Récit de la course : Trail des 7 Monts 2010, par marmotte_parano

L'auteur : marmotte_parano

La course : Trail des 7 Monts

Date : 10/10/2010

Lieu : Septmoncel (Jura)

Affichage : 2000 vues

Distance : 32km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Trail des 7 Monts

Trail des Sept monts

10 Octobre 2010
32km
1700m de D+

Troisième dimanche de suite en compétition. Chaque semaine, la distance double ainsi que le dénivelé. Autant dire que la fatigue commence à se faire sentir !!

 

Le trail des 7 Monts se passe dans le Jura à Septmoncel à côté de St Claude. Ma sœur était bien motivée pour le faire et a fait passer l’idée à son club de course à pieds d’Annecy le Vieux (l’AVOC). Ils sont donc une vingtaine à partir dans le Jura. Malheureusement, ma sœur s’est fait une entorse la semaine dernière à la Foulée de Drumettaz, elle fera donc Pompom Girl (à son grand désespoir) !

Emilie, surmotivée à l'idée de courir de nouveau en montagne, a pris l’avion de Suède pour « manger du dénivelé » !

 

 

 

 

Je pars avec Emilie, le dimanche matin d’Annecy pour rejoindre Septmoncel. Arrivés une heure avant le départ, on récupère le dossard et un joli t-shirt Craft. L’échauffement est succinct, il fait beau mais relativement frais.

 

Pour une fois, je ne me place pas tout devant sur la ligne de départ. Je préfère laisser les premiers kilomètres pour chauffer la machine et éventuellement revenir plus tard. Je pars donc tranquillement, je laisse le temps au cœur de monter un peu en pulsations. Les premiers kilomètres sont magnifiques. On court dans les champs, on passe dans les sous-bois, la vue est belle sous la lumière d’automne. Au premier kilomètre, un petit panneau jaune indique « 1er Mont : vue sur le village ». Plus que 6 monts à passer !

 

La suite du parcours se passe dans les bois et est une succession de petites montées. Le cœur monte un peu mais je sens qu’autour de moi, les autres souffrent plus que moi.

Soudainement, on débouche sur le deuxième panneau jaune. La vue est magnifique, des fjords de nuages à nos pieds, une lumière automnale. Je ralentis un peu, pour photographier mentalement ce point de vue. La descente qui suit est sévère ! Des petits graviers, des virages serrés, des passages à flanc tout en dévers, c’est technique mais c’est plaisant ! Je reviens sur un groupe de 5 participants dans une partie roulante. Je sens que je pourrais doubler mais ça ne passe pas. Je patiente, puis je me déporte et allonge pour doubler. Mentalement, je sais qu’il faut que j’en garde sous le pied. Il n’empêche, je force dans la montée suivante pour établir mon avance sur ce groupe. Je sais que juste après, une longue descente s’annonce et je n’ai pas envie d’être dans un groupe pour pouvoir anticiper mes trajectoires.

Il y a du public en haut de ce raidillon, dont ma sœur qui m’annonce 22ème. Très bien tout ça ! Encore quelques places et je serais dans mes objectifs.

 

 

Il était clair sur le profil que la descente allait être raide et longue. Et effectivement, le parcours emprunte une vieille piste caillouteuse. Je m’attends à tout moment à me faire rattraper par le groupe de 5, mais non je suis tranquille. J’essaye de ne pas trop forcer. Ce n’est pas habituel d’avoir une telle descente au départ d’un trail (à la fin du 1er tiers !). Finalement, un seul participant me doublera dans cette descente avant d’atteindre une courte portion de route pour passer dans un tunnel.

 

D’autres participants me rejoignent dans la descente suivante qui passe par un single en sous-bois. Un gars en rouge est juste derrière moi quand soudain, je sens une vive douleur au niveau du genou droit, une douleur très précise comme si une seringue s’était plantée dans le genou. Pas le temps de toucher mon genou, que la même douleur encore plus vive se déclenche sur mon crâne. Au même moment, le gars derrière moi s’écrie : « Pu… c’est quoi ça ? c’est quoi ça ! Merde c’est des abeilles ! »

Moment de panique intense, le gars derrière moi essaye de me doubler. Réflexe (stupide) de ma part, je lui accroche le bras. Ensemble on s’est fait piquer, ensemble on restera ! Je ne sais toujours pas, pourquoi je me suis accroché à lui comme ça. Ça n’a duré que quelques secondes, le temps que je me rende compte. Toujours paniqué, je me vautre une dizaine de mètres plus loin.

Lui, il s’est fait piquer 4 fois, moi 2. Malgré la casquette, elle est arrivée à viser dans le trou à l’arrière du crâne. Ça fait un mal de chien. Mon collègue d’infortune répète : « j’espère qu’on va pas faire une réaction, j’espère qu’on va pas faire une réaction ».

J’arrive au ravitaillement assez déconfit, complètement déstabilisé par cette douleur imprévue et immaitrisable. Je ne m’arrête pas, mais dans les mètres qui suivent. Je ne me sens pas très bien, j’ai l’impression de perdre toute mon énergie. Mon corps doit se battre contre cette double dose de venin.

 

Ça y est, je suis en bas de LA difficulté de cette course : 700m de dénivelé en 3km. Ça va grimper, mon petit. J’y vais doucement, de toute manière, j’avais déjà prévu que je ne forcerai pas dans cette section pour me réserver dans les longues portions roulantes qui vindront après.

Autant la piqure du genou ne me gêne pas, autant celle au crâne me fait un mal de chien. Avec l’effort, ça tire. J’ai l’impression que quelque chose est planté dans mes cheveux, mais je ne sens rien quand je la touche.

