Récit de la course : Marathon du Lac d'Annecy 2023, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Marathon du Lac d'Annecy

Date : 16/4/2023

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

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Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

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Passer sous 3h20

Me voilà de retour sur marathon. J’en ai même fait un objectif principal pour cette année avec la volonté de battre mon record personnel qui, à ce jour, se situe un peu au-dessus de 3h24.

 

-4 minutes sur marathon

Le défi prendra place à Annecy pour son marathon du lac connu pour être plutôt plat (spoiler alert: mouais) et c’est surtout un déplacement organisé par mon club qui remplira un bus de près de 80 runners alsaciens impatients de goûter le bitume haut-savoyard.

Mon espoir de performer ce début d’année sur la distance reine des bitumeux a germé chez moi à partir de la fin d’année dernière quand, à Illkirch, de façon totalement impromptue, j’ai battu mon PR sur semi de presque 2 minutes. Dans mon esprit cathésien, ou plutôt simpliste, j’ai fait une bête règle de proportionnalité : -2 minutes sur semi = -4 minutes sur marathon. Bah ouais, pourquoi pas !

 

Point de mire 3h20

Début d‘année, avant de commencer mon plan d’entraînement, j’ai fait un petit test, un truc à la con dont j’ai le secret, le genre de chose qui a le don d’exaspérer mon entourage. En effet, profitant d’une belle journée de RTT, je me suis organisé un marathon tout seul et … sur une piste d’athlétisme de 400m (on s’amuse comme on peut). 105 tours plus tard, avec un chrono plutôt satisfaisant de 3h29, je décide de valider mon prochain plan d’entraînement avec donc comme point de mire les 3h20.

Au programme : 10 semaines, 33 séances spécifiques avec VMA, frac, EF, etc … Le tout saupoudré de 2 trails et 1 semi sans bien sûr oublier les sorties longues avec de l’allure spécifique fixée à 4:40. Mais aussi des conditions météo alsaciennes hivernales puis printanières pas toujours évidentes. Il aura fallu me faire violence plus d’une fois pour chausser les baskets et aller patauger dans la gadoue durant cette période.

 

Déprime généralisée

16 avril, c’est la date de l’épreuve, on part la veille avec une énorme bus double étages chargé à bloc. On s’est levé tôt pour arriver début d’après-midi à Annecy et retirer les dossards dans l’après-midi. La météo est exécrable, une pluie ininterrompue tombe sur la région depuis plusieurs jours et l’énorme pelouse où se trouve le village marathon est devenu une gigantesque mare de boue que les canards commencent à s’approprier. On nous promet une accalmie pour le lendemain mais là c’est la déprime généralisée. On est trempée, on a froid et il n’y a guère qu’une Guiness dans un pub local qui pourra me réconforter à minima.

Encore une nuit courte, malgré une extinction des feux bien avant les 22H. Le lever à 5h30 chatouille un peu pour un départ à 8h30. Le fait d’être un groupe aussi nombreux rallonge forcément certaines étapes mais c’est le prix à payer pour vivre une telle expérience avec son club.

Je ne me sens pas très en forme, j’enfile un petit pain en l’absence de ma traditionnelle banane. Avec le burger/frites de la veille arrosé de 2 pintes de bières, j’ai encore de quoi tenir et démarrer confortablement mon marathon. Je m’équipe en court malgré les températures frisquettes annoncées mais c’est comme ça que je suis le plus à l‘aise. On arrive une bonne heure en avance dans le centre d’Annecy et c’est plutôt confortable pour juste déposer les sacs en consigne. Il y a toujours autant de boue mais il ne pleut plus et il y a même quelques éclaircies … Ouf !

 

Sas B

On est réparti en sas, je suis avec les 3h-3h30, le sas B. Devant moi il y encore les sub 3h et les élites. J’appréhende un peu le parcours sur piste cyclable qui de part sa faible largeur risque de rendre les placements ou dépassements compliqués. Cependant, le départ se fera sur la route avec donc plus de place. J’espère que la meute aura le temps de s’étirer avant d’entamer la piste.

J’ai mis un vieux pull que j’abandonnerai avant le départ, ça caille quand-même pas mal. Beaucoup se sont confectionnés une tenue avec des sacs poubelles, l’univers du marathon est vraiment un monde à part. Un dernier encouragement à Laetitia qui est aussi du voyage avec un objectif de sub 4h. Je m’inquiète un peu pour elle, je ne voudrais pas qu’elle souffre comme c’était le cas à Paris. J’espère qu’elle va bien gérer son affaire.

