L'auteur : Berty09
La course : Marathon de Lisbonne - 42.195 km
Date : 4/12/2011
Lieu : Lisbonne (Portugal)
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Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Ce week-end j'ai vécu mon premier marathon. Et c'est vrai que ça n'a rien à voir avec toutes les courses que j'ai pu vivre. C'est un défi hors norme et j'ai plongé avec délice dans cette aventure. Aventure qui a commencé déjà il y a six mois quand j'ai décidé de tenter le défi. Il faut dire qu'après une année à cotoyer des marathoniens aux entrainements du club ça m'a vite attiré. Et pourtant, il m'a fallu accepter de m'éloigner de mes premiers amours: bois, chemins, forêts et caillasses en tous genres.
Et ça n'a pas été le seul sacrifice car un marathon ne peut se dissocier de la préparation qui l'accompagne. Deux mois et demi d'entrainement régulier et quantifié. Ma semaine type se résumait à 2 séances de fractionnés sur la piste: enchainement de 100m, 200m, 400m, 1000m. Le samedi une sortie longue avec le club (20 à 25 km) en travaillant mon allure marathon. A cela se rajoutait une séance d'endurance, de vélo, voire même de natation. En gros, 5 jours actifs et 2 jours de repos.
Au final, ce ne fut pas si contraignant vu l'envie qui m'anime actuellement. Le plus dur fut d'aller s'entrainer certains jours de coupe du monde de rugby...pas de quoi fouetter un chat. Le but étant d'être au top de sa forme le jour J, toutes les bonnes résolutions furent adoptées et pratiquement respectées. Manger varié, sans excès. Dormir suffisament, limiter le stress. Eviter l'alcool. Boire beaucoup. Prendre soin de son corps, faire attention aux blessures.
Il fallait aussi définir mon allure marathon car un marathon se court sur un rythme régulier du premier au 42ème km. Comme au club je m'entraine avec des gars qui flirtent avec les 3 heures sur la distance et que j'aime les comptes ronds, je me fixais rapidement sur cet objectif. Encore fallait-il que ma condition physique lors de ma prépa valide ce choix. Après plusieurs semaines d'entrainements sérieux, un semi à San Sebastian réussi et un test sur 23 km passé sans soucis à cette allure (4'15/km), j'ai eu enfin le feu vert de mon coach de partir pour faire tomber la barre des 3 heures.
Me voilà donc embarqué pour Lisboa avec une douzaine de camarades de club: 3 gars sur le semi, 4 marathoniènes et 5 marathoniens. Un défi individuel mais soutenu par toute une équipe, ce qui donne une autre dimension aux souvenirs car l'expérience est partagée. Même si la concurence existe aussi au sein du club, à nous de laisser cette concurence à sa juste place. A peine le temps de réaliser que je me retrouve à la veille de l'échéance. On est tous au resto pour le repas des condamnés.
Condamné à l'exploit en ce qui me concerne car 3 heures pour mon premier marathon est ambitieux. Mais c'est ce qui m'anime. C'est un défi à la hauteur de mes ambitions. Je sais que ce sera dur mais c'est possible, j'en suis sûr, j'en suis capable. Vivement demain, cette dernière semaine aura été la plus dure à gérer. Obliger de freiner les entrainements et tellement envie d'y être déjà.
Petit retard à l'allumage
Concentré
L'équipe tout sourire!
Ca y est. J'y suis. Le marathon de Lisbonne n'est pas un marathon qui attire énormément de monde. A peine 1200 personnes. Mais je ne viens pas pour la ferveur des participants ou du public. Je viens m'affronter à la distance mythique de 42,195 km. Seul hic, le parcours n'est pas vraiment des plus plats. Les 4 derniers km risquent même d'être difficiles à négocier, le profil s'élevant de 80 mètres sur cette dernière portion. On relativise entre nous. Chacun se sent prêt et souvent confiant. Certains laissent paraître plus d'inquiétude. Je fais parti des confiants mais très vite tout ça est mis à la trappe, seule restera la vérité de l'épreuve.
Les baskets sont affutées
Enfin l'heure
Dans les starts
Un petit stade en réfection accueille la bande des joyeux bigarés, marathoniens de tous horizons. Je me place dans les 100 premiers. Ma tactique est de tourner légèrement en dessous des 4'15 au km et si possible prendre un peu d'avance sur le meneur d'allure des 3h. Je parle bien sûr du gars qui courre avec un petit drapeau et qui donne le tempo pour un temps de 3h assuré. D'ailleurs dès que je me lance, je me retrouve à ses côtés. Je le jauge, il m'inspire confiance, tant mieux.
Sur les premiers km, je suis juste un peu inquiet car je sens des tiraillements au niveau du ventre et je crains un peu le point de côté mais cela disparaitra au fil des km. Sinon, je suis plutôt bien. Je cours avec le groupe des 3h. Je trouve quand même que le meneur d'allure est plutôt rapide. Il est plus proche des 4'05 que 4'15. Ca me chiffone un peu car le coach nous a bien dit de respecter le tempo travaillé à l'entrainement pour ne pas payer cher plus tard. Tant pis, je n'ai pas envie d'être à la traine.Alors, avec mon pote qui vise 3h aussi et moi on continue sur un bon rythme.
