L'auteur : déhel
La course : 48 heures de Royan
Date : 15/10/2010
Lieu : Royan (Charente-Maritime)
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Distance : 0km
Objectif : Pas d'objectif
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Pourquoi « direct-différé » ? Parce que j’ai choisi d’emporter avec moi un dictaphone dans lequel j’ai dicté mes impressions au fur et à mesure du déroulement de la course , et que le texte qui va suivre sera la retranscription intégrale de l’enregistrement sans y apporter la moindre modification . Il est donc possible que je me répète , ou que je me contredise , car le temps passant , et ma vigilance s’altérant , je n’ai bien entendu pas retenu ce que j’avais dit auparavant . J’ai procédé « au feeling » , sans aucune contrainte horaire ni de régularité.Pardonnez les éventuelles fautes , elles sont le prix de l’authenticité.
Pourquoi un 48 heures ? En fait il s’agit du dernier maillon d’une chaîne logique : 6 heures de Buc en mars , un 100 km en mai , l’Olympienne ( 27 heures ) en juin , le GRP ( 43 heures ) en août…Ma blessure pyrénéenne ayant rapidement guéri , j’ai pensé que Royan m’offrait l’opportunité d’aller encore au – delà et surtout que je n’avais rien à perdre en m’y engageant. J’ai néanmoins douté jusqu’au dernier moment , en raison des mouvements sociaux compromettant mon voyage , mais suis arrivé à bon port sans grande difficulté. Pour la commodité du lecteur – s’il y en a -, chaque paragraphe correspondra à une « séance » d’enregistrement continu.
Ca y est , c’est parti pour le direct-différé , il est presque midi et demi ; le départ a été donné à 10 heures sous un ciel bleu alors que vers 8 heures c’était beaucoup moins évident. Nous tournons sur un circuit de 1026 mètres tracé sur le port de Royan , circuit totalement plat mais relativement sinueux ce qui va peut-être poser quelques problèmes à la longue. 47 coureurs et marcheurs au départ , dont quelques pointures : Christian Fatton le Suisse qui a gagné il y a 2 ans avec 359 km , Christian Efflam qu’on ne présente plus , qui tourne régulièrement entre 240 et 250 km aux 24 heures , et je crois que c’est son premier 48 heures. J’ai également retrouvé Alain Grasset , Kéké du Bocage , qui est un cent-bornard avéré et dont c’est également le premier 48 heures . 4 féminines dont Nadine qui a pris les choses en main très rapidement puisqu’elle est dans le peloton de tête depuis le départ ; j’ai cru comprendre qu’elle a de grosses ambitions. En ce qui me concerne c’est l’inconnu total , je ne peux me baser que sur le temps réalisé au Spartahtlon et plus récement sur le Grand Raid des Pyrénées bien qu’il s’agisse d’un effort totalement différent . La seule chose dont je suis à peu près certain , c’est que je suis capable de tenir , du moins je devrais être capable de tenir 48 heures sans dormir ; enfin sauf accident je suivrai la règle des circadiens à savoir avancer coûte que coûte même en marchant , car comme le dit mon ami Gilles ce n’est pas en restant assis sur une chaise qu’on fait tourner le compteur . Pour l’instant tout va bien , le ciel est totalement bleu , il y a un vent permanent que fort heureusement nous avons assez peu de face et qui nous évite d’avoir trop chaud. Je me ravitaille au feeling de façon à ne jamais avoir la bouche sèche et je me suis imposé de boire à chaque ravitaillement en position accroupie de manière à éviiter toute rétraction des quadriceps ; bien entendu le problème ne se pose pas maintenant , mais c’est loin d’être terminé ! Nous serons rejoints demain matin à 10 heures par une cinquantaine de coureurs qui entameront le 24 heures , cela devrait amener un peu de sang neuf et j’espère nous donner un coup de fouet. Je tourne depuis le départ à environ 10 à l’heure il s’agit surtout de ne pas aller plus vite . Je suis dans le même tour que Christian et il ne faut surtout pas que je le dépasse parce que ce serait me mettre en sur-régime. La pyramide d’âge est très large puisque le benjamin a 36 ans et notre doyen 90 , il a participé aux Jeux Olympiques de Londres et d’ Helsinki , bref un grand bonhomme.
