Récit de la course : La Course du Coeur 2023, par augustin

L'auteur : augustin

La course : La Course du Coeur

Date : 22/3/2023

Lieu : Paris (Paris)

Affichage : 405 vues

Distance : 130km

Objectif : Se dépenser

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Course du Coeur 2023

Récit de la Course du Cœur 2023

Cela a beau être mon 78ème récit sur Kikourou, c’est sûrement l’un des plus difficiles qu’il m’ait été donné d’écrire.

En effet, comment résumer 4 jours & 4 nuits dédiés à la cause du don d’organes et de tissus en quelques lignes ? Cela va bien au-delà de l’aspect sportif tant l’émotion véhiculée par cette cause et le témoignage des personnes greffées remet les choses à leur place.

Cette manifestation organisée par l’association Trans-forme propose donc une course symbolique, en relais, entre Paris et Bourg Saint Maurice / Les Arcs (837 km cette année) via 200 communes traversées.

Le principe est que chaque équipe inscrite aligne 14 coureurs/euses via 3 camions et que tout ce petit monde se relaie jour et nuit pour assurer le passage du témoin. Cette année 19 équipes étaient au départ, la plupart émanant de grandes entreprises françaises ou administrations.

Force est de constater que malheureusement le rayonnement médiatique de cette épreuve est encore limité, car finalement quand on en parle autour de soi peu de personnes connaissent l’existence de cette épreuve.

L’épreuve est encadrée par environ 150 bénévoles, tous plus gentils les uns que les autres 😊 et toute cette caravane, tout au long de ce périple, assure l’encadrement, la sécurité routière et médicale, l’animation, la sensibilisation et l’organisation. Pas une mince affaire !

C’est une course qui en est à sa 36ème édition, et mon employeur y participe depuis 20 éditions. J’avais donc entendu parler de cette belle aventure, ai postulé en automne dernier et ai eu la chance d’être sélectionné pour l’édition 2023.

Dès lors, l’important est de créer une cohésion entre tous les membres de cette tribu (ça fait un peu secte vu comme cela !) et il faut s’assurer que l’équipe sera homogène le jour J, intégrant la fatigue musculaire, le manque de sommeil, la promiscuité et la cohabitation en camionnette 😊

Il y aura donc 3 courses au programme (semi-marathon de Cernay La Ville en janvier, Urban Trail d’Issy Les Moulineaux en février et semi-marathon de Rambouillet en mars) et surtout un WE de cohésion au milieu de tout ça afin de souder l’équipe.

Le mercredi 22 mars donc nous nous retrouvons pour commencer au siège de l’entreprise pour gérer la logistique : répartir les affaires dans chaque camion, sticker les véhicules, vérifier le matos et les tenues. Puis direction Boulogne-Billancourt pour une séance VIP avec notre parrain et rebelote séance photos dans un cadre canon, c’est le siège historique de l’entreprise et peu de gens ont eu la chance d’y passer, alors profitons-en !

 

Direction les choses sérieuses pour le prologue dans le bois de Boulogne, ambiance détendue, séances photos et tout le tralala, je ferai même le prologue en papotant avec le mr communication de mon entreprise, en mode cool (cette partie est neutralisée en timing). Prologue lancé par Philippe Candeloro et Marie Drucker en guest stars 😊

Dans la foulée la véritable course commence, mais déjà l’organisation (aux petits oignons !) s’installe, chaque camion allant au point de rdv fixé dans le roadbook.

Ma première course sera une étape de 15 km en Vélizy et Villiers Le Bâcle, par équipe de 3. Et là le kiff, on prend la tête de la course dès le début, escortés par les motos ouvreuses de la Garde Républicaine, et sécurisés derrière nous par la voiture de nos capitaines de l’équipe. Surréaliste, et tellement grisant ! le principe est qu’à chaque étape départ/arrivée il y a une popote, laissant le temps de reprendre des forces et de discuter avec les autres concurrents.

