Récit de la course : Marathon de Marseille 2003, par cigaloun dupuy

L'auteur : cigaloun dupuy

La course : Marathon de Marseille

Date : 25/3/2003

Lieu : Marseille 01 (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 1667 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Battre un record

1 commentaire

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Le récit

Le marathon de Marseille comme si vous y étiez

samedi 22 mars
La veillée d'armes, préparation du sac, surtout ne rien oublier, je commence a en avoir l'habitude, tout est prêt, rien ne manque, le sac est prêt, il ne manquera plus que les 2 bidons de boissons énergétiques à préparer demain matin. Sparadrap, vaseline, casquette, manchons….
dimanche 23 mars
Lever à 6 heures, le ventre un peu noué, je dois me forcer à manger, aussi je ne mange pas ce que j'ai l'habitude de manger au Petit déjeuner, pourvu que ça ne me fasse pas défaut dans quelques heures.
Nous sommes dans les temps, la famille au complet part à 7 heures, pas de problème sur la route, mes copains pompiers du club nautique qui vont "le faire" aussi nous doublent sur l'autoroute.
Arrivée à Marseille vers 7h45, nous trouvons à nous garer assez facilement vers le fort St Victor pas loin de l'arrivée. Je me prépare, lentement en veillant à ne rien oublier, la vaseline + le sparadrap sur la pointe des seins, la pommade anti échauffement sous les aisselles, je n'en mets pas à l'aine tant pis, j'en mets une couche sur les doits de pied et les talons. La ceinture porte bidon est prête, les compléments "coup de fouet" aussi, j'emporte la pommade au cas ou.
Voilà a yé, y a plus cas !!
Nous montons au départ au Palais Lonchamp tranquillement en visitant un peu Marseille. Nous voilà au départ, je laisse la petite famille et vais rejoindre la ligne de départ, je retrouve par hasard, on est 3000 au départ, Jean Marc et Marc les deux pompiers, c'est leur premier marathon, et je les sens un peu stressés malgré leur apparente bonne humeur. Je m'éloigne un peu en m'échauffant et pour satisfaire un besoin naturel, car les organisateurs ont bien prévu des WC mais pas en nombre suffisant pour satisfaire tous les concurrents et concurrentes, donc de nombreux cochons urinent juste à coté du départ contre les murs, rendant les trottoirs d'une saleté innommable. En faisant quelques hectomètre je trouve un petit ruisseau bien accueillant.
Je m'engage dans le sas de départ, et cherche mes meneurs d'allure car je voudrais bien arriver à descendre en dessous des 4 heures, je les vois au loin avec les ballons bleus, je m'approche doucement et reste pas très loin. Voilà, l'heure approche, je déclenche ma balise GPS afin quelle trouve le réseau pour que je puisse connaître ma vitesse et me baser dessus, mince ça marche pas, ça fait un mois que je me sers de ce truc sans aucun problème et là ça marche pas, il ne trouve pas la balise. C'est pas possible !!! Je me calme et j'essaie de ne pas m'énerver et perdre du jus sur des bêtises pareilles car le départ approche. L'ambiance monte une énorme ovation commence, je suppose que c'est le départ des handisports, des frissons montent, c'est bientôt à nous, ça y est c'est parti, je déclenche le chrono en passant sur le tapis qui détecte les puces que nous avons sur les chaussures, m….e je me trompe de bouton sur le GPS, je l'enclenche avec 2 minutes de retard, décidément….
On descend la Canebière dans une ambiance de feu, c'est toujours ainsi au départ, plus tard les esprits se calment. Le peloton s'étire les premiers sont déjà loin, je suis bien, j'ai un bon rythme, je cherche mes ballons bleus, ils sont derrière, je continue sur mon bon rythme, la fréquence cardiaque est bonne, fai tira Marius….