Il est un peu plus de 16 heures donc nous en sommes à 6 heures de course , la moyenne a baissé il faut le reconnaître , d’autant que le vent est quand même assez fatigant ; cela étant je viens d’apprendre que je suis à la 7ème place , ce n’est pas un objectif en soi , mais avec près de 60 bornes la moyenne est correcte cela étant je pense que dans les 6 heures qui vont venir je vais être amené à marcher en appliquant une méthode Cyrano que je vais adapter. Tout à l’heure j’ai rencontré Hervé qui va participer demain aux 24 heures, ça m’a fait plaisir de le revoir depuis l’Intégrale de Riquet , je compte sur lui demain pour me donner un petit coup de pouce ; et puis il y a deux jeunes femmes tout-à-fait charmantes qui m’ont interpelé tout à l’heure en me saluant de la part de Juan , elles vont également courir demain sur le 24 heures et je pense qu’elles aussi me soutiendront.
Je reprends l’antenne , nous venons de dépasser les 12 heures de course , premier quart et à 12 heures pile je passais le 103ème km. Dans ses conseils Gilles m’avait écrit de respecter 105 les 12 premières heures donc le contrat est pratiquement rempli ; il y a eu quelques moments difficiles vers la 9ème-10ème heure où j’ai délibérément marché . Je n’ai pas d’objectif kilométrique précis , l’essentiel étant que le résultat final commence par un 3. C’est d’ailleurs ce que je peux attendre si l’on tient compte des calculs effectués par l’équipe d’Ultrafondus à partir des coureurs , à partir des études effectuées sur des coureurs de Surgères ; il a en effet été bien montré que chacun d’eux a au mieux réalisé 155% de sa meilleure distance sur 24 heures , la mienne étant de 203 km , je peux espérer au mieux 310. Actuellement c’est toujours Stéphane Pélissier , concurrent de , entre autres, la Trans-Gaule et la Trans-Européenne qui est en tête , il a une allure particulièrement impressionnante ; ensuite je pense que la 2èe place oscille entre Christian Fatton et Christian Efflam , Nadine est particulièrement impressionnante. Il fait nuit maintenant depuis environ 3 heures , le vent est tombé la nuit est claire. Il y a pas mal de coureurs qui courent , ils profitent comme moi de la température relativement clémente et du calme de la nuit. Alain est allé se coucher , je ne sais pas combien de temps il a prévu de dormir. Je suis vraiment très impressionné par Nadine qui s’arrête très peu , ne marche pas , elle court sans arrêt.
Reprise de nos émissions , édition nocturne . Evènement important , pour moi en tout cas , à signaler : à la 19ème heure et 4ème minute j’ai bouclé le 150ème tour donc la moitié de mon objectif , je vais essayer de maintenir une allure suffisante pour approcher les 180 km aux 24 heures , ce qui devrait me laisser une marge correcte pour la deuxième partie. Quoi dire à part cela ? J’ai comme dans toutes les courses de ce type traversé des périodes de moins bien en particulier sur le plan digestif où j’avais atteint un état nauséeux quasi permanent qui m’empêchait d’avaler même de l’eau et fort heureusement mon fonctionnement intestinal a fini par se manifester sous forme d’émissions gazeuses , propos certes peu délicat dans un texte mais dont la signification est très importante comme le savent tous les coureurs d’ultra.J’ai abandonné toute idée de régime spécifique et je prends ce qui me plaît, ce qui me tente sur la table de ravitaillement. J’ai décidé de scinder ma course en tronçons de 5 km , je sais bien que 5 km ça paraît ridicule mais croyez-moi , quand on sait qu’on est parti pour 48 heures ça représente des distances parfaitement significatives, et sur ces 5 km , j’en marche un et je vais essayer de courir les 4 autres. Stéphane vient une nouvelle fois de me dépasser il est toujours aussi impressionnant , un véritable extraterrestre, il court tout le temps ne s’arrête quasiment jamais ; je ne sais pas quelle est sa distance parcourue mais s’il continue à ce rythme il va pulvériser le record de l’épreuve qui est détenu par Christian Fatton avec 359 km tout de même. Christian est deuxième je pense assez loin derrière , le troisième devant être probablement l’autre Christian, Efflam, euh , Nadine est toujours aussi remarquable , 1ère féminine sans aucun doute mais à mon avis également très bien placée au scratch , probablement 4ème. Le classement est affiché toutes les deux heures mais je ne le regarde pas car je n’ai pas envie de savoir où j’en suis exactement , je me concentre sur mon objectif kilométrique , la place est accessoire. Le vent s’est levé à nouveau , il ne fait pas très chaud, nous avons eu quelques gouttes durant la nuit très fines très brèves, le ciel doit être couvert car on ne voit pas les étoiles , cela étant le soleil devrait se lever d’ici une heure une heure et demie et nous serons rejoints à 10 heures par les coureurs de 24 heures. J’apprécie l’atmosphère de la nuit , tout est calme , le port est éclairé ça donne un aspect assez féérique aux mâts des bateaux .