S’ensuivront d’autres étapes, le principe étant que pour éviter la monotonie de relais solo, la course comporte un certain nombre d’étapes spécifiques (à 2, à 3, en vélo, etc…) bref les thèmes sont privilégiés afin de pouvoir surprendre 😊

Courte nuit à l’hôtel près de Fontainebleau, il ne faut pas négliger les temps de trajet entre les points d’étapes (départ / arrivée), du coup les nuits à l’hôtel seront réduites à leur portion congrue. En même temps on était prévenus, mes potes l’ayant déjà courue plusieurs années avant avaient le même son de cloche : la principale difficulté de la CDC, c’est la gestion du manque de sommeil !!!   

Le 2ème jour nous amène en Seine et Marne dans le joli village de Bourron-Marlotte, pour une étape à 3 d’un peu plus de 18 km, en mode cool et en profitant des paysages canons traversés.

S’ensuivra une course de nuit, plus exigeante celle-là : un peu plus de 22 km, vallonnés (427m de D+), départ 0h30 (bonjour le choc quand tu n’as pas dormi depuis une éternité !), et sous la pluie bien sûr…en individuel. Je retrouve mes acolytes de la SNCF et de Dassault, on ne se quittera pas beaucoup tout au long de ces 4 jours au final.

Arrivée dans un château en Bourgogne (2h du matin !), trempé, gelé, je discute rapidos avec le châtelain qui nous accueille dans l’entrée de son logis, puis il est déjà temps de passer le témoin à ma collègue qui courra l’étape suivante

Run and bike depuis la Nièvre, départ en début d’après-midi du lac des Settons avec mon binôme Jacky, mais vu les écarts de taille entre nous deux nous allons utiliser son vtt, tandis que la plupart des concurrents arborent des vélos de route. Il fait beau cette fois, profitons-en ! Départ en sens inverse du classement général, nous partons donc 3ème avant la fin, chaque minute. De grands moments de rigolade et de complicité, Jacky et moi étant en mode « warriors », on attaque la remontada en allant croquer chaque concurrent nous précédant. A ce jeu-là, on aura remonté 9 équipes ! avec le soutien de nos capitaines en plus, une belle expérience pendant laquelle on s’est tous bien éclatés.

Enfin une nuit complète à l’hôtel, Auxerre de mémoire, pas volée ! passage chez les kinés

Le lendemain (25 mars), mon épreuve run (11k) + bike (16k) devient run tout court car route dangereuse non sécurisable par les Gendarmes ☹ c’est balo, moi qui me réjouissais de pouvoir utiliser mon vélo de route !!! Nous allons nous placer à l’arrivée de l’étape dite « la déguisée », étape cool pendant laquelle chacun et chacune laisse libre cours à ses idées +/- farfelues en termes de tenue vestimentaire, le résultat est top en tout cas, dans une ambiance au top.

Le chrono tourne, il faut après cela se rendre au point de départ de l’étape suivante, et là on se rend rapidement compte que le chrono tourne et qu’il va falloir bombarder. Manifestement, le directeur de course dans sa voiture se fait la même réflexion, et là le convoi (les motos de la garde républicaine, la voiture du directeur de course, nous et l’ambulance de Jussieu) se met à changer de braquet, allant même jusqu’à allumer le bi-ton et adopter des allures inavouables, pleine balle en descente. Une expérience unique !

Une fois sur place, rapide briefing puis départ donné, pile quand la pluie se met de la partie ☹

L’ambiance est cool dans ce peloton, on part du barrage de Cize-Bolozon (Jura) pour rallier Chancia. C’est mine de rien la 34ème étape du road-book complet. Le début sera assez atypique d’ailleurs, cela part tout doucement, une rumeur dans le pack veut que des greffés soient parmi nous au début et que le début sera neutralisé, bon au final rien de tout ça, mais Florian mon acolyte de la sncf souhaite un tempo cool en EF vu que les organismes sont assez meurtris il faut aussi se l’avouer ! bref ça papote, le peloton est content car il reste au contact et n’est pas distancé dès le début, nous sommes surpris de nous faire remercier des gars qui nous déclarent « c’est cool de rester avec nous, d’habitude on vous perd de vue ! ». Progressivement quand même l’allure augmente gentiment, un gars du labo BMS, ultra-traileur de son état, prend la poudre d’escampette et restera devant tout seul. Nous on continue de papoter avec Florian (SNCF) et Mathieu (Dassault) en refaisant le monde, aidés par un collègue de Florian qui est à vélo. Solidarité oblige, on partage l’eau et les demandes spécifiques si elles existent. Progressivement les concurrents des autres teams lèvent le pied et nous laissent partir, on aura passé un bon moment de partage en tout cas, que l’on gardera jusqu’à la ligne d’arrivée que nous passerons main dans la main tous les trois ensembles, comme il se doit !

