Récit de la course : Trail du Haut Clunysois - 58 km 2010, par Cyrille

L'auteur : Cyrille

La course : Trail du Haut Clunysois - 58 km

Date : 4/9/2010

Lieu : Dompierre Les Ormes (Saône-et-Loire)

Affichage : 2807 vues

Distance : 58km

Matos : Inov8"295"

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Dompierre Les Ormes, dans le département de la Saône et Loire.

                           Trail du haut-Clunysois.

 

       Je ne suis venu qu'avec une idée en tête, me donner à fond pour clore joyeusement ma trentaine qui s'achève ce weekend et peu importe ma place au scratch.

        25 derrière l'arche de départ (et d'arrivée). On ne va pas se bousculer au top-départ. Sitôt donné, quelques uns, comme d'hab', partent comme des fous. Sage, je ne m'en préoccupe pas. En plus, je n'ai pas regardé la liste des participants et il se peut qu'il y ait du costaud devant. Donc me donner à fond sur 58 bornes, ça veut dire gérer un peu quand même.

        Le début de course est très facile, parfait pour s'échauffer. Des chemins bien larges pour éviter les bouchons, non je rigole, je vous rappelle, nous étions 25. Milieu de peloton, tranquille, je déroule la foulée. Ça va bien. Je double petit à petit.

 trail_du_haut-clunysois.jpgAvant le 1er ravitaillement du km 9, derrière Hervé Roullin (photo Organisation).

         Des faux-plats montants, des petites côtes, tout passe à la course pour l'instant. Le 1er ravitaillement (juste de l'eau à cet endroit) annoncé au 9ème km arrive au bout de 40'. Fiou, z'êtes sûrs qu'il y avait 9 km ? Je remplis ma gourde au maximum de ses 75cl, histoire de tenir 11 km et c'est parti pour l'ascension du Mont St Cyr, point culminant de l'épreuve.

         Si j'excepte la partie sommitale, tout est « courable » donc ça avance assez vite et ça se ressent aussi du côté de mes pulsations qui commencent à s'exciter dangereusement. Je suis dans une zone 172-178 qui m'est peu familière, du moins aussi longtemps. Mais aujourd'hui, j'ai décidé de ne pas jouer l'épicier et de faire confiance à mon instinct. Je me sens bien donc j'avance. Peu importe les chiffres. Et du coup je suis revenu au sommet du Mont St Cyr sur deux coureurs. Je ne le savais pas mais c'est le duo de tête. Arrivés en haut en 1h06, l'un des deux cale un peu (il a été contraint à l'abandon au 50ème km sur problèmes digestifs), je passe devant mais regarde s'enfuir l'autre dans la descente. Descente pas très longue, un bout de plat avec des hautes herbes et des branches à sauter et retour dans la pente, douce cette fois, nous tournons autour du St Cyr. Bifurcation du 58 et du 36 km, ça veut dire que nous sommes au 14ème km. 1h14 et des broutilles pour environ 700m+. Ça se voit qu'il y a du dossard sur les maillots, ça ne rigole pas l'allure de course.

          Je retrouve du chemin que je connais, le GR7 qui descend sur Matour. C'est facile, pas très pentu, assez propre donc ça va vite. Je reviens tout doucement sur le 1er. Au col de la croix d'Auterre, il est environ à 150-200m devant moi. Passage sur la route et je vois une mamie, un carton dans les bras, « ah mais il n'a pas de ravitaillement ». Je pensais qu'elle n'avait pas vu mon porte-gourde donc je lui montre en lui disant « si si, j'ai ce qu'il faut ». Mais ce que je ne savais pas, c'était elle qui assurait le ravitaillement du 20ème km. Arrivés en retard les bénévoles. Tant pis.

