Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 30 km 2014, par Bérénice

L'auteur : Bérénice

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 30 km

Date : 29/3/2014

Lieu : Meudon (Hauts-de-Seine)

Affichage : 3068 vues

Distance : 30km

Objectif : Terminer

8 commentaires

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Premier Ecotrail : belle aventure !

                                   Eco-trail de Paris : samedi 29 mars 2014

 

 Ma copine Virginie me lance le défi de l'Ecotrail en décembre 2013. Je passe 1 mois à y réfléchir sur mes chances d'y arriver et dans mes bonnes résolutions du 1er janvier je décide de m'inscrire ! Cela fait un moment que mon frère Bertrand m'en parle et j'ai envie de tenter plus grand que mes courses habituelles. En février je commence à réaliser la difficulté de l'épreuve et j'accélère ma préparation. En mars c'est l'excitation et la forme en même temps. Enfin le jour J où j'ai super envie d'y aller.... 

Samedi 29 mars :

Réveil à 7h30 et petit déjeuner en buvant le minimum. Je suis un peu stressée mais en même temps bien décidée à profiter de la course. J’arrive au rencart à 9h12. Olivier nous dépose en voiture (merci Olivier !) et on voit pleins de participants monter la route des gardes à pied pour rejoindre le départ dans l’allée de l’observatoire à Meudon. L’ambiance est plutôt joyeuse et la météo s’annonce agréable avec une température prévue de 20° à midi (un peu chaud). Virginie, Fabien et moi discutons et plaisantons avant le départ. On se prend en photo tout souriant.

La course démarre pour nous à 10h10 car nous sommes dans la 3ème vague de départs. On se souhaite bon courage et c’est parti. La foule est dense et je démarre tranquillement pour ne pas me griller. On se retrouve rapidement en forêt et certains coureurs se plaignent des chemins étroits où il n’est pas possible de doubler. Il y a certains embouteillages humains qui obligent à marcher et j’en profite pour observer les autres. Pendant ce début de course, certains partent comme des fusées et je me demande s’ils ont bien réalisé que cette course est longue ! Je suis persuadée que certains vont se « griller » et ne tiendront pas le coup dans les derniers kilomètres (j’ignore à ce moment là qu’il va m’arriver la même chose !!). D’autres discutent tranquillement en courant… On longe le mur de l’observatoire et je reconnais certains endroits où je suis venue tant de fois le dimanche matin. Je me régale de ces petits chemins qui donnent un sentiment d’aventure ! J’aime l’esprit de cette course : profiter de la nature tout en la respectant. On est tous là avec nos petits sacs à dos et il y a un côté jeu dans la nature. Après 2-3 kilomètres environ on attaque des alternances de descente et montée et puis une grosse côte où je marche comme pas mal de coureurs tellement c’est raide. A un moment je lève la tête et je vois cette marée humaine devant moi : des coureurs habillés de toutes les couleurs et je vois bien combien la fin de la montée s’annonce encore plus raide. Il est déjà 10h50 et je prends mon premier gel. On arrive à la tour Hertzienne des télécoms. On continue à alterner montées et descentes. Je vois une coureuse avec un rouge à lèvre rouge vif et je trouve que c’est une drôle d’idée de se maquiller ainsi ! En traversant une petite route, des bénévoles nous encouragent et nous annonce qu’on est au km 9. Je regarde ma montre : 11h12 et je me dis que je vais un peu vite en comparaison du 8km/h de moyenne fixé ; il faudrait ralentir un peu pour ne pas trop me fatiguer et tenir jusqu’au bout mais je me sens bien et je ne suis pas hyper raisonnable (je pense à Bertrand qui m’engueulerait gentiment mais bon je pense aussi que j’ai peut-être raison de tenir ce rythme, que l’euphorie de la course transcende les performances et que je ralentirais à la fin si je n’y arrive pas). Je sais pertinemment que je n’ai pas le niveau pour tout faire à presque 9km/h mais on verra bien.

