L'auteur : Mame
La course : Eco Trail du Chateau de Brancion - 35 km
Date : 4/10/2009
Lieu : Martailly Les Brancion (Saône-et-Loire)
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Distance : 35km
Objectif : Pas d'objectif
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J’arrive à Martailly, juste à temps pour assister au départ du 50 km : ils ne sont pas nombreux les courageux, une petite trentaine tout au plus… Dans la fraicheur matinale, les voilà partis sur un chemin à travers les vignes. Bon, il faudrait peut être que je m’active, le départ est pour bientôt. Même pas moyen d’envoyer un coup de fil à la maison pour confirmer mon arrivée à Brancion : aucune couverture réseau…Le soleil est bien présent, j’opte pour le court, je bourre chaque poche du sac de gels, de pastilles de fructose, de pâte d’amande, de pâte de banane, j’ai de quoi ouvrir une confiserie. Je parts trottiner mais le speaker nous invite bientôt à nous présenter sur la ligne de départ : pas trop nombreux non plus les candidats du 35 !!! pfff, les dégonflés, la nouvelle a du se répandre que je serai présent ( chacun sa méthode pour se motiver, moi c’est l’hyper suggestion…) Bon, cela part tranquillement à travers le village, je me cale en 7 ou 8 éme position afin d’aborder les premiers dénivelés qui éparpillent le peloton… Calmos, ne pas s’enflammer, je m’étais promis de gérer… Les premiers km s’égrénent tranquillou : je me retrouve avec 2 coureurs, la conversation s’engage, l’un est en prépa de la Saintélyon, l’autre vise le prochain marathon de New-York. Moi, j’apprends seulement à courir… Sympa, ce début de course ensoleillée…les sujets de discussion s’accumulent en même temps que les km : écologie, primes incitatives à la présence scolaire, proprioception, et patati et patata… des vraies piplettes… La première partie du parcours est assez bosselée offrant des points de vue superbes sur le haut tournugeois , le Saintélyoniste nous distancent dans les grimpettes, en dedans mais toujours le même rythme : j’ai encore beaucoup de boulot et du poids à perdre pour gérer les dénivelés de cette manière… Je me réconforte en engloutissant ma première pâte d’amande… Le marathonien avoue des lacunes en descente : pour une fois que je peux me sentir un peu plus balaise en ce domaine (encore l’hyper suggestion…) Bref, petits changements de rythme et le trio se recompose en vue du premier ravito sous les halles de Brancion au pied du pittoresque château moyenâgeux : accueil sympa, coca, emmental, pruneau et tuc… « l’hypoglycémie ne passera pas par moi, l’hypoglycémie ne passera pas par moi… »… Dans la descente qui suit, le coca se dégazifie rapidement, j’ai une bonne soupape de sécurité…Déjà 15 Km, sur une partie technique, le marathonien bute dans une souche est se croute juste devant moi sans même avoir le temps de mettre les mains ; heureusement, grâce à l’ABS, je parviens à lui éviter un piétinement de style bisonesque ; je m’inquiète de son état, ouf, plus de peur que de mal, nous repartons…A la longue, le trio s’est un peu désorganisé, chacun prenant le rythme qui lui convient : la solitude œuvrant, je m’installe dans ma bulle, n’oubliant pas d’ingurgiter une pâte de banane, une sporténine des fois que…
Je dépasse quelques concurrents du 50 Km, l’occasion de quelques mots d’encouragement… respect, ce sport m’apporte de plus en plus de satisfactions ; même les bonjours échangés avec les nombreux bénévoles postés sur le parcours ont une valeur particulière : moi et l’effort, eux et l’attente, un regard, un sourire…
Vers le 22éme km, j’aborde la difficulté majeure du jour : le mont St Romain. La pente s’accroit rapidement à travers bois, je me surprend à m’aider des branches : « ah, j’aurai dû piquer les bâtons d’un concurrent du 50 rattrapé au pied de la pente… Bah, heureusement que c’est sec, s’il avait plu, cela aurait pu devenir le Viet Nam, ici… » J’en bave mais finalement, j’apprécie ce type d’effort particulier , la moyenne horaire un peu moins. Je rattrape un coureur, penché en train de cracher ses poumons : le sommet n’est plus bien loin mais plus de 2km sur une rampe bien prononcée, mes mollets se contractent dangereusement… pfffffff, voilà enfin le dessus ; en plus, l’organisateur a eu la riche idée d’y placer le 2éme ravito sur un superbe belvédère : des concurrents du 50 y effectuent une pause bien méritée, la charmante bénévole nous parlent fièrement de sa région : le paysage est superbe, je me promets de revenir randonner dans le coin avec la famille. fromage, orange, emmental, tuc et évidemment Coca… Je ne m’attarde pas histoire d’éviter un potentiel dégazage en public… Les mollets sont durcis, celà sent le pâté : vite une sporténine, vite un arbre afin d’effectuer quelques étirements salvateurs : un couple de randonneurs d’un âge certain me surprennent au détour du sentier, appuyé contre mon arbre, râlant contre mes maudits mollets ; devant leurs yeux écarquillés, je ne trouve pas mieux de leur bafouiller (finissant le dernier Tuc) : « non, non ,je ne lui veux aucun mal à cet arbre… » Et je repars tranquillou.
