Récit de la course : Raid de l'Estuaire St-Nazaire Couëron 2006, par robin
Le raid de l'estuaire
Fin décembre 2005 - début 2006 juste avant le lancement des cross officiels, je recherche les lieux de mes futurs ultras. Ce n'est pas qu'il m'en faille beaucoup deux ou trois me suffisent !
Un 100 bornes oui sûrement , surtout qu'en 2005 le Loire-Beconnais annulé je n'ai pu retenter l'aventure. Belves, support aux championnats de France, me tente bien. Ce n'est pas que je vise un podium mais sur un France on doit voir du monde et puis le Périgord c'est chouette. Seulement cela n'entre pas dans le planning familial. La solution vient d'un e-mail m'annonçant la renaissance du Loire beconnais.; C'est décidé the winner is Loire beconnais !
Mais à par cela qu'est-ce que je vais faire ? Les autres courses sont soient trop lointaines, soient trop rapprochées soient à des dates déjà retenues par des projets familiaux. Je laisse tomber à partir du deuxième semestre normalement c'est un Ekiden avec le club. P…. C'est compliqué un Robin !
Je tombe alors sur le Raid de l'Estuaire qui d'emblée me plait bien. C'est chez moi ou plutôt c'était chez moi quand j'étais jeune avant de m'exiler en terres sarthoises. La date me plait bien en plein pendant le week-end de Pâques, je pourrai aller chercher les œufs et en tant que cloche le voyage ne me coûtera pas cher. Ah cela part à 23 heures. Ben encore mieux, je ne l'ai jamais fait. C'est vendu.
12 février 2006 la saison de cross se termine. Côte négatif : Le France par équipe n'est plus qu'un rêve
Côté positif On s'est quand même bien marré pendant toute la saison et puis on va pouvoir préparer les deux ultras.
Pour le Raid, j'opte pour une préparation 100 bornes. Je reprends le plan que m'avait concocté Maître Heubi one. Seule différence tous les deux semaines je remplace une séance spécifique ou d'endurance par une séance de VMA style 10*400m ou 1'/1'. Maxi 5 séances par semaine
Plan sur 12 semaines sur la base de 3 semaines plus chargées suivies d'une semaine plus cool
Séance type :
une séance VMA ou Vs 100 bornes de 1h à 1H15
une séance allure marathon 1H à 1H15
une séance allure VS 100 bornes 1h à 1H15
une séance longue qui ira de 2h à 3H
éventuellement une séance supplémentaire d'une heure
En réalité je ne ferai qu'une semaine à 5 entraînements la semaine la plus chargé arrivant à 90 kilomètres. Je me dis que cela devrait le faire. De toute façon c'est le budget "Temps" maximum que je m'octroie. C'est vrai que cela paraît léger par rapport à d'autres suivis d'entraînement…
C'est une des questions que je me pose : En vue d'ultra genre UTMB, GRR, Transgaule n'y a-t-il pas un minimum de charge kilométrique à faire au minimum 120km et qu'un entraînement tournant entre 6/7 heures pour 90km maxi même avec de la qualité c'est peut-être trop léger
La préparation se passe pas mal, j'évite les gros bobos. Elle n'est pas trop bouleversée par toutes les contraintes Comme d'hab quoi ? Vous connaissez tous le topo.
Voili, voilou. Tout cela nous amène tranquillement vers le samedi 15 avril. Un peu de stress à l'idée de cette première nocturne mais relativement confiant à l'idée de franchir la ligne d'arrivée. Sentiment conforté par le fait d'avoir déjà bouclé un 100 bornes et d'une sous-estimation de la difficulté de cette course
21H30 j'arrive à Trignac lieu du départ de ce raid. Un dernier accès au site du COCRAID club organisateur donnait une quarantaine de coureurs pour cette première. Rencontre avec François un des responsables de la course. Contrôle du sac, remise du dossard.
Rayon vestimentaire : un corsaire, le maillot UFO Manches longues, le coupe-vent Goretex. Cela devrait suffire il ne fait pas trop froid et les cieux semblent cléments. L'accueil est sympa. Dans l'attente du départ une collation nous est offerte. La remise des dossards se faisant dans un gymnase nous avons le droit à un match de basket. Je croise Marco, la Tortue membre du Zoo.
23 heures c'est parti ! un petit tour de plan d'eau et les raideurs s'en vont.
