L'auteur : @lex_38
La course : Andorra Ultra Trail Vallnord - Ultra Iniciatic
Date : 15/7/2011
Lieu : Ordino (Andorre)
Affichage : 4330 vues
Distance : 103km
Objectif : Pas d'objectif
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Venga! Venga!
Mais qu’est-ce qui nous a pris ? Une envie découvrir les Pyrénées, tout simplement !
Et cette année, l’organisation de l’Andorra Ultra Trail proposait une nouvelle course un peu plus abordable (tout reste relatif) : l’Ultra Initiatic !
Les caractéristiques de cette course font déjà rêver (ou peur) : 103km et 6’800m de d+. Un départ à 23h pour une première nuit de folie !
La première difficulté est de rejoindre Ordino, lieu du départ. Et depuis ma Suisse profonde, ça fait loin ! Le voyage se fera donc par étape, accompagnée de Noémie, et avec un passage par Montpellier pour prendre le Porc Epic. Il y aura tout de même une petite session baignade. Un petit air de vacances…
Nous voici ce vendredi après-midi 15 juillet dans ce charmant petit village, très joli, au milieu de ces belles montagnes que nous allons visiter demain. On récupère nos sacs coureurs, nos dossards, puis commence une longue attente jusqu’à 23h que nous occuperons par une pause en terrasse, une salade de pâtes et un peu de repos dans le coffre du break !
La nuit est là, et se pose la fameuse question « Comment on s’habille ? »
Chaud ou Froid ? Court ou long ? Grrrr
Finalement ce sera cuissard court et booster en bas, et un haut ML Sixs en haut. Ce sera d’ailleurs un bon choix.
Le départ se fera en commun avec les coureurs de l’Ultra Mitic (112km et 9’600m d+). On retrouve donc Jean-Phi sur la ligne qui fait la course des grands, lui !
Puis à 23h, la musique et un feu d’artifice tiré en l’honneur des coureurs pour donner le départ. L’émotion est palpable, le moment magique.
Le peloton s’étire alors et quitte petit à petit Ordino.
Je commence sur un rythme assez rapide car je ne veux pas me retrouver trop coincé à l’approche de la première montée. De toutes façons, les premiers kilomètres sont relativement plats, et sur des pistes larges le long de la rivière.
Après 5.5km, on arrive au village de Llorts. Il y a du monde et de l’ambiance. Petit coucou à Noémie sans vraiment m’arrêter, puis la véritable première montée commence.
Je monte à mon rythme, sans chercher à doubler, sans chercher à absolument accrocher les rares coureurs qui me dépassent. La lune est pleine, et plus on monte et on sort de la forêt, plus on distingue l’immensité des montagnes qui nous entourent. L’organisation a eu la bonne idée de distribuer des petites lampes rouges clignotantes à accrocher sur le sac. J’ai devant moi une guirlande rouge et derrière moi une guirlande blanche ! Magique !
On franchit alors le sommet puis on commence une première descente, d’abord à découvert, puis ensuite en forêt. Je discute rapidement avec quelques français autour de moi, mais ils sont engagés sur le Mitic et me laissent rapidement passer.
Une portion vallonnée suit puis après environ 16km, j’arrive au point de contrôle au milieu des flambeaux. Je me fais contrôler mais je ne m’arrête pas et je continue à grimper. Tiens, il me semble que j’étais censé descendre. Je grimpe encore un bout mais je vois que les frontales ont l’air de monter assez haut. Je vérifie une nouvelle fois mon profil. Non non, je dois descendre ! J’ai loupé la bifurcation Mitic/Initiatic au point de contrôle. Je redescends donc, demande confirmation, et repars un peu énervé sur le bon chemin. Je croiserai d’ailleurs un peu plus bas un coureur du Mitic qui lui avait fait le contraire. Ah la nuit, il faut redoubler d’attention…
Par contre, je me rends compte que la plupart des coureurs que j’avais autour de moi jusqu’à maintenant était sur le Mitic car il n’y a maintenant plus personne. Commence alors une course en solitaire…
Dans la forêt, on descend sur une piste, il y a parfois quelques spectateurs, c’est assez sympa et motivant
Puis j’attaque la montée suivante. Toujours seul.
Pour l’instant je me sens bien, et je suis sur un bon rythme, un peu en avance sur ce que je pensais.
