Récit de la course : 100 km du Périgord Noir 2006, par walter

L'auteur : walter

La course : 100 km du Périgord Noir

Date : 22/4/2006

Lieu : Belves (Dordogne)

Affichage : 938 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Belves 2010

Belves : pourquoi Belves?

 

 

Cela remonte à l'année 2007, juste après le marathon de Blaye. Trois ans que cela me trottait dans la tête. Puis en octobre 2008, alors que je préparait le marathon de La Rochelle, je me fait rouler sur le pied droit par un chariot élévateur. Six mois sans courir sans avoir la certitude de pouvoir recourir un jour. Alors quand cette certitude est arrivée début mars 2009, trois jours avant de recommencer a courir, j'annonce à tous mes copains coureurs lors d'un pot que je reprend l'entraînement et que l'année prochaine je compte faire Belves.
Passant sur les difficultés rencontrées lors de cette reprise (kilos en trop et tendinites au genou droit), je ne ferait qu'une course en 2009, un cinq kilomètres dans mon village (les foulées Gauloises à Puymiclan) fin juillet.
Donc stand by complet pour 2009 et quoi de plus naturel que de programmer Belves pour 2010 comme course de reprise après presque 1 an et demi sans compétition.
Après l'inscription, le premier objectif fut de me mettre a la recherche d'un accompagnateur :
Du premier coup je tire le gros lot car mon futur accompagnateur a déjà fait Belves mais aussi Millau, mais aussi c'est surtout quelqu'un toujours prêt a vous rendre service, qui est aux petits soins pour vous. Pour ajouter qu'une très bonne entente entre nous s'est installé dès les sorties d'entraînements que nous avons put faire ensemble (au nombre de deux) et pour finir je dirai que je souhaite à tous coureur d'être accompagné comme je le fut par Jean-Paul (Tranquil de son surnom), qui m'a apporté une aide, un soutient qui mérite, amplement, que je lui rende par ces quelques lignes un hommage au combien mérité.

Deuxième objectif : trouver un plan d'entrainement.
J'en trouve un qui au feeling me semble bien. Mais c'est là que je vais rencontrer mon premier écueil, l'écueil récurent de tous novices qui se respecte : comment faire pour courir pendant 3h ou plus a des vitesse ne dépassant pas 11 km/h ;
ne vais-je pas inexorablement m'ennuyer (pour être poli) moi qui a l'habitude de faire des sorties de 2 heures entre 13 et 14 km/h ?
Mettant ces questions en suspend, je me lance a corps perdu dans l'entraînement et pour la première fois de ma vie de coureur je respecte a la lettre un plan.
Et comme un 100 km n'est pas une course comme les autres, l'entraînement ne l'est pas aussi et je vais de surprises en surprises :
La première fut très agréable car ce fut pour moi une vrai révélation de courir à des vitesses comprises entre 10 et 11 km/h. En effet j'ai découvert un vrai plaisir, une impression de sérénité jamais ressentit auparavant ; j'ai redécouvert les paysages que j'avais pourtant l'habitude de côtoyer pendant mes sorties.
La deuxième fut une absence de stress par rapport a un plan de préparation de marathon dut à l'absence de fractionnés sur piste. Ne plus avoir le regard constamment fixé sur le chrono et se laisser juste porter par ses pieds et ses sensations enlève beaucoup de tensions et m'a permis d'arriver serein à Belves alors que ce ne fut jamais le cas pour un marathon.
Mais après ces deux bonnes surprises, il y a celles qui sont moins agréables du genre que courir 3 heures n'est pas du tout pareil que 2 heures. En effet, les frottement répétés exagérément lors de ces sorties longues ont eu pour résultat une cohorte d'ampoules pédestres ne sachant rivaliser d'ingéniosité afin de me surprendre dans leurs localisations. Je crois avoir fait le tour du pied droit avant de changer de chaussure jusqu'à l'estocade finale ou une ampoule particulièrement virulente s'est infectée juste en dessous de l'orteil droit début avril. Panique, stupeur et catastrophisme se sont alors emparés de moi me laissant dans un effroi mental le plus total ; comment pourrais-je courir 100 km si dès la quatrième heure je fais une collection d'ampoule? Comment faire pour continuer a s'entrainer si je suis toujours aussi mal ampoulé?
Ne comptant pas m'en remettre a la chance je me met a faire des recherches sur internet et je découvre la potion magique sur le site de Bruno Heubi que je ne connaissais pas auparavant. Je l'en remercie et après en avoir fini avec cet apéritif de 12 semaines me voilà fin prêt pour un repas dordognesque flanqué de mon inséparable Tranquil.
Mes objectifs pour la course :
Comme tout bon novice qui se respecte, j'ai axé ma course sur une vitesse de 11 km/h a une différence prés ; objectif révisable selon la course et tous les paramètres et variables que je ne peux définir à l'avance afin de ne pas tomber dans un trou dépressionnaire si je ne suis pas dans la moyenne horaire prévue.
Donc : Objectif numéro 1 : finir
Objectif numéro 2 : 9h04 si possible
Objectif numéro 3 : faire de son mieux avec mes ressources disponibles lors de cette journée et surtout prendre un plaisir maximum en gardant le sourire.
En effet pourquoi avoir le hobbies de courir si c'est pour ne prendre aucun plaisir? Pour moi cela parait idiot d'autant plus que je l'ai apprit à mes dépends.
Vendredi 23 Avril. Arrivés à Belves nous allons tous deux retirer nos dossards (Tranquil et moi). Là, je fait la connaissance d'Alain Pages et de son accompagnateur Stéfane fort sympa qui prendra de mes nouvelles tout au long de la course. Alain m'explique que le départ de la course est un vrai piège avec sa longue descente de 1.8 km et qu'il vaut mieux partir avec un frein à main. D'ailleurs cette recommandation me sied à merveille car la course approchant la vitesse moyenne de 11 km/h me fait de plus en plus peur.
Après avoir déposé nos affaires au camping où un mobil home nous attendait, nous avons goûté aux joies de la pasta-party où nous avons rencontré une bande de joyeux drilles cognaçais (je suis originaire de La Rochelle ce qui facilite les rapprochements entre charentais).
24 avril : petit déjeuner, quelques rencontres avec deux militaires et un cent-bornard émérite et sa petite famille. Quelques photos, derniers préparatifs concernant le coureur et le vélo et me voilà seul, sans mon accompagnateur mais avec le stress d'avant course devant la ligne de départ.

