Récit de la course : Marathon de Freiburg 2024, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Marathon de Freiburg

Date : 7/4/2024

Lieu : Freiburg (Allemagne)

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Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

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Echec sur marathon

8ème marathon et toujours et encore des envies de record personnel, est-ce bien raisonnable ? Une fois de plus c’est grâce à mon club (la RIM) que tout sera organisé pour se rendre au départ. Le dévolu a été jeté cette année sur Freiburg im Bresgau en Allemagne, à 1h30 de route.

 

Objectif 3h15 et donc 4:37 de moyenne

La petite routine est rodée. Comme d’habitude, un plan marathon est démarré 10 semaines avant avec son lot de sorties longues, fractionnés courts et longs. En revanche, je suis de moins en moins rigoureux et j’hésite de moins en moins à me rajouter de « petits » objectifs intermédiaires qui ne sont pas toujours des plus opportuns pour être en pleine forme le jour J.

L’an dernier, c’est à Annecy que j’ai couru mon meilleur temps sur la distance reine en passant de 3h24 à 3h19 et donc … Et donc pourquoi pas passer de 3h19 à 3h15 ? J’ai quand-même exposé mon ambition à Driss, le coach, qui très pragmatiquement m’a encouragé en ce sens : si tu t’entraînes, tu vas y arriver, l’âge (52) n’est pas un problème. Ok, je le crois sur parole. Objectif 3h15 et donc 4:37 de moyenne à tenir sur ces 42.195km.

 

Cyrano

Départ en bus samedi après-midi pour aller chercher les dossards et prendre possession de nos chambres avant un repas en commun. Evidemment, nous sommes en Allemagne, Schnitzel et Weitze Bier étaient de la partie, on ne se refait pas et puis la convivialité de ces sorties en groupe n’invite pas à la diététique, YOLO !!

Le coup de feu est à 9h30, c’est tard et on a tous la même crainte, la chaleur ! En effet, c’est le premier week-end de printemps de cette année où il fait chaud, aux alentours de 25°C. Après des semaines de pluie et d’entraînements sous les nuages, pas sûr que notre corps soit prêt à endurer cette hausse soudaine du mercure. En attendant, beaucoup se casse la tête sur l’équipement : sac, ceinture, gourde, … ???

Je prévois d’y aller au plus simple avec juste 2 compotes dans les poches. Il y aura bien assez de ravitaillements avec de l’eau ou de la boisson iso. Pour le solide je ne m’inquiète pas non plus, je trouverai forcément un bout de banane ou autre chose à me mettre sous la dent. De toute façon j’ai prévu de courir en méthode Cyrano et donc de marcher à tous les ravitos et ainsi m’alimenter comme il faut.

 

On est 10.000

Le bus nous amène sur place 45 minutes avant le départ, pas de stress (si un peu quand même) mais il faut encore amener les sacs en consigne et là … Un monde fou et ça n’avance que très peu. Mais qu’est-ce qui se passe ? Je regarde la montre et les minutes défilent alors que j’ai l’impression de faire du surplace ! Laetitia est av… ETAIT avec moi et là je la vois plus dans ce qui commence à ressembler à une cohue. Estelle, blessée, ne court pas aujourd’hui et me propose de déposer le sac à ma place, j’accepte volontier, il reste moins de 30 minutes et en plus j’ai perdu ma chérie.

Je passe par les espaces toilettes facilement reconnaissables par les queues de 50 personnes qui les précédent mais pas de maillot blanc familier. Je me décide à sortir du hall et d’attendre sur le chemin des sas de départ. Je croise quelques collègues mais pas de Laetitia et il reste 10 minutes avant le coup d’envoi. Ah !!! Enfin, la voilà, me voilà rassuré et content l’étreindre une dernière fois pour lui souhaiter bonne chance pour son 3ème marathon et sa quête du sub4.

On est 10.000 toutes courses confondues et les sas sont bondés. J’arrive à rejoindre quelques RIMois inscrits sur semi, tous impatients d’en découdre. 9h30, le départ est reporté de 5 minutes (Je pense que le bordel de la consigne y est pour quelque chose). Je trépigne, c’est un gros morceau qui m’attend et franchement, je ne suis pas serin sur ce coup-là. Le fait d’être serrés les uns contres les autres me fait déjà suer, vivement qu’on nous libère.

