Récit de la course : Marathon de La Rochelle 2010, par Skoub

L'auteur : Skoub

La course : Marathon de La Rochelle

Date : 28/11/2010

Lieu : La Rochelle (Charente-Maritime)

Affichage : 2324 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Terminer

6 commentaires

Partager :

Mon premier Marathon à La Rochelle... ou le plaisir de courir !

 

Samedi 27 novembre 2010.

Ce matin je suis étonnamment calme à la veille de mon premier marathon. Ma préparation sur 3 mois s'est bien passée (objectif 4 heures), malgré une légère douleur au tendon d'Achille sur la fin, et mon sac est prêt depuis une semaine.
J'arrive serein à la gare TGV de Mâcon, tous les trains sont à l'heure sauf le mien...le stress me rattrape ! Je vais louper la correspondance à Paris avec changement de gare. Arrivé dans la capitale, plus question de métro ni de bus, je sors le premier en tête du train et cours (déjà !) jusqu'à la station de taxi. Pas trop d'embouteillage, mais le chauffeur, très zen, prend son temps et joue avec mes nerfs.
Enfin arrivé à la Gare Montparnasse, je saute dans le train 5 minutes avant son départ, ouf !

 

 

J'arrive à La Rochelle vers 16h, puis au village marathon, surchauffé et noir de monde.


Je me fraie un chemin jusqu'à l'imposant retrait des dossards. Instant solennel : une bénévole souriante me tend mon premier dossard de marathonien. "Bonne course"... je ne peux plus reculer !


 

A la Pasta-party je retrouve les membres du club de Haute-Saône auquel j'ai récemment adhéré. On plaisante, on commente nos objectifs et la météo annoncée humide. Je fais la connaissance avec mes sympathiques hôtes Rochellois.

Je suis couché à 11 heures, persuadé de m'endormir sur le champ, mais je commence à gamberger sur la tenue appropriée et les préparatifs d'avant-course... je m'endors vers 1 heure du matin ! A 5 heures j'ouvre les yeux, pressé d'en découdre. Je tends une oreille : il pleut ! Je passe le nez par la fenêtre, ça caille !! "super".


Après un petit déjeuner énergétique, je me prépare : short, maillot manche longue, un vieux coupe-vent et une vieille polaire que j'abandonnerai avant le départ. Surtout ne rien oublier : j'attache la puce électronique, fixe le dossard sur ma ceinture porte-gels dans laquelle j'ai glissé 2 gels antioxydants et 1 gel coup-de-pied-au-c... heu, coup-de-fouet !

Mon angoisse : les crampes. J'avale des granules d'arnica et m'enduit les jambes d'huile... d'arnica. Il ne pleut plus, mais il fait un froid de canard humide. Nous laissons la voiture à 2 km de l'arrivée et rejoignons le départ en trottinant.

Les rue adjacentes grouillent de coureurs : une véritable fourmillière en baskets. 8900 partants sur 10000 inscrits, la météo a dû en décourager plus d'un ! Chacun rejoint son sas de départ, le mien étant le plus éloigné, premier marathon oblige.

8h55 : jets de sac poubelle, coupe-vent et vieilles polaires. Je mets mes lunettes jaunes, ce sera mon soleil artificiel.

 

N'ayant pas pris l'appareil photo, j'illustre avec une image des forçats partant pour Cayenne, c'est presque pareil !

9h : coup de pistolet libérateur... la sono crache à fond les "Walkiries" de Wagner... un feu d'artifice éclate sur le vieux port (heureusement que le ciel est gris foncé !)... mes cheveux se dressent sur la tête. On démarre en accordéon : on avance, on s'arrête, on repart. Je mettrai plus de 3 minutes pour passer la ligne de départ !


Premier kilomètre en plus de 7 minutes, ça va pas le faire pour passer sous les 4 heures ! Enfin l'avenue s'élargie, chacun prend ses aises. Ah, le doux crépitement des milliers de baskets sur le bitume... et les questions existentielles : "J'aurai dû faire Ping-Pong !" Je choisi le centre de la route pour éviter le dévers. Le public est déjà là : "Allez les gars, l'arrivée est devant", très drôle...


