Récit de la course : L'Origole 2005, par prichard
L'auteur : prichard
La course : L'Origole
Date : 3/12/2005
Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)
Affichage : 4888 vues
Distance : 60km
Matos : CamelBack 1.5l (ça m'a suffit !)
Petzl XP (Super !)
2 gel +1 compote (seule la compote a été consommée)
Objectif : Terminer
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Le récit
Vendredi 19h : arrivée chez Robert où nous allons passer notre veillée d'arme, sympa à lui de nous avoir invités Patrick et moi, repas sympa (soupe à Momo ;-) , poulet et céréales et le ptit gars Robert avait même poussé le vice à nous acheté des tartelettes) et puis visionage d'un DVD sur le Xtrème Trail pour nous mettre dans l'ambiance ! L'ambiance, j'y suis déjà depuis le matin (levé à 4h comme d'hab mais avec l'appréhension au ventre, la météo est catastrophique, ce matin au levé, ça tombait dur et j'imagine déjà les pentes des Vaux de Cernais détrempées... La semaine dernière , Robert Patrick et moi avons été avec Jacques (l'organisateur) faire un repérage de nuit sur la boucle 1 du parcours et je redoute le pire: c'est très pentu et casse pattes. J'avoue donc que depuis ce matin je me pose la question de savoir si je vais pouvoir terminer: d'ailleurs un point qui ne trompe pas: j'en ai parlé à tout le monde pour me motiver et ne pas avoir à avouer un (probable) abandon en cours. Préparation un peu fébrile chez Robert: biafine pour les pied et nok pour les tétons (ça ne devrait pas être l'inverse ? déjà HS le gars! ), vérification du paquetage, sur les conseils de Patrick, j'ai pris 3 tenues complètes histoire de pouvoir me changer à chaque passage à la tente si possible - je crains que cela ne soit interdit mais on sait jamais..., vérification des piles de la petzl, des bandes de strapping, des pansements anti ampoules, du téléphone portable si je me blesse,... Bref que du moral au beau fixe !
22h30, nous partons de chez Robert direction Le perray où nous arrivons aux alentours de 23h , on se gare facilement et nous nous dirigeons vers la tente téléthon, chouette, il fait vraiment bon à l'intérieur, dehors, la pluie s'est arrêtée depuis l'aube et il y a beaucoup de vent , la météo annonce un retour de la pluie vers la matinée et une température aux alentours de 1 à 3 ° - en tout cas, j'ai l'impression qu'il fait froid même si je suis reconnaissant qu'il ne pleuve pas. Nous nous inscrivons et écoutons le briefing de Jacques, il a rebalisé ces derniers temps, et il nous annonce des montées à 4 pattes : chouette, ça promet ! Le départ est dans 5 mn et nous sortons de la tente, Brrr il fait vraiment froid: je me suis pourtant bien couvert: bonnet, gant, fuseau épais (en prevision des ronces), Tshirt manche longues + 2ème couche et vu le vent nous avons opté pour mettre nos coupe-vents également: eh bien , malgré tout cela , je grelotte (peut-être un peu d'appréhension: c'est vrai que c'est mon premier trail qui plus est de nuit et je n'ai JAMAIS fait plus de 42.195 km, le temps est incertain,... bon, on verra bien).Devant moi, un type interroge des concurrents sur la ligne de départ avec un MP3 , je trouve ça marrant . Pan, ça y est nous partons 0h2mn à ma montre , j'enclenche le Polar et voilà je suis Robert. Oh,eh on avait dit tranquille ! Il me semble qu'il part vite , mais bon Patrick et moi, le rejoignons aux avant postes, on passe sous la voie SNCF et nous nous nous dirigeons vers le lac , Jacques a changé les balises, il en a mis des "avec réflecteurs" et c'est génial, très facile à voir même au loin, il nous arrive d'en voir jusque 4 ou 5 , cela guide vraiment bien. Nous avions fait la première boucle (ou presque) à l'entrainement et cela nous confère l'avantage de savoir à peu près où nous nous situons( dosage d'effort facilité) , les cotes sont bien là mais grace au balisage et avec le vent qui fait tourner les rubalises, le trail ressemble à un grand jeu de piste,je redoute de me blesser sur cette boucle il y a de violentes descentes où j'ai repéré de nombreux pièges (trous, racines, pierres et ronces accrocheuses) mais pour l'instant cela se passe bien, le rythme pris est top , nous devons tourner à 9 ou 10 à l'heure et nous prenons des relais successifs, le premier est chargé de découvrir le parcours pendant que les 2 autres suivent en validant les balises lointaines, et en précisant les pièges éventuels: c'est très efficace mais n'empèche pas tout: je suis tombé 2 fois sur les dos dans des descentes un peu grasses et lors d'un de mes relais j'ai bien failli regretter de ne pas avoir emmené une deuxième paire de running, un petit talweg bien gras a failli garder ma chaussure droite: resultat un chaussette droite pleine de boue et un pied un peu plus lourd d'un coté que l'autre ;-). Cette première boucle est très costaud, mais je trouve qu'elle est même plus facile que je m'en souvenais sauf aux alentours du chateau de l'Artoire où nous n'avions pas été lors du repérage, le passage dans les jardins est 'magique': des statues et un fantome de chateau qui se découpe en noir sur le ciel ... noir aussi. Je rame un peu lorsque nous revenons vers le Perray et la cheville que je me suis tordue sur un trou dans les platelages en bois avant la montée vers l'artoire me préoccupe un peu: j'ai l'impression que je ne pourrai pas finir , je crois que je vais arrêter à la fin de cette boucle, ouai, c'est sûr maintenant, je rentre à la tente et j'arrête !