Dans le sas, je me regroupe avec les amis dont seront sur la version duo en relais. Nous sommes tous très excités et le show du speaker n’arrange rien à notre fébrilité. Il est temps que ça parte … Les élites sont lâchées, on avance un peu avant de nous libérer à notre tour pour le traditionnel slalom de début de course. On dépasse, on se fait dépasser, on évite le mobilier urbain, on monte et on descend les trottoirs, on évite les flaques d’eau…

 

Moyenne cible de 4:40

Les 2-3 premiers km sont un peu chaotiques, j’ai du mal à installer mon allure dans ce bordel où l’on nous balade dans un parc de la ville. Je suis quand-même dans la moyenne cible de 4:40 donc tout va bien même si je n’ai pas de super sensations. Je ne m’inquiète pas, ça m’arrive de temps en temps sur certaines courses et souvent ça se termine malgré tout bien. Pourvu que ça dure !

On arrive sur la piste cyclable, celle qui longe le lac et que l’on va manifestement emprunter tout au long de la course avec un demi-tour au niveau du semi. Pas très glam’ tout ça mais on a quand-même vue sur le lac dont la surface est décorée du reflet de l’immense montagne enneigée qui domine la ville. Contrairement à mes craintes, ça circule plutôt bien et on a toute la place qu’il faut pour avancer sereinement.

 

De la Flotte

Km5, ravito, de la flotte, je zappe. J’ai juste une compote dans la poche et compte sur les ravitos pour faire le plein de glycogène. J’ai prévu un premier arrêt aux stands km10. Des ravitos sont annoncés tous les 5km, je ne suis pas inquiet. Jusqu’ici tout va bien, encore heureux !

Km10, ravito, toujours pas de variante niveau boisson. Bon, je me rince le gosier et embarque une poignée de raisins secs pour une petit apport sucré. Là, je commence à m’inquiéter quand-même. Un marathon à la flotte, ça sent l’hypoglycémie à plein nez. J’ai connu ça déjà plus d’une fois sur la distance et c’est vraiment l’enfer. Je me rassure en pensant aux bouteilles de Coca que j’avais repérées sur les ravitos du retour et j’ai donc le légitime espoir d’en trouver peut-être aussi sur les prochains stands.

 

Pas si plat

Je me commence à faire marcher la machine à calculer : « plus » que 30km, bientôt un tiers, plus que 7km avant le demi-tour, … Tout pour juguler une lassitude qui commence déjà à s’installer. Physiquement tout va à peu près. Le souffle, les jambes, la moyenne, tout est OK mais ça sera encore long, très long.

Ce n’est finalement pas si plat que çà. Je vais un peu plus vite dans les descentes et ne force pas dans les montées. Je surprends par moment mon cardio à 164bpm et décide d’être un peu plus attentif à cette variable, on n’est pas encore à la moitié et ce n’est certainement pas le moment de monter dans les tours.

 

Re-flotte

Km17, on passe dans un tunnel, la partie fun du jour. Oui, il m’en faut peu mais le parcours est plutôt monotone. Bientôt le semi et le retour, ça va faire du bien au mental surtout que j’espère croiser ma runneuse préférée, j’espère que ça va bien pour elle. J’attends aussi le ravito de mi-course car au km15 c’était la même chanson qu’au km5 : flotte et re-flotte.

La vache, ça monte, ça monte bien et même pendant pas mal de temps. Je ne force pas mais mon 4:39 de moyenne se transforme très vite en 4:40. On bascule sur une descente et voilà déjà le ravito du km20 : bordel de m…, Il est où le Coke ? Je me reprends une fournée de raisins secs en espérant que mon estomac ne m’en voudra pas trop. Je perds encore un peu de temps en mastication et marche forcée avant de reprendre la descente à un bon rythme, aux alentours de 4:25.

 

Premiers signes de fatigue

On passe le semi où les relais du marathon duo attendent leur binôme. Grosse ambiance, il y a du monde et je reconnais quelques têtes alsaciennes. Dans le ciel, un ULM vole avec des oies, le moment insolite et poétique du jour. Mais arrêtons de rêvasser, il reste du taf à accomplir et pas des moindres.

Après cette petite boucle à sens unique, on retombe sur la piste cyclable où je croise à présent mes poursuivants mais en regardant les dossards avec l’indication du sas de départ je m’aperçois que le sas D, celui de Laetitia, est probablement déjà passé : déception. Je croiserai cependant de nombreux rimois (Le nom de mes acolytes du WE) pour enchaîner des « check » boosteurs à leur passage.

Là je déroule bien et j’arrive au km25 assez rapidement. Au ravito, je ne me fais plus d’illusion et zappe l’endroit. Ma moyenne est toujours de 4:40 mais les premiers signes de fatigue se manifestent notamment par un essoufflement parfois excessif dans les parties montantes. J’ai encore ma compote et décide de la sacrifier au ravito du km30, mon prochain objectif.

 

Je dépasse pas mal de monde

Je remarque que j’ai un décalage sur ma montre de quasi 200m en ma défaveur par rapport aux panneaux kilométriques de la course. Ça veut dire que j’aurai à peu près 1 minute de plus à courir. Ce n’est pas grand-chose mais si mon objectif devait devenir compliqué à atteindre, la fatigue se faisant, ça pourrait avoir son importance. Pour l’instant je suis dans les temps avec même 2-3 minutes de gras mais il reste un tiers de course (Je me suis remis à faire des calculs).