 

Obligé de slalomer

C’est parti, le sas B, le mien, part après 2 premiers groupes mais on restent quand-même très nombreux et on se marche presque dessus. Que de monde !! Je dépasse Laetitia non sans la gratifier d’une dernière tape sur les fesses et commence à imprimer un rythme de 4:30.

Une allure difficile à tenir tant je suis obligé de slalomer, monter/descendre des trottoirs et même courir dans l’herbe. Ce n’est pas bon du tout, je vais me crever à force de ralentir et accélérer. Le 4ème kilo est déjà trop lent. Je suis régulièrement freiné par des coureurs plus lents qui me font piétiner le temps du dépassement. Les virages incessants dans ces ruelles de faubourg n’aident pas non plus ! Je ne suis pas prêt de retrouver ma sérénité dans ces conditions.

 

On est mal

Au loin le meneur des 3h30 … Qu’est-ce qu’il fout là lui ? Je suis à 4:35 de moyenne donc sous 3h15 ! Km6, on bifurque sur une nouvelle piste cyclable mais plus étroite, impossible de dépasser, je suis bloquer derrière un groupe compact qui court à peine à 5:00 et ça va durer presque 2 kilomètres comme ça. Je boue intérieurement mais que faire ? Faire le deuil de mon objectif ? Bah oui, c’est ce que je vais faire.

De temps en temps j’arrive à me libérer et à reprendre ma foulée mais maintenant c’est le souffle qui commence à se manifester bruyamment, anormalement. Mon cardio est déjà à 165, je crois que la chaleur commence à faire son effet. Je n’ai pas encore fait 10km et je commence à déjà mofler, on est mal !

 

Loin de l’allure objectif

Km10, j’ai définitivement abandonné l’idée de faire 3h15 et commence à ne même plus regarder mes allures. Et pourquoi je ne lèverai pas le pied pour attendre Laetitia et faire une course à deux ? Mais est-ce que je ne cherche pas à me la couler douce en pensant à ça ? Non, elle va en chier, c’est sûr et moi pas question que je me promène.

On est dans la partie montante de la boucle avec quelques passages de ponts et de tunnels avec leurs lots de montées/descentes. Globalement depuis le km3 on est sur un faux-plat montant et là je navigue autour de 5:00 au kilo, bien loin de l’allure objectif. Peu importe, j’ai encore l’espoir de faire un chrono honorable et pourquoi pas un negative-split … Pauvre fou !!!

 

Je me fais dépasser par le train des 3h30

Le peloton s’est bien étiré, j’aurai bien la place pour dérouler maintenant mais le train est passé. J’ai marché à tous les ravitos, tantôt pour boire, tantôt pour m’asperger, ça chauffe ! On arrive au centre-ville avec quelques beaux bâtiment historiques le long d’une rue principale pavé. Ça redescend et on se dirige vers la distance du semi. Je fais encore un ultime kilo sous les 4:40 mais la fatigue est déjà bien présente, je comprends que je vais en baver pour de bon.

Km21, les semi-marathoniens bifurquent à droite et moi je trace tout droit pour embrayer sur la seconde boucle. Je passe la marque des 21,1km en 1h42 et donc sur les bases de 3h25 chose à laquelle je ne crois absolument pas. D’ailleurs durant mon arrêt ravito de mi-course je me fais dépasser par le train des 3h30 que je vois s’éloigner à une allure incompatible avec ma forme du moment.

 

En mode « ultra »

On est vraiment beaucoup moins nombreux à présent, je me sentirais presque seul sur certaines portions. Je fais encore quelques kilos sous 5:00 sur ce début de 2ème boucle plutôt descendante mais je n’ai déjà plus qu’un objectif à court terme, le prochain ravito pour pouvoir à nouveau marcher un peu. J’ai vraiment l’impression de me traîner et très vite cette sensation se concrétise de plus en plus.

A nouveau la longue montée. Je me force à toujours courir. En mode « ultra » : avancer coûte que coûte pour terminer au plus vite et mettre un terme au calvaire. Je ne m’autorise la marche qu’aux ravitos et quel bonheur d’avoir des ravitaillements intermédiaires avec de l’eau et de l’arrosage que j’accepte volontiers. Je vise le km30, une étape psychologique importante, la bascule dans une nouvelle dizaine.