La voilà cette tente tant attendue,je n'ai qu'une envie, me changer d'abord de chaussette (merci la boue) et aussi de haut qui est tout trempé par la sueur (cela fait pourtant longtemps que nous avons débaché avec Robert et Patrick (presque au début de la boucle), nous sommes arrivés , je me précipite vers mon sac et appréhende un peu qu'on nous interdise le changement, mais non, tout le monde nous félicite et je me change tranquille, je me dirige ensuite vers le ravitaillement où les bénévoles très sympas (merci à eux, ils (elles) ne savent sans doute pas combien cela nous réchauffe le coeur de les voir si attentionnés) : 2 coca et un bon café bien chaud : je ne prend rien de solide, j'ai du mal avec les fruits et tout ça lors des marathons et j'ai encore mes 2 gels et ma compote que je n'ai pas touchés. Allez , finalement, Jacques a dit que ceux qui termineraient la 2ème boucle seraient classés - Je sais que je peux faire au moins la distance du marathon et puis je ne vais pas laisser tomber mes 2 compagnons: j'ai peur du vent et du froid qui nous attend dans les longues traversées plein champs de la 2ème boucle mais je me suis changé et je suis au sec. Allez avec Robert et Patrick, je repars! ;-)
La deuxième boucle est beaucoup plus plate, il y a un long passage près du lac de St Hubert et c'est finalement pas si venté que ça, je suis quand même à la ramasse et Robert et Patrick se partagent les relais que je suis 'paresseusement', ces longues lignes droites me permettent petit à petit de revenir dans le rythme et puis nous rentrons à nouveau dans les bois , les chemins sont gras, très gras mais après mon épisode "chaussures dans la boue" , je ne crains plus grand chose, et puis le temps devient super, le vent a chassé les nuages et nous courons sous les étoiles , tous les trois en rythme: impression super sympa, cette boucle se passe très cool pour moi, même s'il y a quelques montées, comme dans un rêve, le retour vers le Perray me semble un peu long mais bon, je sais que je vais le faire et donc que j'aurai au moins fait un marathon, de nuit , en terrain "accidenté"- cela fait au moins un contrat rempli - je peux sans trop de honte arrêter là, et quelque part cela m'enlève de la pression , j'en viens même à me dire que je vais peut-être faire la 3 ème boucle. Arrivée à la tente, rechange complet et à nouveau ravitaillement, je sors (enfin) une compote de mon camel et me dit que bon le plus dur est fait, il suffit que je franchisse à nouveau le seuil de la tente et puis plus que 21 km , le denivellé est plus faible, allez, on y va .
