L'auteur : Knet
La course : Marathon de Rome
Date : 17/3/2013
Lieu : Rome (Italie)
Affichage : 2317 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
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Tout a commencé début décembre. Je parlais avec une amie italienne qui fréquente la même salle de sport que moi, Grazia, et lui disais que j'avais travaillé pendant 2 ans à Rome et que cette ville me manquait énormément. J'ai beau être une fille de la campagne, j'ai beau détester les villes en général, j'ai un rapport spécial avec Rome, que je n'arrive pas vraiment à expliquer... Je me sens chez moi dans cette ville. Bref, Grazia finit par me dire : "ça serait super d'organiser quelque chose là-bas, un we avec les gens de la salle de sport par exemple" et moi, je réponds en plaisantant : "Ah ben oui, on pourrait se faire le marathon de Rome”. La bonne blague...
Sauf que de retour chez moi, ça m'a trotté dans la tête. J'ai regardé sur internet, le marathon avait lieu le 17 mars... Ça pouvait coller avec un plan d'entraînement en 12 semaines. Donc voilà comment j'ai décidé de m'offrir mon propre cadeau de Noël : l'inscription au 19ème marathon de Rome... Comme m’ont dit plusieurs collègues : « Mais c’est pas un cadeau ça !!!! »
Mon objectif initial était de terminer, mais je voulais quand même me donner un objectif de temps qui serait « bonus ». Un temps réaliste mais avec un peu de challenge quand même. 4h me paraissait un bon compromis. Je me suis donc préparée sur un plan d'entraînement de 3h45 et me disant que ça me permettrait de me sentir bien pour les 4h le jour de la course.
J'ai donc suivi scrupuleusement le plan d'entraînement, poussée et soutenue par les coaches de la salle de sport où je me défoule le midi. Cela m'a donné une énergie supplémentaire. J'avais mon objectif personnel, mais je devais aussi tout faire pour qu'ils soient fiers de moi !
En janvier, en pleine progression dans mon entraînement, je me fais une légère entorse de la cheville (en allant jouer au rugby touch "5min seulement"). Je suis arrêtée quasi 10 jours mais mon ostéo magicien me remet cette cheville dans un super état. Je peux reprendre la course, et augmenter les distances et les durées de mes sorties. Moi qui fais plutôt du trail, la différence de rythme de course me fait un peu peur sur les premières sorties... Est-ce que je vais être capable de tenir cette cadence sur 42 km ?
Mais je continue l'entraînement, sérieuse. Je fais des essais alimentation sur mes sorties longues et les recettes d'Alain Roche sont validées, je sais quelles sont les quantités dont j'ai besoin, comment manger et boire pendant la course. J'ai perdu quasi 5kg entre début janvier et le marathon mais j'ai la pêche et le moral !
Ce plan d’entrainement devient une drogue, j'ai besoin de courir, j'attends les dimanches synonymes de sorties longues avec impatience !
Mes parents m’annoncent qu’ils viendront à Rome le we du marathon pour faire les "tifosi" pour moi! Je suis ravie !!!
Arrive la semaine précédant le marathon, elle passe lentement, je fais un footing, et je dois me reposer... Ne pas trop en faire, calmer le jeu. Cette semaine passe lentement, trop lentement !!!! J'ai fait mon boulot, j'ai été sérieuse dans l’entrainement, mais, maintenant, faut y aller ! Je suis impatiente ! Le doute s'installe quand même la veille du départ pour Rome... Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que mes jambes vont suivre ? Est-ce que les 400 bornes avalées début janvier sont trop ? Pas assez ? Ai-je été trop ambitieuse ?
Mes parents me rejoignent à Rome le vendredi avant la course. On file au Palazzo dello Sport pour récupérer le kit de course : sac à dos, dossard 2678, t-shirt. Une pause « pasta » avant de partir se dégourdir les jambes dans le centre de Rome.
Le samedi matin, je me lève, petit footing à jeun mais je ne suis pas dedans, je m’ennuie presque en faisant cette petit demi-heure de décrassage. J’ai déjà la tête au lendemain ! Nous profitons de la journée avec mes parents pour repérer sur la carte du parcours les points stratégiques pour les photos. Au 13ème km, face à la Synagogue. 34ème Piazza Navona. Puis 39ème, Piazza Venezia.
Le soir, arrive, plat de rigatoni alla carbonara pour moi, puis 22h, au lit... Je me couche en me demandant si je vais réussir à bien dormir. 5 min plus tard, j’ai sombré dans le sommeil comme un bébé et c’est la sonnerie du réveil qui me sort du lit à 6h. Je suis en forme. Petit déjeuner, préparation des affaires, vérification des chaussettes (pas de plis !!), et nous prenons le tram pour rejoindre le centre-ville. Durant le trajet, je rencontre un groupe de français, des isérois!
Le trajet passe vite, et nous voilà rapidement devant le Colisée. Je dépose mon sac dans les camions prévus à cet effet, dernier bisou à mes parents, et je file dans mon sas de départ. Le dernier : je n’avais pas indiqué de temps de référence à l’inscription. Je vérifie mon cardio : 54bpm. Je craignais la montée de stress lors de cette demi-heure précédent le départ, mais non, je suis d’un calme incroyable.
Lorsque le départ est donné à 9h30 tapantes, je mets 3 min à passer la ligne de départ. La foule est compacte, tout le monde sourit, il y a une ambiance incroyable à ce moment. Le soleil s’est levé, il fait bon. Je crains même d’avoir fait une erreur en mettant un T-shirt à manche longue, mais le vent qui se lève pendant la matinée, et les nuages qui ont fait leur apparition plus tard m’ont donné raison.
Je vois les meneurs d’allure des 4h bien devant, mais je décide de ne pas forcer l’allure pour chercher à tout prix à les rattraper. Je démarre bien, et à part le premier km sur lequel l’allure est difficile à maintenir avec le flot de coureurs, je prends rapidement mon rythme de course longue : 5min35 au km. Parfait. Je tombe sur un groupe de pompiers du Lubéron qui courent à ma vitesse. On commence à papoter sur le début de la course. Je me sens super bien. Avant le 10ème km, Christophe, l’un des pompiers accélère l’allure pour rattraper ses collègues qui cherchent à maintenir 5min30 maxi. Il se sent bien. Moi aussi, mais on est encore bien trop loin de la ligne d’arrivée. Je le laisse filer en lui souhaitant une bonne course.
Je m’arrête au ravito du 10ème km, eau plus Gatorade fournis pendant la course, et je mange une première moitié de barre longue durée (merci aroche !). Je m’arrêterai ensuite à tous les ravitos pour boire à chaque fois un verre d’eau et un de sels minéraux, et une demi barre toutes les demi-heures de course. Plus des morceaux de banane aux ravitos
Au 13ème, mes parents sont bien là, avec l’appareil photo. Je suis vraiment bien au niveau cardio, les jambes n’ont aucun souci. En avant !
Vers le 18ème km, je rattrape 2 des pompiers. Je double Christophe qui donne des signes de fatigue mais il tient le coup. Je fais ma course, j’avance, je contrôle ma montre à chaque km, et je finis par trouver une allure de croisière à 5min25 au km. Je rattrape les meneurs des 4h vers le 20ème km. Je pense alors les suivre et me colle dans le groupe de coureurs. Sauf que je m’installe dans un faux rythme. Il y a trop de monde autour, ça se double, se redouble, ça se marche sur les pieds, ça tombe même à certains endroits... je ne me sens pas bien, et décide d’avancer à mon rythme. Je dépasse les ballons des 4h et passe le semi en 1h58.
Entre le 25ème et le 32ème, le parcours est un peu ennuyeux : quartier du stade et du village olympique, il n’y a pas tant de chose que ça à voir. Une belle partie montante en sortie du village olympique fait des dégâts. Beaucoup de gens s’arrêtent, pris de crampes. La montée ne m’arrête pas, je garde la même vitesse. Merci le trail ;)
Nous rejoignons le centre historique vers le 33ème. Je n’ai toujours pas vu le mur que je craignais, et je me dis que maintenant, je ne pourrais plus le sentir : j’arrive dans « ma » ville, dans les quartiers où j’ai passé des heures entières à flâner. Je sais, en arrivant sur la Piazza Navona, que je vais finir le marathon dans l’objectif de temps que je m’étais fixé, j’en suis convaincue.
Mes parents m’attendent sur la place, je les salue en passant, le sourire plaqué sur mon visage, en leur hurlant : « ça va nickel !!!! ». Eux aussi sont radieux, et j’accélère.
Nous remontons la Via del Corso, on arrive Piazza del Popolo, le tour de l’obélisque et on redescend via del Babuino. Je connais par cœur ces routes, je ne sens même pas les pavés. Piazza di Spagna. Je jette un œil aux escaliers qui mènent à la Trinità dei Monti, les gens nous encouragent, ça chante, ça crie, ça supporte les coureurs qui souffrent de crampes.