Reprise des émissions , il est 11heures 32. Le 24 heures est parti depuis une heure et demie maintenant ce qui a bien boosté les coureurs du 48. A 24 heures j’étais à 180 tours soit environ 182 km ce qui me laisse 24 heures pour courir 120 bornes , autrement dit 5 km/h de moyenne , ce qui devrait être possible. Cela étant on n’est à l’abri de rien ; j’ai suivi les conseils de Gilles , il devait venir participer aux 24 heures il a été il n’a pas pu parce que son inscription a été refusée faute de place , c’est dommage j’aurais bien aimé le voir ; quoiqu’il en soit je pense beaucoup à lui car j’ai suivi ses conseils jusqu’à présent et ça me réussit plutôt ;. Je me suis fait masser pendant un quart d’heure ça m’a fait du bien même si le départ est un peu difficile , et puis là j’ai décidé d’alterner , de courir comme j’ai fait hier c’est-à-dire marcher dans la grande ligne droite et puis courir le reste du temps pour essayer d’engranger le plus possible pendant la journée vu que je ne sais pas comment je vais gérer la nuit suivante. Pour l’instant tout va bien , Nadine faiblit un petit peu , apparemment elle aurait un début de tendinite des releveurs j’espère que ça ne va pas l’handicaper pour le reste de la course . Sinon Stéphane est toujours devant mais Christian Fatton remonte progressivement suivi par son épouse , ce qui est assez extraordinaire , je n’ai jamais vu cela dans une course , le mari et la femme qui occupent respectivement la deuxième et la troisième place.
Samedi 22 heures. Il reste donc 12 heures de course Que s’est-il passé depuis ma dernière intervention ? Beaucoup de choses. En ce qui me concerne et malgré une franche tendinite des ischio-jambiers droits traitée initialement sans grande efficacité par un kiné et de manière beaucoup plus convaincante avec des anti-inflammatoires locaux et généraux , il me reste actuellement l’équivalent d’un marathon à courir en 12 heures pour atteindre la barre des 300 km . Il ne faut évidemment pas vendre la peau de l’ours etc…mais on peut considérer qu’a priori ça devrait être réalisable.Les conditions météo ont été globalement satisfaisantes , meilleures aujourd’hui qu’hier , beaucoup moins de vent , un ciel très chargé mais nous n’avons pas eu de pluie ; actuellement la nuit est claire on voit bien la lune les étoiles on aperçoit quelques nuages mais rien de menaçant. Hormis cette fichue tendinite je me sens en définitive mieux qu’hier dans le sens où je n’ai aucun problème digestif, j’avale ce que je veux , cela étant ce n’est guère étonnant dans la mesure où je vais beaucoup moins vite. Je continue globalement de respecter une longueur de repos en marchant et le reste en courant , bon de façon plus ou moins efficace selon l’état dans lequel je suis ponctuellement. Malheureusement pour elle Nadine traîne depuis la 24ème heure une douleur des métatarsiens qui l’empêche complètement de courir ce qui fait qu’elle ne peut que marcher mais compte tenu de son efficacité et du kilométrage qu’elle avait engrangé , elle devrait atteindre elle aussi la barre symbolique des 300. Christian Fatton vient de prendre la tête , manifestement Stéphane a eu une grosse défaillance , sa femme , la femme de Christian , Julia est 3ème de sorte que sauf accident , peu probable on aura sur le podium le mari et la femme ce que je n’ai personnellement jamais vu. Christian Efflam est 4ème et au dernier pointage à 20 heures j’étais 5ème.Bon le classement il est vrai n’est pas la principale de mes préoccupations mais ce sera la cerise sur le gâteau s’il se maintient tel quel jusqu’à la fin de la course. Mes deux suivants sont respectivement à 5 et 7 km mais je n’ai pas réussi à les visualiser et je ne sais absolument pas s’ils sont encore en course actuellement. Dans la mesure où ma tendinite me fait beaucoup moins souffrir je vais essayer d’engranger le maximum de kilomètres quite à reprendre un anti-inflammatoire dans la nuit , vu le type d’effort le risque de rupture