Récit de la course : SaintéLyon 2003, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : SaintéLyon

Date : 7/12/2003

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 6352 vues

Distance : 65km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Le récit

yo les oufs de la sketba !

Une fois n'est pas coutume, j'ai pris du temps pour rédiger le cr de cette
SaintéLyon. En effet, j'ai voulu prendre mon temps pour tout analyser à
"tête reposée" et à "courbatures dissipées" afin de ne pas vous balancer en
pleine tronche tous les sentiments qui m'ont traversé pendant cette "course"
qui restera pour de nombreuses raisons l'un des grands moments de ma
"carrière" de sportif, et pas seulement de CAPiste mais aussi de volleyeur,
de rugbyman et autres sports en tous genres.

Une fois de plus, c'est dans le train qui me ramène de Paris que
commence la rédaction de ces quelques lignes.

Je commençais à en avoir marre de me faire traiter de tafioles par l'bourrin
parce que je ne faisais que des "petits" marathons (ce qui représentait déjà
un graal quasiment impossible à atteindre pour moi il y a à deux ans... et
pourtant...). Et puis, à force de lire des Cr du Tchimbé, du Mercantour, de
l'UTMB et autres courses d'extra-terrestre, je m'étais mis à rêver de me
retrouver un jour à traîner ma carapace dans ces lieux mythiques. Mais,
pour cela, il ne me fallait pas brûler les étapes. Ainsi donc, j'avais testé
le terrain sur la ML à la recherche d'un premier trail long, mais pas trop
et pas trop hard surtout. Je m'étais inscrit pour juin 2003 au trail du Val
Nantais (42 km de GR vallonné entre Nantes et Savenay), mais des obligations
familiales m'avaient obligé à renoncer. J'ai ensuite envisagé le Sparnatrail
qui m'aurait permis de faire d'une pierre 3 coups : découvrir de nouveaux
zanimos, revoir mon bon vieux papy et découvrir le trail long dans une
ambiance zanimalienne réconfortante. Malheureusement, mal remis de mes
crampes de mon marathon de la Baule et surtout pris par le sprint final de
ma soutenance de thèse, j'avais également du renoncer au dernier moment.


Restait donc cette fameuse SaintéLyon, dont beaucoup de monde sur la ML
parlait depuis longtemps. J'en rêvais secrètement sans trop y croire, en
allant très régulièrement sur le site pour analyser le parcours (et à chaque
fois, je me disais : "c'est pas pour toi ça, 65 km, à minuit, et sur sol
instable, toi qui te flanque des entorses en regardant la télé, non, non
rêve pas mon pov'vieux, oublie...). Et puis, j'ai relu les CR des zanimos
des précédentes éditions, et je me suis dit : "bof, après tout, ce n'est
qu'un semi et un marathon enchaînés. En y allant cooool et zen, y'a pas de
raison, tu peux le faire. t'as bien fait 2 médoc en 6h30 et plus, tu dois
pouvoir gérer la montre". Et oui, car ce que je craignais le plus c'était
"l'ennui". En estimant le temps nécessaire à mon périple, je me disais :
"mais à quoi je vais penser pendant 10 heures ?!?".
Et puis cette
SaintéLyon, ce ne serait peut être pas si mal pour se tester sur trail long
: ma soutenance sera passée (j'aurais l'esprit libre), il y aura sûrement
des zanimos à rencontrer, il y a des ravitos assez souvent, il y a des
abandons possibles au km 30 et 45, et l'alternance bitume/chemin me
permettra de casser le rythme.


J'ai ensuite fait un premier sondage pour voir les probables : bourrin,
électron, lapouneur, blued, bibi, shadock, toutou et d'autres encore, bref
que du beau monde et surtout des "vieux guerriers" de la bouillase et du
pierrier. L'Electron m'ayant annoncé des objectifs à peu près similaires au
mien et ayant trouvé ainsi ma bouée de sauvetage en cas de détresse, je me
suis dit : "allez, entraîne-toi, vois dans quel état tu seras à 2 ou 3
semaines du départ, et tu prendras ta décision". J'ai donc couru plus
longtemps, plus lentement (si c'est possible !!! ) lors de mes entraînements
avec quelques 30/30 de
temps en temps sous les conseil du papy. Je me sentais bien, super cool, pas
inquiet et hop j'ai envoyé mon bulletin d'inscription en me disant que comme
ça je pourrais plus reculer...

