L'auteur : sirocco
La course : Grand Raid Dentelles du Ventoux - 100 km
Date : 15/5/2010
Lieu : Gigondas (Vaucluse)
Affichage : 1687 vues
Distance : 100km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
Voilà j’ai fait mon 1er ultra trail et mon 1er passage au-delà du marathon … j’ai été servi !!! D'autant plus que, comme dit dans le titre, je n'avais pas fait de préparation spécifique pour ce type d'épreuve. Est-ce sérieux ??
Préliminaire :
Rapide présentation du trailer qui a son importance : je cours certes depuis longtemps maintenant, mais j’ai plus une expérience de coureur sur route et triathlon que trail et en tout cas pas d’exp sur longue distance à part le marathon. Ni de randonné en montagne qui pourrait m’aider.
Donc je suis plutôt habituer à courir « vite » que courir lentement et marcher vite. Et marcher dans une course n'est pas dans mes habitudes !
Mon seul trail fut un 26 km/D1300 mais ça reste une épreuve rapide … bonne expérience, j'ai adoré, donc ça me tentait de passer à un niveau sup. Mais mon manque de dispo pour faire de longues rando-courses me poussait à être prudent sans bruler les étapes. Quand j'ai le temps de faire des sorties de 2h je suis content ! Donc le gars n’a pas beaucoup de volume dans les jambes !
Aussi je me préparais à faire un « modeste » 44km/D2200 mi-avril (trai d’Orsan) mais à 3 jours du but, j’ai dû déclarer forfait …
Quel nouveau objectif donc ? Un des mes collègues d’entrainement, habitué aux grandes distances et du raid du Ventoux me dit, comme tous les ans, « fonce, tu peux le faire, viens avec moi » ! Lui me dit que mon manque de volume ne pose pas de problème, il n’en a pas lui-même !
Nous avons c’est vrai un niveau assez proche sur marathon par ex … mais vais-je tenir la durée d’un 100 km avec 5000 m de dénivelé et ce passage dur du Ventoux ??? Vais-je également être capable de courir très lentement, à l’économie ? ce que sait très bien faire mon collègue (j’ai du mal à le suivre quand il passe en mode « escargot »)…
Je relève donc le défi puisqu’il est prêt à me guider.
Mon emploi du temps ces 3 dernières semaines me permet de dégager un peu de temps pour tester (enfin !) de plus longues sorties : mais pas plus de 4h15 pour la plus longue. Et tester également le port du sac-à-dos rempli ! Je n’ai qu’un double porte bidons, on peut y mettre qqs barres mais c’est un peu limite pour ce type de raid.
Je découvre également la joie des préparatifs. Il faut du matos que je n’ai pas : sac, lampe de poche, couverture de survie, pompe aspi-venin, antiseptique cutané, sifflet … plus 3000 calories !!! Je pars en quête de tout ça un peu dans la précipitation !
Trop tard pour rattraper le manque de longue préparation, je décide d’être très soft dans l’entrainement les 2 dernières semaines pour être le plus frais possible. J’en profite pour m’entrainer à courir très lentement et marcher vite …
J-7
Après une phase assez d’exaltation devant le chalenge, je commence à me dire que je suis fada ! En plus la météo ici dans le sud (j’habite à proximité d’Avignon) est comme dans le nord … frais, pluie qui n’en finit pas. Les nuits sont un peu agitées ... je stress à mort !
J-2
Derniers conseils de mon collègue coach !
Le sac est près. Ouf la météo n’annonce pas de pluie, mais beaucoup de Mistral et températures toujours moyennes pour la saison. Ca va cailler donc là haut sur le Ventoux. Je rajoute donc de quoi avoir chaud : collant, haut à manche longue, un peu plus de bouffe … ça commence à grossir ce sac !!
J-1
La pression monte ! J’arrive à 19h pour la pasta. Je questionne mes voisins de table sur les infos données au briefing : pas de changement de parcours et froid/Mistral confirmé !
