverait alors pas loin. J'arrive au Col des Posettes en ayant gagné 52 places.
La montée s'enchaîne en direction de l'Aiguillette des Posettes, je la ferai presque seul. Cette montée restera comme un moment très intense dans ma course, une plénitude où je me suis senti en phase complète avec les éléments et l'environnement qui m'entourait. Le vent est frais et par moment un peu fort, mais il me fait du bien et ne pas m'être trop dévêtu jusqu'à présent est un bon choix. J’entends par moment le bruit de l’eau salvatrice au loin, je m’imagine me jeter dedans, quel bonheur ce serait. Le soleil commence tout doucement à descendre mais je me suis déjà préparé à l'idée de finir de nuit donc je n'ai absolument aucun problème avec ça et de toutes façon il me reste encore 4 bonnes heures avant la nuit noire.
La descente vers Argentières débute avec un tracé technique qui comporte tous les éléments pour user le corps et l'esprit à ce stade de la course. On arrive ensuite dans un sous-bois hyper agréable qui me rappelle mes sessions d'entraînement en moyenne montagne au Puy de Dôme. Un nouveau coureur me dit que ses batteries sont à plat. Je l'encourage et poursuit ma route tout en restant vigilant sur les appuis. J'ai désormais passé avec succès 3 des 4 grosses ascensions du parcours en ayant une économie de course assez bonne, j'ai confiance en mes capacités, je me sens heureux d'être là à un point tel que ça me donne envie de pousser la chansonnette. J'arrive à Argentière et bois une soupe. On est censé être au 60ème Km et ma montre en indique 65,5. Mes doutes sur la réelle longueur du parcours sont à leur paroxysme lorsqu'une bénévole m'annonce qu'il reste 19km de course. Je n'y crois pas trop. Je repars après 15h34 de course et j'entame ma route vers le ravitaillement du Bois situé 6km plus loin. Il est 19h35 et je suis en 454ème position.
Tout se passe bien, je double tranquillement en montée comme vers les Posettes et j'ai du jus pour relancer sur le plat et en descente sans encombre. Je meurs d'envie d'envoyer lorsque je me retrouve sur de larges chemins ne présentant aucun risque mais je me retiens. Ma montre vient de me lâcher, plus de batterie après 15h41 de course. Heureusement j'en ai une autre au poignet droit qui tiendra.
Je n'en reviens pas d'être encore aussi frais physiquement après 70 bornes, à vue de nez sur la descente je dirais que je suis à 12-13km/h, un rythme tranquille, alors que je me sens en mesure d'aller plus vite. Arrivé au Bois en 1h, j'ai gagné 16 places.
Je m'assoie tranquillement et le fait de me dire qu'il me reste environ 4h30 voire 5h de course ne m'émeut ou ne m'effraie pas un seul instant. Je mange, chaud et salé. Ça me fait du bien alors je ne me prive pas et je me ressers. Il est temps de ranger casquette et lunettes de soleil qui trônent sur mon crâne dégarni depuis un moment déjà. Place à la frontale que je n'allumerai certes pas de suite mais autant s'en munir dès à présent comme ça c'est fait. Je sors ma veste et mon bonnet et m'affuble du tout. Je remplis mes flasques et repars bon pied bon œil à l'assaut du Col du Montenvers. Mer de Glace me voilà ! Mon défi personnel sera de l'atteindre avant que la pénombre ne soit trop prononcée. C'est une des attractions du parcours pour lesquelles je suis venu. La montée débute bien mais j'ai rapidement chaud. J'enlève mon bonnet et garde ma frontale. 5 minutes plus tard je décide d'enlever ma veste car si ça continue de la vapeur va sortir de mon col. Mais pas question de m'arrêter, je l'enlève en marchant. Je commence également à réfléchir à ma fin de course : physiquement je suis bien, je peux donc essayer me fixer comme défi de gagner quelques places au général (idée qui m'aurait semblée grotesque en début de journée). Je décide donc que je ne m'attarderai pas lors des deux prochains ravitos au Col du Montenvers et au Refuge du Plan de l'Aiguille.