Nous sortons de Trignac via des petites routes pour longer les marais de la Brière. Au bout de quelques kilos nous entrons dans le vif du sujet ou plutôt en plein dans les marais c'est à dire avec de l'eau jusqu'à mi-mollet parfois. Retour sur la terre ferme nous alternons chemin et route. C'est plat et sans grand intérêt.
Au bout d'un moment nous longeons un canal avec passage de fossé sur des passerelles tendance trampoline, marrant ! C'est le secteur où lors du briefing on nous a dit de faire attention aux trous de ragondins. Il y en a des beaux ( des trous , pas des ragondins … en Brière le pâté de ragondin a une certaine cote, je ne sais pas j'en ai jamais goûté ). Cela ne manque pas, je réussis à me retrouver par terre mais heureusement sans dommages. Cette longue portion est aussi entrecoupée de barbelé à franchir. Pas très doué le Robin pour le franchissement.
Tout cela nous mène tranquillement à la Pommeray lieu où est installé le 1er ravitaillement atteint en 2h43 à peu près. Le plein du Camel, deux ou trois bouts de bananes et c'est reparti direction Savenay. Pensée à ma petite famille endormie à deux ou trois kilomètres de là.
Côté terrain : pour la première fois en trail, je sais où je suis. Lorsque je reviens chez mes parents ces chemins et ses routes sont le terrain de jeu de mes sorties longues. Rayon dénivelé ce n'est pas le Pérou c'est plat,plat ,plat. Successions de chemin entrecoupées de portion de bitume. un peu monotone si ce n'est le plaisir de courir dans la nuit.
Le relief s'élève un peu, nous attaquons les premières grimpette du sillon de Bretagne. A ce moment je décide d'adopter la marche dans les montées . Peu à peu je rejoins un coureur qui à priori a adopté la même stratégie. Salutations, premières paroles . Evoluant au même rythme, nous voguons de concert vers la Chapelle Launay. C'est le début d'un voyage en commun. .
Nous loupons une balise par manque de vigilance, faisons demi-tour et retrouvons le bon chemin. Peu avant d'arriver sur Savenay, une camionnette masque une flèche. De nouveau demi-tour , la perspicacité de mon binôme découvre la flèche cachée et nous filons sur Savenay. Après bien des détours nous arrivons au deuxième ravito dans le centre de Savenay. Pointage, deux ou trois verres de coca, une soupe bien réconfortante. Mon binôme me vante les mérites d'un bon sandwich jambon beurre n'hésitant pas à m'en filer un bout.
Un grand merci à tous les bénévoles supers tout au long de la nuit. Ils étaient une cinquantaine à nous bichonner. Encore merci.
Mon compagnon me demande si je repars de suite. Le temps de finir ma soupe, nous repartons donc de concert. Nous sortons de Savenay. Brr cela caille pas chaud dans le pays. Après une pause toilette nous remontons sur le lac avec la même technique à savoir montée en marchant , course en descente et sur le plat.. Le relief est plus accentué courtes montées et descentes se succèdent. Nous sommes sur le Sillon de Bretagne. Le jour se lève peu à peu. Je suis content je n'ai pas eu un gros coup de pompe dans la nuit. Nous pouvons distinguer maintenant le paysage. Nous surmontons l'estuaire de la Loire et distinguons au loin le pont de Saint-Nazaire porte de l'océan, la raffinerie de Donges, plus près de nous la centrale de Cordemais. C'est vrai ce n'est pas nature 100% mais en regardant ce paysage, j'éprouve les mêmes sensations que lorsque de retour au pays je découvre la Loire,l 'église de Donges à la sortie de la voie expresse.
Mon compagnon et moi continuons à deviser tranquillement. Je m'aperçois que mon compagnon de route a une sacré expérience ( 333,555 ) qu'il revient de Nouvelle-Zélande et s'apprêter à repartir vers une destination lointaine. Je ne sais pas pourquoi il y a quelque chose qui m'interpelle mais je n'arrive pas à le cerner. Nous poursuivons toujours selon la même stratégie.
Nous nous approchons de St Étienne de Montluc, siège du dernier ravitaillement. Nous croisons des bénévoles, discutons le bout de gras et nous repartons. A ce moment j'ai le flash. Mon compagnon, je l'ai déjà croisé au trail de Guerlédan en 2002. C'est à la suite du posting de mon C.R. qu'Annick m'avait donné son nom : Réné Heintz. Aussitôt je fais part de ma découverte à René. Peu après de grands cris nous font nous retourner. Nous apercevons que les bénévoles nous font de grands signes en indiquant la droite. Tout occupé à notre découverte, nous n'avons plus fait attention au fléchage. D'un commun d'accord nous décidons d'imputer cette fausse manœuvre à AnnicK ….c'est beau l'esprit Ultra !!