 

 

C'a y est le départ est donné (vous me direz qu'aprés trois pages il était temps)!
Petit tour dans Belves, je profite car je ne sais pas si je serai toujours en état de le faire si je parvient à revenir. Et là, a ma grande surprise presque tout le monde me double. Soit, je m'affole pas et je dirai même que voir ce peloton entier me doubler m'a procuré beaucoup de satisfaction. Ce petit tour fini, c'est parti pour la descente où beaucoup de monde dont moi-même espère gravir quelques heures plus tard. Descente comme le départ que j'effectue sur un train de sénateur : j'explose mon record tortuesque du 3 km en 19'40 (9.18 km/h).
Les premiers kilomètres se passent tranquillement bien ou le rythme désespérément lent se mêle à un flot de paroles au débit particulièrement élevé. Je rencontre deux concurrents déguisés en bagnards, puis d'autres encore mais les discussions ne dure malheureusement guère longtemps car chacun adopte son propre rythme et le mien est particulièrement lent voir sénatorial ce qui me permet de voir un flot toujours aussi ininterrompu de runners me dépasser ; mais ce rythme me permet aussi de profiter du paysage. D'ailleurs à ce sujet, en scrutant le ciel mes pressentiments et mes doutes concernant une chaude journée commencent à poindre à l'horizon lorsque je voie le soleil luire à travers une légère brume. Mais laissant ces oiseaux personnel de mauvais augures de côté, j'arrive à Siorac où nous franchissons un pont ce qui me permet de revoir le camping où j'avais séjourné 20 ans plus tôt. Passé ce pont qui allait devenir plus tard un vrai rubicon personnel, je ne tardais pas a arriver au point de ralliement avec les accompagnateurs. Il faut dire que Jean-Paul a bien fait les choses car quand je suis arrivé, il était le premier sur une longue liste d'attente ce qui me permit de ne pas m'occasionner de stress.
D'ailleurs, en bon camarade mon arrivée tardive au point de rendez-vous lui en enleva beaucoup et eu pour effet de nous laisser sur la route en toute quiétude.
Et donc chemin faisant nous arrivons tous les deux au kilomètre 10 en 1 heure 1
minute et 20 secondes dans une moyenne record de 9.78 km/h.

