Réveil à 5h00, plutôt en forme après une bonne nuit de sommeil. C'est la première fois que je dors aussi bien la veille d'un marathon. Je déguste mon Gatosport, me tonifie avec une bonne douche et je revérifie une 42 ème fois mon matériel.
En ce matin frisquet du 15 avril, je prends le métro pour rejoindre la tente Caisse d'Epargne où je dois rejoindre mes amis à 7h30 pour une photo de famille avant le départ du marathon à 8h45. Ils sont bien là : Marc, Patrice, Tristan, Thierry, Laurent, Jeannot, Eric, …on se prépare, on discute, le temps passe et heureusement Thierry veille au grain et me dit : ça serait peut- être bien d’y aller non ?
Il a raison car le temps de rejoindre notre sas des 3h00 il est déjà 8h30 et le départ est dans 15 mn. Patrice nous rejoint et nous échangeons quelques minutes comme à Genève en faisant la queue pour la dernière vidange technique. Au moins, en arrivant tardivement, on a évité le froid et la gamberge...et PAN ! C’est parti pour 42,195 km.
Les conditions météo sont bonnes : 5 degrés, pas de pluie ...par contre, l'ennemi du coureur sera bien là : le vent est annoncé entre 20 et 50 km/h.
Le départ est donné sur les Champs Elysées avec une belle descente parfaite pour l’échauffement et la recherche du bon rythme. Quelle chance d’être là avec tous ces coureurs animés chacun par leur objectif. On sent des coureurs gonflés à bloc, un peu anxieux et heureux que ça commence enfin !
Déjà la place de la Concorde, où je jette un coup d’œil au chrono 4’15 » au km parfait. Il y a vraiment beaucoup de monde, et il faut être vraiment très attentif à son entourage immédiat. Il faut éviter les pièges de la route de type bordure des bus ainsi que les coureurs qui se sont installés dans le SAS des 3 heures mais qui sont déjà très en deçà du rythme.
Vers le troisième kilomètre, je commence à boire ma potion magique car je sais que c’est un point clé pour bien finir. Le drapeau du meneur d’allure des 3 heures est devant à environ 50 mètres et je ne cherche pas à le rattraper à tout prix car il y a beaucoup de monde autour de lui et je veux éviter tout risque de chute.
Au 5ème km à la Bastille, je suis bien dans la cadence puisque je passe en 21’20’’ sans envie ni possibilité d’aller beaucoup plus vite mais avec une belle sensation de facilité. Ma petite bouteille d'eau me permet de zapper le premier ravitaillement siège d'une véritable cohue…
Depuis le départ, je cours dans ma bulle et je ne profite pas vraiment des beautés architecturales parisiennes que je connais bien donc pas de regret. On fera du tourisme plus tard.
Je passe au 10 km en 42’35 » pas très loin de la vitesse souhaitée. La traversée du bois de Vincennes est très agréable et je me retrouve au ravitaillement du 15 ème km où je décide d’attraper une petite bouteille d’eau…et là énorme frayeur, un coureur m’attrape le pied et manque de me faire chuter. Je suis furieux mais me reprend très vite car il est inutile de griller de l’énergie dans un énervement qui serait sans aucun bénéfice.
Nous sommes confrontés à quelques passages avec un vent assez fort et j’essaye, lorsque c’est possible, de m’insérer dans un groupe compact. A l’approche du 20 ème km, je commence à calculer le temps de mon passage au semi, moment psychologiquement important car il ne faut pas dépasser les 1h30 pour garder l’espoir.
C’est bon je passe en 1h29mn et 37 s. Je n’ai pas pris de retard mais je n’ai pas non plus beaucoup d’avance.
Par contre je suis rassuré car je ne ressens à ce moment aucune fatigue ni douleur. Les paroles de Thierry du matin me reviennent en tête : ce n’est pas nécessaire d’être en avance, le mieux est de réaliser le fameux négative split. Donc le moral est au beau fixe et la confiance est à un bon niveau.
