Récit de la course : 24 heures de Vallauris-Golfe Juan 2005, par NEOCAP

L'auteur : NEOCAP

La course : 24 heures de Vallauris-Golfe Juan

Date : 3/12/2005

Lieu : Vallauris (Alpes-Maritimes)

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Distance : 107.35km

Objectif : Terminer

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Vallauris, Avant, Pendant , Apres

24 h, l'avant course..

Samedi 03 décembre
- 8h - Bizarrement, j'ai bien dormi, alors que hier soir, j'angoissais un max. Les volets sont encore fermés, mais je n'entends plus la pluie diluvienne qui tombait hier soir, et quand j'ouvre, cela se confirme, grand ciel bleu, encore un peu de vent.
Je réunis mes sacs (défaits et refaits je ne sais plus combien de fois depuis hier..), vérifie, encore une fois, leurs contenus.. (les seuls tenues qui doivent me manquer sont celle contre les tremblement de terres et les astéroïdes, pour le reste, je suis parés..)
- 10h30 - J'arrive sur le port de Golf Juan, bizarre, il n'y a strictement rien d'indiqué, le port est immense, j'angoisse. Naturellement, je n'ai pas le N° de l'organisation avec moi.. J'aborde une commerçante devant son magasin, elle n'en a pas entendu parler et n'a rien vu.. panique à bord.. ou est ce que je me suis trompé.. Elle me demande si je suis sur que c'est sur le port.. oui oui, sur la digue du vieux port lui dis-je... haaa, mais ça change tout, vous n'êtes pas au vieux port ici, il est un peu plus loin par là... ouf, mon coeur repart à son rythme normal..
Effectivement, quand j'arrive sur le vieux port, je ne peux pas rater le village Téléthon. Un parking est même réservé pour les participants, sympa. Je me gare au milieu du parking, la mer doit être à 5 m de ma voiture.. Et oui, le vent souffle de la mer, la houle est importante, et la moitié du parking est sous l'eau. L'organisation est encore en train de monter des tentes, un grand plateau ou devait avoir lieu les démonstrations de rollers baigne dans l'eau .. La tempête de la veille et de cette nuit n'as pas facilité le travail ..
Je vais retirer mon dossard (53), et me fais indiquer la salle de repos ou poser mes affaires. Les sanitaires et les douches du port sont accessibles au coureurs.. cool tout ça...
Je vais faire le tour du parcours, une boucle de 1 km dans le village Téléthon puis sur une digue du port. Au niveau du village, la boucle passe limite de l'eau, puis sur la digue, l'eau passe par dessus le mur de protection et remonte par les bouches d'évacuation, le vent souffle toujours très fort. La course risque d'être humide, mais bizarrement, je jubile de ces conditions extrêmes..
- 11h30 - Au vue du temps, j'opte pour un short et un t-shirt léger et me rapproche du départ. Annonce au micro : au vue des conditions climatique, le 24 h de nage est annulé, le 24 h course à pied est reporté de 2 heures. Selon les conditions, le circuit pourrait être raccourci a 600 m ..
Je retourne me reposer. L'organisation continue a se battre contre les éléments.
- 13h45 - Eole est avec nous, le vent est un peu tombé, l'eau a reflué vers la mer, libérant la totalité du parcours. Nous nous rendons dans le sas de départ. 78 coureurs individuels, 9 équipes Ekiden de 6.
- 14 h - le top départ est donné, j'ai le sourire aux lèvres ...