La Fontaine de Trévi est passée, je ne me suis pas retournée pour la regarder : je lorgne la montée vers le Quirinale. Elle passe sans problème. De retour Piazza Venezia. On est au 39ème km. J’accélère ! j’arrive à accélérer !!! Je sens que mes cuisses ont travaillé, mais elles me portent tranquillement, elles m’aident dans la montée du Campidoglio. Je ne m’arrête pas au dernier ravitaillement du 40ème, je suis bien, je n’ai pas besoin de boire.
Il y a cette montée pour atteindre le Circo Massimo que l’on doit encore longer. J’arrive à accélérer dans cette montée, je suis à 12km/h de moyenne sur les 4 derniers km !
Et voilà le Colisée qui se présente devant. Une dernière difficulté : il faut le contourner par la route, une dernière montée qui ne semble pas s’arrêter. J’entends un encouragement : « encore 50m et c’est la descente jusqu’à la fin ! ». Alors je redonne un coup de fouet, et voilà l’avenue d’où nous étions partis moins de 4h plus tôt. J’ai une boule à la gorge qui commence à monter. Je passe l’arche, et je retiens mes larmes. La joie d’avoir fait ce marathon, de l’avoir fini, d’être en forme, de recevoir cette médaille de finisher. Toute la tension de ces heures de course semble me quitter en une fraction de seconde et j’ai un mal fou à me retenir de pleurer.
Les premiers l’ont fini depuis déjà presque 2h, mais c’est comme si je l’avais gagné ! En 3h53min et 50s.
Je rejoins mes parents, je m’étire, je me sens légère. Je l’ai fait. Et j’ai déjà envie de le refaire. On m’avait dit que le marathon pouvait devenir une drogue, je le comprends maintenant quand on ressent ce flot d’émotion à l’arrivée.
Le lendemain de la course, je n’ai senti aucune courbature, aucune douleur dans les cuisses. Je me sens un peu fatiguée, mais physiquement, je suis bien. L’entrainement a payé. Et sentir mes parents fiers de moi, ça m’a fait un bien incroyable.
Merci à eux.
Merci à mes coaches et à tous mes amis qui m’ont encouragée.
Et merci à Rome.
Bilan : 3h53’50
4044ème /10665 (classement général)
319ème / 1929 (classement féminin)
6 commentaires
Commentaire de Olivier d Elancourt posté le 20-03-2013 à 16:39:01
Bravo pour ta performance et pour avoir réussi à atteindre ton objectif quasiment en pleine forme ! Respect et chapeau bas ! J'ai apprécié ton récit car il évoque à la fois ta préparation et la course proprement dite. Un compte-rendu qui prend le soin de décrire le parcours en n'omettant pas l'aspect "psychologie du coureur" au fur et à mesure que les kilomètres s'égrènent.
J'espère ressentir les mêmes émotions que toi pour mon 1er marathon qui aura lieu à Vannes au mois d'octobre prochain.
Commentaire de STEFDEDINGY posté le 20-03-2013 à 17:42:52
Super. Bravo pour ta perf dans la bonne humeur, ça a du etre que du plaisir.
Commentaire de dajosport posté le 20-03-2013 à 20:35:24
Bien beau récit qui fait plaisir à lire ! Et félicitations pour ce premier succès qui en appelle d'autres !
Moi qui croyais que les rues de Rome n'étaient pavées que de mauvaises intentions pour les marathoniens, tu me réconcilierais presque avec elles.
...
presque ;-)
Commentaire de coureur38 posté le 21-03-2013 à 15:05:22
Bravo ! Aucune douleur le lendemain, c'est presque incroyable, le lendemain de mon marathon je ne pouvais plus marcher ! Encore bravo.
Commentaire de Berty09 posté le 22-03-2013 à 00:39:34
T'aurais pu forcer un peu plus quand même! Un marathon qui passe si bien c'est presque indécent pour tant d'entre nous qui avons souffert un jour sur cette distance. Sûr que tu t'es bien préparée et que cette performance en amènera d'autres. Bravo.
Commentaire de Knet posté le 22-03-2013 à 09:46:40
Merci pour vos commentaires ! Maintenant que j'ai un temps de référence et que je sais que je suis capable de finir un marathon, je forcerai plus pour le prochain ;) Mais ça ne sera pas pour tout de suite : je vais profiter de l'arrivée du printemps pour reprendre le trail !
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