Un peu plus loin sur le plateau, je suis rejoint par mon ex-compagnon le marathonien : nous nous racontons nos petits malheurs : lui, une épine dans le pieds, moi , mes mollets… « bon, je pars devant, tu me rejoindras dans la descente ». J’émets quelques doutes sur cette capacité : la descente sur un chemin forestier est douce et je suis loin de l’allure de croisière d’un routier … Les mollets tiennent le coup : « je voudrai remercier mon tube de sporténine, mon arbre sans lequel… »
A partir du 30ème km, la course à pied devient de plus en plus difficile : dire que j’ai longtemps hésité sur une inscription au 50 km !!! Bon, le parcours devient moins accidenté mais il m’arrive de marcher dans certains faux-plats… Je dois apprendre à gérer la distance… J’ai parfois l’impression d’être à la dérive mais bon, j’avance encore. J’ai plus l’esprit majorette que l’esprit warrior : à part « tiens, il me reste encore une pâte d’amande ! », je ne trouve plus d’inspiration pour alimenter mon hyper-suggestion… Je traverse un terrain de foot fantôme au milieu de nulle part : tiens donc ? Il devrait y avoir encore une civilisation dans le coin !!! Cela fait bien longtemps que je n’ai croisé personne.
Sur un plateau, le parcours longe une piste d’un tout petit aérodrome : en bout de piste, un avion fait ronfler son moteur : je me surprends à l’insulter mentalement… Ce bruit m’agresse littéralement mais a au moins le mérite de provoquer une réaction dans ma torpeur de fin de parcours : je ne suis pas complètement cuit alors ? Une descente assez raide dans la forêt…à la lisière, j’aperçois le château de Brancion fièrement juché sur la butte d’en face : aussi heureux qu’un croisé en vue de Jérusalem, je me lance à l’assaut du dernier raidard… Les dernières ruelles pavées et l’arche d’arrivée : 3H42 me dit le monsieur au micro… Le trio est un moment reconstitué autour d’une franche poignée de mains : « alors ces mollets ? » « bin, tiens, je vais les jeter … »
Un petit tour au ravito et j’entame les 2 km de descente pour rejoindre le parking du départ : esprit écotrail, un petit moment de réflexion avant de s’engouffrer dans nos véhicules…
Un repas nous attend sur le lieu de départ sous une tente : crudités, bœuf bourguignon, tarte et vin de pays… moment sympa entre coureurs du 15 et 35 (et le premier arrivant du 50 !!!) avec échange d’impression et beaucoup de commentaires sur la fameuse ascension du mont Saint-Romain…
1 commentaire
Commentaire de yves_cool_runner posté le 13-12-2009 à 11:12:00
Ah ben, ça alors... Un trail sur mes terres bourguignonnes d'origine et je ne le connaissais pas ! Merci pour ce récit et bravo pour ta course. J'y serai l'année prochaine, ça fera une super prépa pour la Saintélyon. Le coin est superbe et depuis mon enfance, je vais régulièrement en "pélerinage" à Brancion visiter et revisiter le château et le village. Les kikoureurs pourraient faire leur la devise des seigneurs de Brancion : "Au plus fort de la mêlée" !
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