L'auteur : J-F
La course : Grand Raid du Golfe du Morbihan - 177 km
Date : 27/6/2014
Lieu : Vannes (Morbihan)
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Distance : 177km
Matos : Cf le récit
Objectif : Terminer
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Voici mon retour sur l'Ultra Marin 2014, version grand raid, bonne lecture
Avant d’attaquer le grand raid lui-même, voici un petit état des lieux de la préparation : tout s’est très bien passé jusqu’à début Juin où je pense avoir choppé une tendinite du moyen fessier (d’après les symptômes car je n’ai pas consulté) suite à trop peu de jours de repos après une sortie (très) longue. Bien qu’ayant ensuite repris très progressivement, j’ai trainé cette douleur jusqu’à mi-juin où j’ai décidé d’arrêter complètement en espérant que cette tendinite disparaisse dans les 15 jours.
Et en effet elle n’est pas réapparue pendant le grand raid, mais je ne sais pas si cette coupure trop franche, ou l’inquiétude persistante de la voir réapparaitre m’a pompé trop d’énergie mais les jambes n’ont pas vraiment répondu présentes le jour J (cf la suite).
Nous voilà donc ce Vendredi 27 juin à quelques heures du départ, avec pour objectif principal de finir (en croisant les doigts pour que la tendinite ne me fasse pas trop souffrir), de finir avant la tombée de la nuit du Samedi en second objectif et pourquoi pas de finir en moins de 26h dans le meilleur des cas.
Voici le contenu de mon sac de ravitaillement pour Arzon : on y trouve de quoi s’alimenter / hydrater, une paire de Saucony Peregrine, des bâtons, de la Nok, un t-shirt de rechange et une veste imperméable.
Et pour ma part, je suis équipé de Sauncony Kinvarra (erreur, cf la suite), short/t-shirt, un sac camelbak 1,5l + une ceinture porte bidon (j’ai choisi cette option qui me convenait la mieux pour cette épreuve et que je ne regrette pas, ça me permettait d’être léger par rapport au matériel dont je dispose déjà) et d’une veste coupe vent légère dans la ceinture (erreur, cf la suite).
Arrivé aux environs de 16h20 sur le port, la dépose du sac pour Arzon est un peu compliqué, les bénévoles étant littéralement débordés. Ensuite c’est l’attente jusqu’à quelques minutes du départ. Et enfin aux environs de 17h, toute la petite troupe est lachée et nous voilà parti faire une petite boucle dans Vannes, avant de débuter pour de bon ce tour du golfe.
Je pense partir un peu vite, bien que j'essaie de me freiner : la route est longue…
Pour la suite, je m’en excuse mais il y aura peut être des petites incohérences sur les lieux, la mémoire me joue rapidement des tours .
Je me rends compte assez rapidement que je ne suis pas dans un bon jour, « pas de jambes », j’ai vite mal aux mollets et aux cuisses, je me suis pourtant bien (trop ?) reposé les deux semaines précédentes. A cet instant j’ai encore l’espoir que cela s’améliore en cours de route mais finalement non, ce ne sera pas le cas.
Il me semble qu’à Arradon, nous arrivons dans un petit pré très sympa pour le premier ravitaillement et qu’avant cela nous avons été obligé de passer dans l’eau jusqu’aux cuisses (j’ai pris le temps de retirer chaussures / chaussettes et de sécher le tout avant de repartir).
Pendant cette pause, j’en profite donc pour me re-badigeonner de Nok, qui traine dans mon sac.
Puis me voilà reparti pour Larmor Baden, où je n’ai déjà plus souvenir du ravitaillement…
Je poursuis donc la route vers Le Bono. Il me semble que durant le trajet, un contrôle est effectué dans un champ, avec une belle ambiance bretonne (bagad ?) et de bonnes odeurs de barbecue.
Puis la nuit tombe petit à petit, j’adore ces moments de couchers/levers de soleil en course. L’ambiance commence à être un peu différente.
Arrivé au Bono, je suis « barbouillé » depuis déjà un bon moment. Heureusement je trouve des toilettes. Je répéterai la même opération à Auray puis Crac’h, où cela finira par passer définitivement. Je n’aurai ensuite aucune difficulté à m’alimenter, et même toujours avec plaisir.
A Auray, il reste encore de nombreux promeneurs sur le port et des clients dans les bars. Une bière ça doit être bien une bière hein ? mais il faut poursuivre sa route. Je me souviens très bien qu’à la sortie du port, nous avons droit à une belle petite bosse, la plus « difficile » de tout le parcours il me semble.
Ensuite directions Crac’h, le parcours n’est pas le plus intéressant par ici. D'autre part moi qui pensais être entouré compte tenu du nombre de partants, dès Le Bono j’ai eu le sentiment d’être souvent relativement esseulé. On voit bien des frontales au loin devant/derrière mais les coureurs sont éparpillés.
De vagues souvenirs de Crac’h là encore. Je m’y tartine à nouveau de Nok et prends la direction de Locmariacquer. C’est en arrivant à quelques kilomètres qu’un petit groupe se forme, et que j’entends parler des « bateaux ». Les bateaux, ça signifie environ la première moitié de l’épreuve réalisée, une bonne pause pendant la traversée et qu’on est plus très loin de Arzon et d’un bon ravitaillement.