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24 h , la course

Ce 24 H est international, un finlandais, une allemande, un grec, 2 italiens: de plus, ils ne seront pas venues pour rien..
- 14h - Donc, je pars le sourire aux lèvres. Je me connais, je sais que quand je serais chaud, j'aurais tendance a accélérer, alors, je me surveille de prés. Apres quelques tours, je trouve mon rythme de croisière, et pendant 3 h, je tourne à 6'30" - 6'45" au tour, hors tour ou je me ravitaille. J'avais décidé de me ravitailler tout les 3 - 4 tours, avec marche sur 50 m avant le ravito et marche sur 50 après. Gestion facilité, car le ravito ou je m'arrête est en bout de digue sur le point de demi tour, et un gros coffret électrique sur le mur me sert de point de repère. Ce ravito sera l'attraction pendant 24 h, une folle ambiance tout le long, mais je pense que le ravitaillement personnel des ravitailleurs y est pour beaucoup et surtout qu'il ne devait pas être homologués FFA !! Mais c'est bien la 1ere fois ou j'ai eu droit a du champagne (avec modération), du foie gras, du saumon, paté, vin, etc.. Mais pour commencer, je reste sur du classique.
- 15h08 - Je passe le 10 km, le palpitant à 135 puls de moyenne.
- 16h16 - Je passe le 20 km, whaou, ça c'est de la régularité..
- 17h34 - 30 km, oui, oui, je sais, je ralentis.. 145 puls de moyenne.
- 19h31 - je passe le marathon. 139 puls. Dire qu'à Grenoble, j'ai mis 20 minute de moins et j'étais dans un état déplorable ..La différence entre un bon ravito et un mauvais( ou plutôt l'abscence ..)
- 20h - 6 h de course, je prends une heure de RTT et fais une pose repas/repos. 45 km de parcouru, j'commence à avoir un peu mal aux jambes, mais la tête va super bien.
- 21h - Je retourne en piste. Bon dieu que j'aime cette ambiance.. Certain cours vite (des Ekiden sûrement..), d'autres font déjà de longue marche, certain seul (dont moi), d'autres en groupe. Le finlandais est un vrai métronome, un rictus au visage depuis le 1er pas, et je le verrais jusqu'au dernier. Il lèvera le pied quand il aura battu son record, et ne fera pas une seule pause pendant ces 24 h, sauf 2 minutes avant la fin ou, record battu, je pense que la motivation l'a un peu lâché et il a marché un tour avant de s'arrêter sur le bord de la boucle, après 23h58 de courses non stop ..
L'allemande aussi est impressionnante, elle a une foulée bizarre, elle ne lève pas les genoux, on dirait plus qu'elle fait du patin, mais, manifestement, c'est efficace. Elle dormira 4 heure cette nuit, de minuit à 4 h. Et a l'arrivé, je l'entends dire qu'elle a trop dormi !!!
Pour ma part, je cours de 21 h à 22h40. Mais sans aucun rythme, mes tours vont de 7'02" a 12' (j'ai sacrement du discuter au ravito !!) Je passe les 50 km à 21h36. Je ne marche toujours que pour les ravitos, tout vas bien.
- 22h40 - Je m'octroie 1 h30 de RTT, repos dans la salle prévue a cet effet, ça sent déjà le fauve la dedans, beaucoup de monde discute, je somnole.
- 00h00 - Je repars pour 2h30, les débuts sont difficiles, les jambes raides, mais le moral est bon. Je passe les 60km à 00h25, en alternant marche et course. Les 70 à 2h15, depuis 10 km, je ne fais que marcher, inflammation d'un tendon oblige, mais en marchant, ça va. J'avais peur de m'ennuyer la nuit, mais finalement, pas un seul instant je n'ai éprouvé de la lassitude. J'ai pensé a tout et n'importe quoi, sur la course, la vie, le travail, etc.. Et parfois aussi, je devais bien dormir les yeux ouverts..
- 2h30 - Ce n'est pas du RTT cette fois, c'est un CP ! il n'y a plus grand monde sur la piste, hormis les 9 Ekiden, il doit rester une 15aine de coureurs individuels.. Et pendant ce temps, le finlandais court toujours... L'allemande est allé se coucher a minuit.
La salle de repos est comble, je ne peux étaler mon matelas, alors, je m'assois sur une chaise, mais ce n'est pas vraiment confortable. Je prends mon matelas et mon duvet et vais m'installer à l'extérieur, sur un banc en pierre. Le vent souffle toujours, mais avec un bon duvet, je suis à l' abri et m'endors profondément. Autre avantage, ça ne sent pas le phoque !! ;-).
- 4h00 - Je me réveille, mais j'ai du mal à m'extirper du duvet !En sortant enfin, je me gèle et rentre vite dans la salle, l'allemande est réveillée et se prépare a repartir. Je me couvre correctement et j'y vais à mon tour.

