L'auteur : rcou
La course : La Nuit de la Saint Jean
Date : 19/6/2010
Lieu : Brignais (Rhône)
Affichage : 800 vues
Distance : 55km
Objectif : Pas d'objectif
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Préparation et avant course :
Avec deux amis nous avons decidé de faire le relais à 5 de la nuit de la Saint Jean, sauf que nous le ferons.. à trois.
Après une semaine d'intenses efforts de tous types nous nous sommes retrouvés vers 18h pour une petite bouffe/briefing d'avant course.
Au menu : pates carbo, fromage, orange et liégeois.
Après avoir préparé les ravitaillements, essayé les maillots, vérifié les frontales, nous partons vers Brignais où nous arrivons vers 20h30. Nous trouvons le gymnase du départ et entrons dans la salle des inscriptions. Nous aurons le dossard 1029, il y a 29 équipes inscrites, nous sommes des inscrits de la dernière minute. La bénévole s'étonne tout de même que nous ne soyons que 3.. mais quand on sait que certains vont faire ces 56km et 950m D+ en individuel, cela permet de relativiser.
Sur le plan du temps souhaité nous avons prévu à peu près 5h ce qui devrait nous mettre dans le milieu du peloton, décomposé comme ceci :
Relais I : 1h05
Relais II : 1h05
Relais III : 1h
Relais IV : 1h05
Relais V : 40min (bon ok cela fait que 4h55).
Après un briefing sur le balisage, sur l'état du terrain (boueux à souhait), Vincent part sur la ligne de départ.
Relais I : Brignais-Irigny : 11km
Vincent : Brignais, 22h00, le départ est donné, je m’élance avec les autres coureurs, sous les encouragements des supporters massés derrière des barrières amovibles. Nous sommes près de deux cent coureurs : 108 coureurs individuels, 42 relais à deux et 29 relais à 5. Avec le numéro 1029 nous sommes la dernière équipe inscrite en relais à 5.
Tout de suite, c’est le premier virage, je tourne à droite avec le peloton. J’aperçois Jean-Hervé et Raphaël qui, postés dans le virage, tonnent : « Vincent, Vincent ». Si tout va bien, je les rejoindrai dans une heure à Irigny après un relais long de onze kilomètres.
Sur cinq cent mètres environ, le peloton est très compact, j’écoute le souffle des coureurs qui m’entourent. Très vite, la sélection s’opère, le peloton s’étire, certains coureurs remontent, d’autres descendent.
Je me retourne, je suis dans le ventre mou du peloton, je ne m’affole pas et poursuis à mon rythme. Je n’ai pas de références sur la distance et je ne veux pas exploser comme un junior.
Soudain, j’aperçois, au devant, une cassure dans le peloton, j’accélère légèrement de façon à ne pas me faire distancer dans cette « bordure ».
Je poursuis, à bon train, les derniers coureurs du premier groupe. Les habitants sur leur pas-de-porte ou sur les trottoirs nous encouragent.
Après deux kilomètres de course environ, je sors de Brignais et m’engage sur des routes communales qui, pour la sécurité de la course, sont temporairement interdites à la circulation.
Je file dans la nuit qui tombe dans un silence ouaté. Je dépasse des coureurs décrochés puis, suivant les coureurs qui me précèdent, je quitte la chaussée pour pénétrer dans une forêt. J’allume ma lampe frontale, le chemin est détrempé et pavé de mares. J’en évite une, deux, puis me résigne, je vais tout droit, flic, flac, floc.
Au kilomètre cinq, je rencontre la première difficulté du parcours : une bosse de 80 mètres de dénivelé. Le chemin est escarpé et glissant. En file indienne avec d’autres coureurs, je monte à pas de montagnard.
Une fois la bosse franchie, je me relance, je courre à présent sur un chemin très étroit, la terre est grasse, je surveille les obstacles qui jalonnent le terrain : branches, pierres, racines.
Je débouche ensuite sur un plateau, j’emprunte à présent des chemins de traverse, lesquels sont plus larges et dégagés. Je regarde ma montre, il me reste environ 25 minutes de course, j’accélère imperceptiblement.
Je traverse quelques hameaux, à chaque changement de direction, des bénévoles ou des gendarmes me signalent le chemin. La nuit est à présent pleinement tombée. J’entends derrière moi un coureur qui se rapproche, je tiens ma position.
A la sortie d’un virage, je débouche sur une route et j’aperçois le panneau signalant le kilomètre dix. La route est descendante, j’accélère plus violemment, je dépasse une dizaine de coureurs, puis je vois le village d’Irigny se dessiner devant moi. Dans la dernière montée, Raphaël me rejoint, il me félicite et m’encourage dans mon dernier effort. Il est 22h57, je lui passe le relais et Raphaël disparaît en trombe dans la nuit.
.Relais II : Irigny-Vourles : 13,3km
Raphaël : Le premier relayeur à 5 passe à Irigny en 42min. D'après nos estimations d'avant course, Vincent devrait arriver entre 1h et 1h05min, vers 55min je descend en bas de la côte qui termine ce premier relais, et après quelque instant je le vois arriver, il a mis le paquet!
Nous pointons en 57 min sur ce premier relais et je m'élance ensuite pour remonter la file de lucioles que j'ai devant, les premiers kilomètres sont sur un profil descendant et je les avale à grande enjambées en doublant tantôt à droite tantôt à gauche. C'est comme dans un rêve, après nos excès de la semaine (fatigue, bouffe et alcool) je me sens quand même bien.
Rapidement j'ai repassé le gros du peloton et je ne vois plus beaucoup de lumières au loin, il va falloir désormais être prudent et guetter à la fois les balisages (normalement placés régulièrement mais parfois assez espacés) mais également le chemin vu que nous sommes desormais en sous-bois et donc jonché de racines, pierres mais aussi branche à hauteur de tête etc... Je suis tout seul dans la nuit sur des chemins rendus souvents glissants à cause de cette pluie des derniers jours, mais si c'est difficile pour moi cela l'est tout autant pour mes camarades de course.
Après cette portion plane nous remontons une bonne côte d'environ 2km que je monte en petites foulées dynamiques et où je récupère quelques relais à 2 et quelques individuels, après les avoir encouragés je met le turbo dans la descente car j'aperçois du monde au loin. Il s'avère que c'est aussi un relais à 5, je le double dans les derniers hectomètres du parcours pour passer le relais à Jean Hervé.
Nous ignorons tout de notre position à ce moment. Cela fait 2h02 que nous sommes partis. Nous sommes à 20min de la tête de course.
Relais III : Vourles-Taluyers : 11km
Jean-Hervé : Me voilà à mon tour armé de la puce électronique qui nous sert de relais. Je m’élance pour 11 km, avec un dénivelé de plus de 200m, plus motivé que jamais car Vincent et Raphaël ont effectué deux chronomètres qui augurent une bonne performance finale.
Le début du parcours se fait sur le bitume. Accompagné d’une autre personne, nous échangeons quelques mots et encouragements. Nous veillerons l’un sur l’autre pendant la première partie de la course. Le parcours bifurque soudainement dans un petit chemin plein de gadoue ; la végétation est dense, il faut se pencher pour éviter les branches.
Le balisage à l’aide de petites bandes réfléchissantes est régulier, mais le risque de se perdre reste effectif. Après une quinzaine de minutes, et une première côte sur un sentier plus large et caillouteux, je me retrouve seul sous le ciel étoilé, me laissant guider par le halo de ma lampe frontale qui balaye le chemin tacheté de grandes flaques d’eau.
Après quelques courts passages sur la route qui permettent de relâcher la concentration tout en persévérant dans l’effort, une longue partie de ma course se fait en forêt…je longe un ruisseau. C’est un environnement à la fois étrange et apaisant. Je frôle la chute à deux reprises sous l’effet d’une terre gorgée d’eau.
L’horizon se dégage, je sors des bois et passe un coureur dont le numéro de dossard indique qu’il fait la course en solo. Il marche. Je suis déjà dans les deniers kilomètres, mais les pentes sont de plus en plus nombreuses et les chemins toujours aussi propice à l’accident. Je m’hydrate régulièrement, et continue à profiter de cette sensation inédite de courir après le temps, seul dans la nuit, abrité sous la voûte céleste.
Le village où le 3ème relais est prévu se rapproche. J’aperçois un coureur devant moi, et le prends en point de mire. Nous arrivons ensemble après avoir traversé le village. Je passe le bracelet contenant la puce à Raph et l’encourage vivement pour la partie la plus difficile.
Relais IV : Taluyers-Soucieu en Jarrest : 13,2km
Raphaël : Le relais se fait en haut d'une côte, après 3h d'efforts depuis le départ je vois JH arriver, il me tend le bracelet avec la puce à 20m derrière une autre équipe de relais à 5.
Je sais qu'il n'y a pas grand monde devant. Je peux juste essayer de rattraper mon prédecesseur. Une longue partie ascendante nous attend (5km avec quelques replats tout de même), je le récupère assez vite et le lache dans la montée. La bénévole m'avait averti au ravitaillement : dans cette côte on souffre même en marchant. En effet, rapidement mes jambes me rappellent à la raison, j'ai bien bu mais j'ai déjà bien donné dans le deuxième relais donc il faudra faire avec les moyens du bord.
Je me retourne et je ne vois personne derrière, à l'avant pas de lumière non plus... je suis seul dans la nuit et je suis entrain de coincer. Après 5km de montée je parviens au point culminant et là bonheur, un mini ravitaillement m'attend. Le bénévole est très sympa, m'indique que le profil est descendant (menteur, il reste une bonne côte), qu'il reste 5km (il en reste 8 en fait). Mais bon je peux me réhydrater ce qui repousse un peu le risque de crampes. De plus il nous annonce 5ème en relais à 5, cela donne sacrément d'energie, moi qui pensais que nous étions dans les 15...(ce qui était l'objectif initial).
La seconde partie du relais reprend une partie du tracé de la Saintélyon et cela me rappelle énormément de souvenirs. L'effort est complètement différent, il y a 6 mois je trottinais sur ces parties, là c'est beaucoup plus intense, je saute comme un cabri sur les pierres légèrement glissantes afin de maintenir l'écart.
Enfin j'arrive à Soucieu bien cramé mais avec 5min d'avance sur le relais à 5 suivant. Je donne le bracelet à JH qui part, gonflé à bloc pour en terminer, cela fait 4h05 que nous sommes partis. Il reste 7,5 km. Nous reprenons la voiture avec Vincent pour rejoindre la ligne d'arrivée.
Relais V : Soucieu en Jarrest-Brignais : 7,5km
Jean-Hervé : Dernier tronçon de 7 km avant l’arrivée. Je m’élance malgré quelques douleurs dans les jambes. Elles s’estompent rapidement. Je rejoins à la sortie du village un coureur en solo. Nous allons finir la course ensemble, jusqu’à la ligne d’arrivée.
Le parcours est relativement moins escarpé, mais demande une vigilance de tous les instants (descentes rapides sur terrain glissant, et passages boueux). J’apprécie l’état d’esprit du coureur que j’accompagne. Nous parlons de la course, de ses objectifs de course, de ses futures courses (l’Ultra Trail du Mont Blanc, 160 km, 10 000m de dénivelé…ce qui me fait relativiser mon effort du soir). Il revient de 3 mois de blessure ; sa course est un entraînement. La mienne un challenge. Un échange inattendu et instructif avec le 4ème de la Sainté-Lyon 2007.
Je rassure mes lecteurs : nous n’avons pas taillé la bavette sur les 7 km, car le rythme était malgré tout soutenu (ouais tout nous rassure ;-) Raph et Vinc)… Après un dernier effort, nous entrons dans le gymnase où se situe la ligne d’arrivée.
Nous la franchissons ensemble. Raph et Vincent m’accueillent avec un grand sourire. Il est 2 h 43. Nous sommes crédités d'un temps de 4h40. L’objectif est atteint : nous avons parcouru les 56 km en réalisant un bon score (5ème sur 28 équipes en relais), nous avons pris du plaisir, et nous sommes allés au bout de nous-mêmes.
SENTIMENTS SUR LA COURSE Un état d’esprit général marqué par la convivialité et l’entraide Un sentiment inédit : celui de courir la nuit sur des sentiers loin des villages sous la voûte céleste Une profonde solidarité avec mes partenaires du relais Un grand bravo aux organisateurs Une seule envie : récidiver !
Bilan : contrat rempli sur tous les plans, beaucoup de plaisir pris, l'objectif temps et l'objectif classement sont largement atteints. Nous comptons remettre ça!
Après l'effort, le reconfort. L'organisateur nous fait une petite interview, nous demandant de quelle école nous sommes. Bien sûr en entendant Ecole Nationale Supérieure de la Sécurité Sociale, nous avons droit à une boutade sur le trou de la sécu.
Nous profitons ensuite d'un petit déjeuner bien mérité!
Il est 4h du matin, c'est l'heure de rentrer.
Les résultats :
1 RUNNING CONSEIL 2 n°1022 1 SEM 1M 03:45:03 15.06 Non Licencié
2 LES PIEDS NICKLES n°1018 2 SEM 2M 04:14:55 13.30 Non Licencié
3 ASPMR 1 n°1024 1 SEX 1 X 04:25:11 12.78 Non Licencié
4 WHY NOT n°1017 3 SEM 3M 04:28:59 12.60 Non Licencié
5 EN3S n°1029 4 SEM 4M 04:40:15 12.10 Non Licencié
6 MEME PAS PEUR n°1004 5 SEM 5M 04:44:04 11.93 Non Licencié
7 CHARLY TEAM n°1019 2 SEX 2 X 04:51:26 11.63 Non Licencié
8 TSE EXPRESS MEDICAL n°1003 6 SEM 6M 04:56:18 11.44 Non Licencié
9 RAIDS EUROSPORTIFS 3 n°1007 7 SEM 7M 04:58:59 11.34 Non Licencié
10 ASPMR 2 n°1025 3 SEX 3 X 04:59:14 11.33 Non Licencié
11 RAIDS EUROSPORTIFS 2 n°1006 1 SEF 1 F 04:59:21 11.32 Non Licencié
12 SHELL (L'EQUIPE QUI CARBURE n°1027 4 SEX 4 X 05:05:59 11.08 Non Licencié
13 LES CHAUDS COMME LA BRAISE n°1014 5 SEX 5 X 05:07:51 11.01 Non Licencié
14 CIRTIL n°1009 8 SEM 8M 05:08:34 10.99 Non Licencié
15 LES LOUPS DE MARCY n°1013 9 SEM 9M 05:12:30 10.85 Non Licencié
16 CE CALOR TEAM 1 n°1010 6 SEX 6 X 05:13:04 10.83 Non Licencié
17 CE CALOR TEAM 2 n°1011 7 SEX 7 X 05:13:06 10.83 Non Licencié
18 LES GRELYONS n°1015 10 SEM 10M 05:26:25 10.39 Non Licencié
19 LES FLECHES ILLUMINEES n°1008 8 SEX 8 X 05:26:48 10.37 Non Licencié
20 LES JOYEUX DRILLES n°1028 11 SEM 11M 05:28:12 10.33 Non Licencié
21 LES JACKSON FIVE n°1016 12 SEM 12M 05:34:47 10.13 Non Licencié
22 CRAZY RUNNERS n°1012 9 SEX 9 X 05:52:07 9.63 Non Licencié
23 SOCRATE LE 1000 PATTES n°1020 10 SEX 10 X 06:02:22 9.36 Non Licencié
24 AGATHE LE 1000 PATTES n°1021 13 SEM 13M 06:03:22 9.33 Non Licencié
25 RAIDS EUROSPORTIFS 1 n°1005 2 SEF 2 F 06:07:40 9.22 Non Licencié
26 ASSOCIATION SPORTIVE MERIEUX n°1023 11 SEX 11 X 06:14:22 9.06 Non Licencié
27 LES N'IMPORTE QUOI n°1002 14 SEM 14M 06:14:50 9.04 Non Licencié
28 LES TAUP' DES MONTS n°1001 15 SEM 15M 06:14:55 9.04 Non Licencié
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