Récit de la course : Ventoux Beaumes de Venise 2006, par christianboronad

L'auteur : christianboronad

La course : Ventoux Beaumes de Venise

Date : 3/6/2006

Lieu : Beaumes De Venise (Vaucluse)

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Distance : 102km

Objectif : Pas d'objectif

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Un Ventoux particulièrement dur

Pour beaucoup, grimper le Ventoux est déja une fin en soi, un objectif, mais alors une cyclo avec le Ventoux à l'intèrieur c'est encore plus compliqué à gérer. Pour ma part cette année, je me présente sur le "petit" parcours de 102 km de la Ventoux Beaumes de Venise qui présente tout de même 2300 m de dénivelée, sans aucune prétention autre que de réaliser une bonne préparation avant l'été et ses grosses chaleurs, et ce de plus dans un cadre superbe. Il y a aussi, un parcours de 170 km qui propose de le grimper à deux reprise, et puis, cette année un nouveau parcours "découverte" de 75 km.

Je suis acompagné de Patrick qui ne connait pas le Géant de Provence et qui vient m'accompagner en préparation pour l'Ironman d'Embrun ainsi que de Thierry inscrit sur le 170 km avec comme objectif 6h ! soit une demi-heure de moins que son chrono de l'annèe dernière, un sacré challenge.

Sur la route menant à Beaumes de Venise, l'inquiètude grandit : le mistral souffle assez fort en plaine au niveau d'Avignon, et la température n'est pas très élevée. Le Ventoux est connu pour être balayé par des bourrasques de vent terribles notamment sur son sommet qui je le rappelle culmine à presque 2000 m et je ne parle pas du froid qu'il y régne. Je crains donc de rencontrer de grosses difficultée en montée, mais aussi dans la descente "infernale" vers Malaucène. Heureusement, nous sommes un peu rassurés, lorsque à Beaumes de Venise, nous descendons de la voiture, le site étant abrité, et la température assez clémente : ce sera du court, cuissard, maillot et manchettes. Certains portent un coupe-vent, vraisemblablement une bonne idée mais je n'en ai pas.

A notre arrivée (un peu à la bourre), le sas de départ étant quasiment rempli, nous nous plaçons comme prévu en queue de peloton. Thierry est déja positionné, prèt à bondir, déja dans un autre monde. Patrick, qui n'a jamais fait de cyclosportives est émerveillé tout aussi bien par les superbes machines rutilantes qui nous entourent que par quelques vieux clous rouillés encore équipés de changements de vitesse au cadre. Moi je me méfie de ces vétérans qui ne payent pas de mine avec leur vélo acier qui grince car je sais que certains d'entre aux arriveront bien avant moi!

L'ambiance est bonne enfant, pas de stress au départ de cette cyclo, seuls les premiers partent "à bloc", car la grande majorité sait qu'un départ trop rapide peut réduire à néant toute espoir de terminer. MEt voila, le départ est donné, nous voici largués d'entrée à cause d'un petit problème de compteur, et il nous faut déja speeder pour rattraper un premier peloton et rentrer dans la course; je n'aime pas ça, d'ailleurs dès le départ, les sensations ne sont pas très bonnes, j'ai le souffle court et les jambes qui coincent dès que j'assaie d'accélérer. Je redoute la montée du Ventoux et je fais part de mes sensations à Patrick lui proposant de ne pas m'attendre si je traine, mais non il m'encourage et me dit de patienter "ça va passer". Peu à peu nous remontons quelques coureurs isolés plus lents, puis nous rencontrons cinq Hollandais qui ont un bon rhytme pour des "derniers". Les Hollandais sont incroyables à vélo car ils font preuve d'un sens civique inconnu en France : par exemple en pleine course ils s'arrètent aux feux rouges ou alors ils signalent tous les dangers au groupe, ils disent aussi "bonjou" et "meeci" même s'ils ne comprennent pas les encouragements qu'on leur lance. Mais mon admiration pour ce peuple s'arrète la ! car leur passion pour la bière nuance un peu mon jugement.

Le vent n'est pas très fort mais nous l'avons de coté et il est difficile de s'abriter, nous essayons de ne pas nous cramer avant le début de la montée à Bedouin, en attendant le spectacle est déja très agréable, la campagne environnante ainsi que les propriétés que nous traversons sont vraiment magnifiques. Patrick qui revient de Corse, trouve que c'est au moins aussi joli, c'est peu dire!

Nous sortons de Bedouin et la voila la montée tant redoutée : j'enclenche le chrono pour connaitre le temps d'ascention (2 heures 5 environ en montant tranquille en 2005). Dès le départ c'est dur dur, je ne souffle pas trop mais j'ai mal aux jambes, signe que ce n'est pas un grand jour, d'ailleurs je suis obligé de mettre le 25 dents d'entrée et encore, je cherche plus à gauche mais il n'y a plus rien! Je ne double pas "facile" comme l'an dernier. Patrick s'échappe inexorablement sans pouvoir se retourner (tant mieux car je dois faire une drôle de tête).