          Mais au bout d'une dizaine de minutes, j'entrevois qu'il y a un problème. Je sors le profil de ma poche, regarde mon altimètre, le chrono...non franchement il y a un problème, j'ai loupé le ravito ou alors il y a une grosse erreur de l'organisation. Mon souci majeur, c'est que j'ai totalement optimisé mes apports pour cette course en regardant avant-course où étaient disposés ses fameux ravitaillements et je suis parti avec une gourde de 75cl et 2 barres de pain d'épices qui sont déjà mangées. Je n'ai plus rien à boire quand je rattrape Alun Powell vers le 25ème km et je commence à avoir faim. Nous sommes maintenant à Matour. Ses chalets, son étang. Un peu d'hésitation à cet endroit. La seule partie où j'ai trouvé une faiblesse dans le balisage sinon il était parfait. Nous trouvons finalement. Le tour du lac et puis c'est reparti pour les chemins herbeux.

           Je m'aperçois d'un truc, c'est que mon compère court avec des Nike hyper-légères, sans crampons, j'avoue que sur le coup, j'ai été un peu impressionné mais il m'a dit, après-course, qu'il avait couru la TDS 2009 avec (et il a fini 3ème). Tant que le terrain est sec, c'est parait-il formidable sinon lorsqu'il retourne au Royaume-Uni, il court en Inov8. Fin de la digression.

           Nous cheminons ensemble pendant un petit moment sur un terrain vallonné mais pas difficile. Et puis il va faiblir un peu et me laisser prendre quelques mètres d'avance. Et ça va lui être fatal car il n'a pas vu, un peu plus loin, que j'ai bifurqué sur la droite, gêné qu'il va être par un duo de cavaliers qui lui ont cachés la marque à la chaux. Pas de bol. Il perdra 10' dans l'affaire.

            Évidemment, je n'ai pas vu qu'il s'était trompé et j'arrive enfin au ravitaillement du 30ème après une belle descente envoyée souplement et rapidement. 2h28' de course. Content d'être là car j'ai vraiment soif. J'apprends ici que nous sommes bien au 30ème km et que je suis 1er. Je suis très étonné alors d'écouter une jeune fille m'apprendre qu'il y avait bien un ravitaillement au col de la croix d'Auterre et qu'elle a vu passer le 1er. Un petit. Purée. Me voilà dans la panade car dans ma tête, une seule explication, nous avons loupé, l'anglais et moi, ce ravitaillement et sans doute raccourci le parcours sans le vouloir. Car, bazar, je ne l'ai doublé à aucun moment ce « petit ». Alors je décide de l'attendre. De toute façon, je suis bien obligé de refaire les niveaux consciencieusement alors je ne suis plus à une minute près. Et après de longues minutes, qui vois-je arriver, non pas Alun Powell, non, Hervé Roullin que j'avais doublé après le 1er ravitaillement, c'est à dire il y a une éternité. Et là, il m'apprend que, pour lui aussi, il n'y a pas eu de ravitaillement au 20ème km. Et je me rends compte que la jeune fille s'est fourvoyée. Le « petit » n'était en fait pas 1er du tout et j'ai attendu pour rien. Je repars au bout de 10' d'arrêt. Le côté positif est que je suis requinqué et je dépose assez facilement Hervé dans la côte suivante. On se salue et lui dit qu'il est tout à fait possible que l'on se revoit sachant qu'un coup de bambou est toujours à prévoir. En fait c'est après 4h de course que je vais fléchir, je vais marcher de plus en plus. Les jambes durcissent dangereusement, le soleil commence à faire saigner ma forme qui se répand de plus en plus sur les chemins. J'arrive au ravito du 42ème km en 3h38. 1h pour faire 11 km relativement faciles. Je décline, je décline.