Au 3e kilomètre on fait la jonction avec le peloton des vétérans et des féminines, partis d'un autre quai pour plus de fluidité. Soulagement général dans mon groupe : "enfin des filles" ! Je me ressaisi et me concentre sur ma vitesse, surtout pas trop vite jusqu'à la mi-course. Je regarde ma montre, plus rien, elle a pas aimé l'air marin. J'abandonne mon coupe-vent au ravitaillement du 5e km. Mal m'en a pris : au 6e kilomètre une averse nous glace les épaules ! Ca rigole déjà beaucoup moins dans les rangs.

Je n'oublie pas de boire de l'eau (glacée) et du fructose aux ravitos (tous les 5 km). Entre deux, il y a des éponges et des seaux ! ... pour s'essorer ?


Tout le long du parcours, nous sommes rythmés par des orchestres divers et variés (rock, accordéon, jazz, percussions, louches et casseroles...). Je les applaudis tous, ils ont au moins autant de mérite que nous par ce froid. Dans le ciel, c'est aussi la bagarre, le soleil tente de percer mais les nuages résistent. Le public se fait plus nombreux et très chaleureux.

Km 18 : je rattrape enfin un membre de mon club. On discute le bout de gras quelques minutes, je lui dit que je me sens bien. "Alors, fais-toi plaisir, file devant !". Je fais prudemment ma course jusqu'au semi-marathon où un chronométreur nous affiche le temps estimé jusqu'à l'arrivée : 4h16 ! Ah non, j'ai un sursaut d'orgueil, c'est le moment d'accélérer. Hé là, ô joie, je retrouve ma foulée normale, réglée à l'entraînement, et commence à remonter tranquillement des dizaines de coureurs.

Ce sera un véritable plaisir pendant plus de 15 km. Je suis euphorique, l'endorphine doit y être pour quelque chose.

Les gens nous crient : "C'est fantastique ce que vous faites !", "Non , c'est facile" ai-je envie de leur dire !


Au km24 un gel glisse de ma ceinture, demi-tour, je m'accroupi pour le ramasser : mes muscles et tendons ne sont pas d'accord et me le font savoir... aïe, ça commence à tirer.

Le parcours est relativement plat avec cependant quelques faux-plat. A l'attaque d'une côte, 2 coureurs philosophent à mes côtés : "Le terrain, faut le respecter mais pas le subir... c'est comme avec les femmes !". Dommage, pas de féminines à proximité pour apprécier la comparaison.

Plus loin je double Super-Mario qui poussent son vélo d'une cinquantaine de kilos : un personnage connu sur les marathons. Il chante, il clame des proverbes et répond aux quolibets par des plaisanteries à tue-tête. Quelle santé ! Je le redoublerai plus loin car il ne s'arrête pas au ravitos : il a tout sur son vélo !

2 types sous un arbre dégustent des huitres et une bouteille de blanc en nous narguant : "Elle est pas belle la vie ?". Oh que si...


Enfin le Km26 : je n'ai jamais couru plus loin que cette limite ! Après c'est l'inconnu. Je fais un bilan: mes tendons durcissent derrière les genoux, les cuisses chauffent mais pas l'ombre d'une crampe. J'ai bien un truc bizarre au ventre, mais heureusement ça passera. Je continue à me faire plaisir en remontant les concurrents un à un (je me ferais aussi doubler par quelques pressés "qui ont sûrement un train à prendre").

Je passe le km30 sans rencontrer le fameux "mur" (gros coup de mou) tant redouté. J'ai de l'espoir. Des coureurs commencent à marcher, d'autres s'arrêtent pour vomir ! Je servirai de lièvre à un type dont les baskets font un bruit épouvantable : splisshh, splisshh... il doit avoir une fuite dans ces semelles à air comprimé ! Après 2 kilomètres, il prend enfin le relais. Je m'accrocherai pendant 1 km mais une douleur commence à me tirailler le talon droit. Je laisse filer mon bruyant lièvre pour assurer.

Je me goinfre au ravito du 35e km (eau, banane, fructose, orange... un festin) et repart dare dare.


La douleur se fait plus présente. J'apercois vaguement la pancarte du 39e km mais n'en suis plus très sûr... était-ce 39 ou 36 ? Ma lucidité s'effiloche.


Ne plus penser, mais piocher, piocher, piocher.... J'ai de plus en plus mal. A chaque fois que mon talon droit touche le sol, une décharge électrique me parcourt le dos. Je serre les dents, les poings. Je grimace.

Qu'il est long et désert ce chantier naval. Enfin un orchestre techno avec Pom-Pom Girls : j'ai envie de danser, je me contente des gesticuler des bras.