Durant l'ascension je me fais reprendre par un coureur qui me semble très à l'aise. En 5 minutes il me met environ 200m dans la vue et bientôt je ne le vois plus mais je le rattrape à un point de ravitaillement improvisé par une commerçante locale qui offre du thé, sympa ! On est alors à mi-chemin du Montenvers, la Mer de Glace n'est pas loin mais la nuit est déjà là. Les frontales s'allument, impossible de faire sans désormais. Je reprends l'ascension avec 3 autres coureurs dont celui qui m'a doublé avec énergie quelques instants plus tôt. Il est juste derrière moi, les 2 autres juste devant moi. On est un bon petit groupe, en file indienne, avançant régulièrement, je n'ai aucune intention de doubler car le rythme me convient et il me régule. La montée est cassante, de gros blocs de pierres nous obligent à faire de grandes enjambées assez éprouvantes pour les cuisses mais je tiens le coup sans trop de problème. Le coureur juste devant moi, alors en 2ème position, commence à ralentir, je passe devant lui lors d'une section un peu plate et me retrouve devant avec le 1er du groupe. On commence à lâcher les 2 autres puis 5 minutes plus tard je commence à sentir que celui devant moi faiblit un peu aussi. Je passe devant et je les dépose tous, ça monte encore, je ne suis plusqu'à quelques dizaines de mètres du Col du Montenvers, je me retourne et aperçois la Mer dans la pénombre sur ma droite. Malheureusement je n'en vois pas les détails mais devine bien ses formes élancées. Rien que comme ça je la trouve déjà magnifique. J'arrive au col, on se retrouve sur du bitume, je cours pour décrasser mes jambes et arrive au ravitaillement liquide où un bénévole me badge, j'ai gagné 27 places depuis le ravito du Bois.
Les coureurs avec qui je viens de faire l'ascension arrivent à leur tour, dont celui qui m'avait doublé avant la rasade de thé. Il s'assoit en me regardant, plusieurs fois, pendant que je remplis mes flasques et m'accroupis un peu pour m'étirer les quadri. En temps normal rien que l'idée de faire ce geste m'aurait déjà donné des crampes mais là toujours rien, quel bonheur ! Le coureur semble épuisé, de mon coté je trouve sans problème la motivation de repartir assez tôt après être arrivé au ravito, comme si je n'avais qu'une vingtaine de km dans les jambes. Je n’en reviens toujours pas.
On nous annonce qu'il ne reste que 300m de D+ à avaler et je suis heureux, non pas parce que c'est bientôt la fin, mais d'en être déjà arrivé là. Je pars donc vers le Refuge du Plan de l'Aiguille, dernier passage en altitude avant la descente finale vers Cham, en espérant qu'il n'y aura pas trop de neige. Je double encore, sans me forcer et me retrouve complètement seul au milieu de la nuit noire, il est 22h45. Les balises réfléchissantes sont espacées mais facilement repérables grâce à ma frontale. Je suis seul, au milieu de nul part, j'ai sorti mes gants et mon bonnet, je n'ai pas froid et je suis en forme, j'avale les mètres d'ascension les uns après les autres en étant confiant, heureux d'être là car je réussi à me confronter au défi physique que m'impose la Montagne et ses pentes abruptes. C'est pour ça que je suis venu, pour chercher mes limites, m'y confronter, les repousser, pour me prouver ce dont je suis capable. Je suis alors dans un moment d'introspection totale où plus rien ne peut m'atteindre, je respire l'air pur et vivifiant à pleins poumons dans la nuit noire, je me sens robuste et ne me suis jamais senti aussi vivant qu'à cet instant précis de la course. Je repense à cet article d'Etienne Klein, centralien, physicien et philosophe des sciences plusieurs fois finisher de la CCC et la TDS (avec un bagage costaud donc) lu quelques semaines plus tôt où il expliquait le lien entre l'âme et le corps. Selon lui en début de course l'âme et le corps sont indissociables et forment un tout, on est alors Spinoziste. Jusqu'au moment où la fatigue arrive et l'on devient Cartésien : l'esprit se détache et s'adresse au corps en lui ordonnant de ne rien lâcher. C'est une forme de dédoublement que je vis à ce moment même de la course où j'impose à mon corps de continuer et ce dernier s'exécute sans difficulté, avec une plénitude totale, je vis un moment de bonheur pur et inouï. Je suis là, en train de pousser mon corps au maximum de ses capacités et une fois la course terminée tout sera remis à zéro. Avoir fait cette course et l'avoir terminée sera une façon d'épurer mon organisme et mon esprit de tout ce qui est susceptible de les entraver au quotidien, et demain matin débutera une autre vie vers la prochaine course. Et ainsi de suite. C'est comme une renaissance à chaque foisen fait.
Cette montée vers le Plan de l'Aiguille sera très chargée émotionnellement et intense en matière de pensées, je jubile et je boue de l'intérieur, j'ai envie de crier ma joie d'être là. J'arrive sur un groupe de coureur que je passe sans encombre, plus rien ne peut m'arrêter. J'arrive au refuge à 23h43, je suis en course depuis 19h41. J'ai gagné 21 places depuis le Col du Montenvers et désormais il n'y a plus que de la descente.
Je recharge mes flasques en me laissant tenter par un mix fantaisiste 50% boisson Isostar 50% eau, moi qui d'ordinaire ne jure que par l'eau clair pendant mes courses. Je bois une soupe et discute avec une bénévole qui nous annonce 1h de descente vers l'arrivée. Je la salue, j'ai envie de lui faire la bise tellement je suis déjà heureux d'en être arrivée là, et je repars. J'entame la descente, souvent présentée comme étant l'une des plus délicates du parcours. Je me suis donc préparé à ça dans ma tête. 1200m de dénivelé négatif à se mettre sous la dent pour terminer, histoire de bien ruiner les articulations si elles ne sont pas encore déjà suffisamment déglinguées. C’est alors que je commence à voir Chamonix, j'aperçois ses lumières. Le Brévent est en face de moi, de l’autre côté de la vallée, j’étais là bas ce matin-même. Le spectacle est beau et je me dis qu'il ne me reste plus qu'à gérer, le plus dur est derrière moi. Je décide de descendre en marchant, qu'importe si ça me prend 2h. Je sais que ma cheville peut encore se dérober à tout moment, alors aucun risque. Je viens de m'engloutir 80km sans grosse galère, ce serait complètement idiot de me faire mal maintenant. Je descends, doucement. Sûrement. Je marche. Les quelques faux-plats me donnent envie d'envoyer mais je retiens tout car je sens la fatigue monter, non pas musculaire mais générale. Il est 00h15, je suis éveillé depuis un peu plus de 22h et j'ai l'impression que je commence à avoir sommeil, je cligne des yeux de plus en plus souvent. Mes doutes se confirment lorsque je bute à une, puis deux reprises sur des caillasses ne présentant pas de risque particulier : je commence à manquer de lucidité. Raison de plus pour y aller tout doux. Je me fais reprendre par 3 ou 4 concurrents doublés avec facilité dans la monté vers le Plan de l'Aiguille : peu importe, ça n’a plus aucune importance pour moi. La forêt est dense et l'air est frais. Je continue de checker ma montre pour boire toutes les 15min. Cette idée de mélange 50% Isostar 50% flotte était débile et chaque gorgée se charge bien de me le rappeler. Mais je m'en fiche fais avec.
Mes pensées commencent à se projeter. Je pense à ma fille, elle a 6 mois. On est samedi il est 00h45 et je réalise à cet instant que je ne la reverrai que dimanche soir et ça me semble impossible de pouvoir tenir jusque là. Je repense à toutes ces sessions d'entrainement en semaine à 5h15 du matin pour être revenu à 6h30 au plus tard, avant qu'elle ne se réveille. Je repense à ces alarmes mises à 3h45 le dimanche matin pour partir à 4h30 en direction du Puy de Dôme pour y manger de la montée-descente pendant plusieurs heures. Ah le sentier des Muletiers je le connais par cœur ça c'est sûr ! Mais c'est grâce à lui que je suis parvenu à faire tout ceci car l'arpenter pendant des heures non-stop en enchainant de suite en fin de montée et de suite en fin de descente m’a habitué au pattern gestuel et à la fatigue spécifique. C'est aussi ça qui forge le mental et fait que je ne me suis pas ennuyé un seul instant sur les 20 heures qui viennent de s'écouler.
La descente continue, je pense à ma famille et mes amis qui m'ont suivi et soutenu toute la journée. Le paradoxe c'est qu’à cet instant précis je suis complètement seul au milieu de la forêt, en montagne mais je ne me suis jamais autant senti soutenu et entouré.