La montée est dure mais surtout que c'est long ! Heureusement que la route, un véritable billard, est protégée du vent et traversant une belle forêt de sapins un peu ombragée. Peu de conversations fusent, juste quelques mots, de plus en plus rares, le souffle devient plus court et les cardios bip-bipent déja. Je suis toujours étonné de voir des gars qui s'exténuent à grimper avec des dentures de pro (type 39 x 23) ou mieux adaptés pour du plat (moi j'ai un 36 x 25), et de plus équipés de superbes roues ... aéros, hors sujet ici ! Pour ma part j'ai tellement les jambes lourdes que même avec un vtt j'avancerais pareil, mais au moins je moulinerai! J'alterne danseuse et selle ce qui me permet quand même de me faire plaisir mais sans toutefois dépasser les 10 km/h de moyenne, il me semble qu'au même endroit l'an dernier j'étais à 12 sans forcer...

Je m'arme de patience et.. ca passe. Un second souffle arrive me permettant d'arriver au Chalet Reynard en assez bon état. Le ravitaillement est bienvenu, au programme ananas confit (sensas) et sandwitch à la mortadelle ou fromage très apprécié! Il reste encore 5 ou 6 kilométres d'ascention mais ce ne sont pas les plus durs (dans l'asolu), je m'élance donc sans attendre. Mais c'est sans compter avec le vent : en effet sur les crêtes pelées du Ventoux plus rien ne nous protège et un violent vent de face vient ralentir notre progression dans certains virages, il faut serrer les dents!

J'arrive quand même à tenir un certain rhytme bien que je dois l'avouer j'ai eu quelques passages à vide. A cette allure vous pouvez croiser voire dépasser difficilement des... "mémés" qui grimpent à 90-100 t/min droites comme des "I" sur des vélos tous chemins avec gardes boues et portes bagages. Incroyable, que font-elles ici ? Je les encourage vivement, trouvant leur performance bien supèrieure à la mienne, armé d'un Cann...... à 9 kg !

Et puis, dernier virage, les photographes sont la, on esquisse un demi-sourire crispé, et la voila l'arrivée au sommet au bout de 2 heures 12, toujours aussi merveilleuse, avec un panorama de montagnes superbes, et très bien enneigées. Je cois même reconnaitre au loin la barre des Ecrins mais c'est peut-être une allucination! Patrick est déja là depuis une dizaine de minutes, il m'attend, tel un cerbère bienveillant, pour faire la descente avec un plastique trouvé au ravito pour se protéger la poitrine. Il a pour sa part récupéré un fond de casier de pèches, ça lui donne un air d'un CRS près a rrêter une manifestation ! Je le remercie d'avoir trouvé cette bonne idée. En effet le froid est glacial et nous saisit dès les premiers hectomètres de descente (vertigineuse).

Nous "plongeons" vers Malaucène, dans une folle descente ou des records (stupides je l'avoue) de vitesse seront battus pour moi 78 km/h. Maus je suis quand même loin des records enregistrés à plus de 100. Je mouline dès que possible car je me refroidis, des frissons font tremblotter le guidon du vélo, ca pourrait devenir dangereux. Rapidement, nous nous rencontrons des températures plus clémentes et des pentes moins rudes avec moins de vent aussi. L'arrivée à Malaucène est agréable, il y a un ravito, et on ne souffre pas de l'étouffante chaleur des années précédentes, la reprise en sera facilitée.

Le reste du parcours (environ 40 km) est très beau aussi, très pittoresque, vallonné, et c'est dur moralement de se retrouver par moments à 14 km/h après la griserie de la descente. Nous en profitons pour bien nous alimenter car les difficultés ne sont pas terminées, deux cols nous attendent.

Le Col de Veaux, sans grosse dificulté passe bien, nous remontons même quelques coureurs isolés. Une petite crampe sous la cuisse droite fait son apparition mais rien de grave, je tape un peu dessus, mouline plus et ca passe. Les routes sont belles dans l'ensemble et nous avons sur le retour le vent dans le dos. Patrick et moi essayons de prendre des relais avec comme "jeu" de se détacher de quelques "suceurs de roues". Patrick s'envole, mais moi non je reste un peu "tanqué", jouant le rôle d'une véritable mére canne suivie de ses cannetons fidèles.

Dans le col de la Chaine 12 km avant l'arrivée on s'échappe enfin, lorsque un groupe de fusées nous dépassent à vive allure, avec une voiture suiveuse, c'est le groupe de tête du 170 qui vient de passer (déjà !) c'est vraiment un autre monde, il ya certainement des futurs pros dans le peloton. Aiguillonnés, nous accèlérons et passons le col sans gros souci et nous payons le luxe de terminer "à bloc" dans la descente vers l'arrivée. Patrick en à certainement encore sous la savate mais il me laisse passer denvant...sympa.

Thierry ne sera pas beaucoup attendu car il arrive dans les 70 premiers, au bout de 6 heures 15 environ. Pour nous ce fut une belle rando, sans préoccupation chronométrique mais qu'il a fallu gérer. Merci à Patrick de m'avoir attendu à chaque col ou sommet car sans lui j'aurai peut-etre abandonné dans le 30 premiers kilomètres. Le chrono dit que nous avons mis 5h40, mais moi j'ai 5h15 au compteur, mais qu'importe le chrono pourvu qu'on ait l'ivresse.

L'organisation est à féliciter, aucune grosse faute, ravitos bien garnis, gens sympas, et une bouteille de Beaumes de Venise en cadeau, ça change des sempiternels bidons ou manchettes à 2 balles. Le paysage est toujours aussi beau. On a déja envie de recommencer, c'est bon signe!

Pour info, ci-dessous le profil du parcours long de 170 km :

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