On sort de la forêt puis au milieu des pâturages, un immense chalet, point de contrôle et ravitaillement. Déjà 21km de parcourus et presque 3h30 de course. Je prends le temps de recharger et de discuter un bout avec les bénévoles qui m’annoncent que je suis 3e ! Surpris ! Arrive alors 2 coureurs, un espagnol et un français (j’apprendrai par la suite qu’il s’agissait de Samuel Ginestet qui avait fini 4e aux étoiles). Je décide de l’attendre afin que l’on reparte ensemble. Ce sera toujours plus agréable.
On continue alors notre montée, et dès qu’on lève les yeux, la lune éclaire les sommets alentours. J’aurais bien voulu y voir de jour… Et derrière nous, sur le pic, des feux d’artifice éclatent pour saluer le passage des coureurs du Mitic sur ce sommet.
Arrive enfin le sommet, puis sa descente ! C’est raide, il n’y a pas vraiment de chemin et c’est glissant ! Prudence ! Samuel Ginestet me double alors tel un chamois sans dire un mot. Je ne le reverrai pas. Par contre l’espagnol n’a pas l’air très bon descendeur et sans forcer je le distance alors. La descente, surtout de nuit, n’est vraiment pas facile et il faut être très vigilant !
J’arrive alors sur un autre chalet après presque 28km et 4h32 de course. Je suis toujours 4e. Noémie n’a pas trouvé ce point, je la retrouverai donc plus loin. Recharge en eau, je mange un bout et me lance dans la suite du parcours, c'est-à-dire plusieurs kilomètres de vallonnés en forêt. Je suis toujours bien, et je m’étonne de ne pas voir l’espagnol revenir. Puis c’est la 2e partie de la descente, une partie de piste roulante peu intéressante, une traversée de village, un sentier taillé à la serpe à travers la forêt puis on arrive en fond de vallée.
Mais pour rejoindre le ravitaillement, il faut encore faire plusieurs kilomètres sur un sentier le long d’un ruisseau, alternant petit ponts, escalier, tunnel. Si le sentier doit être joli en promenade, à ce moment-là de la course, ce n’est pas le plus intéressant
Je retrouve enfin Noémie, qui m’accompagne jusqu’au ravitaillement. Déjà 43km et 6h20 que je suis parti. Toujours 4e, je croise Samuel Ginestet qui repart. Je pensais arriver là beaucoup plus tard et pouvoir poser la frontale, mais ce ne sera pas possible. En tout cas je prends le temps de manger, et je troque mon maillots manches longues contre un manches courtes. Et après cette petite pause méritée, il est temps de repartir. Pour la suite, c’est une montée de… 1’800m de d+ ! Ouch !
Malheureusement, peu après la sortie du ravitaillement, je loupe une bifurcation en ville, plus de balisage, obligé de faire demi tour jusqu’à retrouver mon chemin. Et cette fois c’est parti, on quitte petit à petit la ville pour rentrer dans la montagne.
Si les jambes vont à peu près bien, c’est la fatigue qui me guette… Les yeux se ferment tous seuls, je manque à plusieurs reprises de tomber. L’espagnol me dépasse et je le laisse filer. A plusieurs reprises, j’hallucine même un peu, croyant entendre des gens, voir des animaux. La fatigue…
Petit à petit le jour se lève, le soleil commence à éclairer les sommets et je découvre vraiment le paysage qui m’entoure. Je continue à monter à mon rythme. Un coureur me rattrape, Patrick Etcheverry. On continue un bout ensemble, puis un espagnol nous rejoint.
On retrouve alors au milieu d’une clairière des bénévoles avec qui on blague quelques minutes avant de repartir dans la suite de l’ascension. Mes 2 compères sont un peu plus en jambes que moi et je préfère les laisser filer afin de ne pas me griller. La course est longue…
En tout cas, je ne me lasse pas de regarder autour de moi et j’en prends pleins les yeux sur ces magnifiques sentiers. Autour de moi des ruisseaux, des lacs, des chevaux et derrière de majestueux pics !
Un peu plus haut, les bénévoles crient déjà pour m’encourager. Venga ! Venga ! Ce sera le mot que j’ai le plus entendu du week-end ! J’arrive enfin au ravitaillement du Refugi de Illa où je croise Patrick et l’espagnol qui en sortent. 57km et 9h40 de course, je pointe à la 7e position.
Les bénévoles sont aux petits soins pour moi et me remplissent eux-mêmes la poche à eau, me sortent mes lunettes et ma casquette. Je crois que je n’ai jamais vu de bénévoles aussi serviables que sur cette course ! Et sans eux, pas de courses, alors c’est le moment de les remercier !