tendineuse est nul puisqu’il n’y a aucun mouvement brusque. Les kinés m’ont signalé qu’il y a parmi les coureurs de 48 heures beaucoup qui sont atteints de pathologies des genoux qui sont selon eux liées aux virages successifs que nous sommes obligés de faire à chaque extrémité des couloirs délimités par des barrières , mouvement de demi-tour innoffensif en tant que tel , lorsqu’il est répété 200 ou 250 fois , il l’est nettement moins. Alain vient de me dépasser il a assez mal géré la nuit précédente de sorte qu’il a considérablement rétrogradé au classement et qu’il encaisse un retard de 50 à 60 km sur moi alors qu’il était nettement en avance dans la journée. Bon la situation est donc en résumé plutôt favorable mais je ne serai vraiment rassuré que lorsque j’aurai réellement franchi le cap des 300 km. Par ailleurs Hervé que j’ai connu sur le Spartahlon et sur l’Intégrale de Riquet mène depuis le départ des 24 heures , il a l’air en pleine forme et me semble parti pour réaliser une très belle performance. Il faut reconnaître que j’ai beaucoup mieux encaissé cette deuxième journée , très vraisemblablement d’une part comme je l’ai déjà dit parce que ma vitesse a diminué et que j’ai donc évité les problèmes digestifs et d’autre part en raison de l’arrivée des coureurs du 24 heures qui ont apporté une réelle dynamique à la course , étant entendu qu’il n’était pas question pour notre honneur personnel de paraître fatigués à côté d’eux.
Dimanche , 6 heures du matin. Je viens de franchir le cap des 300 km , mission accomplie. Curieusement cet événement me laisse totalement indifférent , il faut bien reconnaître que , hormis accident ce résultat étaitconnu depuis longtemps ou du moins je savais depuis longtemps que je franchirai le cap des 300 et surtout je suis depuis quelques heures dans une véritable galère car non seulement ma tendinite des ischio-jambiers droits s’est réveillée après la disparition des effets des anti-inflammatoires mais une autre s’est déclarée sur les releveurs du pied gauche , le tout vers 3 heures du matin ; je sais que courir aggravera de façon inéluctable la tendinite des releveurs , je ne tiens pas à prendre des risques pour quelques kilomètres supplémentaires dans la mesure où l’objectif est de toute façon atteint. Pour couronner le tout un vent glacial s’est levé au milieu de la nuit , permanent , vif , pénétrant, avec l’effet conjugué de la fatigue , j’ai encore froid malgré 2 polos techniques, une polaire et mes 2 coupe-vent plus un bonnet, une écharpe et des gants et j’ai enfilé un collant long par dessus le cuissard et les boosters. Bref je marche dans le froid et de façon assez peu efficace depuis 4 heures et il en reste 3. Le moins qu’on puisse dire est que j’en ai plus qu’assez. A 6 heures j’étais encore en 5ème position mais je pense que Nadine qui a trouvé une paire de jambes toutes neuves va récupérer sa 5ème place et il faut reconnaître en toute honnêteté qu’elle la mérite amplement. Il y a également 2 autres coureurs qui nous talonnaient d’assez près et eux je ne sais pas s’ils vont me déloger , cela étant c’est d’un intérêt tout à fait relatif. En tête de course le couple Fatton a profité d’une défaillance de Stéphane pour s’installer en tête , monsieur devant madame derière ; à 2 heures et demie de l’arrivée Christian a d’ores et déjà battu son record d’il y a 2 ans qui s’établissait à 359 km.Efflam s’était même emparé de la 3ème place , Stéphane restant 3 km derrière ; compte tenu de la vitesse à laquelle ce dernier s’est lancé à la poursuite , le différentiel d’allure est tel que Christian n’a aucune chance de conserver sa 3ème place ; je ne sais pas si Stéphane envisage de rattraper Julia qui a 11 km d’avance sur lui, qui a 11 tours d’avance sur lui , l’allure de Stéphane est telle que cela ne paraît guère impossible d’autant que si Julia est encore en piste elle ne doit pas aller bien vite puisqu’elle marchait beaucoup la dernière fois que je l’ai vue.