Samedi 6 décembre 2003, départ pour Lyon le matin, 7 heures de train + tard,
j'arrive à
Part Dieu (je dois être le seul à avoir un train à Part Dieu, sachant que le
départ est proche de Perrache, mais bon à 20 euros le billet, je peux bien
faire une petit tour en tramway pour relier les 2 gares). je me rends
ensuite
à la salle de sport en espérant trouver des bérets bleus partout, que nenni,
pas de zanimos en vue. je me planque dans un petit coin pour essayer de me
reposer un peu mais y'a trop de bruit et je n'arrive pas à dormir. je me
rends
ensuite à l'AAB, mais comme vous savez déjà tout : le pacsage du dindon, le
moineau en rase-motte, le service un poil lent sur la fin, la super bonne
humeur, la découverte ou la re-découverte de zanimos, le pichet de rouge
ravageur.... bref, je ne m'attarderais pas. Tout ce que je tiens à dire,
c'est
que pour tous les rassemblements de zanimos auxquels j'ai participé, l'AAB
fait parti intégrante et indissociable de l'aventure.

Je m'installe dans le bus à l'avant à côté du toutou et nous papotons sur la
route entre lyon et sainté. nous avons une petite pensée pour le
mille-pattes
en passant devant la sortie Saint Fons et la route défile. c'est fou cette
route, à chaque fois que je la prends, je me fait la même réflexion : en
fait, de lyon à sainté, on a pas vraiment l'impression de sortir de la
ville. Le voyage est très tranquille, j'ai même du mal à repousser quelques
bâillements qui me rappellent que ce n'est pas une heure à mettre une tortue
sur les chemins. Tout cela ressemble à un déplacement d'un équipe de sport
co
qui part jouer à l'extérieur. rien de bien follichon, quoi !!


En revanche, en arrivant à sainté, changement d'ambiance radical : en
entrant dans la salle, j'hallucine ... il y a là pelle mêle, assis par
terre, des centaines de coureurs. A voir leurs mines et à voir la façon
méticuleuse avec laquelle ils se préparent, je comprends enfin que je vais
faire une course d'un genre nouveau...Alors, je m'assied par terre aussi, je
m'étale diront certain(e)s et j'observe. En effet, je suis captivé par le
spectacle, j'observe l'toutou et le lapouneur se préparer : tous les gestes
sembles précis, on sent du vécu chez ces montagnards. je vais faire un tour
du côté des Ufos, depuis le temps que j'en entends parler ... Ils sont
faciles à reconnaître, ils ont tous un T-shirt blanc , sorte de maillot du
même club. Y'en a un qui répond au nom prometteur de "beaujolais runner", un
futur copain à moi avec un nom pareil. Le temps passe, il va maintenant
falloir que je résolve ma mini-patatoïde que je traîne depuis quelques
semaines : "keske je mets comme godasse ?". bon puisque 90% des coureurs
sont en trail, je mets mes trails en me demandant bien toutefois comment mes
genoux vont supporter les 35 km de bitume avec ces chaussures dont l'amorti
n'est pas adapté à mon poids ?!!

Très lentement, les préparatifs de chacun se terminent, j'ai en face de moi
un toutou bien sombre que je sens très "intériorisé", je le laisse dans sa
bulle. Le bourrin nous montre ses jolies guêtres (très sexy !) et surtout
son disais maillot des enfants du médocong. sacré bourin, il m'explique un
peu
ses démarches, sacré bonhomme, y'a pas à dire ! L'électron arrive avec ses
potes, sortant de leur AAB perso. l'bueb et le ratounet arrivent avec une
bonne heure de retard because service de bus pas au point. Allez, c'est
l'heure, je mets le bonnet, la frontale par dessus, je me regarde dans une
glace.... c'est bien moi !!! mais qu'est ce que je fais là ? c'est l'heure
d'aller se coucher et me v'là déguisé en mineur de fond. je sort de la
salle, j'ai perdu d'un seul coup tous les zanimos ;-(( 200 m plus loin, je
retrouve le toutou qui ne me reconnais pas avec mon déguisement ;-)).

Minuit et des brouettes, c'est parti. A ce moment là, je suis hyper zen,
même pas peur !! j'ai l'impression de m'élancer pour un entraînement de SL.
On
courrotte / marche sur 2 km car le départ est donné dans des rues étroites
et encombrées de véhicules. On est tout un paquet de zanimos mais très vite
le groupe se disloque et en on se retrouve à 4 avec l'bourrin, la biopuce,
le ratounet. On fait ainsi le premier tronçon jusqu'au premier ravito en
papotant sur nos différents travaux de recherches. Les premiers km sont
monotones, c'est plus sympa à plusieurs. A ce moment là, j'ai un gros souci
stomacal avec les tagliatelles à la carbonara qui veulent pas glisser. Je
pense même m'arrêter pour les évacuer par le haut, mais ça fini par passer.

