Récit de la course : 100 km du Spiridon Catalan 2003, par LTDB
L'auteur : LTDB
La course : 100 km du Spiridon Catalan
Date : 8/11/2003
Lieu : St Esteve (Pyrénées-Orientales)
Affichage : 1787 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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Le récit
Par où commencer ?
Et si je vous faisais un tour du circuit, comme si vous y étiez ? Pas le premier car le départ était donnée dans la rue principale afin de disposer d'assez de largeur. Pas le dernier non plus car il s'est déroulé en pleine nuit ;-))
Imaginez... ou souvenez-vous...
Vous venez de passer devant la table de pointage à St-Estève, vous possédez donc un compte rond à votre compteur kilométrique. Le ravitaillement effectué vous recommencez un tour par une petite ligne droite pour vous extirper du parking. Ensuite 90° à droite, une petite montée courte, 90° à gauche, une route vallonée pour arriver à un axe routier de plus importante circulation. Des aimables bénévoles bloquent les voitures et vous permettent de traverser afin de prendre sur la droite. Là, première bosse notable du parcours, en haut de laquelle vous vous engagez dans une zone résidentielle (déjà 1km de parcouru). Légère courbe sur la droite puis angle-droit à gauche, le tout en trés léger faux-plat montant, afin d'arriver à la fin du lotissement et au début de la zone campagnarde (on en est à 1,5km). Virage à gauche puis longue ligne droite au milieu des vignes, puis 90° à droite (attention à pas se prendre le cyprès qui se trouve juste dans ce virage) afin de traverser un petit bosquet. S'ensuivent 2 virages à gauche afin d'arriver tranquillement au 3° km, le tout entièrement plat. A cet endroit petite descente, puis passage sur un pont, virage à droite afin d'effectuer une remontée ponctuée par une courbe serrée à gauche (attention au revêtement qui par endroits n'est plus là). Petite ligne droite plate puis courbe à gauche avant d'effectuer une belle descente. Virage à doite puis une ligne droite en légère descente au milieu de laquelle est signalé le 4°km. Ensuite un gauche / droite avec franchissement d'un pont (attention à la bouche d'égouts peinte en blanc car elle dépassait franchement du niveau de la route). Nous sommes à l'entrée de Baho où une ligne droite plate de quelques centaines de mètres nous conduit au ravitaillement. 5km effectués, il suffit de refaire le chemin en sens inverse afin de boucler ce circuit qu'il faut effectuer 10 fois.
Ma course
J'avais prévu d'effectuer chaque portion de 5km, ravitaillement inclus, en 30', histoire d'espérer viser la barre mythique des 10h, avec une marche forcée après chaque ravito (entre 30" et 1' selon les moments de la course). De plus j'avais décidé, fort de l'expérience de l'an passé sur ce même circuit, de marcher systématiquement dans la bosse située au 6°km, après le ravito de Baho. Tout le reste effectué en courant.
Cette stratégie étant bien ancrée dans ma tête, c'est serein que je démarre le chrono une fois le départ donné.
Le premier tour je vais le faire en compagnie d'un français résidant à Barcelone. C'est d'ailleurs le seul moment de la course où je vais courir avec quelqu'un, le reste du temps je serai seul, concentré sur mon sujet mais friand des visages et des foulées des autres centbornards.
Je quitte le ravito du 5°km en avance (29'07) mais comme je suis super bien je continue sur le rythme-là. 29'28 en repartant du 10°km en tenant compte d'un arrêt pipi et de la bosse effectuée en marchant, tout baigne. Le seul hic c'est que mon cardio n'a pas voulu démarrer, je l'ai donc rangé au bout d'un tour dans le sac que j'avais laissé sous la table de pointage. Ce sac contient quelques affaires de rechange, un éclairage pour la nuit et mon ravitaillement perso, à savoir 3 bouteilles de 1.25l avec eau + cassonade + bicarbonate + rexorubia. 4 bonnes lampées à chaque fois. De plus comme j'avais pris une banane avec une gourde à la ceinture, je buvais une bonne gorgée d'eau sucrée à la mi-parcours. En revanche au ravitaillement de Baho, je buvais 2 gobelets d'eau plate et je grignotais une partie de ce qui était proposé (entre autres un super bon gâteau de riz, du poulet, du pain et du pain d'épice).
28'55 au départ du 15°km, 28'53 après le 20°, je suis parfaitement régulier. A cet instant comme il fait frisquet et que le temps n'est pas au beau fixe (crachin quasi-continu toute la journée), je décide de mettre mes gants. Pour le reste je suis en cycliste, t-shirt UFO, buff autour du cou et chapeau sur la tête (le même que pour le GTC 2002 pour ceux qui se souviennent).