- 4h30- C'est encore le désert dehors, toujours pas grand monde. Le vent est toujours là. Et il y a ce grand retour sur la digue ou il souffle de face pendant 300 m. Heureusement, j'avais prévu gant et bonnet. Je ne cours plus, j'ai bien essayé d'alterner un tour marche, un tour course, puis courir le 1er tour de chaque heure, mais l'inflammation est trop importante et douloureuse, alors, je marche. Et je m'en fous, j'avance, c'est ce qui compte, le moral est au beau fixe (quoique parfois sur la digue avec le vent froid en face, j'me demandais parfois ce que je faisais là !!) Petit à petit, du monde réapparaît sur la boucle, le jour se fait tranquillement. Bien que les pointeurs changent de temps en temps, au bout de quelques tours, ils nous reconnaissent quasiment, parfois même nous attendent. Il faut dire qu'ils ont chacun leurs N° de dossard à pointer et qu'il doit y avoir une sorte de concours entre eux, sur le prochain n° à pointer!! Mais ça fait plaisir d'être attendu, reconnu, encouragé, leurs sourires quand ils annoncent a un coureur un distance marquante (tous les 10 km ..), parfois, je ralentis, pour essayer de compter les croix sur ma feuille, et quand je ne vois pas, j'entend derrière moi " Encore X km et vous êtes a YY ! Courage". Je passe les 80 km vers 6 h du mat.
Le soleil se lève sur la mer, spectacle magnifique avec les palmiers devant le soleil rougeoyant..
- 8h20 - 90 km...
- 8h30 - pause syndicale de 50 min, je déjeune d'un plat de pâte, sauce, fromage.. si si, ça passe bien.
Je me masse les jambes, mais essaye de ne pas trop me refroidir. Je me couvre un peu plus, met une polaire légère sous le coupe vent, car le vent a forcie et refroidie.
- 9h20 -Je tiens mon rythme de marche, entre 10 et 11 minutes au tour. J'en vois d'autres qui souffre, la fatigue est la douleur se lit sur pas mal de visage.
Le finlandais court toujours, l'allemande aussi.
A chaque tour, devant la table de pointage, l'émotion m'étreint, parce que je vois poindre mon objectif, et je sais que je ne peux plus le rater. Chaque kilomètre gagné me sert le coeur. Je craque émotionnellement un peu au 98 eme, je craque beaucoup au 99 eme, la pointeuse me dit ' Plus qu'un", et je lui répond" le dernier, c'était mon but, j'y suis .."Le plus beau, le dernier: le tour du village Téléthon, les courbes entre les bâtiments du port, la sortie vers la digue, le long mur qui nous protége du vent jusqu'au fond, alors qu'on l'a dans le dos, le ravito qui a mis le feu depuis le départ , le retour sur la digue, avec le mur qui ne protége plus du vent de face, repassage entre les bâtiments, le vent souffle en tourbillon ici, la longue courbe gauche vers le village, la petite ligne droite, le tapis d'arrivée,la pointeuse.. Et pourquoi j'arrêterais, ça va bien moi, allez hop, tu continue !
J'voulais faire 100 km en 14-16 h. Hors pose en dehors du circuit, j'ai mis 15h15, 21h15 depuis le départ. J'suis content, bizarrement, j'croyais vraiment craquer, mais non, j'pense surtout à continuer.
A midi, 102 km, c'est l'heure du repas, je m'arrête, mais je n'ai pas très faim, alors, je me relaxe. Autour de moi, les discutions des stratégies de fin de course des coureurs Ekiden vont bon train. Je m'habille de propre, un coureur Ekiden me demande pourquoi j'y retourne, je lui réponds que je veux être sur la piste pour la fin.
- 13 h, j'y retourne, j'pensais tourner tranquillement, mais j'ai le moral plus que très haut, je crois bien que j'ai chanté toute cette dernière heure, les autres ont du me prendre pour un fou, je marche bien, j'ai le sourire greffé au visage. Le finlandais bat son record, je crois bien que l'allemande aussi.
- 14h - Tous le monde s'immobilise sur la piste, le finlandais est assis sur le bord depuis 2 minutes, je l'ai vu ralentir dans les derniers tours (au ralenti, c'est quand même 2 fois plus vite que moi !! ;-) ). Par chance, je suis arrivé juste devant un pointeur qui relève tout de suite ma distance, car je suis au milieu de la digue encore bien ventée. Je peux aller me couvrir et surtout, aller voir le tableau de pointage, car j'ai perdu le fils depuis 2 tours...
J'ai le sourire au lèvres..

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24 h, l'aprés course.

- 14h05 - Le finlandais a parcouru 226 km en 24 h, sans une pause.. L'allemande a fait 177 km.
Le second, Bruno Candy a fait 221 km je crois.. J'ai oublié les autres, désolé.. Mais tout cela est fort impressionnant. Alors, ma distance paraîtra bien modeste par rapport a la majorité, mais je l'ai faite pour moi, pas contre les autres. Je vais donc devoir rajouter dans mon tableau d'usure de mes chaussures la distance de 107 km et 350 m (si si, j'y tiens au 350 m).

J'me change, je range, je mange, j'suis aux anges.

- 15h -Petite cérémonie pour les remises des coupes, quelques paroles sur le Téléthon . Un poème est lu, j'ai les yeux humides. C'est le vent, j'ai du attraper une poussière.

Le retour à la maison est laborieux, les paupières sont lourdes.
- 20h -Je tourne en rond, je n'arrive pas a me relaxer, ni a dormir, j'ai chaud, froid.. j'suis pas bien quoi ..
Et tout d'un coup, l'émotion remonte, je libère la pression. J'voulais faire 100 Km, mais je n'y croyais pas. Et pourtant ils sont faits. Je suis heureux.

Maintenant, reste à gérer la récupération et les blessures.
Pour la recup, pas de problème, je ne remets pas les running pendant un mois ! après, je serais bien obliger, étant toujours raisonnable, je suis déjà inscrit a la Prom'Classic..
Par contre, coté blessure, ça vas être une autres histoire.
Je passe sur les ongles qui vont tomber (ils ont déjà une jolie couleur !!)
Mais ce matin, j'ai la cheville gauche qui fait le double de sa taille et je ne peux pas m'appuyer dessus. La cheville droite est juste un peu enflée.. (Attention, je vous vois venir avec les chevilles qui enflent !!)
Massage avec pommade idoine, et on verra bien ce que ça donne..

En résumé, un 24 h fait le sourire aux lèvres, oui oui, même maintenant. Une organisation du feu de dieu, des bénévoles supers sympas, des ravitaillements comme jamais vu.
Bref, il y en a sûrement d'autres très sympa, mais si un 24 h vous tente et que vous êtes dans le secteur début décembre 2006, alors, choisissez celui la!

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