 

Nota bene :Pour le départ j'avais prévu de partir avec plusieurs épaisseurs que j'enlèverai au fil de la journée. Le dossard se trouvant sur la dernière c'est pour cela que j'avais inscrit mon numéro de dossard sur mes cuisses.

A noter que je porte aussi une ceinture porte bidon afin de veiller à mon hydratation même avant de retrouver mon accompagnateur.

 

Peu après m'être délesté de mon porte bidon je commence a ressentir ma première grosse inquiétude. Je commence a avoir anormalement chaud comme si j'avais de la fièvre et j'ai les muscles du devant des cuisses qui me font mal. Si après avoir enlevé mon coupe vent, ce coup de chaleur intempestif s'avère être une fausse alerte, la douleur au niveau des deux cuisses persiste et ne me lâchera pas durant toute la course. Allant de surprises en surprises je me fait toujours autant dépasser.
Je vois même un concurrent au quinzième kilomètre me dépasser au rythme si haletant et suant à grosses goutes que je me suis posé la question comment il allait faire pour rallier l'arrivée alors qu'il était engagé comme moi sur le cent kilomètres.
Néanmoins, me concentrant que sur ma course nous arrivons enfin au vingtième kilomètre en 2 heures et deux minutes soit un dix kilomètre en 1 heure et 40 secondes à la vitesse moyenne de 9.89 km/h.

Attention !!!!!!!

Pour ceux qui serait trop pudique, voir sensible je ne conseille pas de poursuivre la lecture de ce récit car l'effeuillage ne va pas s'arrêter mais va même se poursuivre jusqu'à l'apparition d'un magnifique débardeur gris ne couvrant que partiellement un corps au galbe remarquable qui a rendu jaloux plus d'un chippendale marmandais.

Malheureusement la chaleur combinée à mon débardeur me laisseront un bronzage type paysan bien avant la pleine saison.


Et voilà que nous entamons la décade pédestre la plus étrange de notre parcours :
En effet du kilomètre 20 exactement au kilomètre 30 précisément nous n'avons vu personne.
Pas un seul concurrent, pas un seul coureur juste Jean-Paul et moi sur une route. Quelle étrange impression que cette solitude après deux heures entourés d'une foule qui vous dépassait autant qu'elle le pouvait. Après une mûre analyse et une concertation plus que poussée avec Tranquil, nous en avons conclu et ce après avoir éliminé toutes les hypothèses les plus farfelues que nous avons été les victimes d'une distorsion du continium espace/temps, théorie brillamment soutenue par le docteur Brown (dit le doc).
Néanmoins, sachant que personne ne croira un traître mot de ce que je raconte, je tiens
À apporter une preuve par l'image qui m'a été fourni par l'organisation elle-même.
Soit, l'arrivée au trentième kilomètre se fait en 3 heures soit une dernière décade en
58 minutes (10.34 km/h de moyenne).
On tourne à droite à angle droit à La Roque Gageac et de suite se trouve le ravitaillement. Là se fut une grande surprise car après dix kilomètres de solitude avec Jean-Paul nous nous sommes retrouvés au milieu d'une nuée de coureur. Ayant repérer sur le plan topographique que les bosses apparaissaient à ce moment là, je me dis que c'est maintenant que la course commence. Ma position approximative au classement devait être entre la 400ème et la 450ème place. J'accélère progressivement
me retrouvant sur mon terrain de prédilection et je commence ma folle remontée.
Côtoyant de superbes paysages, je fait un court bout de chemin avec quelqu'un portant camelbag et deux bidons sur la poitrine, appareillement que je n'avais jamais vu auparavant. Nous n'avons dut courir que deux ou trois kilomètres ensemble car il appliquait la méthode Cyrano. La chaleur arrivant progressivement je profitait du moindre coin d'hombre afin de m'économiser au maximum ce qui me surprenant nous n'étions pas beaucoup dans cette optique.
D'ailleurs, Jean-Paul était toujours là pour me l'indiquer si j'avais un moment d'égarement ou pour me signaler l'endroit de la route le plus plat pour mieux courir (généralement au milieu de la chaussée).
Petit à petit, l'oiseau faisant son nid nous sommes arrivés au quarantième kilomètre et avons effectués la dernière décade en 58 minutes (10.34 km/h).
Au kilomètre quarante je retrouve Stéfane l'accompagnateur d'Alain qui prend de mes nouvelles.je lui raconte mon départ très prudent et me rassure en me disant que j'ai eu raison de procéder de la sorte car devant avec la chaleur nombre de concurrents sont en train de tomber comme des mouches. Il me dit aussi que Alain se trouve environ cinq minutes devant moi. D'ailleurs pendant les vingt premiers kilomètres je me posais la question concernant sa position car comparant son expérience à la mienne je pensais que je partirai plus vite que lui mais qu'au bout de dix kilomètres il me dépasserait et que je ne le reverrait plus. Cela ne changeant pas grand-chose, je laisse Stéfane partir et me reconcentre sur ma course pensant ne retrouver Alain que si je franchit la ligne d'arrivée.
Après quelques petits raidillons dont un particulièrement dur, nous arrivons au premier piège de la journée : la piste cyclable ombragée.