Km30, je maintiens un rythme légèrement plus rapide que l’objectif mais ça devient dur. Je profite du ravito pour boire (de l’eau, youpi) et prendre ma précieuse compote en marchant. Mon cardio a fait une pointe à 176bpm, ce petit moment de répit est donc le bienvenu. Il reste 12km mais je sais déjà qu’ils vont être sensiblement plus longs que les 12 premiers (euphémisme).

Je dépasse pas mal de monde, la fatigue est quasi généralisée dans les petits pelotons qui m'entourent. Je profite aussi de quelques coureurs pour emboîter une allure qui va m’aider à atteindre mon graal du jour. Les quelques descentes sont une bénédiction mais le moindre faux-plat montant m’oblige à batailler pour ne pas dilapider ces précieuses secondes engrangées 30km durant.

 

La calculette

Km34, je n’arrive plus à courir à 4:40 mais ma moyenne résiste grâce à mon petit capital d’avance. Km35, je prends de l’eau au ravito, je ne sais pas pourquoi mais je crois que c’est surtout pour faire quelques mètres marchés. Mes jambes me font mal et mon souffle est de plus en plus court.

Km37.195, il reste donc 5km et je rassemble ce qu’il me reste de lucidité pour remettre en route la calculette. Il me reste 26 minutes pour arriver sous 3h20. Avec les prochains kilos sous 5:00, c’est dans la poche. Pour l’instant, je cours aux alentours de 4:50, je continue donc d’engraisser ma cagnotte de précieuses secondes mais est-ce que je ne suis pas aux portes d’une dégringolade de plus grande ampleur ?

 

Que c’est long

On retrouve la ville, ça sent la fin même si ça va être long pour celui qui compte et décompte les secondes. Km38, Km39, on entre dans un parc pour nous en faire ressortir après une boucle, on sent clairement qu’ils ont eu du mal à trouver les derniers km pour arriver au compte des 42.195. Il y a beaucoup de monde et les encouragements font clairement du bien. Je fais la gueule comme toujours quand je suis à bout car effectivement, je n’en peux plus mais hors de question de lâcher, je suis trop proche de la réussite escomptée.

Il me reste 12 minutes environ pour 2km, je fais des approximations et j’espère que les approximations d’ordre satellitaire ne me soient pas trop défavorables. Je cours aux alentours de 5:00, que c’est long, que c’est long (la redite est volontaire là). Cette fin de parcours est un enfer. Une ligne droite le long de la route, interminable et au bout ... un demi-tour, c’est abusé ces rallonges à 2 balles !

 

YES !!!

Km41.195, il me reste 6 minutes, c’est largement faisable (en théorie). J’ai croisé les plus rapides du club dans cette allée en double sens, ils doivent avoir environ 5 minutes d’avance sur moi. Cette dernière ligne droite est incroyablement longue mais où est l’arrivée ? Une arche bleue là devant … Non, ce n’est pas ça, il faut continuer, encore courir.  

Je vois enfin la vraie arche d’arrivée, le chrono officiel dessus, c’est bon ! Je vois des amis, ils me font un signe du pouce, ils connaissent mon objectif et ça va être pari gagné. Le speaker annonce l’arrivée d’un alsacien, c’est moi, je sers les poings de rage, j’ai tout donné, je vais le faire, je jette mes dernières forces pour enfin franchir la ligne en 3:19:08. YES !!!

 

A bout de force mais heureux

Ago vient d’arriver de son semi en duo, il me félicite et je profite de son épaule pour me maintenir debout, je suis à bout de force mais heureux. Heureux de ce pari gagné, heureux de ma gestion malgré une alimentation quasi nulle et heureux d’avoir ciblé juste dans ma prépa.

Une médaille autour du coup je peux enfin boire ce Coca tant souhaité. Il faut que je m’assoie, mes jambes sont en compote et je ne me sens pas super bien. Je reprends petit à petit mes esprits et pense à Miss Sub4. Si tout va bien elle devrait débarquer dans 30 minutes. Je suis trop impatient de tout savoir de son aventure et décide de remonter la course à sa rencontre.

 

Laetitia

Je la retrouve au km39, tout comme Vincent qui a quelques longueurs d’avance et qui est en chasse du meneur d’allure des 4h pas loin devant. Ils ont tous les deux le visage bien marqué, dans le dur, je sais ce que sont ces derniers km. Je trottine avec Laetitia et ensemble on espère encore ce fameux Sub4 qui finalement sera loupé de 4 petites minutes. Un petit rien qui entachera nullement sa performance sur ce 2ème marathon où elle améliorera son chrono de pas loin de 30 minutes. Fier !

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