Jusqu'au marathon c'est quasiment le même rythme (28'47, 28'30, 29'27, 28'51), les fluctuations étant dûes aux arrêts pipi. Je passe le marathon en 4h04'58 et là je me dis tout de même que j'ai peut-être été un peu optimiste dans mon allure de départ, même si tous les voyants sont au vert.
Tout va bien jusqu'au 50°km (29'52 et 29'24) mais c'est là que ça va commencer à se durcir. Mes tendons d'achille me tiraillent, mes mollets et mes quadriceps se rapellent à mon bon souvenir, mon coeur bat plus vite et j'ai l'impression de ne plus avancer. Heureusement que question souffle ça va. C'est à ce moment-là que j'ai dépassé pour la première fois les 30' aux 5km + ravito. Ca a duré 20km (du 55° au 75°km). 20km durant lesquels je ne me fixais des objectifs qu'à très court terme car je n'osais même pas penser à ce qu'il restait à faire.
Puis d'un coup, juste après avoir marché comme d'habitude dans la bosse (c'était au 76°km), les douleurs se sont estompées et ma foulée est devenue plus fluide. Je reprenais du poil de la bête et la joie revenait au galop (j'ai dû le dire à tous ceux que j'ai croisé à cet instant ;-))) La preuve fut flagrante : 2' de moins sur cette portion de 5km (avec la bosse faite en marchant) que sur la précédente.
Arrivé au 80° km je décide de mettre mes manches de cycliste afin de me protéger les avant-bras d'un regain de fraîcheur arrivant avec le déclin de la luminosité.
Question vitesse de course j'ai préféré à ce moment-là assurer les moins de 10h plutôt que d'essayer de faire le meilleur chrono possible. J'ai fait l'avant-dernier tour de 10km en 1h01, ravitaillements compris.
A l'entame de l'ultime tour, comme la nuit est là, je prend une petite lampe torche et juste avant de repartir j'apprend que je suis 15° et que le 14° est tout près. C'est vrai qu'en terminant le 9° tour j'avais vu la personne en question (un finlandais super sympa) partir pour terminer. Ca faisait quelque tours qu'il piochait et que je lui reprennais du temps. Je m'affole pas, je veux savourer mon dernier tour.
Je me force à ne pas accélérer, et malgré cela je reviens tranquillement sur le finlandais que je dépose à 7,5km de la fin (il termine à près de 5' de moi au final). On est en pleine nuit et le faible halo de ma lampe me permet de courir sans aucune peur.
J'arrive pour la dernière fois à Baho où je prends le temps de remercier tous les bénévoles pour leur gentillesse et leur disponibilité. Puis je repars avec la ferme intention d'accélérer franchement après la bosse traditionnellement faite en marchant. Et c'est ce que je fais : dès que je me remets à courir je décide de mettre tout ce qu'il me reste pour les 3,5km restants. Manque de chance c'est l'ampoule de ma lampe qui rend l'âme alors qu'il me reste encore 1km à faire dans la nuit. Je lève donc un peu le pied pour ne pas risquer de me tordre une cheville et j'attends, impatient, d'être enfin éclairé par les lampadaires de St-Estève.
Et à partir de là : tout shuss. A fond les manettes, je vole, je suis sur un nuage, une nuée de sentiments m'assaille, des larmes brouillent un peu ma vue, je frissonne... je suis dans un état second. Dans la dernière descente j'en remets une couche, j'avale la partie vallonée s'en m'en rendre compte et j'ai quasiment sprinté pour terminer.
Le verdict tombe : 9h'55'53", je suis aux anges, les UFO présents à ce moment se sont certainement rendu compte de l'émotion que j'éprouvais (mais j'ai attendu d'être seul à ma voiture alors que j'allais me changer pour me laisser enfin aller et pleurer comme un bébé tellement j'étais heureux).
J'ai pas parlé jusqu'alors de vous tous qui étiez à St-Estève (particpants ou accompagnateurs), vous qui avez toujours eu un geste, un sourire, une parole encourageante. J'ai vécu ce 100km sciemment de l'intérieur car je ne voulais pas me disperser mais sachez que toutes vos marques de sympathie me sont allées droit au coeur et même si ça ne transparaît pas dans le compte-rendu ça m'a fait beaucoup de bien. La communauté UFO à de sacrés belles et longues années devant elle avec un chef d'orchestre aussi attachant que Phil des des musiciens aussi talentueux que vous tous.
Je suis vraiment fier d'en faire partie.
LTDB_enfin_centbornard... mais_surtout_UFO
PS
Finalement je suis 17° au scratch sur 72 arrivants et 7° sénior. Mais est-ce ça le plus important ???
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