Ce ravitaillement m’est salvateur et je repars très en forme. D’ailleurs, sans faire de forcing, je reviens rapidement sur les 2 coureurs qui me précédaient et nous allons continuer la suite de la montée ensemble.
Enfin le sommet est là, 1’800m de d+ avalés en une seule fois ! Un petit bout de crête pas vraiment courable nous attend. Les marmottes sifflent (pour nous encourager ?) et un panorama à 360° s’offre à nous
On attaque alors la descente. L’espagnol décroche tout de suite, mais Patrick et moi continuons ensemble. La suite est une longue descente, une succession de traversées de ruisseaux, de contournements de lacs, de rochers à sauter. Mais avec la fatigue, il devient difficile pour nous de jouer les bouquetins. On a l’impression d’être assez lents, mais ce doit être le cas de tout le monde ici.
Un petit contrôle, puis on repart sur une piste large, à plat puis qui remonte un peu. Les marmottes sont nombreuses ici et n’ont pas l’air très farouches. Les chevaux encore moins ! Parfois Patrick peine un peu et c’est moi qui le motive à relancer, mais nous continuons toujours ensemble. Une vraie descente suit, et même si les muscles commencent à devenir un peu durs, nous courons assez correctement cette portion.
Arrivée en bas, un mur, très court, se dresse devant nous pour rejoindre le ravitaillement de Bordes d’Envalira. 67km et 11h51 de course, nous pointons 4e.
Noémie est là pour nous encourager. Petit ravitaillement, et nous repartons toujours ensemble.
Il y a une petite descente jusqu’à Soldeu, puis nous devons faire une courte montée. Sur le profil, ça paraissait facile, mais une fois dedans, ça ne l’est pas tant…
Je commence un peu à souffrir…
Même la descente qui suit est difficile, c’est roulant, et pourtant je n’arrive pas à courir. Mais Patrick m’attend.
On rejoint la route, et le ravitaillement du Vall de Incles. Après 13h13 de course, nous sommes 3e, à la faveur des abandons de coureurs qui nous précédaient.
Mais je veux en rester là et je décide de stopper après 75km de course. Si je n’arrive pas à courir même en descente ou sur le plat, je ne me sens pas capable d’aller plus loin.
Mais les bénévoles me motivent, Noémie aussi, Patrick insiste pour que l’on reparte ensemble.
Allez, c’est parti, il ne reste que 2 montées ! Et tout de même 800m pour la première !
Finalement, en grimpant, je ne suis pas si lent que ça. Enfin je ne crois pas… Le coureur parti derrière nous met finalement beaucoup de temps à nous rattraper.
On arrive alors à 3 près d’un lac, encouragés par des bénévoles et nous continuons notre montée. Et là, on avait été prévenus au briefing, c’est un véritable mur qui se dresse devant nous. Pas vraiment de chemin, seulement des fanions pour guider notre progression !
On voit en haut des bénévoles en chasuble orange. Je mène alors le groupe dans cette montée et nous y voilà ! Plus qu’une…
On nous explique qu’il faut descendre jusqu’à un refuge et qu’ensuite il faudra grimper jusqu’au col en face, tout là haut…
Même si le rythme n’est pas très très élevé, nous descendons bien Patrick et moi. Il semble que notre 3e compère ait un peu plus de mal, mais il n’est jamais loin
On dirait qu’au loin le temps se gâte, mais plus on avance, plus on se met à penser à l’arrivée
Le refuge de Coms de Jan est là, 83km et 15h22 de course. Nous sommes toujours 3e, et en groupe de 3. Le ravitaillement est bref, on ne veut pas s’attarder, et on part à l’assaut de la dernière montée !
Et quelle montée ! C’est assez raide, et on ne sait pas tellement où on va. Je sens que je commence à être de plus en plus dans le dur, mais je lutte. Il y a au total sur le profil 500m de d+ à avaler. Déjà 300m de fait et là, c’est le drame ! Ça redescend ! Mais on n’a pas encore franchi le col, donc la montée n’est pas terminée. Je me fais alors décrocher par mes camarades sur cette courte descente.
Puis la montée finale se dresse devant moi, il ne reste que 250m de d+. Mais j’agonise complètement sur cette portion. Chaque pas est difficile, un pas toutes les 2 secondes ! Le 3e coureur s’en va loin. Patrick m’attend régulièrement. Mais je suis tellement à l’arrêt que je lui dis de filer, et de ne pas laisser s’échapper le podium !
Je vais mettre plus de 35 minutes pour faire cette portion, et y ajouter encore une courte pause au sommet pour manger et reprendre un peu du poil de la bête.
