Récit de la course : Marathon de Lausanne 2011, par Tikadi

L'auteur : Tikadi

La course : Marathon de Lausanne

Date : 30/10/2011

Lieu : Lausanne (Suisse)

Affichage : 1278 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Marathon de Lausanne (2011)

 

Marathon de Lausanne, en quelques lignes...

 

Départ à 10h14, bloc 2, temps estimé : 4h. J'ai choisi cette intervalle car vu la configuration du tracé, je ne prends pas de risques. Un peu stressé et j'arrive toujours pas à m'imaginer que j'y suis... dans le troupeau. Mon point noir est la barre des 30 km que je m'étais mangée en pleine face à Nantes en avril (4h). ça fait mal et j'ai pas envie de remettre cela. L'orientation de ma course va se faire en cours de route.

 

Départ rapide, une succession de faux-plats, montées et une première descente qui nous fait quitter le centre-ville sur une allure d'au moins 12/13 km/h. Après, régularisation sur une pulsation de 150 bpm avec une vitesse d'environ 11,4-11,5 km/h. Ca va, de bonnes sensations. Le plaisir de courir parmi tant d'autres coureurs, bien dans ma tête. Le soleil est encore sous la couette mais il est réveillé : température correcte et on continue à avancer. Faux plat, Lausannois qui nous encouragent au passage, police fluo, motos presse, photographes : le cortège de sportifs avance sans difficultés. On a à peine fait 3 km...

 

Premiers vignobles et premiers souvenirs qui me reviennent à l'esprit, lors de mon passage l'an dernier à Lausanne et ces premiers coups d'oeil sur la droite, le lac, les vignobles, le lac, les vignobles à gauche, re-lac et oh, la route !! Oui, j'y suis bien. Je sens la fraîcheur du lac sur ma droite et la pente vinicole sur la gauche. C'est beau ! Le vin à gauche, l'eau à droite...

 

KM 5 : Traversée de Lutry avec un bon premier ravitaillement : eau, boisson isotonique, gels, fruits ??? De l'eau pour l'instant. J'ai deux barres et des cachets iso dans le short. On continue. 

Sortie de Cully et hop, on est sur la grande route !  

 

KM 12 : Vue dégagée des deux côtés et droit devant le bitume. On domine le lac, c'est toujours aussi beau. Ca fait oublier quelques instants la course et le fait que nous sommes qu'au tout début. C'est super beau, on se croirait en Norvège avec ces montagnes au loin dans la brume et ce lac... Je m'égare.

Petite remarque : l'inclinaison de la route sur certaines courbes est fatiguante pour les appuis. Je zigzague, passant d'un côté droit au centre et fini parfois à courir sur la ligne médiane. Je tente de trouver le meilleur équilibre, un soupçon d'horizontalité pour être stable et ne pas compenser de trop. L'asphalte aussi change parfois et les gros gravillons se font sentir. ça va. Je ne regarde pas trop le chrono. Je suis dans la moyenne mais j'ai tendance à laisser aller ma foulée. Je ne veux pas trop me freiner mais tant que je n'ai pas fait le choix, je ne tente rien. J'observe, je ressens. Physiquement, ça va. Le souffle, rien à dire et les sinus... j'ai jamais autant aimé mes sinus !! Love :D

 

KM 17 : Rythme normal. Je suis à 11,5 km/h (152 bpm) et parfois ça monte, ça descends, comme le relief. On arrive bientôt à Vevey et les premiers coureurs du marathon nous croisent : 1h27 environ... Applaudissements et encouragements !! Impressionnant !

 

Arrivée à Vevey, on y est, on pousse. Le public et l'"effet entonnoir" en ville me stimule. Ravitaillement, on charge en provisions pour le retour et on croise les meneurs du 3h de l'autre côté de la ligne médiane... Petites courbes rapides, on longe le lac, montées, on dépasse les 21 (1h47') puis le virage en épingle qui nous dit "on remet ça ?" Ben oui, on y va... hélas !!

 

Un sentiment de déjà vu sur le retour... mais l'avantage, c'est que l'on sait où se trouvent les ravitaillements ! On y va. Le but, rattrapper les meneurs du 3h45... les dépasser (ce qui est fait en centre-ville) et maintenant je relance. Je tente d'oublier que j'ai les 3h45 derrière moi et que je ne dois pas flancher. J'ai plutôt le sentiment de fuite... cours après moi... mais je ne sais pas si je vais tenir. L'objectif : prendre de l'élan pour sauter le mur des 30 km. 

 

KM 25 : le rythme cardiaque s'accélère et je trace. On y croit mais... Je suis en dessous des 5 mn/km et tourne autour de 160 bpm. Le souffle nickel, je ne ressens aucune gène. J'espère tenir jusqu'à l'arrivée.