Blind Willie me revient à l'esprit, il ne m'a pas lâché de toute la course. On me demande parfois ça à quoi je pense pendant mes sorties, si je ne m'ennuie pas. Je suis incapable de répondre à cette question, car mes pensées ne sont pas très précises et mon esprit se laisse volontiers porter à droite à gauche au gré de ce qui l'inspire. C'est assez flou, je vis l'instant présent et me contente de profiter de la nature qui m'entoure. Je n'écoute que très rarement de la musique mais j'ai toujours un ou deux airs qui me restent dans la tête et qui tournent successivement en boucle. Depuis ce matin c'est Let Your Light Shine On Me de Blind Willie Johnson (les amateurs de blues apprécieront) que j'ai dans la tête. Je la chante souvent à ma fille. Blind Willie Johnson, très pieux, n'était pas un bluesman techniquement parlant et ses chansons étaient très empreintes de références multiples à la religion. Je ne suis pas croyant moi-même mais sa voix me fascine, je suis un grand fan de son répertoire.
La descente se poursuit et j'entends de plus en plus les gens crier au loin. Je rattrape un coureur dont la cheville vient de tourner. Il souffre mais il peut encore marcher. Je sais ce qu'il ressent... Il ne reste que 2,5km, j'en ferai un peu plus de la moitié avec lui. On discute un peu, on refait la course, il m'explique les passages qui lui ont semblé être les plus difficiles. Je continue ma route et arrive progressivement au téléphérique de l'Aiguille du Midi. J'avais repéré cet endroit de la course comme étant pile en face de l'appartement dans lequel j'ai élu domicile depuis maintenant 2 jours. Je sais donc que la fin être très, très proche. J'arrive sur le bitume et me mets à courir, les 1200m de dénivelé sont passés. Un groupe de personnes est là et m'applaudit, je suis très heureux, il me reste 800m à faire au sein de la ville. Je passe le pont et tourne à droite, encore 400m de ligne droite dans la rue piétonne ou je côtoie des jeunes sortant de pubs pour fumer une cigarette. Il me semble que certains n'ont pas bu que de l'eau mais cela ne les empêche pas de m'applaudir lorsque je passe à leur hauteur, cela me donne un grand sourire et je les applaudis en retour. Au fur et à mesure de l'avancée les gens sont un peu plus nombreux. Il n'y a certes pas foule car il est bientôt 1h30 du matin mais il y a quand même un peu de monde et ça fait chaud au cœur. J'arrive à la fin de la rue, plus qu'un virage à gauche et voilà que se profile la Place du Triangle de l'Amitié d'où je suis parti à l'opposé 21h25 plus tôt. Je suis serein, je me fais photographier, je passe la ligne d'arrivée.
Ça y est, je l'ai fait !!! JE SUIS FINISHER !!
Fier, heureux, content d'être là. Une bénévole me met la médaille autour du cou, me donne le polo de finisher que j’arborerai avec fierté le lendemain dans les rues de Chamonix, et me sert une bière. Je l’ai bien méritée celle-là ! Et qu’importe si c’est bon ou non pour l’organisme, je peux bien m’abandonner à ça. Je termine 394ème sur 1100 partants.
Je suis très content de la journée car j'ai géré ma course idéalement en étant notamment très scrupuleux sur mon rythme d'alimentation. J'ai pris beaucoup de plaisir. Mon économie de course sur plat et en descente m'a permis de limiter les coûts et j'en suis très content car je n'ai pas le souvenir d'avoir été trop essoufflé même en montée. J’ai fait en sorte de me situer le plus souvent vers les 60 % de FCR (Fréquence cardiaque de réserve) ce qui fait que je n’ai jamais été dans le rouge et que j'ai de la marge pour mes prochains objectifs. Mais mes bonnes sensations du jour ne sont pas dues qu'à cela. Je pense qu’une hygiène alimentaire bien carrée adoptée depuis quelques mois maintenant m'a assurément aidé aujourd'hui, notamment au niveau musculaire. Les entraînements à jeun réalisés tôt le matin pour une meilleure articulation avec ma vie de famille, sans dépasser 1h15 d'effort pour limiter les corps cétoniques, ont habitué mon corps à taper dans les lipides. Je pense que sur le long terme, couplé à une bonne alimentation, cela m'a permis d'avoir un bon système de fourniture énergétique durant la course aujourd'hui. Je suis donc satisfait car j’ai essayé d’appliquer beaucoup de précision dans mes entrainements sur ces 12 dernières semaines. Mon travail spécifique en côte et en nature m’a permis de développer ma VO2max, j'ai progressé à ce niveau.