Cette 3ème boucle va se révèler épique, les chemins sont encore plus gras qu'auparavant et je 'patine' quelquefois, vivement que l'on pénêtre dans la forêt que cela devienne plus "pratiquable" , ça y est nous devons arriver vers l'étang de Gruyer, il y a plus de concurrents ici, et nous croisons des gars qui courent également ensemble et il y a aussi une féminine (eq. 208) , les balises se voient super bien et le rythme bien qu'ayant ralenti est bon , cette portion est la plus pentue de la boucle si je me rappelle bien du plan, et il y a un croisement où nous devrions avoir un point de contrôle. Nous passons effectivement à un croisement mais personne, les autres concurents semblent aussi désorientés que nous, il y a des balises dans 3 directions : c'est par où, nous cherchons un peu partout et finalement nous trouvons une flèche rouge au sol indiquant P1 (ça veut dire quoi ? : on opte pour Passage 1) nous partons par là, et suivons les balises mais il nous semble croiser d'autres chemins, nous arrivons près du lac , nous traversons mais nous laissons des balises derrière nous qui semblent aller dans une direction opposée, nous n'arrêtons pas de monter et de redescendre et nous passons pour la 4 ème fois sur la 'bosse des fougères' c'est sûr c'est la même: nous y croisons 4 troncs au sol que nous reconnaissons maintenant : 4 fois (dont 3 fois dans un sens et une fois en sens inverse) : Il n'y a pas à dire nous sommes paumés ! La fatigue ne nous aidant pas , nous decidons , puisque nous avons aperçus la N10 au loin sur un des chemins de la rejoindre et de rentrer en la longeant, je suis d'accord avec l'option, je suis vanné, nous croisons et recroisons les mêmes concurents aussi paumés que nous et finalement récupérons la féminine 208 avec nous. Allez, on rentre à la base, Patrick avec son Suunto nous indique que nous nous dirigeons plein Nord, c'est plutôt la bonne direction, allez hop on rentre petite foulée à l'économie et suivant les balises au maximum. Tiens, on n'est jamais passé par ce goulet, ç'est un chemin qui semble bon, il semble que l'on ait recolé par hasard sur le parcours: Robert est ravi et Patrick et moi beaucoup moins, je sais que le parcours est encore long après le Gruyer et j'aurai bien aimé rentrer... La féminie se fait radio-guidée au téléphone (en fait , ils sont aussi perdus que nous et nous n'avons aucun point de repère pour indiquer notre position) par des amis qu'elle retrouve à l'étang du coupe gorge , elle va les voir et nous ne la reverrons plus. Les concurents précédents semblent nous avoir mis un autobus, je ne les aperçois plus et Robert qui a encore un belle patate doit m'attendre. Patrick semble bien mieux que moi mais pas autant au Top que Robert. Allez, c'est la dernière ligne 'droite', un petit effort Philippe. Le jour se lève: 7h30 déjà ! Il pleut des petites averses pas bien méchantes mais cela m'inquiète tout de même, à mon polar nous sommes encore loin des 63 km : encore environ 10 km et à notre allure il reste environ 1h, et puis nous traversons un terrain difficile , s'il est plat il s'agit d'une zone exploitée en abattage d'arbres et au sol il y a plein de petits troncs très casse pattes, Patrick et moi decidons de marcher après que je me sois à nouveau cassé la figure en butant sur l'un d'entre eux: cela devient dangereux . On se repose en marchant rapidement à travers ce chablis (c'est comme ça que ça s'appelle où c'est le manque de glucose qui me fait délirer?) : environ 1 km à petite allure , enfin nous pouvons repartir , vraiment très petite foulée et puis nous récupérons un concurent après nous être fait rattrapé par un gars du coin (blouson rouge) qui nous annonce la fin proche, à mon polar il reste pourtant encore 5km d'après lui 2 à 3 grand max. J'ai vraiment l'impression de me trainer mais tout d'un coup nous sortons du bois, le centre équestre, Robert semble lui aussi connaitre, il nous a mis environs 200 m dans la vue et Patrick le suit relativement facilement , moi je lutte pour garder un intervalle constant, la rentrée sur le perray est longue et nous nous fourvoyons dans un corral, Robert a confondu les rubalises de la cloture électrique avec les flèches du retour , moralité: bain de boue et en plus nous nous faison redoubler par les 2 concurents précédemment doublés: Robert a la hargne et il repart de plus belle , moi, je me fous de la place, je sais que je vais finir et cela me suffit. Je relance difficilement la machine et nous redoublons un par un (Robert, Patrick et enfin moi) un des 2 gars qui nous a passé, l'autre: je ne l'aperçois même plus, allez encore un effort: ça y est, je vois la tente et Robert et Partick m'attendent pour que nous passions ENSEMBLE le seuil de la tente: résultat 8h38 mn . SUPER . Je suis heureux et je n'ai plus qu'une envie : une bonne douche !
Voilà, après avoir raccompagné Robert et Patrick, j'arrive à la maison: crevé mais heureux et plus fatigué par le manque de sommeil que par la course (euh, enfin, je crois) les derniers kilomètres sur l'autoroute étaient difficiles, mais me voilà à la maison, les jambes raides et le bas du dos un peu bloqué ...
Aujourd'hui, Lundi, je me trouve plutôt en pleine forme, beaucoup moins cassé qu'après mes marathons (faut dire que c'est pas le même rythme ;-) ) et je tiens ici à remercier Robert et Patrick sans lesquels je n'aurai sans doute pas réalisé cette fabuleuse course où je me suis fait (mal mais) plaisir.
Merci aussi à Jacques et à ses aides pour la superbe organisation.
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