 

KM 30 : environ 164 bpm, 4' 20" au km. Il est 13h20. Il me reste 12 km, en une heure ? Oui, dans les conditions normales... mais je ne lâche rien. Je trace, je double, j'avance et y'a comme un sentiment d'aspiration. J'ai envie d'en finir, le plus dur reste à faire et c'est encore l'inconnu. 

Est-ce que mes guiboles vont tenir ? J'ingurgite du gel et prends le temps de boire au ravitaillements sans trop m'arrêter. Je relance dès que possible. J'ai un peu la rage. Je cours un peu vite, cela m'effraie parfois avec des pics à 13 / 14 km/h mais ça c'est pas une moyenne, c'est le GPS !! Et la respiration est normale, pas de gène. On passe les derniers villages...

 

KM 40 : Pully. Encore 2 km mais c'est les plus longs... J'entends "au deuxième feu, à gauche... l'arrivée". Là-haut !! Encore un faux plat et j'ai molets gauche et droits qui veulent se barrer !! Je leur dit "Non, les gars, pas maintenant, svp, faut tenir". Un peu les ch'tons.

 

Je passe le deuxième feu, tourne effectivement à gauche... une descente... hop pardon, j'ai failli bousculer un coureur. Je vois la ligne d'arrivée mais j'ai l'impression de voir plutôt un mirage !! C'est dingue comme ils ont toujours tendance à mettre la ligne d'arrivée aussi loin. On a toujours l'impressions que la nuit précédente, ils se sont amusés à tout pousser au fond de l'avenue, histoire de nous enquiquiner un peuC'est long, les molets... ça négocie entre aller vite et se flinguer les jambes juste avant l'arrivée ou partir et on gère en même temps. Choix numéro 2 et on y va. Le public nous encourage, c'est terrible comme c'est franchement appréciable. T'aurais envie d'embrasser tout le monde tellement ça te fait du bien, du bonheur !

Je double une jolie jeune femme... ouais je sais mais on m'a déjà fait le coup une fois et j'étais resté derrière à un semi-marathon... Courtoisie une fois mais pas toujours... (Quel gros con à cet instant je fais). Et hop, la ligne d'arrivée (3h 28'), la joie d'avoir tenu et d'avoir rectifié le tir. Essoufflé et limite je craque. Le souffle est rapide, y'a personne pour m'accueillir, simplement ma satisfaction d'avoir fait un truc bien, d'avoir poussé un peu plus loin. J'ai envie de chialer, de me vider émotionnellement, quelques larmes mais la raison reprend le dessus, aller bien. Je blague avec le ravitaillement à l'arrivée : "Où est mon numéro de dossard sur les bananes mises à disposition ?". Dur de partager ces moments seul mais ça va. J'ai rempli mon contrat, tout ce chemin pour ça. ça me plait. On va continuer sur la même foulée. 

 

Je vais me faire masser. Pour une fois, avec ce corps d'athlète !! Rires. Et là, suurrrrrprise... les molets contre-attaquent !! Crampe jambe gauche. Effectivement, mes molets ont envie de se barrer. Ils battent un max la chamade. Douloureux et ça remue. Je plaisante en proposant une échographie pour déterminer le sexe de l'enfant... ça bouge dans tous les sens comme si le coeur était descendu dans les molets. Impressionnant. Après 15 minutes de douceurs, conseils pour les prochains jours et semaines à venir. Je retourne chercher mon sac pour me changer et rentrer tout doux une heure et demi après à l'auberge de jeunesse. 

Le soir, douche pas trop chaude, hydratation et une bonne entrecôte-frites + salade pour reprendre des forces. ça va. Demain, réveil à 6h pour le trajet de retour. Aujourd'hui... mal aux pattes mais j'aime ça,

 

Très bonne organisation, des ravitaillements de qualité, une bonne ambiance et un paysage apaisant tout au long de l'épreuve. Un grand merci aussi au public. 

Tikadi 

 

ps : un lien pour suivre le trajet du marathon :

http://www.poste.ch/en/post-startseite/post-konzern/post-konzern-uebersicht/post-sponsoring/post-sponsoring-laufsport/post-sponsoring-running-view/post-sponsoring-running-lausanne-marathon.htm?DCSext.wt_shortcut=sponsoring&WT.mc_id=shortcut_sponsoring

 

 

 

3 commentaires

Commentaire de CROCS-MAN posté le 04-11-2011 à 13:20:50

BRAVO pour ton chrono

Commentaire de Tikadi posté le 04-11-2011 à 14:34:08

Merci !

Commentaire de yves_cool_runner posté le 08-11-2011 à 21:25:21

Merci pour ce beau récit (et cette belle course) qui m'a fait vivre ce marathon, où j'aurais dû être au départ (voir mon récit du semi de Mâcon). Bravo pour la perf.

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