Récit de la course : Saintexpress 2012, par yiogo

L'auteur : yiogo

La course : Saintexpress

Date : 2/12/2012

Lieu : Ste Catherine (Rhône)

Affichage : 4100 vues

Distance : 44km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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SaintExpress 2012

Kikoureuses et kikoureurs,

J’écris ce compte rendu depuis le train qui me ramène chez moi, j’ai 2 heures de sommeil au compteur et je profite de ce moment pour faire ce billet à chaud.

Un seul constat pour cette nuit du 1er au 2 décembre 2012, que c’était bien !

Je suis arrivé à 16h00 samedi en gare de Lyon pour la Saintexpress, déjà on retrouve ici et là beaucoup de personnes qui participent à l’épreuve, nous convergeons tous vers le métro pour aller à Gerland.

Je prends mes quartiers dans un hôtel à deux pas du palais des sports et me dirige vers l’édifice pour retirer mon dossard. L’organisation est au top, tout va très bien et très vite.
Premier contact avec la ligne d’arrivée installée dans le bâtiment, j’ai bien l’intention de la revoir d’ici quelques heures !
L’entraînement a été éprouvant ces dernières semaines dans des conditions parfois difficiles aussi aujourd’hui ces efforts doivent payer. J’ai également la chance d’avoir un large soutien de mes proches - parfois inquiets ;-) - aussi même si je suis en solo sur cette épreuve, c’est la tête bourrée d’encouragements et de messages de sympathie que je me présente vers le départ.

Prendre la navette s’est avéré un peu compliqué, après quelques allers et retours dans les différents bus mis à disposition, je trouve finalement une place de dispo pour partir vers Sainte Catherine.

A proximité du village de départ, nous rencontrons la neige, et oui cette année, une partie du parcours a revêtu un joli manteau blanc. J’ai à ce moment en tête les images de l’épreuve de 2010 que j’avais découverte en photo peu après avoir débuté la course à pied, ça va être énorme !
Avec une nuit relativement dégagée et une « presque pleine lune », la visibilité est très bonne.
A l’inverse la température est plutôt hostile, dès la sortie du car le froid saisit, un froid sec, mordant mais sans vent. Au ressenti je dirais qu’il fait – 5°C, c’est bien le moment d’enfiler une couche supplémentaire et d’ajuster foulard, gants et bonnet … de la Saintélyon bien sûr !

Les quelques minutes avant le départ sont très intenses, les frontales, comme des lucioles, forment un spectacle féérique, c’est magnifique !

A 23 heures, le départ est donné, malgré l’absence de sas, je ne serpente pas trop dans le peloton.
J’ai en tête les informations distillées sur le forum, arriver en forme à Soucieu, en garder sous la semelle pour la fin.
Nous quittons le village et empruntons les premiers chemins et pentes, si la neige est appréciée, le verglas représente un vrai danger. Je ferai les frais d’une chute collective sur une portion de route transformée en patinoire. La solidarité est là, pour 4 bonhommes par terre, il y en a 10 pour les relever et te dire un sympathique « Ouhla ça va ? ».
Nous alternons des chemins de neige et de boue, la première fois que l’eau pénètre dans les chaussures c’est … vivifiant.
Côté hydratation je m’impose de boire toutes les 5 minutes et de m’alimenter régulièrement, entre l’effort et la température, j’en dépense de l’énergie !

La descente du bois d’Arfeuille tient ses promesses, c’est raide, ça glisse et ça dérape, placer chaque foulée relève du parcours du combattant. Le peloton commence à s’étirer lentement, les lumières qui s’égrainent sont très jolies dans le paysage mais imposent une plus grande concentration pour s’orienter. Sympathique anecdote, je suis arrêté à une fourche lors d’une « petite pause » quand je vois une dizaine de coureurs prendre la mauvaise direction, sur le coup je pense à un arrêt  technique  mais bien vite je vois que mes compatriotes sont en train de s’engager sur la mauvaise route. S’en suit un joli « EEEEEEEEEh les gaaaaaaars, c’est pas par làààà, c’est à gaaaaaaaauche ! ». Fin du détour touristique, tout le monde reprendra le parcours de la Saintexpress.   

Après 02h00 de course, 15 km sont parcourus, qui ne va pas vite va loin, il faut rester en forme pour la fin du parcours mais déjà je double quelques coureurs en difficulté.
A 02h30, les bénévoles, plus que courageux par ces conditions hivernales, indiquent le premier point de ravitaillement. Celui-ci est abondant et complet, seul hic le tuyau d’alimentation de la rampe mis à disposition pour remplir les bidons est gelé et ne donne qu’un mince filet d’eau.