 

Plus que 7km

Mon dernier verre de boisson iso m’a fichu un mal de bide qui s’est transformé en point de côté que je traîne depuis 1km. Je cours aux alentours de 5:30 mais beaucoup de monde marche autour de moi, un spectacle que je connais bien sur ces fin de marathons.

Le Km30 passé, je vise à présent la fin de la montée dans 4-5km, c’est tellement loin. Les spectateurs sont omniprésents et le prénom sur le dossard nous donne droit à des encouragements personnalisés. Il y a peu de courses où j’ai autant entendu mon prénom et j’avoue que ça aide même si je ne suis pas très démonstratif quand je suis dans le dur mis à part peut-être de temps en temps un hochement de tête où un signe de la main les yeux plantés dans le bitume.

Km35, la montée s’assagit pour devenir descente, enfin ! Plus que 7km, le centre-ville n’est plus très loin avec sa belle rue pavée en faux-plat descendant. Quelques habitants nous arrosent à la demande au jet d’eau ou même avec des casseroles remplis. Je suis trempé par moment mais ça fait du bien. Je crains presque d’attraper froid au bidon tellement mont maillot a été rincé à un moment.

 

Résigné

Enfin la rue principale, il reste 4-5km. Km38, un ravito avec de la bière (Alcoholfrei). Pour que vive la légende, je prends un verre … Beurk, chaude comme de la pisse, ça m’apprendra à vouloir faire le kéké. Plus que 4km, je regarde pour la première fois depuis 2 heures mon chrono pour un calcul vite fait. Je me suis résigné à faire au mieux 3h45 depuis quasi 15km et là je vois que mes estimations sont plutôt dans les clous avec à cet instant environ 3h20 de course.

Il faut donc que je cours sous les 6:00, c’est faisable mais il ne faudra plus que je m’arrête. La descente se prolonge et ça aide bien. Je dépasse la fin de peloton du 10km et m’accroche de temps en temps à un naufragé de mon acabit. Au loin, un maillot des courses de Brumath, à côté de chez moi, je reconnais Jérémy, il marche, épuisé.

 

Piètre chrono

Encore un dernier faux-plat montant, que c’est dur, plus qu’un kilomètre. La foule se densifie, je reconnais la bifurcation semi/marathon mais cette fois-ci c’est à droite toute. Ça redescend, au loin l’arche, le chrono, la ligne, ouf … Je n’en peux plus, je titube, j’ai juste envie de me jeter dans un coin mais ce n’est visiblement pas l’endroit. On me passe la médaille autour du coup et je cherche aussitôt un coin où m’avachir.

Dans le hall, l’énorme ravito final, je me prends direct une bière fraîche (on est bien en Allemagne) et m’assieds sur un bout de banc entre deux coureurs. La tête baissée, je vais mettre un long moment à reprendre mon souffle et mes esprits. Je regarde finalement ma montre qui indique 3h42, un piètre chrono comparé à mes attentes mais je suis allé au bout du bout. J’ai rarement autant souffert, du moins pas récemment.

 

Laetitia

Mes pensées vont vers Laetitia à présent mais pas avant d’avoir repris un verre. Elle a sûrement aussi souffert de la chaleur, j’espère que ça va aller. Entre temps je croise Thomas qui voulait faire 3h15 ou moins et qui doit se contenter de 3h34 avec le même constat amer sur un parcours et une météo difficiles. Les mines des marathoniens qui rentrent dans le ravito en disent long sur la souffrance endurée. Je recroise Jérémy au bord des larmes, Nicolas blanc comme un linge, une vraie cour des miracles.

Je sors, je scrute les arrivants et finalement entend une voix bien connue, Laetitia. Je la serre dans les bras, quel soulagement, ça ne va pas bien, elle a souffert jusqu’à vouloir abandonner à 1km de l’arrivée. La pauvre, je culpabilise un peu de l’embarquer dans ce type de boucherie. Elle aura mis 4h16, le sub4 était clairement hors de portée aujourd’hui.

 

Quelques panachés/bières plus tard, une fois douché/changé, on se retrouve tous autour d’une table et du repas d’après-course offert. Même conclusion pour tout le monde : l’enfer. Que des contre-perf’ même pour les semi-marathoniens. Aucun regret même si je ne pense pas me relancer sur un marathon sur route de sitôt … On verra 😉

 

   

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