Je regarde le chrono, ça ne fait pas une demi-heure qu’on s’est fait attaqué par l’essaim. Il faut donc que j’attende que ça se calme tout seul. Le gars en rouge me rattrape. Je ne m’en sors pas trop mal dans cette grosse montée finalement.

Enfin, je débouche sur la Roche Blanche, une falaise impressionnante qui signe la fin des hostilités en ce qui concerne la montée. Quelques participants me doublent à ce moment-là. Le gars devant moi s’est fait aussi piqué à travers les boosters et à la fesse. Son père lui dit qu’un participant a le mollet complètement enflé également. Tout le monde s'est fait piqué apparement. Je suis annoncé 27ème. Ça va, je limite la casse. De toute manière, tout objectif est oublié. Juste ne pas trop souffrir de mes piqures, ne pas faire de malaise, et se faire plaisir, enfin essayer. J’espère qu’Emilie ne s’est pas piquée, que ça ne gâche pas sa course, elle avait tellement envie d’y être.

 

Dans une longue ligne droite, j’entends d’abord ma sœur avant de la voir. Ah, ça fait plaisir ! Je lui explique ce qui s’est passé. Elle me demande si ça va aller. Je la rassure. Ça fait mal, mais ça n’empêche pas de courir. Rien que de le dire, ça va un peu mieux. Mais maintenant, je trouve dur ces longues portions roulantes en faux plat montant. Le paysage est dégagé, c’est plutôt sympa. Je reviens doucement sur des participants.

 

Second ravitaillement, je fais le plein de mes deux bouteilles. Un bénévole très sympa m’explique ce qui m’attend. Le gars en rouge me rejoint et repart un peu avant moi en me demandant de continuer avec lui. Mais je n’arrive pas à l’accrocher au départ car je suis assez lourd avec toute mon eau. Tant pis ! Sur les portions suivantes qui nous permettent de traverser de grandes étendues, je reviens doucement sur lui. Le paysage est vraiment sympa, le parcours est une succession de pistes et de sentiers plus ou moins tracés dans des grands prés.

Je le rejoins dans un bois en le prévenant qu’il était en train de tromper de chemin. Mais il lui reste encore de bonnes jambes et j’ai du mal à garder son rythme. Le profil étant plutôt descendant maintenant, et mes cuisses étant de plus en plus dures, il prend de l’avance.

 

Je rattrape peu à peu un participant avec un buff vert sur la tête. Je l’ai en point de mire dans une grande descente avec vue sur Septmoncel. Je sais que l’arrivée est juste en face, de l'autre côté de la vallée, mais je sais surtout qu’une grosse difficulté nous attend juste avant. Sur le profil, les 400m de D+ semblent complètement verticaux.

 

 

 

 

Dernier point d’eau, il est juste devant moi. Quand je suis à sa hauteur, je lui dis :

« Dur, le final, hein ?

-          C’est horrible ! J’ai plus de jambes. Ça fait un moment que je suis tout seul. J’en peux plus.

-          Moi, ça fait un moment que je t’ai en point de mire et que j’arrivais pas à te rejoindre.

-          Ça te dit de finir ensemble ?

J’accepte de bon gré. Dans les portions descendantes, je ralentis un peu pour qu’il puisse s’accrocher. On arrive donc ensemble en bas de la grosse difficulté.

On fait connaissance dans cette montée. On sympathise bien et malgré la pente, malgré les mollets qui tirent, cette montée est une bonne part de bonheur.

C’est toujours impressionnant comme le trail permet les rencontres.

Solidaires dans la souffrance, partageant la même passion, le même plaisir de courir en nature. En 2 kilomètres, il devient comme un ami de longue date. Les derniers mètres, on se soutient, on s’encourage. L’arrivée est un beau bouquet d’émotions. Ma sœur est là, surprise que j’arrive aussi vite ! Mon nouvel ami me tend la main et je peux lire dans son regard la même joie, dans son sourire la même émotion que moi de passer la ligne ensemble. J’ai un profond sentiment d’allégresse.

Qu’importent le chrono et le classement, qu’importent les guêpes (parce que c’était finalement des guêpes), j’ai vécu quelque chose de grand que je n’oublierai pas. Le partage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma sœur me rassure, Emilie ne s’est fait pas piquer, elle a juste quelques difficultés dans les montées, mais ça allait quand elle l’a vue. Je m’habille un peu pour l’attendre avec ses parents. Le chrono défile, puis là voilà ! La fin a l’air dur pour elle.

 

Le repas passe tout seul sous un beau soleil, l’ambiance est agréable. On apprendra pendant la remise des prix, que de nombreuses personnes se font fait piquer et ce, sur les deux courses, à deux endroit différents. Pour certains, cela les a poussé à l’abandon avec des réactions assez fortes. Mais en trail, il ne faut pas l’oublier, nous ne sommes que de passage dans un milieu naturel qui répond à ses propres règles.

 

Beau trail avec un parcours inhabituel au niveau du profil, où les grosses difficultés de la 1ère moitié ne doivent pas faire oublier les parties roulantes de la seconde moitié, et surtout pas la dernière difficulté qui devenir un vrai calvaire !

  Comme toujours, un immense merci aux bénévoles qui sans eux, la course n’existerait pas et qui doivent nous supporter en gardant le sourire.

 

2 commentaires

Commentaire de Eponyme posté le 18-10-2010 à 11:02:00

Bravo, belle course !
"L'attaque" des guèpes doit pas être facile à gérer en plein trail, mais on retiendra surtout les choses positives ! ;)

Commentaire de Schtroumpfette74 posté le 19-10-2010 à 17:22:00

Malgré mon incapacité à courir, ce fut un plaisir de venir vous encourager ! Et j'ai pu profiter de l'ambiance et des paysages.
Bravo pour ta course malgré les attaques d'insectes à dard !

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