Après le semi, la route monte un peu et je raccourci ma foulée pour éviter de taper dans les cuisses et repousser le plus loin possible les douleurs aux quadriceps. Les spectateurs sont un peu plus nombreux mais je ne me laisse pas emporter par l’ambiance…ensuite la descente me permet de reprendre sans problème la poignée de secondes perdues dans la montée.
Je suis toujours dans ma bulle, centré sur mes sensations qui sont toujours excellentes.
Le 25 ème km est déjà là et une seule question trotte dans ma tête à cet instant : à quel moment vais-je avoir mal aux jambes et donc passer dans la phase dure du marathon ?
Au fait mon meneur d’allure a disparu, il s’est arrêté pour une pause technique en nous faisant signe de suivre l'autre meneur qui se situait à 100 mètres devant! Je suis surpris mais pas déstabilisé.
Le passage sur les quais est un moment clé du marathon de Paris. Il faut gérer les petites montées et descentes successives sans casser son rythme et le passage sous un tunnel est difficile : moins d’oxygène, moins de lumière et plus de GPS. Dans ma tête je me répète : dans les montées, on raccourcit les foulées et dans les descentes, on déroule.
On approche des 30 km et le rythme est toujours aussi régulier et tous les indicateurs sont au vert. Il y a par endroit un peu plus de spectateurs qui font un peu de bruit mais je suis en mode bulle concentré sur ma course et à l’écoute de mes sensations toujours bonnes...
Tiens la Tour Eiffel…déjà ! puis c’est l’arrivée Porte d’Auteuil et donc le Bois de Boulogne avec le 35ème Km. Au ravitaillement, il est désormais plus facile de prendre sa bouteille et je maintiens ma routine d'hydratation.
Au 36ème km, surprise, le meneur d’allure réapparait comme par magie. Je lui demande si il est toujours bien dans le rythme des 3h00 ce qu’il me confirme.
Un déclic se produit à ce moment-là : ça va le faire, c’est le jour tant attendu, c’est ton jour ! Je le suis jusqu’au 40 ème km comme hypnotisé par ce drapeau sur lequel mon rêve est écrit en lettre blanche sur fond rouge : 3 H 00.
J’en profite pour me caler derrière pour me protéger du vent qui souffle assez fort sur la fin du parcours. Le vent ne m’arrêtera pas aujourd’hui et seule une chute ou des crampes pourraient m’empêcher d’aller au bout de mon rêve.
Au 40ème km , je décide d’accélérer car les jambes sont toujours là et je veux être certain d’être sous les 3 heures…évitons le cauchemar du 3h et 1 seconde !
Je ne cours plus, je vole. Je suis dans un état second où je ne sens ni mes jambes ni mes poumons qui tournent à plein régime. Je double des dizaines de coureurs...mais où est donc cette arche d’arrivée ? A la voilà…ça y est, c’est fait 2 H 59 MN 34 S. Le huitième marathon a été le bon!
Je crie ma joie, m’agenouille, embrasse le sol de Paris, me relève et pleure de joie.
Lors des 300 mètres suivants le film des 30 mois qui ont été nécessaire pour atteindre ce rêve passe en vitesse accélérée : les entraînements des matins d’hiver dans le froid et la pluie, les périodes de doute et de blessure, les victoires et les échecs qui ont jalonné ce périple, les heures de lecture et de recherche sur internet pour trouver les petits trucs en plus, les calculs scientifiques pour se rassurer …et je me dis que c’est tout cela qui rend ce jour magnifique.
Des larmes salées de bonheur coulent toujours doucement sur mes joues car maintenant je pense aux personnes à qui je dédie cette victoire…
Après ces instants d’intenses émotions, il est temps d’aller partager ce bonheur avec mes amis d’Esprit Running. Une belle fête avec de l'amitié et de la passion. NEXT DREAM!
http://runfreerunner.wordpress.com
2 commentaires
Commentaire de Caro74 posté le 09-04-2014 à 20:52:49
Comme cela à l'air simple quand tout se passe bien! Bravo! Belle performance et beau récit!
Commentaire de freerunner21 posté le 09-04-2014 à 21:01:39
oui en 2012 ce fut un jour avec donc assez simple
en 2014 ce fut un jous sans et j'en ai bavé:)
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