Après le premier ravito, le bourrin nous abandonne lâchement. Et c'est à
partir de ce moment là que la course commence vraiment. Pour la première
fois, il faut allumer la frontale et ça fait flic-floc sous les pieds. A la
première descente, je ne fais pas le malin, je suis au ralenti, la biopuce
me passe en virevoltant d'un trou à l'autres, impressionnant.... On se fait
comme ça le deuxième tronçon jusqu'à St Chrysto, avec le ratounet et la
biopuce qui fait l'élastique. A St Chrysto, j'ai une grosse faim, je tombe
dans l'assiette de cookies (miam !). Et on repart tous les 3 tranquilles. Et
pi, je ne sais toujours pas comment, j'ai alors perdu mes 2 derniers
compagnons de la ménagerie. J'ai continué seul, tranquillement, en faisant
hyper
gaffe ou je mettais les pieds mais je n'ai qu'un souvenir très vague de ce
passage. Au ravito suivant, j'ai attendu quelques minutes pensant voir
revenir le ratounet et la biopuce, mais rien ne venant, j'ai repris ma route
car j'avais pas chaud une fois arrêté. Toujours sans trop me rappeler du
parcours, je suis arrivé à Ste Catherine. Là encore, très copieux ravito. Je
retrouve la langouste, je suis content de voir une tête connue,
malheureusement, elle est mal en point. je sort de la salle pour repartir,
et
là je croise le bourrin qui arrive dans l'aut'sens et qui me dit abandonner
;-((((

Vous me croirez si vous le voulez, mais c'est à
ce moment là que j'ai regardé ma montre pour la première fois !!! A la
sortie du ravito de Ste Catherine, cela faisait 4 heures justes que j'étais
parti.

Jusqu'au ravito suivant, le parcours était hyper casse gueule, mais je
me suis enhardi un peu et j'arrive à descendre un peu mieux. J'arrive à St
Genoux
(où j'ai une pensé pour l'Electron). je m'arrête au poste de secours pour
demander de la crème anti-échauffement car je sens quelques ampoules
s'allumer aux orteils. Quel type de chauffant qu'on me demande ? Je réponds,
qu'après 5 h de cours, je suis bien chaud et que j'ai pas besoin de musclor,
mais de vaseline ;-))) "Ah ben non", qu'on me dit, "on n'a pas ça en
magasin"... Tant pis, je papote avec des concurrents qui me disent que la
prochaine partie est tout sur le bitume. Je repars de St Genoux après 5h10
de course. Jusqu'à Soucieux, c'est un très long faux-plat plus ou moins
descendant, sur lequel je laisse parler les watts (et les kg), et je cours
allègrement, frontale éteinte (on y voit mieux sans la frontale à cause du
brouillard), seul et doublant tout le monde. un moment surréaliste encore.
j'ai l'impression d'être dans une bulle. j'ai mal nulle part, j'ai la tête
complètement vide, bref je suis heu-reux. C'est sur ce tronçon que se fait
le passage au marathon. Je dois bien avoué, que j'étais un poil inquiet sur
ce qui allait se passer après car je n'avais jamais couru plus long. Et
ben, no problemo, je n'y ai même pas pensé pendant la course. Je me suis
retrouvé avec 2 gars (1 tout petit et 1 grand) avec lesquels on s'est mis à
3 de front et on a parcourus ainsi de nombreux kilomètres, sans se parler,
mais c'était tout comme. quand l'un des 3 avait un petit coup de barre, les
2 autres ralentissaient pour l'attendre. A un moment, me sentant bien, j'ai
accélérer un peu et ils m'ont suivi, mais plus tard, dans un côte comme
j'étais un peu à la ramasse, ils m'ont attendu. sympa !