Il reste 2 heures de course et je viens d’achever le 300ème tour autrement dit 307 km et quelques. Considérant mon allure actuelle je vais peut-être rajouter 6 ou 7 km en tout cas suffisamment pour dépasser les 310 que les calculs d’Ultrafondus m’attribuaient. Quoiqu’il en soit je peux déjà affirmer que ce genre d’épreuve n’est franchement pas très passionnant ( c’est un euphémisme) ; rester sur un circuit d’un kilomètre dont le tracé est particulièrement sinueux t le revêtement n’offre aucune souplesse est extrêmement éprouvant à la fois physiquement et mentalement. Je pense très franchement qu’on ne me reverra pas de si tôt sur une telle épreuve, Nadine a d’ailleurs la même opinion que moi. 8 heures , le soleil commence à se lever le ciel est parfaitement dégagé ce qui explique le froid, le vent est toujours aussi vif et j’en ai assez , plus qu’assez. Je ne sais pas du tout où en est le 24 heures, Hervé était en tête, j’en ai plus qu’assez , le commentateur vient de nous donner la situation à 8 heures, Christian a pulvérisé le record , il est suivi par Julia qui a établi un nouveau record d’‘Allemagne puisqu’elle est allemande. Comme prévu Nadine m’a rattrapé et je pense qu’elle va me dépasser et je suis suivi de près par un Ecossais qui va également établir le record de Grande-Bretagne. Il annonce aussi les résultats provisoires du 24 heures , Hervé a manifestement eu une grosse défaillance car il est 2ème actuellement avec 179 km donc il n’atteindra pas à moins qu’il ait récupéré une bonne vitesse de , une bonne vitesse sur les 2 dernières heures il , il n’atteindra pas les 200 km ce qui est assez étonnant compte tenu de l’allure à laquelle il était parti hier. A 8 heures j’en étais à 306 km et quelques , je vais donc atteindre sans difficulté les 310. William l’écossais que je mentionnais plus haut vient de me dépasser à mon avis il va aussi me piquer une place; en revanche les suivants sont plus loin , je pense donc retrouver la 7ème place que j’ai occupée pendant une bonne partie de l’épreuve . Cela étant ça n’a aucune espèce d’importance il n’y a pas à rougir d’être classé après le champion de Suisse , la championne d’Allemagne et le champion de Grande – Bretagne sans compter Stéphane Pélissier dont le palmarès est impressionnant et bien sûr Nadine qui est une des toutes meilleures coureuses françaises. Je viens de m’apercevoir que j’ai oublié Christian Efflam qui m’a bien confirmé pendant la course qu’il avait remporté l’édition 2010 du Grand Raid du Morbihan.
Neuf heures moins le quart. Il est en fait probable que je rétrograde à la 8ème place car le régional de l’étape qui était relativement loin tout de même a démarré et compte tenu de ma vitesse fulgurante il ne devrait pas avoir beaucoup de difficultés à me rattrapper.