Un bel envol
Le parcours est rarement plat mais on est encore frais et ces petites difficultés ne m'effrayent pas. Vers le 10-12ème km, je sens monter l'euphorie. Ca va le faire. Je suis bien, si ça se trouve je serai même largement sous les trois heures. J'arrive encore frais au 17ème km. On attaque la descente des hauts de la ville vers le fleuve Tage qui coule au pied de Lisbonne. On déroule avec mon pote et on passe du 17ème au 20ème en moins de 12'. C'est rapide mais on profite de la pente. On lâche même légèrement le meneur d'allure. Bientôt le passage au semi.
Le semi prêt au départ, on file devant
C'est la mi-temps. Pas le temps de passer aux vestiaires. On se régale à saluer nos camarades qui s'apprêtent à prendre le départ du semi. Le coach est là aussi qui nous encourage. Il nous fait quand même remarquer notre large avance sur les prévisions de près de trois minutes. Il faut maintenant se recaler sur un rythme régulier autour des 4'15 car nous sommes enfin sur du plat pour les 15 prochains km.
On gère
Le groupe des 3h juste derrière
On se cale sur ce rythme même si je me trouve un peu moins facile. On vient de passer les 23 km. Au delà, je rentre dans l'inconnu, je reste confiant. Il nous faut encore longer le Tage jusqu'au 28ème km avant de faire enfin demi-tour et attaquer la partie retour. Les ravitos sont placés tous les 5 km. J'en profite à chaque fois pour boire et m'arroser. Tous les 10 km, je prends un gel energétique. Au 25ème km, on ralenti légèrement pour boire. Et mince! Le meneur des 3h est déjà là. On n'a plus aucune marge de sécurité. Il n'y a plus qu'une chose à faire, prendre sa place dans le groupe des 3h et ne pas se faire lâcher.
C'est ce qu'on fait avec mon pote, on suit l'allure du groupe. Ca suffit pour moi pour que le doute s'installe. Il reste encore 17km et il va falloir suivre sans répit. J'en suis peut-être capable, j'en sais rien. C'est dur mais on s'accroche. On vire enfin au 28ème. Surtout ne pas laisser s'échapper le meneur et son ridicule drapeau jaune des 3h. Mon pote semble mieux s'accrocher que moi. Je perds du terrain, je m'accroche, j'essaye de combler en douceur. C'est trop pour moi, je vais lâcher. De toutes façons je vois bien que je ne pourrai plus tenir ce rythme jusqu'à l'arrivée.
Ok, j'accepte mais le pire c'est que je me sens de plus en plus faible. Non, je n'ai pas mal aux jambes, je ne souffre pas. Non, rien de ça mais je perds mes forces. Ca sent la panne d'essence mais je ne comprends pas vraiment ce qui m'arrive. Il y a quelques km encore j'étais beau, je sentais bon le sable chaud et là je commence à me trainer comme une chêvre. J'attrappe une barre de céréales mais je n'ai pas d'eau pour qu'elle passe bien. Ca ne tourne plus rond.
Ca tarde à venir! Le coach et les accompagnateurs scutent
Mon rythme s'écroule, je n'ose même plus regarder ma montre. J'arrive doucement au 35ème km. Le coach et d'autres membres du club voient bien comment je me traine. Pas besoin de leur faire un dessin. Je lance:"Ca va aller, ça va revenir". Un gars du club court queques mètres avec moi, ça fait du bien. Je comprends enfin que le marathon est une épreuve. Qu'elle était belle mon inconscience! Je paye le prix fort mais j'ai ce que je mérite, j'accepte.
En plein dans l'mur
Et vous trouvez ça drôle?
Berty marqué
Reste 7 km. J'ai beau faire, je n'arrive même pas à me faire mal pour relancer la machine. Je trottine pour ralier l'écurie. Rien d'autre à faire. Les gars défilent et me doublent sans ménagement. La différence d'allure est impressionante. J'attaque la partie la plus difficile du parcours. Je ne m'en rends même pas compte. De toutes façons, je me traine, la côte ne change rien. Un peu plus loin je découvre mon pôte sur le bas-côté. Il a aussi explosé en en plus il souffre de crampes.
"Allez, on fini ensemble, prends ma roue". Il va s'accrocher avant de se refaire sécher par les crampes. Je repars seul. Le peu de motivation qui me reste m'aide à limiter la casse. Je m'approche du stade, j'ai repris une foulée un peu plus ample. Je ne lève pas les bras. Je suis déçu mais pas abattu. Battu par plus fort que moi.
Heureux quand même
3h11. C'est bien pour un premier marathon, oui mais avec une telle explosion ça a forcément un goût d'inachevé. Alors, sûr, la saison prochaine je remets ça. Et puis j'analyse...hypoglycémie, départ trop rapide, marathon beaucoup trop accidenté. De toutes façons je ne me reproche pas grand chose. J'ai surtout beaucoup appris. Encore quelques semaines et tout ça se transformera en magnifiques souvenirs...et puis...à peine une petite blessure à mon égo.
A la prochaine
1 commentaire
Commentaire de Aiaccinu posté le 02-01-2012 à 15:58:57
Partir pour un 1er marathon, c'est partir pour l'inconnu alors 3h11 quand on vise 3h00 c'est fantastique.Le 2ème , car il y aura 2ème, tu auras l'expérience du marathonien que tu es devenu. Bravo au nouveau Marathonien
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