Récit de la course : La 6000 D 2004, par Mathias

L'auteur : Mathias

La course : La 6000 D

Date : 25/7/2004

Lieu : Aime (Savoie)

Affichage : 4443 vues

Distance : 55km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit


La 6000D 2004

Je me rappelle… juillet 2001, La Plagne, je me lance sur la 6000D. C’est mon 1er ultra : je n’ai qu’un marathon et quelques semis à mon actif. Je me jette, ça me paraît dingue de pouvoir courir 55kms avec 3000m de D+. J’en termine en 6h12. Super souvenir : les kinés me remettent d’aplomb tout de suite (enfin à peu près d’aplomb…), il fait beau, on est bien au bord de ce plan d’eau, j’aime la course à pied en montagne.

Juillet 2004, La Plagne, je reviens sur la 6000D. Avec mes quelques expériences en trail, je fais figure de vétéran auprès de mes 2 camarades de lit de camp, dans la salle polyvalente ouverte pour la nuit précédant la course. Ils me prennent pour un balèze. Oulaaaaa, mais non mais non, je viens pas pour faire un chrono hein ! Mais en fait si ;-)
Ca fait quelques mois que je me tâte pour m’inscrire à l’UTMB. 155kms et 8500m de D+, ça m’inquiète un peu… il y a un mois, j’ai fais une grosse erreur, en partant sur un des trails les plus durs de France (le Grand Duc de Chartreuse) en me disant « ça me fera une répétition grandeur nature ». Erreur, il ne fallait pas prendre le Grand Duc pour une « petite coursette d’échauffement » : c’est ma 1ère expérience de l’abandon, à mi-course… Cette fois-ci, avec la 6000D, le risque d’excès de confiance est encore plus grand, car je l’ai déjà courue…
Mais qu’importe, j’ai envie de me défoncer, de voir si l’entraînement des derniers mois a payé. Ce sera donc une course « au taquet ».
Après un moi d’avril plutôt calme because pseudo-sciatique (6h de sport), je m’y suis remis en mai-juin-juillet, avec à peu près 1h par jour de moyenne pour 12000m de D+ par mois. Mais surtout du vélo : cette satané pseudo-sciatique qui traîne depuis les 100kms de StNazaire en mars, continue de m’embêter…
Objectifs: j’ai du mal à évaluer mon état de forme actuel, mais je suis quand même venu faire mieux que mes 6h12 de 2001. Allez, moins de 6h pour faire un compte rond.

C’est pas pour autant que le stress domine, la veille de la course, quand je retrouve Catala et L’Dino à la pasta party. Je suis quand même rassuré de voir que mon inscription est bien arrivée dans les temps… J’arrive pile-poil au même moment que L’Dino. Ils auraient quand même pu prévenir ;-) que la pasta avait lieu à La Plagne même, à 2000m d’altitude, et non pas au départ, à 700m… Synchros, pile à l’heure, à peine 1/2 heure de retard sur Catala ;-)
On se baffre une bonne platée de pâtes dans une ambiance animée. Ca chante, euh, on peut même dire que ça beugle, ça danse sur les tables… et pendant ce temps L’Dino nous raconte ses regrets de n’avoir pas essayé les doses d’EPO de sa grand-mère ;-), et Catala énumère l’équipement digne d’une d’expédition polaire qu’elle compte charrier demain : doudoune, moufles, passe-montagne ??? Arf… j’exagère à peine ;-)

Je passe une nuit correcte-bof, dans la salle polyvalente. Le lit de camp grince, il fait chaud. Le sommeil est tout de même réparateur, et j’ai la pêche le lendemain matin. Réveil 6h. Ca laisse de la marge… je mange 1 barre énergétique et une compote. Je me prépare tranquillement : cuissard de tri, tee shirt respirant léger, sac DK 5l, 1,5l d’isostar très dilué, 2 barres énergétiques, le topo du parcours avec comme référence mes temps de passage de 2001, casquette saharienne, chaussettes basses, et j’innove, je me décide au dernier moment pour des chaussures NB 832 de route. Je me rappelle d’un circuit roulant, je veux voir ce que ça donne sans chaussure de trail. Inconvénient : mes semelles orthopédiques ne sont pas adaptées à ces chaussures là… tant pis je pars sans, on verra bien.

Le départ est donné au bord du plan d’eau. Il y a déjà pas mal de monde à 7h15. Je rencontre quelques connaissances, croise catala, quelques UFOs, papote un peu. Moi qui ne connais pas trop le monde du trail, il me semble qu’il y a pas mal de cadors, comme souvent à la 6000D d’ailleurs.