            Vache que je suis bien ici, assis sur une chaise avec des gens sympathiques, ce fut très agréable. Je suis resté jusqu'à l'arrivée d'Hervé. 5 bonnes minutes à boire, m'arroser et écouter le programme des réjouissances qui m'attendaient. C'était bien. Une tape dans les mains d'Hervé et c'est parti pour les derniers km. Ça va bien aller pendant 10', les bénéfices de la pause mais après je vais être obligé d'entamer une « Cyrano sauvage ». C'est pourtant tout plat avant d'arriver au château de « chaispasoùchaispasqui » mais là, j'ai un gros coup de mou, je n'avance plus. Les bénévoles m'avaient dit qu'à partir de ce château « ça allait monter ». En fait, ce fût très souvent très roulant, du faux-plat certes mais tout à fait « courable ». Enfin fallait-il avoir les jambes et l'envie car moi, à ce moment, je subis totalement. Je relance quand même de temps en temps. Une fois passés ces 200m+, je rentre sur une large allée herbeuse. C'est plat, très agréable à fouler. Mais voilà, je ne peux pas en profiter. Les ischios en crampe avec le nœud qui va bien. Ah purée, obligé de m'allonger dans l'herbe et de m'étirer. Les écureuils ont du se marrer quand je me suis relevé tant je devais être pathétique. Ça leur a fait des trucs à raconter le soir en mâchouillant leurs noisettes.

           Je me pointe au ravito du 50ème km en 4h42, je crois. Quasiment une heure pour faire 8 bornes. Fiou. Certes ça montait mais on était loin d'un col alpin et puis il y a eu pas mal de zones de plat. Bien décidé à récupérer, je m'assois dans l'herbe en buvant tranquillement. Les bénévoles sont toujours aussi sympathiques, il y a une charmante concurrente du 15 km qui les égaie un peu aussi. L'ambiance est détendue. On est bien ici. Mais après quelques minutes de farniente, qui vois-je arriver , Alun Powell revenu du diable Vauvert. Purée, il a déposé Hervé et il arrive à la table fringant, du moins en apparence. Il ne traine pas, juste le temps de remplir sa poche et de prendre quelque chose à manger. Bazar, faut que je me bouge moi. Je décolle direct à ses trousses. C'est marrant comme mon état d'esprit à changer en quelques secondes. Je suis passé d'un état contemplatif à un mort de faim de victoire.

           Ces 8 derniers km débutent par de la descente soit prononcée soit en faux-plat. Les jambes tournent à nouveau bien. L'effet de l'arrêt où j'ai pu refroidir la mécanique. Les crampes ne sont plus là comme par magie et je peux à nouveau appuyer. Je prends la tête, tient l'allure qu'il avait imposée et petit à petit le distance. Et à la faveur d'un faux-plat, cette fois montant, je vais faire la décision, le faire craquer. Je suis fatigué mais ma tête me dit qu'il faut y aller, ne rien regretter, s'il revient, tient l'effort, c'est qu'il est plus fort et puis c'est tout. Mais il ne reviendra pas.

            Arrive la côte finale. 70m+ pour 800 m de longueur. Le truc qui m'aurait fait rire au début de la course mais, là, en plein soleil avec 25°, je suis cramé. Je marche dès le début et un poil plus haut, je me retourne pour la 1ère fois de la course pour voir s'il y a du monde derrière moi. Personne. Je n'avance plus mais pour les collègues, c'est la même chose, tout le monde est cuit. Et à ce moment, je sais que j'ai course gagnée. Il me reste moins d'un km. Je relance un peu en haut, histoire de faire le malin mais comme un con j'avais oublié que j'étais carbonisé. Je me remets à marcher et vais attendre l'entrée du bourg de Dompierre les Ormes pour courir à nouveau et rentrer triomphalement dans l'allée du parc des sports où se trouve l'arche d'arrivée et une bonne dizaine de femmes nues. Enfin mon cerveau manquait un peu de sucre donc il est possible qu'il n'y avait que l'arche mais enfin c'était bien d'arriver quand même.

            Oh ! Les 40 ans, vous pouvez venir, je sais que je suis encore jeune pour bien vous accueillir et faire de vous de belles années !

2 commentaires

Commentaire de Jerome_I posté le 11-10-2010 à 11:17:00

bravo pour ta course et quelle victoire pour feter ton anniversaire. Tu vas pouvoir passer en V1 tranquille!

Jérôme

Commentaire de juju0313 posté le 21-11-2010 à 21:08:00

Salut!
Je viens de découvrir ton CR un peu tardivement. Sympa de voir que tu parles de moi (je suis le concurrent qui aux "problèmes gastriques"). Félicitations pour cette belles victoire. a bientôt peut être

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