 

Ensuite on attaque une grande descente jusqu’à Chaville. En bas je me retourne pour vérifier que je ne suis pas la dernière car j’ai l’impression que tout le monde me double !! Mais c’est bon, il y a encore des coureurs en nombre. Je guette pour voir si mon assistante Nadège est là mais rien… Elle n’était pas sûre de pouvoir venir, dommage ! (Finalement elle n’a pas trouvé tout de suite le bon endroit et est arrivée en retard !). Puis on traverse une grande artère où les organisateurs arrêtent les voitures pour qu’on puisse passer. On attaque alors la « 2ème côte de la mort ». J’ai fait cette côte en entrainement le 16 mars et je sais à quoi m’attendre. Bertrand m’avait semé avec ses bâtons de marche nordique et je sais que ça va être dur. Je décide d’y aller lentement puisque j’ai un peu d’avance. Je repense à ma randonnée au Cap Vert et je me dis que c’est pareil sauf qu’il y a un chrono et que le décor est différent. Arrivée presque au sommet, j’entends les voitures klaxonner de folie en bas et j’en déduis avec joie qu’il y a encore des tas de coureurs derrière moi (j’ai des bêtes moments d’angoisse où j’imagine que tout le monde va avancer, me dépasser  et que je vais me perdre toute seule dans la forêt !! J’ai entendu que dans ce type de course certains coureurs se perdent !). Au sommet, le plus dur c’est de se remettre à courir à un bon rythme alors que le cœur bat fort. Plus loin on se prend encore une grosse descente, on traverse la voie ferrée, on redescend encore et on passe en plein centre de Chaville. On attaque la « 3ème côte de la mort », la pire ! Raide et interminable ! Des marches au début puis un chemin. On voit que les coureurs commencent à fatiguer et que le rythme diminue. Cependant quelques personnes réussissent à courir, voire à se marrer à 2 ou plusieurs. J’avoue que je les envie un peu. Moi j’ai juste pas envie de rire et je respire au mieux ! C’est violent au niveau cardio.

 

Pas mécontente de courir sur du plat après tout ça et je profite du paysage : c’est un endroit magnifique et on arrive aux étangs de Ville d’Avray. Là je ressens un coup de barre et ça m’inquiète vaguement. Il est 11h30 environ. On est au km 13. On se fait encore une nouvelle côte et tout d’un coup j’entends des bâtons de marche nordique derrière moi… Le mec nous double en disant tout fort « pardon » pour que les gens se poussent. Je suis sidérée qu’il nous ait déjà rattrapé car leur départ était à 10h30 (même parcours que nous). Peu après un 2ème puis un 3ème marcheur nous double. Je me demande où est Bertrand et je m’inquiète pour lui. Arrivée en haut je reprends la course et je me retourne ; je l’aperçois avec un autre marcheur. Je crie « allez Bertrand » et il est tout surpris de me voir. Il me confirme que le rythme est très soutenu car les premiers ont démarré à très vive allure (plus de10 km/h de moyenne en marchant !!!!). On discute vaguement puisqu’on va quasiment à la  même vitesse. Ensuite je prends un peu d’avance en vue de faire une pause pipi derrière les fourrés et il me dépasse sans le savoir. Je repars en forçant pour le rattraper car on approche du lieu de RV avec Raphaël et Olympe (mes enfants adorés !). Je m’arrache et on se retrouve quasi ensemble sur la place des retrouvailles. J’aperçois au loin Raphaël et mon cœur fait un bond de joie. Les enfants crient nos noms et je m’arrête quelques secondes ; ils sont là souriants et m’encouragent. Raphaël me dit de ne pas perdre de temps et de repartir ce que je fais à regret après un rapide bisou.

Je m’arrache à nouveau pour rejoindre Bertrand à l’entrée du parc de St Cloud, je le talonne mais c’est super dur ! C’en est presque décourageant de ne pas suivre. Son rythme est mécanique et les côtes ne le ralentissent même pas. La forêt dans le parc est encore magnifique et je me reconcentre sur mon rythme et ma musique. Et puis au fond je ne suis pas mécontente de le laisser devant avec son acolyte car leurs bâtons me cassent les oreilles ! Je n’entends plus Mylène Farmer  dans mes écouteurs !! Plus loin dans une descente j’ai la surprise de croiser un copain Fred Millet (pas vu depuis 2 ans au moins) qui monte en vélo ; on est aussi étonné l’un que l’autre ! Après quelques kilomètres je rejoins les marcheurs qui sont finalement 5 à être ensemble et j’arrive au ravitaillement des21 km en même temps qu’eux. Ils tracent sans s’arrêter mais pas moi ! Je regarde l’eau qui me reste dans ma poche à eau et voyant que ce n’est pas énorme je décide de sortir ma magnifique éco tasse pour boire de l’eau car la chaleur commence à être vraiment forte. Il est 12h45 et ça cogne. Au buffet je vois des tranches de saucissons et des chips qui me donnent envie de vomir ! Je regarde ailleurs et je prends des pruneaux et une tranche de quatre-quarts que je mange en marchant. Je m’étouffe à moitié !