Je passe un peu de temps à « refaire les niveaux » et me remet en route, 10 minutes d’arrêt, et bim prends ça dans le chrono. Le deuxième effet kiss cold du ravito, c’est que mes muscles se sont refroidis et la remise en route n’est pas évidente. Je ne brusque pas la machine, après 15 minutes tout repartira normalement.

Cela fait 03h00 que je suis parti, pour le moment tout va bien. Les portions de route deviennent plus fréquentes, les chemins sont boueux à souhait et le verglas toujours présent. Je prends néanmoins le temps de regarder au loin pour profiter de la vue, courir la nuit apporte une dimension supplémentaire aux paysages que je traverse, quel pied !

Après 04h00 de course, je fais groupe avec 4 concurrents et au détour d’un carrefour nous prenons la mauvaise route, le temps de s’en rendre compte, de tenter quelques itinéraires bis pour finalement rebrousser chemin nous avons perdu un bon quart d’heure (hop et reprends ça dans le chrono !).
Les montées qui suivent commencent à être pesantes, les chemins sont bien remués par le passage des coureurs, il n’est plus rare de s’enfoncer jusqu’aux chevilles pour progresser. Lors d’une descente, je glisse sur une pierre verglacée et me rattrape miraculeusement façon danseur de brake-dance. Quelques centaines de mètres après je me cogne la cuisse sur un rondin de bois que je n’ai pas eu le temps d’esquiver. La motivation est là, les jambes commencent à faiblir.

A 04h27 j’arrive au second ravitaillement de la Saintexpress. Pas question de réitérer mon arrêt du premier ravito, je prends rapidement mon combo banane-pâte de fruit que je consommerai plus tard et refai le niveau de mon camel. Je fais vite et bien et m’engage moins de 3 minutes après sur la côte de Sainte Foy. Au passage, j’ai une pensée pour les concurrents du car de rapatriement qui ont eu la lucidité d’arrêter, c’est un choix difficile mais responsable.
Les 17% de la montée de Sainte Foy mettent tout le monde d’accord, personne ne tente de courir, j’aperçois le panneau m’indiquant l’arrivée à 10 km. 10 km ça se fait vite en temps normal, mais après plusieurs heures de course, 10 km ça veut dire 1h15. Rester motivé, ne pas faiblir, se raccrocher à des éléments positifs, aux soutiens des proches, le mental prend le relais sur le physique émoussé.
La descente qui suivra l’ascension est  à la limite plus difficile à négocier, ça descend raide, ça fait mal aux pattes, mon genou gauche et le mollet droit commencent à me dire « Quand est-ce que l’on arrive ? ». 6kms mes petits poulets, faut tenir !
J’arrive à Lyon pour commencer à longer les quais. J’aurais bien aimé avoir une vue différente de la ville tant cette partie de tracé n’offre pas d’intérêt. Peu importe seule l’arrivée compte maintenant.
Je remonte beaucoup de concurrents en difficulté et leur adressant pour chacun un message d’encouragement les incitant à repartir. Je me suis déjà retrouvé dans cette position sur d’autres épreuves, complètement grillé à quelques kilomètres à faire et dans ce cas chaque élément positif est bon à prendre.

A 2 km de l’arrivée, j’augmente la cadence pour me mettre à un ultra-rapide 11 km/h et aller chercher la victoire. 2 km de bonheur, la fin est à portée de main. Quelques virages, un petit parc et l’entrée du palais des sports est là.

Je franchi la ligne heureux, mille choses me passent en tête à ce moment.

La Saintexpress est bouclée en 05h47, me classant ainsi 818 sur 1942.

Un message aux proches que j’ai très certainement réveillé pour annoncer fièrement la fin de l’épreuve, c’est vrai qu’il n’est que 05h00 du mat’.

Je suis très satisfait de ce scénario de course, quand on a l’unique objectif de terminer, commencer cool et finir bien font que même si la douleur est présente, la souffrance n’existe pas.

Le vainqueur de la SaintéLyon franchira la ligne 30 minutes après mon arrivée, chapeau bas l’artiste, 70km en 05h16 par ces conditions c’est énorme.

Par extension j’ai un immense respect pour tous les coureurs de la SaintéLyon pour laquelle nous avons emprunté une bonne partie du parcours. Si ce challenge relève de l’exploit, la Saintexpress est une belle performance.

Je partage ce récit pour grossir le rang des retours de la Saintexpress, n’hésitez pas à vous y inscrire le plaisir est au rendez vous … dès l’année prochaine ?

Sébastien – dossard 10633

 

2 commentaires

Commentaire de Byzance posté le 03-12-2012 à 21:03:42

Bravo à toi ! J'y étais aussi et pas aussi simple qu'elle ne parait ...

Commentaire de HERVE GAP posté le 04-12-2012 à 07:07:40

Bravo pour ta course, distance d'un marathon tout de même!

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