Je rejoins mon collègue sur le parking arrivé plus tard, on a prévu de dormir dans nos caisses.
Jour J
Après une nuit courte, réveille pas habituel pour moi à … 3h10 surtout pour courir !
Le Mistral est bien là, fait pas chaud, mon collègue et moi choisissons de partir couvert : collant, haut manche longue, coupe vent, tour de cou.
On vérifie une dernière fois le sac, je rajoute qqs barres, on part prendre le petit déj.
4h25 : on s’avance vers la ligne de départ. Je remarque déjà une différence par rapport à ce je connais : ça ne se précipite pas beaucoup pour être devant sur la ligne de départ …
4h30 : top départ. On part tranquille, devant ça trace pas mal, mais attention il y a les participants du relais.
Les jambes vont bien, elles voudraient aller plus vite mais je me freine et pourtant mon collègue me rappelle à l’ordre : plus cool ! Je ne suis pas habitué à aller si lentement je vous ai dit et à marcher à la moindre pente …
On papote, l’ambiance est bonne enfant entre coureurs. On repère ceux qui s’égarent et on les rappelle … faut être vigilant aux balises et lever la tête !
Mon biper me rappel que je dois boire toutes les 10’, comme ça je ne regarde pas ma montre. Je pense aussi à manger, tout va bien.
On admire le paysage, il commence à faire jour. C’est cool ce type de trail … du moins pour l’instant ! Je prends même qqs photos !!
PC2 – 18 km
On refait le plein, on ne s’attarde pas. Ca repart tranquille. Le parcourt n’est pas trop difficile. La ballade est sympa, il fait bon, j’enlève le coupe vent.
PC3 – 30 km
On s’attarde un peu plus, le fromage est bien venu. Faut prendre des force pour la montée du Ventoux !!
Contrôle du sac et premier bug pour moi … l’aspi venin est au fond du sac, je perds donc du temps !
Et on attaque le Ventoux. Le sérieux commence ! Ca rigole moins déjà entre les concurrents !
Pas habitué aux longues montées, je vais cool, mais les muscles chauffent. Je fais des petites poses pour faire refroidir. Mon collègue me lâche doucement mais sûrement. Je souffre …
Des concurrents descendent !? « Ca caille trop là-haut par mistral » disent-ils, certains parlent de -4°C ! Là ça rigole encore moins !! On verra bien, je remets le haut à manche longue, le coupe vent, protège la tête. On commence à voir la neige, le brouillard, on passe en hiver !
La végétation se fait rare ...
Mais ça semble me plaire ces conditions dantesques … je me sens mieux !!?? Les jambes avancent mieux et je rattrape des concurrents …
J'arrive au sommet et immortalise cette étape.
Je rejoins mon collègue au PC4 qui n'était donc pas très loin.
PC3 – 39 km
On souffle un peu avec une soupe au menu mais pas très chaude ! Comme ça caille vraiment, on ne reste pas.
On attaque donc la grosse descente de 15 bornes par du bitume avant de prendre le sentier dans la neige … une première pour moi. En plein mois de mai, voilà que je fais un trail des neiges dans le sud de la France !! Ca me va bien semble-t-il puisque je lâche mon collègue et double qqs concurrents. C’est vrai que j’aime descendre et que c’est mon point fort.
On arrive à une zone plus humaine, il fait plus chaud, plus de neige et nous sommes à l’abri du mistral.
Pas d’affolement, foulée la plus économe possible, me dis-je. Car là ça va être long.
Je fais même une pose pour enlever le coupe vent, mon collègue me rejoint et on continue ensemble.
A mi descente je commence vraiment à avoir chaud avec le collant … je décide de l’enlever (j’ai le short en dessous !). Tant pis pour la perte de temps et ça fait une nouvelle pose.