 

Au programme ce soir, un marathon volant dans le sens de la montée de la montagne, puis une redescente tous ensemble (l’équipage de mon camion). On arrive au PK 21 en avance, les bénévoles sont en train d’installer la popote. Nous devisons donc avec eux pour les aider à installer le ravito, soupe, croutons, liquide car la température a bien chuté et nous sommes désormais en Savoie. Un bon moment de partage là encore, en discutant je me rends compte qu’une bénévole, préposée à la popote habite en fait dans le village voisin du mien en Seine et Marne 😊. Nous nous en rendons compte tout en préparant les croutons pour la soupe à la nuit tombante, comme quoi la magie de la course du cœur opère à tous les instants ! Un peu après 21h nous pouvons enfin nous élancer, le principe d’un « marathon volant » étant que les 4 coureur(e)s se relaient toutes les quelques centaines de mètres, à fond, en se passant le témoin. Le camion roule donc avec la porte latérale arrière toujours ouverte (ça caille !), et c’est parti mon kiki ! le chauffeur, hyper vigilant, doit veiller à la bonne tenue de cet exercice et aussi à ses rétroviseurs, au cas où un véhicule de l’organisation ou un autre équipage vienne à nous doubler. Les départs sont échelonnés bien entendu, afin d’éviter toute cacophonie inévitable ! c’est un bon exercice de fractionné, l’équivalent de 30/30 à bloc, puis on saute dans le camion et comme aux chaises musicales on change de place à chaque fois qu’un relayeur passe le témoin à un autre et ne réintègre le camion.

Il fait donc nuit, froid, mais cela galvanise et rend l’équipe plus forte et plus soudée ! Peu importe l’allure ou le classement, chacun vient chercher quelque chose qui est bien au-dessus de ça.

Une arrivée à l’hôtel à Annecy bien tard, il est presque minuit, juste le temps de se précipiter au restaurant pour grapiller un diner (on a donc fait une croix sur les kinés, c’était l’un ou l’autre !) puis une courte nuit avant de partir à l’aube pour la suite des réjouissances. Infernal, quand le réveil sonne on a l’impression qu’on s’est endormis quelques minutes avant ! Bien sûr, pas de petit-déj, ce sera donc pour le départ d’une prochaine étape.   

En ce 26 mars matin, rebelote avec au programme un autre marathon volant (en montée) sous le déluge : pluie, vent, grêle, froid et début de neige, puis descente de la montagne tous ensemble. Il est à peine 7h du matin, nous sommes à Notre Dame du Pré (Savoie) et on remet le couvert ! Par chance, je devais normalement conduire le camion mais notre chef de camion, légèrement blessé (ou voulant me faire plaisir ? sûrement un peu des deux je pense…) m’a proposé de le remplacer. Encore un bel exemple de solidarité, tout le groupe serre les dents dans la montée (quasiment 800m de D+ mine de rien) avant d’attaquer la redescente qui met à mal nos quadriceps. Mais quel état de grâce ! Nous continuons notre remontada en encourageant comme il se doit chaque groupe dépassé et finirons à Aime-La Plagne sous le déluge, après un peu plus de 20km. Je fais immédiatement demi-tour sous l’œil surpris des bénévoles signaleurs pour aller rechercher les concurrents et néanmoins amis des groupes doublés. Quand bien même je suis transi de froid, je ne me pose même pas la question, cela s’est imposé à moi comme une évidence.

Une fois revenu sur eux, je papote avec eux et les accompagne jusqu’à l’arrivée. C’est exactement ça la CDC, la cause transcende, quand bien même la météo nous met à rude épreuve, le cerveau déconnecte et se concentre sur la cause qui est bien au-delà de ça.

A l’occasion si vous avez l’occasion de pouvoir rencontrer une personne greffée ou écouter le témoignage qui l’a été, je vous invite à le faire car c’est une expérience assez bouleversante.