Attention : cette partie du parcours à l'hombre peut se révéler fatale.En effet, en cas de forte chaleur comme ce fut le cas ce jour là, on est tenté de lâcher les chevaux mais faire ceci est une vrai bombe à retardement quand on arrive à Sarlat en pleine chaleur.

Je peux en témoigner car malgré les recommandations de Tranquil c'est exactement ce que j'ai fait et j'ai failli en payer un lourd tribu après le kilomètre 50.cette partie agréable vite passée, il ne manquait plus que de rallier Sarlat ce qui fut fait en 4h57. Soit les dix derniers kilomètres en 59 minutes (10.16 km/h).
Première moitié faîte à 10.1 km/h de moyenne, ce qui me fait un retard de 25 minutes par rapport au plan de route initial, mais je m'en contrefiche complètement. Malgré une légère accélération devant la nuée de spectateurs (deuxième erreur) (je verrai même un collègue de Marmande qui m'encourage), je sais qu'il me sera maintenant impossible de rallier l'arrivée en moins de dix heures, et ne m'accrochant plus à de funestes chimères j'en fait part à Tranquil. L'objectif est révisé en fonction des données climatiques et de mon état de forme et le but est maintenant de boucler les 100 kms. D'ailleurs juste après Sarlat, il y a trois kilos extrêmement pentus qui sont vraiment très durs et ne sont pas indiqués. Je continue néanmoins à doubler des concurrents mais la chaleur m'écrase un peu plus sur la route, et 300m avant la fin de cette interminable ascension je me met à marcher. J' ai préférer m'arrêter de courir car j'ai senti le feu d'artifice arriver et j'ai préférer arrêter la machine avant que tout n'explose.
Dans la descente je m'arrêterai deux fois très brièvement afin de délacer ma chaussure droite qui commençait sérieusement a me faire mal au pied et j'en profiterait pour remettre de la vaseline afin de pouvoir continuer dans un simili confort.
Lors de cette descente, je verrai sur le bas côté un collègue assis par terre qui se tenait la cheville qui souffrait. Voyant ces chaussures qui étaient plus faîte pour courir un dix kilomètres cela ne m'a pas étonné, mais lorsqu'il m'a dit qu'on se retrouverai plus loin j'étais de tout cœur avec lui et je l'espérai même si je n'y croyait pas.