J'ai vécu une journée de bonheur pur et simple avec une météo parfaite. C'est pour cela que j'étais venu. Mon plan de route a marché et ce qui me surprend agréablement c’est qu’il ait marché aussi bien. Je suis vraiment le premier interloqué du fait d’avoir terminé en en ayant encore sous le pied et sans être trop fatigué. Trop souvent j’ai pris le départ de courses sans plan de route, sans penser à gérer mes efforts, et cela m’a fait systématiquement défaut. C’est pour ça que mes participations à la SaintéLyon notamment furent à chaque fois du grand n’importe quoi. Mais on ne peut pas comparer la STL avec le 80km du Mont-Blanc. Toujours est-il que j’ai été gourmand en m’inscrivant sur cette course-ci, mais c’était avant tout pour me foutre une bonne paire de claques dans la gueule : tu veux jouer les gros bras, inscris-toi là-dessus et tu verras si tu feras encore le malin après. Mais finalement ça s’est hyper bien passé.
Après cette course je suis regonflé à bloc, j'ai davantage confiance en mes capacités sans pour autant bien entendu me dire que tout est gagné pour la suite ou que je deviendrai champion olympique ! Je suis simplement heureux car un peu plus conscient de mon potentiel et c’est pour ça que j’étais venu. Je me dis qu'en restant toujours humble face à la nature et la montagne, je parviendrai à pousser mon corps encore plus loin. Moi qui, il y a trois semaines en Lozère après ma blessure, doutais beaucoup et me disais que je n'étais peut-être pas fait pour ce sport.
Les paysages aujourd'hui m'en ont mis plein la vue. Je suis amoureux de tout cela. Ce 80km du Mont-Blanc a renforcé encore plus ma fascination déjà intense pour la Montagne. On ne peut pas jouer avec car ce sera toujours elle qui décidera de l'issue de l'aventure, mais on peut essayer de s'y familiariser avec respect et humilité, elle ne se prive alors pas de nous le rendre au centuple. C'est pour ça que je fais du trail, pour me pousser encore plus loin et pour tout ce que la nature a à offrir. J'en suis complètement fou. Je suis resté concentré du début à la fin aujourd’hui, et je pense qu’en étant mieux positionné dans le peloton de départ j’aurais pu viser une meilleure place au général car je passe tout de même le Brévent dans les 15 derniers % des partants et j’ai attendu dans des bouchons lors de plusieurs passages notamment lors de la montée vers le Col des Corbeaux, mais ce n’était pas du tout mon but. Ma plus grande satisfaction sera de savoir que j’ai pu terminer quand on sait que, malheureusement, 50% des partants ont abandonné. Cela donne une idée de la difficulté d’un parcours officiellement annoncé comme faisant 83,7 KM pour 6000m D+ mais qui en faisait en réalité au moins 88 pour au moins 6500m D+.
Maintenant que tout est terminé je peux penser à mes prochaines courses qui, j'espère m'en mettrons plein la vue. Au programme le XC de La Vallée au Québec en août puis le marathon d'Amsterdam en octobre pour un petit retour sur route. Mais pour l'heure je vais récupérer tranquillement en ouvrant une bonne bouteille de pinard de François D'Haene, arrivé deuxième de ce "88km du Mont-Blanc" :-)
4 commentaires
Commentaire de sapi74 posté le 06-07-2014 à 13:53:37
bravo pour ta course parfaitement gérer, j'ai eu l'impression de revivre la mienne l'année dernière.
quand ça ce passe comme cela c'est que du bonheur.
Commentaire de arnauddetroyes posté le 06-07-2014 à 14:46:55
Très belle gestion de course et grace à ton récit j avais l impréssion de vivre ta course! I like ;)
Commentaire de Marielle13 posté le 06-07-2014 à 23:12:29
tres belle description de course je m' y suis crue :-)... tres belle perf bravo :-)
Commentaire de ThomGarcia posté le 10-12-2014 à 12:35:41
Bravo pour cette perf et pour ce super récit!! Et tu as bien raison, le chemin des muletiers c'est le top pour s'entrainer!
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