Récit de la course : La Stephen Roche 2005, par jobaco

L'auteur : jobaco

La course : La Stephen Roche

Date : 25/9/2005

Lieu : Cergy (Val-d'Oise)

Affichage : 1535 vues

Distance : 157.7km

Matos : 25 septembre Pierre 172,50 33,46 La Stephen Roche : les 157,7 km en x/x/xx (XXXè à XX min) - 2 crevaisons… Peu Pluie au milieu 5:09:20

Objectif : Pas d'objectif

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stephen_roche_2005.doc

Temps doux (20°C), saucée à mi-parcours (au moins 1/2 heure de grosse flotte) : ça n’arrange pas les choses ! Sinon super parcours (comme d'hab), et course excellemment encadrée : pas un carrefour sans signaleur, des motos en nombre, et des ravitos sympas...

Après quelques Km d’échauffement, Pierre et moi rejoignons le sas de départ, sous le regard d’Aurélie, qui fera le petit parcours, dont le départ est donné plus tard. Dans la bousculade, Pierre est plus malin que moi, et se place au début du sas. Je suis derrière, et le sas est trop compact pour que je puisse avancer… Vers 8 heures 30, la course Elite s’élance. Alors les sas (1-200 ; 200-600 ; 600 et plus) s’entassent. Avec mon dossard 667, je ne suis pas des mieux placés, mais je commence à être rompu aux remontées sauvages ! Sauf que là, ça part à fond la caisse. Comme rarement : le compteur se stabilise à 60 km/h dans les grandes lignes droites qui nous éloignent de Cergy.

Il fait doux, et les manchettes suffisent, d’autant qu’à ce rythme, on est vite en température. Dans la première heure, plus de 42 km seront couverts. Après quelques kilomètres, je rejoins Pierre, mais le peloton est encore très gros. De coups de frein en ronds-points, nous nous perdons à nouveau. Le but du jeu est de coller sans cesse en évitant les cassures. Quand un trou se dessine devant, il faut vite actionner quelques gars pour recoller, sinon ça se creuse trop vite pour pouvoir boucher ensuite, même à plusieurs motivés.
Pierre dans une des premières ascensions
Quand le peloton s’éclaircit un peu, et que les routes tortueuses du Vexin français permettent d’apercevoir la tête, je constate que je suis dans le premier peloton, secoué de quelques attaques qui n’aboutissent pas. Mais au moins 200 types me séparent de la tête. Vu le rythme et la largeur de la route, pas question d’envisager une remontée.

J’aperçois un maillot des Cycles Laurent, porté par le dossard n° 15. Peut-être le fils de l’ancien pro ? Je me dis que de toute façon, c’est la bonne roue, et je m’attache à la suivre. Bien m’en a pris, car il roule bien : remonte au bon moment, sens les bosses arriver, donc je calque ma course sur lui, quand il est à portée de vue.

Ça roule vite, aussi bien dans les montées (je passe rarement le petit, lui préférant le 50*17 ou 19 pour pouvoir renchaîner plus vite au sommet), que dans les descentes (je flirte avec les 80 km/h dans une grande descente en ligne droite, sur trois voies : je pense que le rond-point d’en bas sent encore le brûlé des freinages appuyés).

Kilomètre après kilomètre, le peloton s’éclaircit : par l’avant, puisque nous sommes rejetés dans un deuxième groupe vers la côte de Vienne/Arthies (km 60), mais aussi beaucoup par l’arrière. Les longs faux-plats, les virages, et quelques bordures (même si le vent est assez faible) sont propices aux cassures. La course, moins soumise à la gagne, se calme alors un peu, pour nous. Mais ce n’est que temporaire… Surtout que dans la côte Sainte Geneviève, après l’accalmie où chacun pend soin de boire et de manger, l’averse annoncée commence à tomber. C’était prévu, mais ce n’est pas moins désagréable. La pluie désorganise un peu le peloton. Je perds mes lunettes dans la descente qui suit une longue montée en lacets sur une falaise calcaire (je les avais mises sur mon casque, et en me retournant pour regarder qui suivait, elles ont été emportées par le vent).

Pour moi c’est la grosse galère : sans lunettes sous une pluie battante, qui fouette, j’ai du mal à rester dans les roues tellement ça pique. En plus, la pluie rince les tampons de mon casque et toute la sueur d’une saison me tombe dans les yeux. Dans les descentes, je plisse les yeux à les fermer tellement les gouttes martèlent mon visage. Du coup, je ne perçois plus que des formes devant moi, que je m’efforce de suivre, les patins de freins sur les jantes. Il faut environ 3 fois plus de distance pour s’arrêter dans ces conditions, et quand on ne voit pas l’éventuel obstacle, c’est encore plus difficile…
On s’accroche
Gentiment, les pelotons se scindent, et un groupe d’une trentaine se forme, avec moi dedans. Il y a là quelques costauds, que Laurent, des courageux et moi tentons d’aider. On tourne bien, raisonnablement. Tout le monde suit. L’idée est qu’en s’organisant, on sortira plus vite de cette situation très peu confortable, sous la pluie battante…

À la faveur d’une côte longue et raide, le groupe s’ouvre. J’ai un peu de mal à suivre la dizaine de costauds, mais je parviens quand même à maintenir un écart que je pourrai combler plus tard.