Je me fais doubler et mon collègue me lâche. Je commence à trouver la descente longue pour les cuisses … et pourtant habituellement j’aime descendre comme je disais. Mais comme je ne suis pas habitué aux longues descendre à attaquer avec des foulées courtes, c’est dur. J’ai des progrès à faire sur ce point.
Ouf c’est la fin, on arrive sur du « plat » bitumé. Puis un chemin qui monte (enfin) pour arriver au poste suivant.
PC5 – 54 km
Mon collègue est prêt à partir, je refais le plein, bouffe un peu, et repart sans perdre de temps, bonne idée je ne sais pas ?? Les 15 bornes de descentes ont laissé des traces terribles. Je commence à vraiment avoir du mal à trottiner et la moindre descente me pose soucis. Je marche le plus possible espérant récupérer et prend une photo du responsable de mon état !
Je suis seul pendant 1 h … pas bon pour le moral.
Arrivé sur une longue zone de « plat » bitumé, je vois enfin 2 gars … mais pas mon collègue qui a donc pris le large. On avance donc à 3 et je vois qu’ils ne sont pas mieux que moi donc ça me rassure !
Heureusement que je n’étais pas seul, je n’avais pas remarqué que le balise indiquait qu’il fallait quitter la route pour prendre le sentier. Mais un des gars avait fait l’erreur l’an dernier … Ouf !
Ils me lâchent lorsque l’on reprend ce sentier vallonné et j’entends derrière qqn arriver sur moi. Je suis donc bien entamé, toujours difficile de trottiner et de descendre, je n’arrive pas à récupérer.
Heureusement des portions moins techniques me permettent de récupérer un peu de distance et je rejoins pratiquement mon collègue et ceux qui m’ont doublé. Ouf !
PR Veaux – 68 km
Toujours pas beaucoup de salé au ravitaillement … Je ne m’attarde donc pas. Encore une erreur ??
Je continue à marcher le plus possible et on joue au yoyo avec les autres concurrents, on se double, se fait dépasser par les mêmes … je rejoins même mon collègue. Donc ça confirme qu’ils ne sont pas mieux que moi, comme je le disais plus haut.
Mais ils me larguent de nouveau dans une partie terrible : ça monte raide dans la boue, ça glisse donc. Une horreur !!! Je souffre d’autant plus qu’une douleur à la hanche gauche m’handicape dès qu’il faut lever la jambe.
Donc début de la grosse galère pour moi … d’autant plus que définitivement, je ne peux plus du tout courir.
Ca rigole plus du tout là !
Je souffle une fois sorti de ce … merdier. Je repars plus que tranquillement, heureusement le paysage est sympa pour remonter le moral, car je n’aime plus les descentes !
PC7 – km 80
Au ravitaillement je continue ma logique : Je ne m’attarde donc pas. Peut-être encore une fois une erreur mais je voulais coute que coute avancer ! Mon collègue part au moment où j’arrive, il me distance donc.
Je vais faire les 20 derniers km en marchant et souffrir de plus en plus à la moindre descente. Les cuisses sont cuites !!
Il commence à faire froid et toujours ce Mistral qui soule.
J’attaque la dernière partie technique de St Amand seul, c’est rude. On m’avait dit que c’était difficile, je confirme ! Mais le moral, certes moins au beau fixe qu’au début, tient le coup, je veux finir !! Je n’ai pas fais 80% de la galère pour abandonner … même si pour moi coureur de courte/moyenne distance marcher est un échec !!!
La galère continue car le rythme baisse même en marchant, en plus je tombe en panne sèche, plus d’eau ! Il commence à faire nuit je suis de nouveau seul. Mais j’avance …
Un gars me rejoint, on fait un peu de chemin ensemble et on s’interroge : où est le prochain PR ?! Mon GPS indique 93 km et toujours rien. On devrait y être depuis 2 km. Pourtant on est bien sur le bon chemin.
On arrive au sommet en plein vent !