8h top départ. Pour ces 4 kms de plat, ça part vite. Sans échauffement. Mauvaise idée. Mais ça fait du bien. Oups, en effet, voilà Fabien Hobléa : je suis pas trop à ma place. Un petit coucou et je lève un peu le pied. Ca y est ça commence à monter sec : 1400m de D+ en 7kms. Le sentier est étroit, pas facile de doubler. Je suis vraiment parti vite. Au bout de 20 min, je suis doublé par Corinne Favre et MichelC. Ca va vite… FCmoy de 175 sur la 1ère 1/2 heure, soit à peu près ce que je tiens sur un semi. Gloups.

Je lève encore un peu le pied, mais reste globalement au dessus de 170 de FCMoy. Je ne suis plus doublé maintenant. Je commence déjà à avoir chaud, il est 9h la soleil tape déjà, je décide d’enfiler ma casquette. Je m’impose de boire quelques gorgées toutes les 20 min, et je m’y tiens à peu près.

Je commence à doubler quelques coureurs, petit à petit. On m’annonce dans les 100. Pourtant, je n’ai pas de très bonnes sensations. Contrairement à la plupart des coureurs que j’observe, je suis sans cesse en train de pousser sur les cuisses. Ca commence d’ailleurs à créer de petits échauffements. Du coup, je suis agréablement surpris d’arriver au sommet (Aime 2000) en 1h33, soit 12 minutes d’avance sur mon temps de 2001. Je viens de gravir 1400m de D+ en 1h20, FCMoy 170, et ça va toujours à peu près. Peu avant le sommet, des spectateurs sont là et encouragent bruyamment les coureurs. Ca fait son petit effet. Je sens un net regain d’énergie, en réponse je passe devant eux en braillant comme un boeuf : résultat immédiat, moults beuglements en retour. Stimulant ;-)

J’arrive au 1er ravito (Plagne centre) quelques minutes plus tard, après une petite descente. Ca change ! Je ne m’arrête presque pas : un verre de boisson énergétique, un verre d’eau, 2-3 abricots secs et je repars.

Ok, on croise pas mal de remontées mécaniques sur cette course, et on court plus souvent sur des pistes de ski que sur des GRs (encore que…) mais bon, c’est quand même joli les Alpes. Comme le lac des Blanchets, que j’atteins après 2h08 d’effort. 16min d’avance sur 2001, je commence à bien les sentir ces 6h…

Ahhh la roche de Mio ! Des souvenirs de 2001 me reviennent… la grande piste de ski qui y mène, large, à la pente douce… mais il est peut être préférable de suivre ces coureurs qui coupent droit dans la pente ? Ca se fait ça ? La 6000D aime bien tracer droit dans la pente, mais à cet endroit je ne sais pas si c’est permis. Mon compagnon de route du moment hésite… pour ma part, le choix est fait : tout droit ! Ho hisse, ça grimpe très sec. Il faut souvent mettre les mains. J’ai un peu peur de faire partir des cailloux, et le terrain est assez glissant, mais ça avance quand même bien. L’arrivée au sommet (arrivée d’une remontée mécanique) est fantastique : ça encourage, ça braille à qui mieux mieux. Comme tout à l’heure à Aime, je remercie les spectateurs par un long beuglement ! C’est un peu le kiaï (le cri qui tue du karaté) du trail : ça permet de franchir d’un coup de rein les 20 derniers mètres de D+ ;-)

2h33 de course, soit 15 min d’avance, et un semi avec 2100m de D+ d’avalé. J’ai rarement couru un semi aussi lentement ;-)

Puis arrive la courte descente vers le col de la Chiaupe, rallié en 2h45. Tout va bien. Ravito. Un verre de boisson énergétique, un d’eau, un autre dans le cou/la casquette, je ne rempli toujours pas ma poche à eau, il en reste pas mal. Je n’ai pas encore mes soucis habituels de mal de bide, je préfère éviter de provoquer mon estomac en mangeant durant la course.
Je repars après une poignée de secondes d’arrêt.