Je fais une longue pause à Soucieu, j'ai trouvé de la vaseline et je tartine
allègrement les orteils. Une bonne soupe bien chaude (trop, je me brûle la
gorge...) et je repars pour les 18 petits km qui restent. Je suis plein
d'espoir, je regarde ma montre : 6h15, ben mon vieux à ce rythme là tu vas
mettre bien moins de 10 heures, peut être même moins de 9 voir de 8 !!! non
stop, faut pas rêver . En fait, c'est la seule fois de la course, où je me
suis projeté mentalement en avant, et je pense que ça a été une erreur. A
partir de là, j'ai commencé à essayer de gérer, de calculer, de réfléchir,
quoi ! ben fô pas ! y'a rien de mieux pour se pourrir les mollets que de se
pourrir l'esprit avec des pensées autres que : "sois cool, fais toi plaisir,
écoute la nuit..." J'ai alors eu un petit coup de moins bien mental juste au
moment où je vois me doubler le t-shirt du bourrin, descendant comme une
balle dans un chemin où je venais de me faire secouer les lombaires quelques
mètres plus haut. J'interpelle le malotru qui m'a tout éclaboussé en passant
:
"allooo l'bourin !!". "non, c'est pas l'bourrin, c'est le lapouneur et le
toutou !" A ben ça, c'est une bonne nouvelle, qu'est ce que je suis content
de les voir ces 2 zanimos à ce moment de la course. malheureusement, leur
rythme de course est complètement différent du mien. ils marchent tout le
temps, mais à une cadence impressionnante dans les montées raides et
boueuses. je les laissent donc filer. quelques kilomètres plus loin, je les
reprends sur le bitume. je les redépasse persuadé qu'ils vont me repasser
dans la prochaine côte. Au panneau, arrivée 10 km, je commence à sentir la
fatigue ! Le dernier ravito s'est fait vachement attendre et j'y attends
quelques minutes le toutou et le lapouneur en m'étirant , mais ne voyant
rien
venir je repars pour la dernière bosse, que je monte en papotant en
compagnie de 2 autres gars. le jour se lève, c'est surréaliste, j'ai même
pas
eu sommeil une seule fois ?!. en haut de la bosse, mais 2 camarades de route
sont cuitos mais je suis encore pas trop mal, et je me remets à courir. je
double un grand nombre de concurrent sur le dernier faux plat montant. Et
puis, il y
a eu cette très très très longue descente vers le rhone, où j'ai eu de plus
en plus mal à lever les genoux, avec des douleurs sur le devant de la jambe
, juste en avant du tibia, à la limite du supportable. j'ai ramé sur les 2 /
3 derniers km. et je passe la ligne, les larmes aux yeux.... dans anonymat
le plus total. je cherche un visage connu pour partager mon bonheur, rien,
nib, que dalle !!! c'est là qu'on regrette les sports co avec lesquels on
peut communiquer son bonheur à chaud avec les autres joueurs...le temps de
récupérer mon sac et je vois arriver l'toutou et le lapouneur. le toutou est
métamorphosé par rapport à son visage au départ dans la salle. on a
l'impression qu'il pourrait faire le retour à pied vers st étienne. le
lapouneur marche dans son sillage.... une bonne douche, où la vue des
concurrents tout crottés me rappelle les années rugby où l'on prenait une
première douche tout habillé pour enlever le plus gros et économiser les
machines à laver.

Frais et propres, on rejoint les autres zanimos déjà attablés devant
quelques cadavres de kro.
Tout à déjà été dit dans les autres cr sur l'AAB du lendemain. Bravo à bibi
pour sa coupe !!! je commence à sentir méchamment la fatigue et je pique
doucement du nez...

Allez, c'est l'heure de rentrer, mais j'ai les jambes défoncées !!! je
profite du départ du lapouneur et du toutou pour la gare pour leur emboîter
le pas. brave savoyards, ki ont eu pitié de moi et ki m'ont attendus, faut
dire que j'avais rarement eu aussi mal aux pattes. Perrache/Part Dieu avec
le
lapouneur. 1 heure d'attente à Part Dieu, où je me suis pratiquement endormi
debout. TGV 4 heurs, dans un état semi-comateux, l'esprit complètement vidé,
les jambes en feu, n'arrivant pas vraiment à dormir, ni à garder mes
esprits. Toute ma petit famille m'attendait à la gare. J'ai eu beau essayé
de faire le malin, impossible de marcher normalement (et cela pendant 48
heures). Ce soir là, j'ai pas fait de vieux os : dodo très tôt .....


Bon ben maintenant, que j'ai plus mal au pattes, et dès que j'ai guéri ma
grippe, on s'en refait une ??? alors c'est quand la prochaine ?? parce que
si c'est aussi bon à chaque fois, faudrait pas s'en priver !!!

Je conclurais en m'adressant aux zanimos de cette ML qui, comme moi, ne
sont pas des rois de la basket et des chronos (et ceci n'est pas péjoratif
du tout). Ma première course a été en 1999 un 10 km, puis un semi et un
premier marathon en 2002, 5 marathons plus tard (dont 2 médoc zanimaliens),
j'ai couru la saintélyon. Et dire qu'il y a 3 ans, je ne savais même pas
que ce genre d'épreuve existait ! Maintenant, je sais que tout peut
s'envisager. C'est juste une question de temps, de patience, de préparation
et d'état d'esprit.....coooooool !!!!


-------------
bien amicalement....
La Tortue.

1 commentaire

Commentaire de l'ourson posté le 11-07-2006 à 23:15:00

Bravo la Tortue !
Que c'est bon (surtout en ce moment..) de relire ce CR de la Saintélyon 2003 que j'avais déjà lu avant même de te connaître!!
L'Ourson_1ère_Saintélyon_en_2006..Inch'Allah!!

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