Une descente vertigineuse, difficile à négocier sur le mouillé, nous mène au dernier ravitaillement, au sommet d’un bon coup de cul.

Faut croire que je suis abonné à ce ravito placé en haut d'une côte très pentue, au pied d'une descente vertigineuse (à Omerville, après les deux côtes de Montreuil s/ Epte et de la Chapelle en Vexin) - bref, à 121 km (soit moins de 40 km de l'arrivée) j'entends un petit pchhhhiiiiiit caractéristique... en fait, c'est l'air de ma chambre qui sort par tous les petits trous de mon pneu avant, en faisant des petites bulles - rigolo en d'autres circonstances. Franchement couillon en l'occurrence.
Je sais que le ravito n'est qu'à quelques centaines de mètres : je le connais d'autant mieux que c'est celui où j'avais explosé l'année dernière. Aujourd'hui je suis bien mieux, mais mes pro-light me trahissent (exactement comme à la Laurent Jalabert). Conclusion : arrêt pipi, changement de chambre, prise de poignée de bananes coupées et verre de coca. Je repars tranquille en attendant un groupe.

Le groupe apparaît enfin, je me souviens qu’une descente avec deux bonnes épingles serrées arrive, et je maintiens un écart suffisant pour avoir une route « claire », afin de choisir mes trajectoires : je suis sur le point de me faire reprendre passé le second virage.

J’ai eu une bonne intuition en me ménageant une descente solitaire, car un grand bruit derrière m’apprend qu’un des poursuivants a glissé dans l’épingle, un peu à la Hincapie dans la dernière étape du Tour. Pas de bobo non plus pour lui, mais ça calme le groupe, qui ne me rejoins réellement que dans la montée du golf, juste après.

Mais ce n’est que quelques hectomètres plus loin que l'histoire des pchiittt et des petites bulles reprend…

Là, c'est plus embêtant : je n'avais pris qu’une chambre... Je m'arrête au niveau d'un groupe de signaleurs, me disant que si Pierre est devant et que je ne l'ai pas vu, j'ai gagné un voyage gratuit dans la voiture balai.

Quelques temps plus tard (le temps d'être super pote avec les signaleurs), un groupe passe avec dedans... Pierre mon sauveur !! Il me jette une de ses chambres au passage, et je peux réparer...
Je repars tranquille, un peu désabusé. Couvert de boue et de poussière de freins… Mais les jambes sont là et la pluie a cessé. Autant faire tourner le moteur pour le week-end prochain (le grand prix des Buttes Chaumont, probablement). Je reprends des coureurs isolés, puis avise un mec taillé comme une lame : un rouleur certainement. Je lui propose de collaborer pour reprendre le groupe devant. On s’y met, chacun au boulot. Finalement, on reprend le groupe de devant, puis encore celui après, et après, et encore après…
Un petit groupe fait de bric et de broc se constitue comme ça. Moi, je n’ai plus rien à perdre, je roule. Un des gars me confie qu’il doit être arrivé dans 10 minutes pour le diplôme d’Or dans sa catégorie. On embraye donc. Je crois qu’à la fin, il l’a eu, l’Or (v. classement in fine).
Pierre sur la dernière bosse.

Un petit vent de dos nous rapproche encore plus de l’arrivée. Les côtes sont passées à l’économie, mais la dernière franchement raide, fait casser notre petit groupe. Mon rouleur et moi nous retrouvons avec un autre gars, qui ne paie pas de mine mais qui prend très bien sa part de boulot. Nous rentrons ainsi sur Cergy, à bon rythme. Le rouleur se laisse décrocher, certainement pour profiter de l’arrivée dans l’agglomération, et j’emmène mon collègue jusqu’à la ligne.

Pierre est déjà là, bien sûr, avec Aurélie (qui a évité la pluie) et nous goûtons avec plaisir à des vêtements secs et à un petit déjeuner sur l’herbe, doucement caressés par le soleil qui pointe, enfin, le bout de ses rayons.

En d'autres termes, « faudra revenir avec des pneus moins pas fait pour la pluie... »

Cela étant, malgré la grosse déception, une super matinée



Liens :
le parcours détaillé : http://www.stephenroche.com/LaStephenRoche/itineraire_01.pdf
le détail des bosses : http://www.stephenroche.com/LaStephenRoche/itineraire_02.pdf
les inscrits : http://www.stephenroche.com/LaStephenRoche/veloscope.pdf
le classement : http://www.cyclosport.com/IMG/xls/classement_scratch_1_.xls
les photos : http://www.maindruphoto.com/


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