 

On attaque la magnifique descente et je pense à Pacaud et ses amis avec qui je fais souvent le parcours en sens inverse le dimanche matin. Je nous revoie monter dans la boue au mois de janvier et je souris car tout est bien sec aujourd’hui ! Une famille nous encourage avec chaleur et je les remercie car ça fait tellement du bien. Du coup la mère lit mon nom sur le dossard et crie « allez Sophie ! ». Arrivée en bas vers la sortie je guette Dolly et Pacaud mais personne. Décidemment c’est encore raté le rencart (j’apprendrais à la fin qu’on s’est raté d’une minute et qu’ils m’ont attendu pendant près d’une heure !). A partir de ce moment l’ombre sera rare et la chaleur devient accablante Je sens que je n’ai pas une énergie folle et je sais que les 9 derniers kilomètres vont être durs… Je vois des coureurs qui ont des tee-shirts à manches longues ou des collants longs et je ne comprends pas qu’il n’ait pas regardé la météo mieux que ça avant le départ !! Ils doivent mourir de chaud…Certaines personnes commencent à marcher et je me dis que je ne dois surtout pas m’arrêter sinon ça sera l’enfer de se relancer. Je vais doucement mais surement. J’avoue que je ne suis pas mécontente de doubler enfin des coureurs ! J’encourage une femme au passage et finalement elle va me dépasser200 mplus loin avec une certaine énergie. Je voudrai bien connaître son secret. Les quais de Seine sont long….j’ai l’impression de me trainer… Arrivée sur l’île St Germain je marche un peu en me réjouissant de savoir que Marie sera là et puis je sais que Bertrand a placardé des messages d’encouragements pour ses amis. Je trouve l’affiche me concernant « Allez Sophie, ne mollis pas… J’arrive ! ». Tu parles !!! Cela fait déjà 3-4 kms qu’il est devant moi… Je souris quand même car on n’avait pas pensé à ce scénario. On espérait peut-être finir la course ensemble… Je me trouve carrément nulle à ce moment-là ! Heureusement, Marie est là avec Léo et Titouan et ils sont adorables. Ils crient, m’encouragent et cela me fait du bien. Je repars donc en courant.

Vers la fin du parc j’entends un coureur dire à un autre qu’il reste 6 km. Je me dis que ce n’est pas possible, je pensais que c’était 4-5 km. Cela me tue le moral et je prie pour qu’il se trompe. Ensuite je vais passer mon temps à alterner marche et course. Cela me semble interminable et j’ai tellement mal aux jambes. Je suis vidée. J’essaie de me motiver en pensant au massage des jambes réservé pour cet après-midi chez mon esthéticienne. Arrivée au niveau de la station Total on est plusieurs coureurs à attendre le feu vert pour les piétons et on s’appuie aux poteaux des pancartes pour s’étirer les jambes. On fait tous la grimace et c’est reparti. Dans Paris, les quais de Seine sont si jolis mais j’ai du mal à les apprécier. Chaque foulée me semble petite et épuisante. Je me bats pour ne pas lâcher, je vise un point au loin pour me donner le droit de marcher quelques pas quand j’y serai et chaque fois il faut redémarrer. J’arrive vers le pont Mirabeau, il est 13h40 et je guette Frédéric au cas où… Encore raté ! (il ne savait pas qu’on passait sous les ponts et ne voyant pas de coureurs sur la route il a cru que la course était dimanche et non samedi !!!). Bon l’année prochaine je briefe précisément tous mes contacts !!!