Bon gré, mal gré, nous arrivâmes enfin au soixantième kilomètre au bout de 6 heures 6 minutes d'effort. La dernière décade effectuée en 1 heure 9 mais la fatigue se faisant sentir, l'important n'est plus dans le chrono mais de rallier bon port en gardant le moral et sans grande défaillance.
Après ces routes vraiment ondulantes mais verdoyantes, nous nous retrouvons sur une longue ligne droite pour un retour vers La Roque Gageac. Dépassant toujours des concurrents, j'en dépasse un, la soixantaine, et lui dit un bonjour avec un grand sourire. Celui-ci me dit qu'il court son soixantième cent bornes ( un grand chapeau de ma part et énormément de respect) et que je suis fou de garder le sourire après soixante bornes. Mais restant fidèle à ma philosophie je lui répond très gentiment que je ne me suis pas entrainer pendant 12 semaines, fait 80 kilomètres et dépenser 150 euros pour faire la tronche. Me rétorquant avec un grand sourire que j'avais raison, nous nous séparons à l'amiable et reprenons chacun notre chemin. Chemin personnel qui commence a devenir un chemin de croix à partir du 65ème kilomètre. La chaleur m'écrase de plus en plus et mes jambes sont de plus en plus lourdes. Néanmoins j'arrive à La Roque Gageac et fait une bonne pause au ravitaillement du 70ème kilomètre. Cependant, je constate que je reste sur la même moyenne car j'ai fait les dix derniers kilos en 1 heure 9 minutes (8.69 km/h).

Juste après ce superbe village qui est vraiment magnifique, coincé entre les falaise et la Dordogne, nous tournons à gauche, franchissons un pont et entamons la fameuse boucle infernale où nous croisons d'autres concurrents qui la finissent.
Heureusement que ces derniers nous encouragent car cela pourrai avoir un retentissement désastreux sur notre moral car cette boucle est vraiment très dure.
En effet, entre le 65ème et le 80ème kilomètre j'ai eu un vrai coup de bambou où je n'ai rien put avaler. Ces quinze kilomètres ont été très, très long et je n'ai dut mon salut qu'à la présence salvatrice de Tranquil et à ma connaissance personnel de mon corps suite à mes nombreux déboires sur marathon. Commence à ce moment toute une période de gestion où dès que je sentait le feu d'artifice arriver, je préférais marcher deux ou trois cent mètres afin d'éviter toute explosions inutiles.
Et c'est comme cela que nous terminons cette boucle infernale. Je peux vous dire que sortir de cette boucle alors que le soleil continue son œuvre destructrice fait un bien fou au moral. De plus c'est à ce moment que je reçoit un coup de téléphone de ma femme qui m'encourage de plus belle. Sortir de cette boucle, se retrouver à l'hombre mais surtout entendre la voix de ma femme me booste moralement mais si les jambes se font plus lourdes à chaque mètres.

Après cet intermède à l'hombre, première montée difficile, puis celle des Millandes où le château de Joséphine Beker nous attendait. Si cette montée est mentionnée comme difficile mais courte je l'ai trouvé extrêmement longue et particulièrement ardue. J'ai préféré effectuer 90% de cette ascension en marchant avec Tranquil qui poussait le vélo à mes côtés. Ce qui peut paraître complètement dingue, c'est que même en marchant j'arrivais à dépasser des collègues. Après ces difficiles montées, nous nous sommes retrouvés sur des petites routes de campagne, plates mais très monotones. Pour ne rien arranger, le soleil continuait son travail de sape, et je ne pouvais toujours rien avaler de solide et ce depuis le soixantième kilomètre. A chaque fois que je devais m'arrêter il me fallait bien deux cents mètres pour retrouver ma vitesse initiale tellement que mes cuisses étaient raides.

Allez, plus que vingt cinq kilomètres!!!!

Nous arrivons quand même au ravitaillement du 75ème kilomètre et j'applique la tactique que je me suis imposé depuis le 65ème kilomètre : gel coup de fouet au kilo 65, 75 et 85 et arrêt systématique à tous les ravitaillements pour boire en abondance du coca afin de palier le fait que je ne pouvais plus rien avaler. Après course, je serai assez content de moi pour avoir garder un minimum de lucidité même pendant ces quinze kilomètres très difficile. Néanmoins, je tiens à ajouter que jamais il ne m'est venu à l'esprit une seule seconde d'abandonner. Si ce jours là je n'ai pas vici, il était hors de question que je ne fasse pas vini et vidi jusqu'au bout.

A ce moment là, la course devient trop dure et je n'envisage même plus de faire le beau même pour la photo.

