L'auteur : marmotte_parano
La course : La Transjurassienne 76
Date : 14/2/2010
Lieu : Lamoura (Jura)
Affichage : 2336 vues
Distance : 76km
Objectif : Pas d'objectif
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Transjurassienne 2010
L’objectif d’une saison. Une course de rêve. Un mois et demi de ski (décembre et janvier) pour la préparer à raison de 5 ou 6 sorties par semaine. Un enneigement exceptionnel. Une première fois pour moi. Sur le papier, c’est sûr, je vais la bouffer cette édition !
La semaine précédant l’événement, une fatigue s’est installée et je suis limite malade. J’arrive à contenir les microbes et je me sens plutôt bien samedi quand je vais à Ferney-Voltaire pour dormir à l’hôtel avec mes parents et ma belle.
14 février 2010. 5h30. On se lève, je m’habille avant de monter dans la voiture. C’est mon père qui conduit. Je peux donc manger tranquillement mon gateau-sport avec un peu de thé. Il neige. Il y a un peu de circulation, on prend du retard et on arrive tout juste une heure avant le départ.
Comme d’habitude, tout s’enchaine rapidement. Je me retrouve à embrasser mes parents et ma copine avant d’entrer sur le stade, en première ligne avec le numéro 434. Il y a déjà beaucoup de monde sur cette ligne.
Le départ est donné. Objectifs : se faire plaisir et terminer dans les 200 premiers.
Poussée simultanée pendant des centaines de mètres. Ne pas tomber. Pas prendre de risque, pas s’exploser. La piste se sépare en 2, un skieur ne le voit pas et se vautre devant moi, entrainant avec lui un autre skieur. J’évite le tas de skis et de bâtons.
Je trouve rapidement mon rythme. Avec aux pieds mes toutes nouvelles chaussures (ma paire actuelle ayant de décider de me lâcher une semaine avant la course après 5 ans de bons et loyaux services), je me sens un peu bizarre mais ce sont à la fois les appuis, légèrement différents et le monde qui a autour de moi.
Les premières montées écrèment un peu. Entre Prémanon et Bois d’Amont, je skie avec les deux premières femmes. Je me dis que je vais essayer de les tenir. Je suis dans un groupe qui va bien. Je fais des efforts pour ne pas jouer, pour ne pas prendre la tête du groupe et accélérer. Les sensations sont bonnes. Aux Rousses, je prends un verre de thé. En repartant, je plante mon bâton entre les jambes et je m’affale. « Ah fait ch… ! » Je repars, je réajuste mon porte-gourde et me rends compte que j’ai perdu ma gourde dans l’affaire. Déjà un orga me l’apporte. « Nickel, merci ».
La montée de l’Opticien. J’ai le cœur qui vibre au son des cloches. C’est magique ! Je suis toujours avec les 2 premières femmes, le groupe a un peu ralenti. Je décroche et je double pour aller rejoindre le groupe devant.
Bois d’Amont. Arrêt au ravitaillement. Petit thé, petite collation. C’est reparti. Mais j’ai perdu les deux groupes qui ont filé. Une légère bise remonte la vallée. Je place bien mes skis et je reviens tout doucement sur le groupe, qui lui, s’effiloche.
Passage à Pré Rodet : 247ème. Je suis dans mes objectifs, même si je commence à avoir très mal dans la main. On a marché sur mon bâton et la dragonne s’est déréglée…
Je double la deuxième femme dans la remontée sur Bois d’Amont. Je commence à me sentir tout brumeux, mais les jambes sont encore là.
Je fais L’ERREUR de ma course. A Bois d’Amont, au km37, je ne m’arrête pas au ravitaillement, alors que j’aurais dû diagnostiquer un début d’hypo et ce juste avant la Montée du Risoux.
Qu’importent les signes avant-coureurs, je me lance dans cette ascension avec l’impression que je vais bien. Le public me félicite pour mon rythme. Puis c’est le drame. Mes forces, mes jambes, mes bras me lâchent petit à petit.
« Quand est ce qu’on arrive en haut de cette p…. de montée ?! » « Il est où le ravito ? » Je maudis mon père qui m’a dit que c’était comme la montée du Monolithe à Sardières. Ça n’en finit plus. Je me fais doubler.
Les Ministres. Enfin ! Je me pose devant le ravitaillement et j’attaque les pâtes de fruit. Je les prends par poignées entières et les enfourne dans ma bouche. Je bois du thé et de la boisson énergétique chaude pour faire descendre. Oooh des petits biscuits ! Et là des abricots. Je mange, je mange. Ma jauge de sucre a du mal à remonter. Je pense fort à David qui avait eu la même chose au Marathon de Bessans, l’an passé. Des dizaines de skieurs passent. Je ne peux pas repartir. Je sais que ça vaut le coup de prendre le temps de bien se ravitailler. Je continue de manger. J’ai dû manger la moitié des pâtes de fruit avant de repartir. Ça va déjà mieux.
La descente sur Bellefontaine est magique mais très froide. Je perds mes doigts. Ma glisse est exceptionnelle. Je double les autres participants juste à la glisse. Ça fait plaisir ! Mais je sens le froid m’envahir.
A Bellefontaine (place : 353), mes parents et Emilie sont là. Ça fait chaud au cœur, je leur fais signe que ça va pas fort et je continue. J’ai les doigts glacés. Malgré tout ce que j’ai mangé, je ne me sens pas bien avec l’esprit embrumé.
Mais les autres participants ne sont pas forcément dans un meilleur état que moi, car j’en double.