Enfin le coup de sifflet libérateur ; verdict : 316 km,600 ; André , le régional de l’étape dont je parlais plus haut était effectivement sur le point de me rattrapper puisqu’il est 300 mètres derrière moi…Je conserve donc la 7ème place. Contrairement à ce que j’ai pu ressentir à l’arrivée de courses telles que l’Olympienne ou a fortiori le Spartathlon, je n’éprouve aucune émotion hormis le soulagement d’être enfin arrivé et je dois dire d’être débarrassé de cette épreuve ; je ne regrette pas de l’avoir expérimentée mais je suis d’ores et déjà certain que je ne réitèrerai pas ; c’est en effet la première course à laquelle je participe qui provoque en moi une sensation d’ennui ; en outre l’intensité et la durée de l’effort , même s’il est relativement régulier et bien moins agressif que ce que j’ai pu par exemple éprouver sur le Grand Raid des Pyrénées font que le risque de blessure est loin d’être négligeable.
Au terme de cette aventure que puis-je conclure ? Que je ne regrette pas d’avoir participé à cette épreuve d’autant que j’ai atteint les objectifs fixés , cela étant il faut bien reconnaître que l’intérêt est très relatif et qu’après avoir couru sur un circuit de 1026 mètres je ne m’imagine pas courir sur un stade comme à Surgères ou pire encore ce que va bientôt faire Gilles à l’occasion du Téléthon sur une piste de 150 mètres à l’intérieur d’un gymnase ! Je reviens beaucoup plus abîmé que je ne pensais pouvoir l’être.
Lundi matin , retour dans mes pénates , je traîne beaucoup la jambe droite , la partie inférieure de ma cuisse a doublé de volume mais je ne suis pas trop inquiet pour la récupération. Conclusion : une course de 48 heures non-stop sur circuit peut être un défi mais c’est objectivement une épreuve particulièrement ennuyeuse – en restant poli -. Encore avons-nous eu la chance de bénéficier de l’apport des coureurs du 24 heures . On peut noter quelques éléments intéressants : sur les 8 coureurs ayant franchi la barre des 300 km , un seul a dormi , Stéphane , mais avec 225 km courus sur les 24 1ères heures ; la règle du circadien s’impose donc plus que jamais à savoir avancer toujours et toujours y compris en mangeant . Les calculs d’Ultrafondus se sont vérifiés dans mon cas : 155% - et un petit supplément – de mon score sur 24 heures , ainsi que la règle des 60-40 : 60% du kilométrage total le premier jour , 40% le deuxième.
Fin du direct différé. Il est amusant de s’écouter après la course , d’observer les différences de ton , d’énergie dans l’expression et bien sûr d’entendre les prévisions ( je me doutais bien que la sinuosité du circuit poserait des problèmes !). Je n’ai strictement rien changé dans la retranscription du texte , les fautes de syntaxe , les redites , sont garanties d’origine ! Ce texte n’a donc aucune prétention littéraire ,il peut sans doute ennuyer – ce en quoi il ne fait que refléter un sentiment ressenti par le coureur- , il a pour lui son authenticité de l’instant.Merci à celles et ceux qui l’auront lu , et à toute l’équipe des bénévoles de Royan dont le dévouement et la compétence furent indéfectibles.
3 commentaires
Commentaire de CROCS-MAN posté le 21-10-2010 à 18:03:00
J'ai beaucoup appris en te lisant, merci pour toutes ces infos que je ressortirai pour les 48h d'Antibes.
BRAVO pour ta perf.
Commentaire de Pat'jambes posté le 21-10-2010 à 22:12:00
Très intéressant ton CR direct/différé Déhel.
C'est vraiment un truc à part l'ultra fond... Ca donne presque envie... enfin... le 48h-ennuyeux-pour-rester-poli peut-être pas...
Mais commencer, comme toi, par un 6h... un jour... qui sait.
Encore merci.
Commentaire de pineau posté le 24-10-2010 à 12:19:00
original dans le mode de retranscriptions, mais le principal est d'avoir relater cette épreuve que j'ai trouvé aussi difficile (virages et revêtement) j'ai aussi eu une douleur tenace au genou (qui persiste encore aujourd'hui) la monotonie serait au manque d'ambiance autour de la course? Félicitations pour le passage des 300km
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