Donc à ce fameux ravitaillement, à peine arrivé, je vois un concurrent partir et j'entend une personne de l'organisation dire qu'il n'est vraiment pas bien et qu'il va craquer. Ma première pensée dans un stimulus de coureur de petite distance fut de me dire de me dépêcher pour le rattraper puis le dépasser mais je me raisonna de suite et poursuivi tranquillement mon étape ravitaillement.
D'ailleurs, il ne repartira que quelque secondes devant moi au ravitaillement du 80ème kilomètre. Dernière décade effectuée en 1 heure 11 minute (8.45 km/h de moyenne) et donc 8 heures 26 d'effort. A ce ravitaillement, je retrouve Stéfane l'accompagnateur d'Alain qui est content de me voir toujours en course et qui prend de mes nouvelles. Lui racontant ma stratégie aussi bien physique que mentale (je découpe mentalement le parcours en dix kilomètres à chaque absorption de gel (65/75/85) puis en cinq kilomètre afin de ne pas me décourager.) je lui demande où se trouve Alain. Celui-ci me répond qu'il n'est pas très loin devant moi mais qu'il a un gros coup de barre. Ceci étant, il est temps de repartir très doucement (toujours les cuisses) ; d'ailleurs j'annonce à Tranquil que dorénavant on ne s'arrêtera plus, car je ne suis pas sûr de repartir. Malheureusement, des soucis physiques vont me rattraper.
Tout d'abord, je me met à saigner du nez, et l'apparition de croûtes à l'intérieur de mes narines m'empêche littéralement de respirer ce qui m'oblige à les retirer mais à présent la présence de sang a pour conséquence de coller mes narines.
Puis après avoir tourner à gauche, nous empruntons un chemin blanc et je commence à remonter sur des concurrents me sentant de mieux en mieux. Mais d'un seul coup, je commence à ressentir des douleurs gastriques intenses. Essayant de les évacuer par quelques flatulences, je me voit contraint et forcé de m'arrêter pour effectuer un dégazage intempestif mais au combien salutaire. Heureusement que nous avions prévu le sopalin pour un tel cas. Le seul problème est que je me retrouve accroupi sur le bord de la route et que je ne peux me relever afin de me rhabiller vu le nombre de personne qui passent devant moi et plus particulièrement des femmes. Profitant d'une fenêtre de lancement, je m'élance à nouveau, redouble tous les concurrents qui étaient passés devant moi et même le collègue que j'était en train de rattraper avant ce fâcheux incident. Malgré tout j'arrive au 85ème kilo en 9h07 soit 41 minutes pour les cinq derniers kilomètres (7.31 km/h). C'est à partir de ce moment là, profitant d'une embellie physique que je décide de lâcher les chevaux au moins jusqu'au 95ème kilomètre. Et on arrive ainsi sur une grande ligne droite direction Siorac. Là, la tête dans le guidon, à fond la caisse, je vois tout un tas de coureurs espacés de 100 ou 200 mètres. Un par un je me met à les dépasser ce qui me dope mentalement à chaque mètres. Au kilomètre 87 je dépasse Alain et lui demandant s'il a besoin de quelque chose il me répond qu'il n'a plus d'essence dans le moteur et qu'il ne peux plus rien avaler.


Juste après Alain je dépasse un autre concurrent qui me semble être assez mal. Je lui demande si ça va et me répond qu'il n'a plus rien a boire. Je lui dit que Tranquil a du rab en quantité suffisante et je le laisse se débrouiller avec Jean-Paul, continue ma route toujours à mon maximum sachant que Tranquil me rejoindra dès qu'il aura fini de ravitailler le collègue. Puis ensuite, je dépasse le fameux coureur qui était repartit devant moi au ravitaillement 75 et 80. On arrive enfin au 90ème kilomètre en 9h38 ce qui fait 31 minute pour les 5 derniers kilos (9.67 km/h) ou 1h10 la dernière décade (8.57 km/h).
A ce moment précis, je sais qu'il n'y a plus qu'une issue probable à mon périple et qu'elle sera heureuse.