Les ballons bleus me rattrapent, je reste avec eux, c'est un peu gonflant de rester en groupe comme ça, je n'ai pas l'habitude, il me semble voir Marc me doubler, mais dans cette foule ce n'est pas évident de distinguer quelqu'un. On passe sur le vieux Port devant la Mairie puis on prend la direction de l'Estaque, l'ambiance tombe d'un cran car la fête est "finie" nous attaquons le dur, car bien que le parcours soit plat, il reste encore 39 km, le premier ravitaillement arrive, je prends juste une petite bouteille d'eau pour boire en courrant, je ferais pareil aux autres car je ne mange pas en courrant de longues distances pour ne pas encombrer l'estomac, pendant mais aussi après pour faciliter la récupération. Je suis toujours bien, bonnes sensations, bon rythme cardiaque, mais j'ai toujours la même appréhension, car sur mes deux précédents marathons (Pertuis 2001 et 2002) mes problèmes ont commencé à partir des 15/20 km. Je suis les meneurs d'allure jusqu'à un ravitaillement où je ne les vois plus, je ne sais pas ce qui c'est passé, je me retourne et ne les vois pas, je suis bien aussi je décide de continuer à mon rythme.
Sur la route nous croisons les premiers handisports, et là pareil le même respect, une ovation qui suit leur parcours, chaque fois j'ai les mêmes frissons rien que d'y penser.
Nous croisons aussi les premiers, tous de Kenyans, je croise un gars du Puy, Vincent, il est super bien placé dans le 30 premiers.
Je commence à sentir des démangeaisons à l'aine, je n'ai pas mis de crème, bien fait pour moi, je le sais que le frottement répété des coutures de mon cuissard m'irrite.
Arrivés à l'Estaque, où nous n'avons vu ni Marius ni Jeannette, nous faisons demi-tour pour reprendre le même chemin, mais sur l'autre partie de la chaussée. Là je croise Jean Marc, il est derrière les meneurs d'allure des 4 h 30, c'est bien c'est son premier marathon, il part pour finir, on s'encourage à travers la grille de séparation, il a l'air tendu. Moi je continu toujours "seul", je ne vois toujours pas les ballons bleus. Tant pis. Le semi-marathon se profile déjà, je passe en 1 h 57 c'est bien je suis un poil en avance j'avais prévu de passer en 2 h. Nous allons repasser devant le vieux port pour partir ensuite sur la Corniche, j'ai prévu le changement de bidon avec ma femme vers le 25ème kilomètre, tout est organisé, un des petits doit me donner le bidon plein et un autre récupérer le vide tout se passe très bien je change même de manchon pour m'éponger le front car le premier est déjà bien trempé. Grosse ambiance sur le Vieux port, beaucoup de spectateurs, surtout la famille et les amis des concurrents, les Marseillais semblent désintéressés, c'est vrai que ce n'est pas l'OM… On attaque la Corniche, et là surprise un vent de face assez fort et surtout frais créait des dégâts. J'ai du mal à reprendre mon rythme, mais petit à petit il revient, j'aide même un Anglais qui cherchait de la crème anti échauffement pour son …. entrejambe. C'est fou, moi qui déteste les Anglais…..
La Corniche semble interminable, malgré la vue de la mer et des bateaux, c'est long moins sur la deuxième partie car nous croisons les collègues, je scrute désespérément pour voir si je ne croise pas Marc, mais non, personne, en fait je l'ai sûrement croisé sans le voir, et lorsque je bifurque à mon tour je guette pour voir Jean Marc cette fois ci, et là aussi personne. Comme je le craignais, je commence à sentir l'acide lactique dans mes cuisses qui se tétanisent, je savais que je n'avais pas assez travaillé la vitesse dans ma préparation, bon sang, ça me fait pareil qu'à Pertuis, des cuisses dures que c'est pas possible, le rythme cardiaque et la respiration sont nickel, c'est pas vrai ça, je faiblis, je le sens, je me retourne et je vois les ballons bleus qui reviennent sur moi, je ralentis pour les attendre, mais lorsqu'ils me doublent je n'arrive pas à m'accrocher "au wagon" p….n de p….n, je pioche, j'avance plus, ils me lâchent irrémédiablement, nous rentrons dans le parc Borély, là je décide d'accélérer doucement pour revenir sur eux, m…e trois mois que je le prépare ce marathon en moins de 4 heures, je vais pas lâcher là, à 10/12 km de l'arrivée. Je profite d'un de leur arrêt à un ravitaillement que je ne fais pas, grâce à mon porte bidon pour revenir sur eux. Ça y est, j'y suis, bon maintenant pépère, il faut s'accrocher, un des deux meneurs d'allure me remarque et sens que je suis à bloc, il m'encourage, ça fait du bien, je m'accroche, là c'est plus les jambes qui commandent, c'est la tête. Mes brûlures à l'aine