Tiens, j’avais croisé les 1ers ici en 2001, aujourd’hui je dois avoir un peu d’avance. Je les guette en ce début de montée finale vers le glacier (le début de la montée est en commun). C’est rocailleux. Cette fois-ci, c’est le tracé qui indique « tout droit dans la pente ». J’aime bien. Je continue à gagner quelques places. J’ai le temps de voir passer et d’encourager les 10 ou 12 premiers, avant que les chemins bifurquent. Ils vont vite, très vite, ils sont très concentrés. Je suis surpris de ne voir ni Jacquerod ni Sherpa dans les touts premiers. Il me semblait aussi qu’il y avait d’autres cadors ;-)

J’arrive au glacier en 3h20, en 67ème position, sous les encouragements, encore une fois, de nombreux spectateurs. Très bien, 19 minutes d’avance, c’est bon. Ravito en eau. Un seul verre, je ne perds pas de temps et repars, d’une foulée mal assurée avec mes NB de route, sur la neige.
Le sommet de la course, à 3050m d’altitude, est atteint en 3h27, 22 minutes d’avance. Ouch, ça fait du bien quand même. Les effets « amusants » de l’altitude sont très présents. Ca devient dur de monter…

Et voici la fameuse descente tant redoutée… presque 1000m de D- d’un coup pour commencer !
Bah, il n’y a pas trop de neige, beaucoup moins qu’en 2001 me semble-t-il. Je n’ai pas vraiment l’occasion de « faire la descente » dans la neige. De toute manière je descends assez prudemment, c’est pas le moment de faire le mariole, avec ces chaussures glissantes qui ne tiennent pas la cheville !
Je suis bêtement un coureur qui coupe dans un pierrier. Plus pour m’amuser dans le pierrier que pour gagner du temps. Oui mais… en chaussures de route, basses, c’est pas génial les pierriers. Pire, avec les chaussettes basses, je récupère pas mal de petits cailloux dans la chaussure. Pas envie de m’arrêter… j’essaie de faire avec. Si je sens une gêne, il faudra bien m’arrêter…

Ca y est, j’arrive à la bifurcation de tout à l’heure. C’est à mon tour de croiser des coureurs qui montent. Je suis agréablement surpris du nombre de coureurs qui prennent le temps, malgré l’effort qu’ils fournissent, d’encourager ceux qui descendent… alors que c’est moi qui devrait les encourager, ils sont partis pour courir 2, 3 voire 4h de plus que moi ! J’essaie de répondre, mais à fond dans la descente ce n’est pas toujours facile… je comprends les champions, tout à l’heure, qui ne répondaient pas …

Je retrouve le ravito du col de la Chiaupe. 3h46 de course, 21 minutes d’avance. Tiens j’ai traîné un peu ? Pourtant je me sens bien dans cette descente…
Ravito express, juste un peu d’eau. Toujours pas besoin de refaire le plein. Et zou c’est reparti pour une petite descente jusqu’au Dérochoir, puis quelques minutes de légère montée pour arriver au chalet du Caroley.

4h10 de course, tout va bien. Nouveau ravito en eau, je bois un peu, m’asperge le cou, et hop je me lance dans la dernière montée : l’Arpette. Je me souviens avoir pas mal galéré ici. Ca commence par monter assez franchement, puis il y a pas mal de passages ondulés, il faut relancer sans cesse. J’essaie de m’accrocher à mes compagnons de route du moment, ça devient dur. J’en profite pour lever les yeux, et j’admire le paysage. Magnifique.
Le dessus des cuisses commence sérieusement à me brûler, c’est la 1ere fois que j’ai des échauffements ici. Heureusement, la montée est bientôt terminée !

Je passe le col du Caroley (fin de la montée de l’Arpette) au bout de 4h31 de course, et hop je fête mon passage dans le monde de l’ultra. 42,2kms et 3050m de D+ ! J’ai 26 minutes d’avance sur mon timing. Je sens que les 6h ne peuvent plus m’échapper. Allez il ne reste plus que de la descente maintenant. 1650m de D- d’un coup. Oupsss….

On commence par 400m de D- pour plonger sur Plagne-Bellecôte, en moins d’1/4 d’heure. Jusque là tout va bien, je suis en très bon état par rapport à la dernière fois au même endroit, mais je n’ai pas vraiment l’impression d’être en mesure de « faire » la descente.
4h45 de course, je suis 59ème. Je regarde mon altimètre qui me dit qu’il doit me rester environ 1300m de D- jusqu’à l’arrivée. Je me remémore en 2001, j’avais souffert dans cette descente et je m’étais focalisé sur l’alti. Et je me rappelle aussi ma surprise, en tombant sur de petites portions de montée, alors que je m’attendais à de la descente pure ! Argggg non ça monte encore !

J’essaie de conserver un bon rythme, mais ça devient dur, j’ai mal aux articulations. Je commence à me faire doubler petit à petit. Allez, je m’accroche. Plus que 1200m, 1100m, … ça défile vite !