Un peu déçu d’avoir dû laisser filer Patrick, je commence à descendre. Même si le rythme n’est pas celui d’un jeune chamois, je ne suis quand-même pas si lent. Mais j’ai un peu peur que la descente soit trop longue.
On est au milieu d’un vallon, certes beau, mais je n’ai aucune idée de où nous sommes vraiment.
Petit à petit, la pente s’adoucit et j’ai de plus en plus l’impression de courir à plat et de ne plus descendre ! Mais je cours, et ça c’est positif !
Dernier ravitaillement, celui du refuge de Sorteny. Je pointe donc 5e après 17h32 de course. La pause est brève, et je repars encouragé par des spectateurs et des bénévoles.
Il reste 13km environ. 13 longs kilomètres…
Une piste, un jardin botanique, un ruisseau, j’essaye de contempler tout ce qui m’entoure.
Je retrouve Noémie au moment où le parcours recroise la route. Je n’en peux plus, mais je continue à courir. Elle m’annonce qu’elle va à l’arrivée, et qu’elle remontera à pied pour finir avec moi.
Je me retrouve à Llorts, et je sais qu’il me reste un peu moins de 6km, sur exactement le même parcours que j’ai foulé quelques heures plus tôt
Je double des coureurs du trail de 35km et je cours, je cours, je cours. Je ne marche jamais
Je suis crevé, mais j’ai tellement envie de voir cette arrivée le plus vite possible que je cours. Noémie est là maintenant, elle fait quelques photos et m’encourage. Que c’est bon. Et enfin la route, la route finale.
Un faut plat montant, les banderoles, l’église, rien n’a bougé depuis hier soir et surtout pas l’arche de départ et d’arrivée ! Noémie n’arrive pas à me suivre, je lève les bâtons. Heureux ! C’est terminé !
Je suis finisher de l’Ultra Initiatic d’Andorre, en 18h57. Jamais je n’avais couru aussi longtemps, jamais je n’avais fait autant de kilomètres et de dénivelé ! Mais je l’ai fait ! Et même si j’en ai chié, je termine 5e, nous étions 150 au départ, et 94 coureurs verront l’arrivée, dont Yorick, mais son aventure sera à lire dans son récit.
Sur le coup, j’ai quand-même dit que les ultras, c’était terminé pour moi, que jamais je ne referai ça et que j’allais annuler mon inscription à la TransMartinique. Aujourd’hui, je pense déjà un peu différemment, et l’envie de remettre les baskets me démange, mais je me force à un peu de repos…
Pour conclure, un grand Bravo à Yorick, qui a encore fait une belle perf, qui progresse, et qui m’impressionne chaque fois un peu plus !
Un immense merci à Noémie pour m’avoir supporté (dans les 2 sens du terme) et assisté tout au long de la course. Et Merci à tous ceux qui m’ont encouragé par SMS et suivi sur Internet : Papa et Maman, Corinne et Julien, Amélie et François, Olivier, Stéphane, Yannick, Mathieu… etc…
Après un peu de repos mérité, la reprise des trails se fera à Chamonix fin septembre pour le trail des Aiguilles Rouges. Un autre défi !
photos: Isidre Bafino, Remy Jegard, Noémie, AMR
4 commentaires
Commentaire de laulau posté le 21-07-2011 à 22:22:49
Bravo pour ta course et merci pour ce CR. Il aurait été vraiment dommage que tu abandonnes au 75èmekm.
Je vais envoyer un mail à Patrick pour qu'il lise ce récit et pour se voir en photo !
Commentaire de fab84 posté le 26-07-2011 à 10:52:41
super recit , les paysages sont magnifiques a voir les photos... bravo tu n'as pas laché et cela a payé .. bonne recup je coche cet ultra pour 2012....
Commentaire de manu3842 posté le 26-07-2011 à 23:00:43
Bravo pour ta super performance pour une grande première en 3D (Distance, dénivelé, durée ...). Tu as bien géré les coups de fatigue ce qui est un très bon signe. Bienvenu dans le monde de l'ultra !!!!!!!!!
Commentaire de shanioon posté le 28-11-2011 à 22:56:57
salut mon ami . Je suis Samuel ginestet . j'ai vraiment aimé cette course et je suis parti prudement et c'est vrai que je descend bien . Comme toi j'ai fait une erreur de parcours alors que je pointais à la troisième place , mais à la différence que je ne m'en suis pas vraiment aperçu , a pars quand je suis arrivé au pas de la case , après 3 heures sans eau sans ravito et complètement anéanti . c'est navrant mais c'est la course.
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