Ensuite on fait un virage en épingle à cheveu pour monter sur le pont de Grenelle et des photographes de la course nous attendent en haut de la petite côte. Alors je m’arrache pour courir devant eux et j’arrive même à sourire légèrement. Je découvre cette fameuse allée aux cygnes en plein milieu de la seine et c’est super mignon. Je vois un coureur allongé sous une couverture de survie et 2 secouristes agenouillés. Je le plains sincèrement d’échouer à moins d’un kilomètre de l’arrivée. Enfin les dernières marches pour arriver au pont de Bir-Hackeim et je m’accroche à la rampe ! La tour Eiffel semble vraiment proche cette fois. Et puis à200 m de l’arrivée j’ai la grande surprise de voir déboucher Virginie qui court à mes côtés (elle est arrivée depuis plus de 30 minutes) et elle m’encourage pour la fin. Elle me confirme que l’arche verte au loin est bien l’arrivée. Je suis tellement contente de la voir ! Elle me dit alors : « allez Sophie, on allonge la foulée, tu vas voir, ça détend les muscles » J’en rigole et ça fait un bien fou. Je fais une mini accélération puisqu’elle me pousse et je franchis enfin l’arrivée en levant les yeux vers la tour Eiffel. J’en pleurerais presque de joie et l’émotion est énorme. C’EST FAIT !!! Chrono : 3h47 ce qui est carrément génial puisque je visais 4h (31 km avec 600m de dénivelé). Je tombe dans les bras de Bertrand qui est juste là également mais il ne se sent vraiment pas bien. Je m’empresse aussi de regarder mon portable qui n’a pas arrêté de biper pendant la course et cela m’a fait si chaud au cœur. J’y trouve 8 messages d’encouragement et de RV ratés ! Je sais déjà que je reviendrai l’année prochaine. Il parait que le trail : une fois qu’on y goûte, on devient accro…. !

 

Bilan : c’était FORMIDABLE même si j’ai beaucoup souffert à la fin et je confirme encore que la course à pied procure de grandes joies car l’ambiance lors des compétitions est vraiment extraordinaire. C’est aussi la concrétisation de tous les efforts de préparation, des jours où on part courir sous un ciel gris ou la pluie alors qu’il fait si bon chez soi ! Mais aussi des jours où il fait si beau et où on rentre chez soi dans une forme excellente. On dépasse ses limites et cela renforce la confiance en soi. Et puis en mars cela m’a donné une forme olympique. Je sais aussi que je n’ai pas envie de faire des préparations plus difficiles car cela accapare beaucoup de temps libre et il y a tellement d’autres choses que j’aime faire ! Un marathon peut-être mais pas plus !

 

J’ai aussi une pensée émue pour toutes les personnes qui m’ont encouragée et j’espère emmener un jour avec moi ceux qui ne connaissent pas ce sport. Venez courir !

 

Prochaine course : le cross du Figaro le 18 mai au parc de St Cloud !

8 commentaires

Commentaire de Bert' posté le 10-04-2014 à 10:51:54

Bravo Sister !!

Pour ton premier trail, tu t'en es très bien sortie.
C'est un joli défi que tu as relevé... qui en amènera je l'espère d'autres...

Bienvenue également dans la grande communauté Kikourou :-))

Commentaire de Bérénice posté le 10-04-2014 à 14:24:02

Merci aussi à toi de m'avoir soutenue et entraînée sur le parcours (même si tu as essayé de me perdre dans la forêt !!!).

Commentaire de Jean-Phi posté le 10-04-2014 à 14:03:47

Jolie épopée, bravo Et comme dit par le brother du dessus : Bienvenue parmi nous ! ;-)

Commentaire de Bérénice posté le 10-04-2014 à 14:24:46

Merci. C'est hyper sympa !

Commentaire de Arclusaz posté le 16-04-2014 à 18:07:24

Quelle belle promotion de notre sport ! tu décris très bien tout ce qu'il apporte et l'ambiance formidable qui y règne.

Bravo pour cette superbe réussite.

Commentaire de Bérénice posté le 18-04-2014 à 13:40:52

Merci de ce commentaire sympa. Oui j'aime bien l'ambiance en course car je sais qu'on cherche tous la même chose: finir avec le meilleur temps possible ! Et je ressens un esprit de solidarité ambiant. Carrément cool !

Commentaire de caro.s91 posté le 17-04-2014 à 12:12:46

Un bien beau récit, qui donnera forcément envie à toutes celles qui hésitent à lancer dans le trail !
Bravo pour ce défi brillamment remporté!

Caro

Commentaire de Bérénice posté le 18-04-2014 à 13:45:57

Merci. Je découvre le site Kikourou et cela donne envie de rencontrer des gens comme toi ! Pour l'instant je suis au ski et j'ai vu des coureurs qui montent les pistes en courant.... Cela m'encourage à continuer les trails car j'y vois un coté ludique maintenant. Et je prêche la bonne parole dès que je vais en soirée !!

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