Mais je ne m’écroule pas, je descends bien. A 3 kms, je me fait doubler par un nouveau coureur : tiens, une coureuse ! Comme pour les 3-4 coureurs qui viennent de me doubler dans la descente, j’essaie de m’accrocher. Mais elle va vite la jeune fille ! Et au bout de 5 minutes je lâche prise…

Je passe à Sangot : ça sent l’écurie ! Je me rappelle le long chemin en bitume qui descend jusqu’à la voie ferrée… tchou-tchou je passe le passage à niveau, et à partir de là c’est que du bonheur… je remonte le long du plan d’eau, encouragé par des dizaines de spectateurs, et j’en termine par quelques dizaines de mètres sur le gazon, 64ème en 5h40’41 : j’ai donc perdu 5 places dans la dernière descente depuis La Plagne – Bellecôte.

Je me sens en assez bon état, sauf que je crève de chaud. Quel bonheur de se jeter dans l’eau bien fraîche du plan d’eau !!! Je bois beaucoup : même si j’ai pas mal bu aux ravitos, je dois être à sec. Je n’ai même pas bu la totalité des 1,5l de ma poche à eau ! Par contre je n’ai pas faim.
Je vais faire un tour chez les kinés : un peu d’irrigation musculaire avec l’appareil de l’INSEP, puis je me fait masser par le patron qui me remet d’aplomb.


Bilan :

La course : je persiste à apprécier la 6000D, que ce soit le paysage malgré les remontées mécaniques (c’est vrai que c’est pas trop trop sauvage…) ou l’ambiance malgré le côté « show » (hélico, primes, médiatisation). C’est un truc à faire, une fois. Pour ma part, je ne sais pas si j’y reviendrai de si tôt, il y a tant d’autres courses à découvrir…
Le parcours : j’aime bien. Beaucoup de D+. La course en altitude c’est rigolo. Finalement, c’est pas si roulant que ça : il y a encore trop « d’autoroutes » à mon goût (pistes de ski…), mais il y a aussi quelques petits sentiers bien sympa. On est quand même loin d’un Grand Duc ou Belledonne 2000.

L’organisation : impecc’. La pasta, le départ, les bénévoles sur la course, l’arrivée, les kinés…
Ma course : tip-top. Je n’ai pas trop souffert, j’ai été bien à peu près tout le temps, ma pseudo sciatique a laissé ma fesse/cuisse tranquille, mes genoux, mes mollets itou, pas d’ampoule (juste des échauffements sur le dessus des cuisses), et je fais un temps inespéré. Je suppose qu’il n’y a pas 55kms, mais quand même, ça ne m’arrive pas souvent d’être à « seulement » 1h20 du premier. Content.

Petite remarque : ma vitesse moyenne sur 55kms et 5h40 a été supérieure à celle sur les 100kms et 10h36 à StNazaire en mars ! Bon ok, sur les 100 kms, la durée est presque doublée. Mais quand même… 3000m de D+… il doit y avoir un petit problème de mesurage non ?

Matos : j’ai trouvé les chaussures de route suffisantes pour cette course, mais par contre je ne réutiliserai pas ces chaussettes basses pour le trail : elles laissent les cailloux entrer facilement, et elles permettent à l’arrière de la chaussure provoquer des irritation sur le tendon d’achille. Mes 1,5l d’isostar très dilués ont été largement suffisants, à condition de bien boire aux ravitos. Par contre, je n’ai quasi rien mangé : une barre énergétique et une compote avant le départ, une barre et 2-3 abricots secs pendant la course. Conséquence ? Je n’ai presque pas eu mal au bide, et je trouve ça sacrément agréable, ça vous change tout ! ;-)

Récup’ : nickel. Quasi pas de courbatures, le lendemain je ne sens plus rien. Après avoir conduit 600 kms ce WE, je pars en vacance le lendemain. 3200 kms en 10 jours, et le reste du temps à visiter à pied. Au bout de 2-3 jours, la pseudo sciatique refait son apparition, et ça ne fera que s’empirer. 12 jours après la 6000D, j’ai du mal à marcher !!!
Je ne sais pas d’où vient cette douleur : de la CàP, de la marche, de la voiture ?
Depuis son apparition en mars, la douleur a réapparu de temps en temps, en particulier à chaque arrêt de plus de 2 ou 3 jours. Bizarre non ?


Et maintenant ???
Place à l’UTMB ! Eh oui, j’ai envoyé mon inscription le lendemain de la 6000D. Si ma fesse droite me laisse tranquille, j’y serai ! En attendant, il me reste à apprendre par cœur le road book de la course !!! Impressionnant… RDV à la fin du mois !

1 commentaire

Commentaire de Kiki14 posté le 16-08-2006 à 17:23:00

bravo Mathias pour ton récit...on sent même les cailloux qui rentrent dans les chaussettes basses...quelle énergie et presque sans manger....chapeau bas....

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