me font de plus en plus mal. Nous passons sur le boulevard Michelet, dans les bouchons, le bruit, les cris et invectives des Marseillais pour qui courir 42 km 195 ne semblent pas mériter un soupçon de respect et d'encouragement, seul semble compter leur temps précieux, les gaz d'échappement non plus n'arrangent pas la situation. Mes cuisses prennent finalement le dessus sur mon mental, en traversant le Stade Vélodrome, je craque, je prends prétexte d'une pause pipi pour m'arrêter et laisser les ballons bleus, je ne les reverrai plus, jusqu'à l'arrivée. Il reste moins de 4 km, je pioche que c'est pas possible, je marche deux ou trois fois, c'est pas vrai, je vais pas y arriver !!! L'arrivée approche, le monde s'intensifie, les encouragements aussi, je regarde mon chrono, je suis à 3h50, il me reste un peu plus de 2 km, je peux le faire, j'accélère, doucement, les gens crient, c'est fou, ils voient mon prénom sur le dossard, et crient "allez Christian" ils me voient et ils nous voient toutes et tous fatigués, parce que là, il n'y a plus de patrons, de cadres, d'employés et d'ouvriers, ni femmes ni hommes, il n'y a plus que des gens qui souffrent, qui "galèrent", beaucoup marchent, s'encouragent entre eux par de petites tapes, sans mot, en silence, que j'aime cette solidarité de la souffrance, alors j'accélère encore, que dire, je sprinte, je fais un dernier kilomètre d'enfer, sûrement moins de 5mn au kilo, les cris s'intensifient, j'accélère encore je double au moins 30 concurrents, les gens, qui me voient sprinter au bout de 42 km, crient encore plus, je ne sens plus mes cuisses, je regarde mon cardio, p….n je suis même pas dans le rouge c'est dingue… je passe la ligne d'arrivée, j'ai mal à l'aine, ça me brûle.
Je ne connais pas mon temps officiel à mon chrono je fais 3 h 59 mn mais je ne me réjouis pas encore, je dois attendre le chrono officiel. L'arrivée est un peu confuse, beaucoup de monde sur peu de place, il ne reste plus grand chose à grignoter ni à boire surtout pour moi, heureusement, je n'ai pas fini mon bidon de boisson énergétique. Nous passons sous un chapiteau dans lequel règne une chaleur pas possible, je sors vite pour retrouver la famille, et là je me prends un coup de vent frais, qui soulève la couverture de survie qui nous a été donnée. Je discute un peu avec ma femme, et d'un coup je sens que je vais avoir un malaise, mes yeux se brouillent, j'ai froid, ma femme m'attrape, je me laisse glisser pour m'asseoir parterre, je n'ai pas perdu connaissance, je ne panique pas, merci la sophrologie, je me détends tranquillement, ma femme part vite me chercher du sucre, je bois les dernières gorgées de mon bidon, je sens que ça va déjà mieux, je respire bien, tout autour de moi personne n'a bougé, les enfants sont un peu inquiets, je les rassure en leur parlant, pour leur monter que ça va, je mange quelques sucres, et des pruneaux, voilà c'est bon, je me couvre bien, pour finir la récupération, ça y est c'est bon, je me lève, ça va mieux, je fais quelques étirements. C'est dur, mais je ne suis pas le seul, ça ne rassure pas mais j'en vois au moins deux qui partent en ambulance, j'apprendrais le lendemain qu'il y a eu un décès.
Voilà, c'est fini, devant la confusion de l'arrivée, nous décidons de rentrer.
Le soir je regarde sur Internet mon résultat :


temps officiel : 4 h 01 mn 36 secondes.
Place 1727/2766


temps intermédiaires :
10 km : 00 h 56 mn 26 s : 10,66 km/h
21 km 01 h 57 mn 42 s : 10,73 km/h
30 km 02 h 48 mn 19 s : 10,70 km/h
42 km 04 h 01 mn 36 s : 10,49 km/h

Petit positive split (deuxième semi plus lent que le premier)

1er semi 1 h 57
2ème semi 2 h 04
Catégorie : 724/1047

Pour finir en moins de 4 heures j'aurais du faire 10,55 km/heures de moyenne grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr

Un jour j'arriverais à faire moins de 4 heures. C'est promis

1 commentaire

Commentaire de CROCS-MAN posté le 18-09-2008 à 12:24:00

Salut, je me replonge dans les récits existants vu que le marathon de Marseille redevient d'actualité. Bravo pour ton courage et merci pour ce CR détaillé.

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