L'auteur : Sandrine74
La course : Grand Raid 73
Date : 25/5/2013
Lieu : Cruet (Savoie)
Affichage : 1668 vues
Distance : 58km
Objectif : Terminer
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Et si….
Au final c’était la course que j’attendais, si c’était le déclic ?
Pourquoi chercher plus loin, c’était absolument génial.
C’était Samedi 25 Mai 2013, c’était hier, c’était il y a 7 ans déjà…. Une course de cœur, et un amour de course.
Une soirée en bonne compagnie qui précède cette édition, une soirée où les paroles et les récits flottent dans les airs, une soirée agréable, légère comme j’aime en passer. Cette dernière est toutefois écourtée parce que le lendemain il faut se lever à 2h50…
Le sommeil n’est jamais vraiment venu cette nuit là, restant dans un état de somnolence sans avoir vraiment l’impression d’arriver dans ce sommeil profond.
J’attends ce jour depuis quelque temps avec appréhension, je dois dire. Hier j’ai égrainé chacune des heures en imaginant mon avancement.
Cette année j’ai décidé que chaque course était mon objectif principal, que chaque course devait avoir une unique ligne d’arrivée.
Je ne veux pas, je ne veux plus être triste et déçue comme je l’ai été l’an dernier, je veux renouer avec ces courses terminées et sans regret.
C’est dur, de toute façon ça a toujours été dur de devancer ces barrières horaires, maintenant je sais les gérer, c’est à moi de dire ce que je veux, c’est à moi d’écrire la suite…
Je suis heureuse et anxieuse de me réveiller, tout est prêt. Tel un robot j’enfile délicatement chaque vêtement, les gestes sont rodés depuis les années.
Nous voilà dans ce champs qui ressemblera dans quelques heures à un bourbier J. Nous voilà à Cruet, pas besoin de chercher, mes jambes connaissent et reconnaissent.
On rejoint le cœur de la fête, le dossard, le t-shirt, les plaisanteries… Le thé réveillerait les morts, j’avale une banane, j’ai ressorti ma gore tex qui a déjà couru sur ces chemins il y a 7 ans déjà !
Les lumières, les spots, la pluie, l’envie d’y aller et puis…. Mon corps se met en mouvement, il faut que je le guide… Pas trop vite, pas trop lentement, je suis dans ma course, c’est parti !
Les torches nous éblouissent. Je suis très rapidement en queue de peloton, Emmanuel qui souffre de son mollet depuis quelques temps reste un temps avec moi… Plus concentré que jamais, je fais même abstraction de sa présence « il faut que je fasse ma course », ça attaque à grimper.
Tout de suite dans le bain : nous voilà dans l’ascension de la première côte en direction de la Roche du Guet nous avons rapidement la neige qui s’invite à la fête nous sommes tout juste à 700m d’altitude, cela promet une belle journée et surtout un joli trail blanc !
Le terrain est gras, les bâtons paraissent presque indispensable à la vue du terrain. Moi qui croyait avoir trop chaud, sur la crête la veste n’est pas un luxe.
J’admire et je remercie les bénévoles qui nous pointent là haut, dont Michel le frère de l’organisateur du jour en est. Ce n’est pas la tempête mais les conditions sont difficiles, le passage sur les lapiaz est bien glissant, et donc il faut redoubler de vigilance.
La petite descente s’avère agréable, mais passé le second pointage, cela devient acrobatique.
Les gamelles s’enchaînent, le temps de trouver la bonne posture à l’approche de ces passages qui dorénavant seront en mode skieuse.
Une petite remontée sur le Montgelas et me voilà dans la descente sur la Thuile, j’avoue que la modification du parcours est bienvenue, car je me serais mal vu descendre la main courante des années précédente.
L’horloge tourne et je commence à me poser cette question : « Vais-je passer la barrière horaire ? », voilà c’est devenu mon objectif franchir cette barrière pourtant il serait si facile et si doux de se laisser porter vers un arrêt. Mais mes démons me rappelle que je ne dois pas arrêter, que quelque soit les conditions cette année je la termine, c’est mon objectif donc je dois aller jusqu’au bout !
La neige n’arrête pas de tomber et les km défilent mine de rien, je regarde l’heure, et j’avance, je regarde l’heure et je relance, et puis…. C’est déjà La Thuile ! C’est trop cool !
C’est limite si on ne rigole pas en se voyant tous au ravito, la Frappadingue à côté… de la rigolade ! ;)
Déjà des abandons et il continue de pleuvoir / neiger. Trempés, boueux, nous sommes entrain de vivre une expérience quelque peu pas normal, une course qu’on ne vivra pas deux fois…
Juste au moment de partir du ravito, une bénévole nous annonce qu’on va jusqu’aux Aillons et après c’est terminé on nous rapatrie. La traduction dans mon moi intérieur… : chouette au 38ème km c’est terminé, Zut pour la sortie longue… Andorre approche, Chouette plus que 19km, Zut même pas le marathon…
Bon ben c’est repartie, ça y va gaiement avec des Toulousains qui pour certains c’est le premier trail J ça laisse des traces.
La neige est légère, mais toute l’eau accumulé depuis plusieurs semaines aspire les flocons qui sont écrasés sous les pas des coureurs.
Une longue trace marron/noir s’étire des km durant, nous n’avons qu’à mettre le pilotage automatique pour suivre le parcours…
D’un coup, le paysage change, se dégage, le climat change, le vent souffle faisant devenir les flocons des pointes glacés qui viennent fouetter le visage, j’ai beau relevé la tête le paysage est blanc de partout, je suis seule et je viens de passer un pointage.
J’ai froid aux pieds, les pieds dans la boue des km durant la neige s’accroche à se support comme à tout le reste, le vent forme des accumulations de neige, j’ai du mal à distinguer la trace, car maintenant nous sommes à découvert… Pas de doute nous approchons de la Galoppaz. Nous oublions le sommet pour aller à la Petite Point de la Galoppaz, j’entends des encouragements mais je ne vois personne. Il faudra attendre d’être à 20 mètres pour qu’au milieu de ce monde blanc, je découvre que le jaune fluo existe.
Des bénévoles en or je vous dis, des bénévoles heureux et qui nous rendent heureux.
Ouf l’heure est à la descente, mes orteils et mes doigts se réveillent ! Ca aussi ça aurait pu être une excuse pour plier bagage.
Mais aujourd’hui ce n’est pas le jour, le parcours n’est pas le même que les années précédentes, mais j’apprécie.
Au chalet de Buffaz… Ah ! Ce chalet ! C’est bien des souvenirs, beaucoup de souvenirs, énormément de souvenirs n’est ce pas Gilbert ?
J’apprécie la remontée vers le petit collet pour basculer vers Côtes Gueulet, même si les chemins peuvent parfois ressembler à des patinoires, c’est agréable d’avoir à descendre à cet endroit précis, car dans le sens inverse elle en a séché plus d’un !
Passer ce point d’eau, comme le parcours à changé je suis un peu pommé, donc j’avance, je relance, les précipitations ont l’air de nous laisser un répit que j’apprécie.
La route ? Mais je connais… Et ben voilà ! Maintenant ils veulent nous faire prendre le sentier botanique… Ah non ! Quand même pas. Je suis fortement encouragée à mon arrivée aux Aillons, arrivée au son des cornes muses. Je rêve d’une chose : une soupe chaude, moi qui est déjà avalé un de mes sandwich je n’hésite pas à manger, j’ai faim et les conditions me pompent pas mal d’énergie.
Depuis La Thuile, le parcours a changé… On m’a annoncé 53km, et puis qu’aux Aillons il nous resterait 20 km soit 58km au total.
Mentalement c’est dur je pars faire 73km, qui quelques jours avant la course passe à 70km, puis 38km, puis 53km et maintenant 58km.
Je suis heureuse d’être là, et de ne pas avoir la barrière aux fesses ! D’habitude je suis plus que juste à ce ravito, et aujourd’hui non…. Il est 14h, donc 9h de course.
Le parcours de repli est simple, nous prenons la piste 4x4 jusqu’au Col de la Sciaz, c’est reposant de ne pas faire un pas en avant, trois pas en arrière.
Je passe Véronique, qui m’annonce que c’est de ma faute qu’elle fait du trail ! ;)
Je ne cherche plus à savoir qu’elles sont les côtes qui restent car je sais que l’arrivée arrivera bientôt. Toutefois à un moment nous sommes bien obligé de quitter la piste forestière pour rejoindre un sentier en dévers, boueux à souhait où je n’avance plus aussi rapidement. Certains ont glissés sur quelques mètres et ont dû beaucoup brasser pour remonter sur le sentier.
Le Mont Lambert, dernier ravito, aller ça descend encore et deviner quoi ?… Les sentiers sont boueux.
Qu’importe, j’ai bien des douleurs mais je trottine, espérant que les km me paraîtront moins long qu’il y a quelques années en arrière.
Et c’est le cas, j’appelle Emmanuel, Sam, Gilbert… Personne répond ! Je laisse un message…
Il fait jour, nous sommes le samedi 25 mai, nous sommes sur le GR73, j’oublie toute douleur, j’oublie tous les doutes, je n’ai plus de place à gagner sur qui que ce soit, mais je sprinte de bonheur, en finir voilà c’était mon objectif aujourd’hui.
Le cœur léger et les chaussures chargées de boues, armé d’un joli Opinel, j’apprends que je suis 8ème féminine, et 2ème Sénior Femme ! 12h40 de course pour 58km et 3600m+.
Et oui même moi qui suis nulle, j’arrive à faire un podium ! J
Un énorme merci à toute l'organisation pour nous avoir permis de faire cette course.
Merci à Emmanuel pour tes bons conseils à l'entraînement même si je râle un peu ;)
Ainsi qu'à ma famille et mes amis !
1 commentaire
Commentaire de chrislam posté le 04-06-2013 à 22:42:25
vraiment bravo car c'est une course très dure.....chapeau!
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