En cette fin de matinée du 26 mars on sent l’arrivée proche, l’avant-dernière étape nous amène à Bourg St Maurice (photo obligatoire sous le panneau à l’entrée de la ville !) via une petite étape de 5km, rebelote sous une pluie battante et un froid mordant. A l’arrivée juste devant l’église de Bourg St Maurice, le car podium a bien du mal à attirer les foules au vu de la météo très défavorable, on se restaure avec du bon Beaufort et surtout du café pour (tenter de) réchauffer les organismes. Direction la grande halle de BSM, celle-là je la reconnais car c’était la base vie dans laquelle j’ai rejoins mon épouse lors de sa TDS en août dernier. Là, à voir les vestes et gants de la Gendarmerie notamment qui s’égouttent et toutes les fringues partout qui ruissellent, on est loin de l’ambiance UTMB estivale !!!

Malheureusement, l’organisation nous annonce l’annulation de la dernière étape, la « fameuse » montée aux Arcs pendant laquelle chaque équipier d’entreprise (donc 14) court 1km de la montée, car la neige est tombée fortement et a rendu la chaussée impraticable ☹

Nous monterons donc jusqu’aux Arcs avec les camions, ou presque car à mi-chemin c’est tempête de neige, on chaîne les camions et on avance au pas au milieu d’un paysage surréaliste (mais bon, fin mars en montagne c’est moins improbable !) en tout cas, ceux de l’équipe ayant couru l’édition de l’année précédente -sous un grand soleil- n’avaient pas rencontré de pareilles conditions !!!

Le finish se fera donc pour les 200 derniers mètres à l’endroit traditionnel, mais sous un froid de canard, avec du vent, et chaque équipe accueille sous une haie d’honneur, en finissant par l’équipe des greffés car ceux-là sont vraiment incroyables et forcent l’admiration !

C’est le coup de sifflet final, ça y est la course du cœur tant entendue est désormais une chose faite, et quelle expérience ! c’est bien au-delà du sport, c’est une véritable leçon de vie que nous offrent les greffés, la course à pied n’étant que cette passion commune qui nous a tous réunis pendant 4 jours et 4 nuits.

Beaucoup d’étreintes et de nerfs qui lâchent, on peut libre cours aux émotions et les larmes vues sur les vidéos des années précédentes s’invitent naturellement dans le décor. Il est vraiment difficile de coucher sur le papier ce que représente cette course, tant l’émotion qui se dégage est forte. Si jamais vous avez un jour l’opportunité de pouvoir prendre part à cette expérience, en tant que coureur ou bénévole, foncez !

En ce qui me concerne je dirai aussi que c’est une course dont on ne ressort pas indemne, car on prend en pleine figure le fait d’être tellement privilégiés par rapport à celles et ceux qui ont vécu de près ou de loin une greffe. Quelle leçon de vie les greffés nous administrent !

Le don d’organes, que l’on soit pour ou contre, est une chose encore très méconnue en France et finalement peu de personnes ont partagé avec leur entourage proche leur position sur ce sujet, or il est important de le faire ! Que ce soit lors d’interventions en milieu scolaire (ça chamboule, les questions des enfants sont tellement naturelles et spontanées) que dans nos entourages pros et persos, on se rend vite compte de la sous-médiatisation de ce véritable enjeu.

Quand on entend les membres de l’équipe du CHU de Rouen, service néphrologie, qui expliquent qu’en France il y a encore trop de refus de dons de la part de familles qui tout simplement n’osent pas, et par la même privent des candidats à la greffe d’un sésame qui peut les sauver, on ne peut rester passifs !

En conclusion, c’est une expérience non seulement unique mais aussi génératrice de beaucoup d’espoirs sur ce qui reste à faire. Au-delà de la fatigue des organismes, avec une accumulation de km et une dette de sommeil qui croit très vite (ne pas sous-estimer !), je retiendrai les sourires et encouragements des bénévoles & commissaires de course, des kinés au bord de la route, jamais avares de fanfare et autres démonstrations d’encouragements. On a pu voir durant ce périple ce que la société sait proposer de beau, l’engagement des élus et des villages traversés, la solidarité entre tous au-delà d’une quelconque notion de concurrence et tellement d’autres choses !

La Course du Cœur, c’est bien au-delà d’une course sportive, c’est plutôt un ascenseur émotionnel !!!

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