On repasse sur le pont de Siorac (le fameux Rubicon), et direction le centre ville. Là, on arrive au ravitaillement situé sur une petite place où l'on accède et on ressort par des ruelles aux forts dénivelés. Je passe devant, ne m'arrête pas et continue mon chemin retrouvant cette longue route. Au loin, j'aperçois le panneau indiquant 95 kilomètres. Tout semble aller pour le mieux quand 200 mètres avant ce panneau, je suis obligé de m'arrêter subissant une terrible diarrhée. Ne pouvant même plus m'accroupir, je suis obligé de me mettre à quatre pates. Repartant quand même, il me faut bien 300 ou 400 mètres afin de retrouver mon rythme d'avant. 96, 97 kilos la magie commence alors à opérer et je suis de plus en plus déterminer à en finir. Juste avant d'arriver à l'entrée de belves, je me fait dépasser par le concurrent que tranquil avait ravitailler une dizaine de kilomètres avant, et tout en me dépassant me remercie.
J' avoue que rétrospectivement avec toutefois un petit peu de honte ( car c'est tout sauf modeste), que c'est à ce moment et plus qu'à l'arrivée que je me suis sentis pour la première fois de ma vie cent-bornard.

C'a y est, nous sommes arrivés au rond-point de Belves et nous attaquons la terrible remontée vers la ligne d'arrivée.

 

Hé, il était temps que t'arrive au bout de douze pages.
La prochaine fois, entraîne toi un peu plus pour que le récit soit plus court.

Là, j'avoue que j'ai souffert, mais n'ai marché que cent mètres devant le panneaux 99.
Ce qui est extraordinaire, c'est que tout le monde se suit à 50 ou 100 mètres mais que personne n'avait la force pour doubler la personne qui le précédait.
Je vois enfin cette ligne d'arrivée devant moi, réuni mes dernières forces et la franchit enfin en 10h47 et 30 secondes. Les larmes me montent au yeux et ne me retenant plus je me met à chialer comme un gamin. Au classement, j'obtiendrais la 74ème place au général et la 12ème dans la catégorie senior.

L'aventure ne se terminant jamais, j'arrive sous la tente de massage commence à m'allonger sur une table mais celle commence à craquer et menace de se casser en deux. Une demi heure plus tard, me faisant masser, je reçoit un coup de téléphone de ma femme, mais lorsque je veux lui raconter sommairement mon arrivée, je me remet à chialer comme une madeleine, l'émotion étant trop forte.

CONCLUSIONS :
la première est que nous avons passé tous les deux une journée formidable à tel point qu'une des première choses à laquelle j'ai pensé est d'en refaire un autre.

La deuxième est que même si un accompagnateur n'est pas obligatoire, il a été pour moi un élément indispensable dans la réussite de mon projet. Je voudrais rendre un vibrant hommage à Jean-Paul qui a été toujours là pour moi avec sa générosité et son caractère altruiste. Je souhaite à toute personne qui se lance dans une telle course d'avoir une personne à ses côtés comme Jean-Paul.
D'ailleurs, toute personne qui voudrait faire accompagnateur doit se dire que c'est aussi dur voir plus que pour celui qui court, et se doit d'être vraiment bien préparé car c'est une vrai épreuve physique en plus de s'occuper de son binôme.
La troisième est que l'abus de St Yorre peut provoquer quelque désordre de type gastrique.
La quatrième se résumerait en cette maxime ou rien ne sert de partir vite, il suffit juste d'arriver. Qu'importe le temps réalisé, arriver au bout d'un cent kilomètres et au bout de soi même et une victoire amplement suffisante et procure une telle satisfaction que le temps en devient secondaire.
La cinquième est que j'ai rencontré tout au long de la journée que des personnes sympathiques aussi bien parmi les coureurs que parmi tous les gens de l'organisation qui sans eux ce récit n'existerait même pas. Et enfin, la sixième et sans doute la plus importante est que Jean-Paul et moi nous avons décider de récidiver mais cette fois-ci durant un 24h qui se tiendra le 16/17 octobre 2010 à Royan.

Et encore une fois, merci Jean-Paul.

3 commentaires

Commentaire de walter posté le 20-06-2011 à 21:03:00

vous aurez put remarquer que non seulement je poste mon récit datant de 2010 en 2011 mais qu'en plus je le met sur Belves 2006, mais il s'agit bien des 100 kms de 2010.

Commentaire de lulu posté le 20-06-2011 à 22:52:00

Malgré ces quelques petites erreurs (surement le soleil)..un bien beau récit !
J'me suis revu (ou presque) lors de mon 1er Millau

Commentaire de chanthy posté le 21-06-2011 à 14:41:00

merci pour ce beau et long récit :)
ça donne envie de faire les 100km

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