Aïe ! La fameuse descente raide … Mon compagnon me lâche. Je descends les marches comme un vieux papy !!!
Je ne vois toujours pas le PR … c’est long, je veux de l’eau !! Le moral chute, j’en ai marre de cette galère !
Tout d’un coup du bruit … enfin le PR ! Ouf il était temps !!!!
PR – km 94 (et non 91 comme indiqué)
Je m’alimente, bois, fait le dernier plein. La fin approche … Mais j’interroge les bénévoles : ce PR était indiqué au km 91, ils me disent qu’il est en fait à 94 km. Mon GPS indique 97 km alors qu’il était bien en phase au PC7 (80 km). Donc ça ferait 17 km au lieu de 11 km …
Bref on verra plus tard cette histoire de km, je pars vers l’arriver, je vais finir mon 1er Ultra mais pas dans un bon état. Le rythme est toujours aussi lent, mais j’avance. Le moral va mieux.
Je me fais doubler par 2 gars que j’avais largués, mais ils ont bien récupérer eux : ils marchent vite et courent même !!?? Impossible de suivre !! Pas grave, je vais finir mon 1er Ultra.
Je vois encore 2 lumières derrières qui approchent. J’arrive à les maintenir à distance mais ils me doublent … dans la dernière descente (je ne les apprécie plus celles-là) ! 4 places de perdu en qqs minutes !!! Pas grave, je vais finir mon 1er Ultra (je l’ai déjà dis, je sais).
Arrivée en vu !
Gigondas en vu, la fin est proche. J’arrive enfin mais pas dans un état pour faire encore qqs km. Même marcher cool devient difficile !
Mais que penser entre la joie d'avoir réussi ce chalenge et la déception de cette galère des 20 derniers km ?
On analysera plus tard, pour l'instant il faut que je fonce direct voir le kiné, car je marche vraiment très difficilement et cette hanche qui me fait souffrir …
Bilan :
57/130 partants et 98 arrivants en 19h07 à ma montre (19h10 officiellement ? faible écart on ne va pas chipoter). Mon collègue me devance de 40'.
104 km au GPS au lieu des 100.
Qu'aurais-je dû faire pour éviter ces douleurs aux cuisses et pouvoir courir jusqu'à la fin ? Faire une bonne pose à un PC avec un massage ? Peut-être ai-je attaqué trop fort la 1ère partie de la descente du Ventoux qui m'a bien plu ?
En tout cas, ça confirme ce que me disait mon collègue : on peut faire ce type d'épreuve même sans une prépa spécifique avec du gros volume. Mais c'est vrai nous avons un gros passé de coureur à pied, faut donc avoir de bonnes bases toutefois avant de se lancer. Je concluerai en disant que "tout se passe dans la tête" surtout dans la phase final ...
J+1
Le kiné a fait effet. Pas trop de douleurs musculaires même si je marche difficilement à cause de cette jambe gauche dans un moins bon état que la droite (cause cette hanche ?).
J+3
Aujourd’hui donc ça va bcp mieux, mais tjs la jambe gauche qui a du mal à récupérer un peu.
3 commentaires
Commentaire de didstzach83 posté le 20-05-2010 à 08:52:00
nous avons dû faire un bout de brousse ensemble
à très bientôt sur les chemins et sur les sommets
Bravo pour ta course !!!
Santé
Sportes-Toi BieN
Santé
DOSSARD 94
Commentaire de pascalpenot posté le 20-05-2010 à 20:48:00
Intéressant ce CR d'un marathonien découvrant le monde de l'ultra.
Malgré tes galères, tu n'as à rougir de ton temps pour une première
bienvenue au club!
Commentaire de sirocco posté le 24-05-2010 à 22:16:00
certainement didstzach83, j'avais le dossard 113.
pascalpenot, je voulais en effet montrer que c'était faisable, j'avoue que j'avais des doutes.
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.