Pour visualiser René, c'est tout simple vous tapez René Heintz sur Google et vous surfez impressionnant le palmarès ! une carte de visite aussi longue qu'un jour sans pain. Un super personnage que j'ai eu le plaisir de côtoyer pendant une quarantaine de bornes. Merci René pour la ballade.
Continuant à deviser nous rentrons dans le bourg de St Etienne de Montluc. Une terrible épreuve nous attend. La traversée du bourg en humant les senteurs de la boulangerie. Damned après une nuit à courir c'est dur. Et toujours pas de ravito. Nous sortons du bourg, rien . Nous remontons sur les coteaux toujours rien. Snif ! Snif ! Un problème commence à m'embêter sur la jambe droite. Douleur au-dessus de la cheville cela devient plus dur de lancer la machine à chaque changement de rythme. Je m'apercevrai à la douche qu'au-dessus de la cheville c'est bien gonflé. 1ere fois que cela m'arrive! Peut-être des chaussures trop serrées ?
Et enfin au magie le ravitaillement est là dans une ferme. Remercions encore une fois les bénévoles. Ils ont eux aussi les petits yeux ! Le plein de la poche à eaux et c'est reparti. Il ne reste plus que dix kilomètres une longue descente. Un peu de route et surtout plein de chemins défoncés par les tracteurs, remplis d'une eau boueuse avec de l'eau parfois jusqu'au-dessus de la cheville. Parfois l'équilibre fait défaut. L'Amazonie en pays nantais. ! L'avantage : l'eau fraîche atténue la douleur de la cheville.
Cette dernière partie sera en grande partie en mode marche. L'église de Couëron, la Tour de plomb sont visibles cela sent la fin. Au bout d'un chemin, Gilles l'un des organisateurs est là. Il nous indique à 500 mètres le vélodrome sur lequel est jugé l'arrivée. Ouah ! on va se la jouer version Paris Roubaix sur deux tours de piste. Finalement on finit tranquillement main dans la main les derniers mètres. Ayé c'est fini en 11h43.
Bilan :
Super content de cette balade en compagnie de Réné d'une grande gentillesse et d'une super simplicité.
1ere fois que je cours une compet de nuit, frustrant pour le paysage mais cela procure d'autres sensations
1ere fois que je passe autant de temps en course
Organisation de qualité : Gilles et François n'ont pas loupé leur entrée
Merci à tous ces bénévoles qui ont sacrifié une partie de leur week-end pascal pour notre plaisir.
Pas de crampes à l'inverse de mes trails de l'an dernier. Sans ce soucis à la cheville cela aurait été nickel
Pas mal de concurrents en prenant le départ du raid avaient une petite pensée au tour du golfe du Morbihan. C'est vrai que je me voyais mal repartir pour 90 bornes supplémentaires arrivé à Coueron. Qu'est ce qu'il me manque encore ? un kilométrage plus conséquent ? A partir d'une certaine distance ( 150 Km disons ) un volume hebdomadaire conséquent est-il nécessaire pour envisager sereinement de rallier l'arrivée ?
J'ai tourné sur le Raid avec un gel toutes les heures en m'hydratant toutes les 5 mn avec de l'eau + poudre énergétique faiblement dosé ' moitié moins que recommandé). J'ai picoré du pain d'épices, testé le jambon beurre, cela m' a donné l'idée d'essayer un cake salé ( jambon olive )
Merci de m'avoir lu. Au passage je profite de vous remercier de tous vos C.R. j'espère que vous aurez autant de plaisir à lire ma prose que j'ai à lire la votre.
Robin Apprenti UFO
2 commentaires
Commentaire de le_kéké posté le 21-04-2006 à 19:33:00
Merci beaucoup pour ce CR, c'est comme cela que je les aime, ça donne envie de participer à l'epreuve et de rencontrer l'auteur.
En tout cas bravo pour la perf.
A+
Philippe
Commentaire de La Tortue posté le 01-05-2006 à 18:49:00
ravi d'avoir fait ta connaissance à Trignac.
à une prochaine fois au bord du chemin !
la tortue.
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