L'auteur : e.broyer
La course : Les Templiers
Date : 26/10/2008
Lieu : Nant (Aveyron)
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Distance : 72km
Objectif : Terminer
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Réflexions sur la discipline......après un trail long et difficile : Plus jamais çà ! l'an prochain je m'inscris au tennis de table ! 13H30 de souffrances, de vertèbres tassées, un ongle qui va me quitter, des adducteurs en feu et les ligaments du genou presque croisés... L'aventure a commencé à 4h00 du matin, par un réveil difficile dans la charmante et paisible ville de Florac, située à 1H30 du lieu de départ prévu à 6H15. Un peloton serré s'élance,combattif et vaillant, il s'étire lentement puis se regroupe au pied de la première côte, nous sommes presque 3000 à vouloir emprunter un même chemin étroit !.... Il fait nuit, on discute, on se tient chaud, certains regrettent déjà de rater ce moment unique, où affalé sur un canapé, ils auraient put assister à une victoire de légende contre les All Blacks. Le rythme est donné, plutôt lent, une marche rapide que l'on subit, impossible de doubler. Bientôt le jour se lève sur un ciel menaçant ( menaçant veux dire : tempétueux en aveyronnais ! ), mais on peut ranger nos frontales et affronter un léger crachin qui nous rafraichit dans une athmosphère plutôt douce. Les sentiers sont étroits, pierreux, glissants, il faut rester concentré. Pour la 2ème difficulté; environ 400m de dénivelé sur à peine 2kms, j'observe le même phénomène de bouchons par vagues que sur les autoroutes du Sud en période de vacances Sans aucune raison apparente, nous sommes immobilisés dans la pente, à intervalles réguliers, et dans des positions inconfortables pendant près de 20 mn quelquefois ! Nous sommes encore loin du sommet mais proche du coup d'envoi de la Finale, on entend déjà quelques pronostics ! Après cette longue montée encombrée, on débouche enfin sur le haut du second plateau, le Causse Méjan où l'on profite enfin d'un sentiment libérateur d'espace et de liberté qui donne envie de courir. La taille minuscule du village et de la rivière qui serpente 600m plus bas, contrastant avec les rochers gigantesques qui bordent le parcours, témoigne des efforts déjà effectués. A peine le temps de trouver un rythme régulier de course sur le plat, qu'il faut déjà redescendre, à flanc de colline, à travers bois, sur un sentier truffé de pierres et de racines. Le village a repris ses dimensions normales et nous accueille avec son buffet chargé de produits régionaux et de spécialités locales : Roquefort, charcuterie, sourires, amabilités, joie de vivre ! Mais l'appétit a disparu depuis cette descente infernale qui m'a tassé les talons autant que l'estomac ! je réponds malgré tout à la gentillesse des villageois. Il est difficile de quitter ce lieu de repos, ce havre de paix, d'autant plus qu'il reste encore 3 grandes difficultés, que nous venons d'apprendre la défaite de l'équipe de France et que la barrière horaire n'est pas très loin ...... Le mauvais temps s'installe définitivement, comme la fatigue et la lassitude, on nous promet un prochain ravitaillement dans à peine 2 ou 3 kms, à la prochaine rencontre avec des bénévoles, il reste encore 2 ou 3 kms ! en fait, il nous faudra presque 2 heures pour s'y rendre. Je prends un sérieux coup au moral devant ce chrono qui avance, qui coure bien plus vite que moi, et devant ces conditions météos qui se détériorent. Caché au creux d'une bergerie, le dernier ravitaillement apparait enfin : dernier refuge du Causse Noir, peuplés de "zombies" crasseux, exténués, divaguants dans cette antre, un bol de soupe à la main, comme de pauvres mendiants ! Il me faut une sacrée énergie pour m'extraire de ce lieu, m'arracher à cette douce chaleur et affronter une nouvelle fois le froid, le vent et la nuit. La barrière horaire, véritable épée de Damoclès, nous guette encore, rôde et se rapproche comme un loup qui sort du bois.... L'organisation, alertée par l'arrivée rapide de "l'épisode Cevenole", forme de tempête et specialité locale, a modifié la fin de la course pour un retour plus direct ! La distance ne change pas ( 78 kms réèls contrairement aux 71 gravés sur la médaille....) mais le retour sera plus rapide. Après un ultime ralentissement dans la grotte du Hibou, une descente infernale et interminable nous plonge litteralement sur Millau, presque à vol d'oiseau ou plutôt de hibou ... On descend comme on peut : accrochés aux arbustes, aux branches, en glissade, en marche arrière, latérale .... ils nous ont mis des pièges ! des racines, des pierres qui roulent, de la terre instable, des épineux pour nous faire souffir jusqu'au bout ! Puis soudain, la voix du speaker à l'arrivée, de la lumière au loin, la civilisation réapparait, le public est là, à portée de mains, de pieds. Il nous encourage dans ces foutus derniers mètres auxquels on a rêvé pendant longtemps. Cette fois c'est terminé ! en 13H40 ( 1840eme /3000 inscrits ) je passe la ligne main dans la main avec Fred, mon accompagnateur vélo aux "100 kms", un gars du cru, humble, gentil, simple, calme et efficace qui m'a beaucoup aidé tout au long de la course. Epilogue : Au cours des derniers kms, rassemblant le peu de facultés mentales qu'il me restait, je me promettais, devant ce lourd bilan de ne plus recommencer , et puis, une fois arrivé, il y a tant de beaux souvenirs pour effacer le reste ! Le paysage grandiose, la traversée de la Dourbie sur un pont flottant de canoes, des bergeries de pierres où brulent de véritables troncs dans des âtres gigantesques, des chemins étroits qui serpentent entre d'immenses rochers aux formes de dragons plantés au bord de la falaise, des traversées de forêts où l'on courre sur un matelas de feuilles, Bref, pour toutes ces raisons là, tous ces moments rares et cet esprit unique, propre au trail, sans oublier la satisfaction d'être allé au bout de soi même, je pense que je vais continuer et découvir encore de nouvelles courses. Eric.B
2 commentaires
Commentaire de franck de Brignais posté le 16-05-2012 à 21:19:23
Bravo à toi pour cette belle victoire ! Merci de m'avoir remis dans cette belle découverte des Causses. Je finis de mon côté en 13h05... mêmes impressions d'un kilométrage faussé, d'une remise en question de la CAP 2 km avant la ligne ... et même certitude de continuer 10 mètres après !!
Commentaire de L'Dingo posté le 17-05-2012 à 07:33:25
Il est super ce récit.
un peu trop compact comme une mélée de rugby ;-) mais il se finit sur une victoire au mental et sur une touche buccolique.
vraiment, on ne peut que t'encourager à livrer le récit de la prochaine aventure ( avec quelques sauts de lignes et photos en plus pour respirer ;-))))
merci à toi
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