Je ne patiente pas bien longtemps pour monter dans un zodiac, et la traversée semble assez longue en revanche (15 min je pense). Il fait un peu froid avec le vent, j’aurai du mettre ma veste.
Une fois débarqué, un énorme bouillon nous tombe dessus, le pire pendant ces 30 heures. Je passe vite ma veste coupe vent (qui ne fait effectivement que coupe vent ) et « fonce » vers la salle d’Arzon. Je mets tout ce que je peux pendant ces quelques kilomètres, je suis rincé et frigorifié, et j’ai une pensée pour ceux qui sont sur les Zodiac à cet instant.
Gros ouf de soulagement quand j’arrive à Arzon et récupère mon sac de ravitaillement, avec un t-shirt de rechange bien sec, et ma veste imperméable. J’aurai du la prendre dès le départ, c’était une grossière erreur de vouloir tenter le coup avec la veste coupe vent histoire de gagner quelque grammes. Je prends bien le temps de me retaper, me restaure (ah les pates/pain/jambon blanc et le riz au lait ), change de chaussette (Nok encore) mais pas de chaussures.
Comme indiqué, très tôt je ne me suis pas senti en jambes, j’ai réussi à « courir » à peu près correctement jusqu’à Arzon, en revanche à partir de là il me sera impossible de le faire. J’ai peut être laché dans la tête à Arzon, mais je n’avais vraiment pas de jus. A cet instant, pour moi le seul moyen d’aller au bout c’était de marcher les derniers km restants, soit environ 80km. Il est 5h, à 5km/h ça me fait 16h de marche et arriver avant la nuit : top là c’est parti.
Le parcours entre Arzon et Sarzeau est très sympa. Je l’avais déjà fait cette année lors du marathon du bord de mer. Ajouté au lever du jour, le moral est donc bon malgré la pluie. Je sais maintenant que je devrai pouvoir finir sans gros pépin physique ou si la pluie reste fine.
Je passe donc les différents pointages à mon petit rythme (ah oui j’ai oublié de vous dire que j’avais récupéré mes bâtons dans mon sac à Arzon, sans eux j’étais mal…) et arrive à Sarzeau pour une nouvelle pause.
La remontée vers Vannes, en marchant, est bien longue et pas très réjouissante. Je n’en ai pas de gros souvenirs, la cote est belle mais longue, longue…
Viennent St Armel, Noyalo, Sené où je m’arrêterai un moment pour discuter avec ma famille venue m’encourager.
Vannes est alors tellement proche, à une vingtaine de kilomètres seulement.
Et pourtant à partir de là je ne vais faire plus que souffler, m’arrêter régulièrement pour enlever les cailloux au fond de mes chaussures, me poser sur mes bâtons…
Je n’apprécie plus du tout le parcours, je suis une vraie chicane mobile pour les concurrents du 87km et 56km, voir mes compères du grand tour.
J’hésite même à m’arrêter pour un petit somme, sans le faire de peur de ne pas pouvoir me réveiller après seulement 10 minutes de pause et de ne plus être motivé pour avancer.
Finalement le port de Vannes se profile à l’horizon, et j’arrive à la bonne heure puisque la foule est nombreuse à nous accueillir (plus que pour les premiers). De beaux moments d’émotion contenue que ces derniers mètres. J’en finis enfin de ce tour du golfe.
Quelques remarques :
- Coucou et merci à tous ceux avec qui j’ai pu échanger des petits mots. Je suis plutôt d’un naturel réservé mais les quelques petites discussions qu’on peut avoir lors de ces épreuves font toujours du bien au moral, permettent d’oublier un peu ses petits maux.
- Merci à tout les bénévoles et aux organisateurs de cette belle épreuve.
Erreur à ne plus commettre :
- ne pas partir avec une vraie veste imperméable si risque de pluie avérée. Je me serais fait douché dès Crac’h par exemple, pas certain que j’aurai fini.
- j’ai fait tout le parcours aves des Saucony Kinvarra. Elles sont très bien sauf qu’elles laissent trop passé les grains de sables et petit grains des pistes. Je me suis arrêté un grand nombre de fois pour les vider.
Les points correctement gérés :
- Ne pas perdre de vue l’objectif principal (finir) même dans la difficulté (un jour sans pour courir)
- Déposer les bâtons dans le sac de ravitaillement, sans eux pas certain que j’aurai fini, ils m’ont beaucoup aidé sur ces longs km de marche.
- Alimentation et hydratation OK, je ne sais pas pourquoi j’ai eu des ennuis intestinaux sur la première partie de course, peut être le stress.
La grosse interrogation reste pourquoi est ce que je n’avais pas de jambes ce WE là ? Je m’étais bien préparé. J’ai fait des sorties longues où je m'étais sentie bien mieux.
Peut être que l’inquiétude de voir ressurgir la tendinite du moyen fessier m’a bouffé toute mon énergie les jours précédents le départ ? Je ne sais pas ce qu’il en est mais j’aimerais le découvrir.
Merci de m'avoir lu si vous en avez eu le courage.
A bientot sur les chemins.
1 commentaire
Commentaire de CROCS-MAN posté le 01-07-2014 à 21:00:46
Bravo pour ta course et merci pour ton récit
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