Une petite bosse devant moi avec encore une fois, un public chaleureux et nombreux. Je ne sais pas encore que cette bosse, je vais m’y arrêter une bonne demi-douzaine de minutes. Pourtant, elle a l’air bénin comme ça. Et pourtant, elle va signer le début du calvaire pour moi. Elle va ajouter à non-forme, à la douleur dans la main qui s’est étendue dans le bras gauche et les doigts gelés, un autre désagrément : les crampes.
Je suis arrêté net ! Les deux cuisses se sont contractées subitement. Je me pousse sur le bord. Je ne sais pas quoi faire. Je tiens à peine debout. Un spectateur me propose son aide. « Qu’est ce que je peux faire ? – Je sais pas ! J’ai des crampes aux deux cuisses. – Vous voulez que je vous masse ? – Je sais pas. » Il me frotte vigoureusement les cuisses. Ça fait du bien. Je ne peux pas encore partir. Il faut attendre un peu. J’en profite pour boire à ma gourde (qui a gelé). J’entends une clameur dans le public quand je repars. Ça fait chaud au cœur. La Transju pour ça est exceptionnelle.
J’ai perdu tout espoir de remplir mes objectifs en termes de place et même celui de se faire plaisir me semble hors de portée. Quand je passe à Chapelle-des-Bois, où mes parents et Emilie sont là pour m’encourager, j’en ai marre. Ce goût d’amertume restera pour le reste de la course et même après encore. Je m’arrête au ravito encore un bon moment, histoire de boire 6 verres de thé chaud…
Il fait toujours aussi froid, j’ai toujours l’impression de skier en automatique l’esprit dans les nuages. Je ne peux plus faire de pas de montée car à chaque fois, je sens les crampes toutes proches.
Le décompte des kilomètres est la seule chose qui me motive. J’essaye de me raccrocher à l’idée de passer sous les 4h30. Des dossards deuxième ligne me doublent mais même aussi des dossards en 5000 qui ont dû partir bien après (j’appris plus tard qu’il s’agissait en fait des 54km…)
« Quand est ce qu’on arrive ? » J’en peux plus. J’ai envie de m’arrêter mais j’ai froid alors je continue. Les derniers kilomètres n’en finissent plus.
Le dernier kilomètre est là. Ça y est, je reconnais mon père. Et là ma mère ! Emilie doit être dans le coin mais je ne la vois pas. J’en ai fini ? C’est pas trop tôt. 4h32min et 400ème. En soit, c’est pas si mal. Mais je ne supporte pas l’impression d’être passé complètement à côté de la course, être passé à côté d’un événement exceptionnel, de ne pas avoir su en profiter.
Je fais la gueule à l’arrivée pour toutes ces raisons. Ceci dit, je constate quand même que l’organisation est au top !
Je ne desserrerais pas les dents jusqu’à ce que je tombe sur ma sœur, qui a skié pendant 50 bornes sans ses lentilles. Je suis admiratif !
Merci à mes parents et à Emilie pour leurs encouragements ! Bravo à Pauline qui s’en sort plus que bien. Cette édition fut pour moi un cuisant échec. Cela faisait longtemps que je n’étais pas passé autant à côté d’une course avec aussi peu de plaisir. Je vais être obligé de revenir ! Mais il faut surtout que j’en tire des conclusions quant à ma gestion de course.
Vivement la trace du Monolithe, dimanche prochain pour, je l’espère, renouer avec le plaisir !
5 commentaires
Commentaire de Schtroumpfette74 posté le 18-02-2010 à 10:58:00
Allez frérot, on y reviendra à cette Transju ! ça arrive de passer à côté de certaines courses. Je pense que tu es en forme, mais que tu as fait une ptite erreur d'alimentation...
Je te félicite, tu es arrivé au bout, malgré ton hypo et tes crampes !
A dimanche en forme !!!
Commentaire de @lex_38 posté le 18-02-2010 à 12:58:00
En effet, tu as l'air d'avoir un peu subit cette course et de ne pas en avoir profité pleinement!
Avec un peu de recul, ton résultat est quand-même loin d'être mauvais!
Ce n'est que parti remise!
Bonne récup!
Commentaire de Davidou le minou posté le 18-02-2010 à 13:47:00
Ah la la, c'est bien la peine que je vous fasse des manuels de : "Comment ne pas vider le stock aux ravitos à cause d'une hypo" et "Comment éviter d'avoir de bouts de bois à la place des jambes" LOL !!!
Tu m'as bien fait rire d'avoir pensé à moi en t'empiffrant de pates de fruits :-D
En tout cas je pense que t'as une sacré caisse et ton début de course le prouve, sur, en évitant les erreures bêtes que je fais souvent, tu vas tout déchirer l'année prochaine.
Peut-être aussi, plus sérieusement, une autre erreur : celle de ne pas être resté avec les premières féminines, elles ont un excellent niveau et savent gérér leur effort, tu as été un peu présemptueux jeune padawan ;-)
On se voit à la Savoyarde ? (j'espère encore y participer)
Commentaire de yves_cool_runner posté le 18-02-2010 à 14:58:00
Ah la la... Après la sœur, le frère ! Entre l'une qui perd ses lentilles et l'autre qui se plaint de terminer en 4h32'... Quelle famille ! Qu'est-ce que tu veux que l'on te dise d'autre que BRAVO ! Sur mes 20 Transju, j'en ai terminé une en 4h34', alors que toi tu as le potentiel pour moins de 4h00 si la glisse est exceptionnelle comme en 2004. A suivre pour les prochaines années !
Commentaire de maï74 posté le 18-02-2010 à 22:03:00
Dure dure l'hypo à cet endroit de la course... moi c'était à la fin ! Bravo pour ta persévérance, ça rend + fort tout ça...
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