Km40, dernier ravito : je passe tout droit, c'est que j'ai un marathon sur le feu qui doit mijoter en moins de 4 heures !

On approche enfin du vieux port. Stupeur : sur ma gauche j'aperçois déjà l'arrivée... de l'autre côté du chenal ! Il reste 2 km pour contourner le port  !!! Quels plaisantins ces organisateurs... ils ne nous auront rien épargné  : des pavés maintenant, Paris-Roubaix ! aïe, ma foulée devient chaotique.


J'ai mal. Il reste 2 interminables lignes droites avant la grosse tour. Je pioche, pioche...  Enfin les barrières et la foule de chaque côté : "Allez, c'est dans la tête" (Non, c'est dans le pied droit !).
Le speaker est euphorique à l'approche des 4 heures : "Faut en mettre un coup pour passer sous les 4 heures... plus que 2 minutes.... non, 5 minutes..." (Faites le taire !).

Des spectateurs me hurlent "Allez Denis !" (Merci les dossard nominatifs avec le prénom en gros), c'est magique, ça me relance à chaque fois.

C'est le brouillard dans mes yeux et dans ma tête... surtout ne rien lâcher ! Piocher, piocher...


Je passe enfin la tour, tourne à droite derrière le rempart et là, miracle, je pose le pied sur un immense tapis bleu ciel :  je suis au paradis, j'ai des ailes, la chair de poule (pardon : de Poulet de Bresse élevé en plein air !).

J'apercois le chrono : 4h01'..., moins les 3' perdues au départ... Je lache les chevaux, je lève rageusement les poings, j'essaie de sourire (ce sera un affreux rictus sur la photo !) je passe la ligne, j'entends le dernier "Bip" de délivrance. C'est fait, temps réel : 3h58'...

Les véritables héros du jour étant Haile Haja en 2h9'44"" (record de l'épreuve battu !) et Goitetom Haftu, première féminine en 2h28'24''... ça me laisse une très grosse marge de progression !

Je titube, je ris, je sanglote. Un coureur me sourit, il a compris que c'était mon premier marathon.
On me passe la lourde médaille autour du cou, puis un magnifique coupe-vent est le bienvenu. Un thé chaud, une pomme et enfin la fameuse bourriche d'huître que je lève bien haut en apercevant au loin mon beau-frère arrivé 4' avant. Je serais sur ses talons au prochain marathon ! En attendant, je grelotte, il faut rentrer.

Je croise Jésus-Christ ! je l'avais photographié une semaine avant sur le Marathon du Beaujolais... quelle santé lui aussi !

 

 

 Je boîte pendant les 2 interminables km jusqu'à la voiture.

En chemin je rattrape l'ami qui m'héberge, il est perclu de crampes. On finira la route comme 2 éclopés, notre conversation est limitée : "Aïe Aïe" "Ouille Ouille" !
Enfin la chaleur du foyer, de la douche et, raffinement suprême, des habits secs...


VIVE LE MARATHON,

et vivement le prochain...

SKOUB

 

6 commentaires

Commentaire de francois 91410 posté le 05-12-2010 à 15:34:00

C'est toujours sympa de revivre à travers un récit comme le tien mes impressions de premier marathon. Tout pareil ! surtout que c'était aussi à LR dans les mêmes temps, avec la même prépa ... Comme tu dis, vivement le prochain donc, et bravo !!

Commentaire de Eric Kb posté le 05-12-2010 à 18:52:00

Belle ville La Rochelle !Au prochain marathon, ton beau-frère c'est de 4 ' qu'il est derrière :-) Merci pour le CR.

Commentaire de Sylvain01 posté le 05-12-2010 à 19:04:00

Bravo Denis !

Félicitations pour ton premier Marathon et pour ton CR.

Cela donne vraiment envie.

A bientôt sur une course dans le coin.

Commentaire de franciss posté le 05-12-2010 à 19:21:00

Bravo à toi ! Une bien belle expérience visiblement... loin de nos terres Aindiennes ;-)

Commentaire de franciss posté le 05-12-2010 à 19:24:00

Bravo à toi ! Une bien belle expérience visiblement... loin de nos terres Aindiennes ;-)

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 09-12-2010 à 21:06:00

Bravo pour ton premier marathon ! Sûr, la prochaine fois, ce sera largement sous les 4h00.

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran