L'auteur : Vince38
La course : La Montagn'Hard - 115 km
Date : 4/7/2009
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
Affichage : 3374 vues
Distance : 115km
Objectif : Objectif majeur
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On arrive à Saint Nicolas avec mon Papa vers 16h00. Je vais rapidement à la salle communale pour retirer mon dossard et déjà il faut monter une bonne vingtaine de marche…Il y a un peu la queue mais en ½ heure c’est réglé. L’ambiance est très décontractée. Olivier Tribondeau l’organisateur, est au milieu de tout ça, au four et au moulin pour régler tous les détails et imprévus. Malgré ça je le sens plutôt serein, il ne laisse pas transparaître son stress.
L’après-midi se déroule tranquillement au gré des rencontres avec les UFOs arborant fièrement le logo de rattachement, par une casquette, un tee shirt, un énorme stick sur la voiture, ou les 3 en même temps.
L’endroit est très propice au repos d’avant course. Ici ou là les coureurs ont installé leur tente sur une pelouse disponible, sous les arbres, et font la sieste, bouquinent.
On installe finalement le camping car sur le dernier parking après le centre du village (la route qui traverse Saint Nicolas de Véroce est une voie sans issue).
Le monde étant toujours très petit, on rencontre Guillaume qui va dormir (sommeiller est plus à propos) dans sa Twingo : en fait on est quasiment voisin à Villard de Lans.
Ma seule référence étant 2 Grand Duc terminés, c’est ma première grosse course de plus de 100 km, sans parler du dénivelé…Ma préparation a été je pense plutôt bonne, en tout cas j’ai confiance : au départ de la course je cumule environ 85000 m de d+, en marche essentiellement, un peu en ski de rando et de fond, un peu en vélo quand je voulais récupérer après les week-end chargés. J’ai un cumul d’effort de 207h37’ depuis le début de l’année. Pour comparer, l’année dernière j’ai réalisé 44000 m de d+ pour 228h…
Ce qui m’angoisse plus c’est forcément ce que je n’ai pas encore fait : la gestion de l’alimentation, ainsi que la nuit, et enfin et pas des moindres, mon mental. Même si j’ai fait des entraînements rigoureux, cumulés pour engendrer de la fatigue et une adaptation, je ne sais pas comment je vais réagir en cas de gros coup de mou en pleine nuit…Pour gérer ça c’est simple, je ne me mets pas la pression. En fait je me suis donner comme « objectifs annoncés » de finir (si mauvais temps), puis 26-28h (si la météo est bonne). Par contre en rapport avec mes doutes, ça reste des objectifs souples, car je veux garder le plaisir à l’esprit, et le fait que je suis là pour apprendre : la Montagn’Hard est mon premier objectif de l’année, le deuxième étant l’UTMB…
Pour être encore plus précis sur les chiffres, mes simulations de temps de passages, sont calculés avec un rythme de montée moyen sur toute la course de 600 m + / heure et le double en descente.
Je sais que je vais partir un peu plus vite mais seulement entre 11 et 12m/min à ma montre, soit environ 650 et 750 m/h. je voudrais finir au plus bas à 9-10 m/min. Ces prévisions me donnent un temps au total, sans tenir compte des plat et faux plats de 25-26 h pauses ravitaillement incluses.
C’est pour ça que je pousse mon chrono à 28h00 pour compenser.
Le réveil est calé à 3h00 : un peu juste pour être à 3h45 au briefing… j’ai été quasiment le dernier à biper ma puce électronique. Sauf que du coup je me suis retrouvé sur la première ligne !...
Très bon briefing d’Olivier ; un hommage est rendu aux victimes du trail du Mercantour.
4h10, sans tambour ni trompette, juste un « ben on a pas de pistolet alors… aller c’est parti ! » et la « course » est lancée. 30m de plat pour rejoindre le 1er chemin raide à gauche en face de la chapelle (magnifique) et on démarre cette journée sous un ciel tout étoilé et une température idéale. Je prends mon rythme. Et même si c’est déjà bien raide sur les 50 m, il y en a un qui me passe en courrant !... Cette 1ère montée permet de se chauffer gentiment, 370 m de d+. La descente qui suit est roulante, et certains allongent bien. Mon rythme de 1200 m/h est très lent, et je me fais doubler tout du long : pour dire je double seulement 2 gars qui marchent. Tous les autres allongent allongent… comme s’ils partaient pour un trail de 20 ou 30 km. Sauf que là on va dans la montagne ; et les descentes sont pour moi un facteur très important à gérer car je ne suis pas très rapide. J’arrive à être souple et économe longtemps mais pas rapide. Et je pense que ça colle plus avec le Montagn’Hard. Mon père me compte environ dans les 180ème au Hameau des plans dans la descente.
Arrivé en bas on traverse le pont des trombières, faux plat de 800m pour se mettre en configuration montée avec les bâtons qu’on peut désormais utiliser. Là on entre un peu dans la Montag’Hard : 800 m d+ à faire. Je dis « on entre » car ok 800 m c’est pas rien mais pour l’instant le chemin est souple, au frais sous les arbres, les cuisses sont bonnes, il y a du monde pour discuter. Ce n’est pas le cas tout le long. Ça passe vite finalement et arrivé à La Cha, on bascule dans la 2ème descente pour 600 m d-. Très roulante mais à mon rythme presque personne ne me double. En bas 1er ravitaillement Les Toilles. 1er bipage en course de la puce : j’ai opté pour le suivi par SMS pour ma femme qui n’est pas à la maison ce WE, sans internet. Donc à chaque contrôle où je bipe la puce, elle reçoit un SMS avec le nom du lieu du contrôle, mon temps de passage, mon classement provisoire, mon temps de passage estimé au prochain contrôle : autant dire que c’est le top ! Ces renseignements sont également reportés sur le site geofp pour un suivi par internet pour ma Maman !... même s’il y a des approximations, tout mon entourage est rassuré, et du coup ma femme transfère ces SMS à mon père qui peux prévoir où me retrouver ou savoir si j’abandonne.
Pour mon alimentation j’ai décidé de faire confiance à Ergysport de Nutergia. Ces produits vendus sur l’ultraboutique du site Ultrafondus ont été présentés dans le détail par Anthony sur le forum. Comme ils sont partenaires d’Olivier sur la course, il y en aura sur tous les ravitaillements. J’ai bien compris comment m’en servir sauf que je n’ai pas eu le temps de tester à l’entraînement. Mais j’ai confiance, et puis j’ai prévu un plan B en emmenant des barres de céréales, des fruits secs, du gâteau de semoule maison dans des boîtes pour basculer en mode eau + ravitaillement solide. C’est-à-dire ce que j’ai fais lors de tous mes entraînements.
Et justement 10’ après avoir recharger ma poche à eau aux Toilles, je ressens comme un coup de moins bien à l’estomac. Sur le coup je me suis dis que le dosage n’a pas été respecté mais en fait j’en sais rien. C’est un petit coup de fringale alors je pioche dans ma réserve de barres et je continue sur mon rythme. Par contre en parallèle ma fréquence cardiaque passe de 130/135 bpm à plutôt 140/145 bpm voire 150. Comme lors d’un coup de chaud. Mais les jambes vont normalement donc je garde mon rythme.
Cette 2ème grimpée (va falloir du vocabulaire et des synonymes parce qu’il y en a un paquet) de 800 m d+également nous mène au Prarion. Le soleil est maintenant bien sorti et je sens un peu la chaleur. En prenant de la hauteur le panorama se révèle superbe. Je double certains coureurs-marcheurs assis en train de se reposer et de contempler. Qu’ils en profitent car ça ne va pas durer.
Dans la descente de près de 700 m qui suit, je rattrape mes 1er UFOs de la journée Sam et Gilbert. Franchement impossible de rater Sam avec son mètre 90 ou 95 et sa saharienne ! On papotte presque jusqu’à Bionnassay. Je dis presque car Sam (qui est parti pour faire 35-36 h), déroule tellement que je ne le suis pas et Gilbert non plus d’ailleurs, donc on le laisse partir. J’arrive à Bionnassay donc, où mon père m’attend. Je remplis juste la poche pour 1.5l et je repars. Pour les Toilles et Bionnassay, je ne m’arrête pas plus de 3’.
Je démarre la montée vers le col de Tricot pour 830 m d+. La chaleur est bien là et j’ai du mal à tenir mon rythme de 11 m/min. J’arrive à allonger la foulée sur les plats voir à trottiner mais c’est juste. Je n’ai pas mal aux jambes mais mon estomac est toujours un peu ballonné, et ma FC toujours au-delà de 135 bpm. Lorsqu’on rejoint la morraine du Glacier de Bionnassay, on descend pour rejoindre la passerelle qui permet de traverser le torrent. Je repense à ceux qui ont fait le reconnaissance du parcours en juin et qui n’avaient pas la passerelle !... il y a du bouillon ! Bref petit bouchon, des photos pour certains qui n’ont pas peur au milieu du pont, environ 4-5 minutes pour passer et je reprends la montée. J’ai l’impression que ce passage a entamé du monde. Je rattrape pas loin d’une dizaine de coureurs sur le haut du col alors que j’ai moi-même du mal à tenir mon 10 m/min ça donne du pep’s. Malgré le paysage, j’attaque sans m’arrêter la descente sur les Chalets de Miage. Je pense que je mets quelques 30 min pour les 560 m environ. Elle n’est pas longue, mais tourne pas mal au début (pour qui ne coupe pas… hein Eric !), et puis assez caillouteuse ; donc c’est dur de garder un pas souple comme je l’aime. Là déjà on est un peu plus dans la Montagn’Hard !
Ravitaillement très bucolique comme le dirait Olivier au milieu des chalets sur un pâturage suspendu et au pied de montagnes vertigineuses.
Petit plat à signaler pour rejoindre la bossette de moins de 200 m vers les chalets du Truc. Je suis toujours sur mes 10-11 m/min, sans douleurs mais sans vraiment ressentir la patate non plus.
Là je rejoins mon 3ème UFO, DidierP, tout seul pour 540 m d-. Lui aussi est parti pour 35-36h. Avant qu’il me lâche dans la descente de la côte du Plane, on tire tout droit en suivant le chemin logique malgré le balisage redondant alors qu’il fallait aller à droite. Heureusement un couple de randonneurs arrêtés 15m plus bas nous redirige ! J’appelle 2 gars derrière nous qui font la même chose. Là on est en plein dans la Montagn’Hard ! Faut savoir où tu vas et bien chercher la rubalise sinon… Mais sur ce coup c’est surtout parce qu’on discutait, les 2 autres derrière je suis sûr que c’est pareil.
Une fois largué par tous ces gars, je rejoins gentiment la Frasse où mon père est de retour ; il est monter en VTT depuis les Contamines. Il s’assure que je vais bien et que je n’ai besoin de rien, et me laisse pour la montée vers le glacier d’Armancette 700 m +. 3 copains ont prévu de m’accompagner sur cette boucle qui nous fais revenir vers les Conta. Je rejoins Yan qui m’attend un peu plus haut. Il ne s’en doute peut-être pas, mais sa présence me dope le moral. Il s’accroche un peu puis capitule pour retourner à la Frasse et descendre la voiture aux Contamines. Je le retrouverais là-bas. Mes 2 autres collègues Greg et Vincent sont bien plus hauts au niveau de la traversée du Nant d’Armancette ; ils ont voulus prendre de l’avance… Vincent a à peine le temps de prendre ses affaires pour me suivre, et Greg m’emboîte le pas. Le chemin ne dénivelle pas beaucoup (je dirais qu’il n’est pas rentable), donc il faut allonger allonger. Je n’ose même pas regarder mon alti pour voir la vitesse de montée mais bon je me dis que c’est pour tout le monde pareil. C’est là que la pluie nous arrive dessus ; après quelques grondements de tonnerre les grosses gouttes sont sur nous. Je décide de ne pas mettre la veste car je suis déjà mouillé, et qu’il ne fais pas froid. En plus je pense que ce n’est que passager. Du coup je double tout ceux qui enfilent la leur.
On finit par atteindre le point du chemin ; dommage que tous les alentours soient bouchés par les nuages. Le début de la descente sur les Contamines (830 m env d-) est roulant, par contre après c’est un vrai chemin de rando avec des pierres, des marches, des virages ; la Montagn’Hard quoi, on est en plein dedans ! Le petit kilomètre de route pour rejoindre le ravitaillement est fastidieux mais bon faut bien traverser la vallée à un endroit !
Je retrouve mon père avec mes 3 copains. Comme d’habitude depuis ce matin je remplis ma poche avec la boisson énergétique et je bois un bol de bouillon : un délice ! Je file vers le camping car pour essayer de manger mais ça ne descend pas, donc je ne force surtout pas. 10-15’ au total et je repars le long du torrent en alternant marche et course mais sans forcer car là m’attend LE morceau de la journée : le Mont Joly pour 1450 m d+. Je rejoins le chemin emprunté en VTT lors de notre reco de juin aux Merciers. Je mets le MP3 et je marche à la sensation. L’alti me donne toujours pareil 10-11 m/min, parfois légèrement moins. L’orage revient avec la pluie : je me doute que la course va être neutralisée pour ceux qui sont au niveau de la crête. Le temps que j’arrive, l’orage s’est décalé et tout le monde est reparti. Je m’octroie une pause au Mottey. Je mange du gâteau de semoule qui descend super bien. J’absorbe pour la 1ère fois quelque chose d’autre que de l’Ergysport. Mais la fin est dure ! C’est raide, avec des marches à n’en pus finir. Plusieurs gars s’assoient sur les dalles,…pour contempler ?... Je sens un tout petit début de crampe à chacune des cuisses, mais j’arrive à les gérer sans trop ralentir et aller jusqu’en haut. Je mets à peu près le temps prévu pour monter, soit environ 2h25 (1h38 pour le meilleur temps…). Je pose mes fesses 1 minute en haut pour regarder le panorama : il reste encore beaucoup de nuage mais le gros du mauvais temps semble passé.
Je me lance dans la descente ; ou plutôt je me retiens dans la descente ! Après une portion sur la crête, on bascule versant Est pile au-dessus de Notre Dame de la Gorge. 1350 m d- sur un sentier de « glaise » en forme de goulotte. Bref une fois les crampons bouchés par la boue, j’essaie de les « rincer » en courant dans l’herbe ; mais je ne suis pas le premier à essayer ! L’herbe est parfois plus glissante ! Une fois arrivé aux Tappes, je remplis la poche oui vous savez, je prends un bol de pâtes et bouillon et je repars immédiatement avec le bol à la main ; je vais tout manger dans la descente vers Notre Dame. Pas très pratique avec les bâtons mais malgré les marches et les portions raides j’y suis arrivé. Il pleut quand j’arrive au camping car. Il y un peu de monde qui encourage et on se dit avec mon père que le ravitaillement serait bien mieux ici ; accessible aux accompagnateurs ce serait plus convivial ! J’y verrais presque une première base-vie.
J’en profite pour changer de tee-shirt, de slip (oui je cours avec un slip en coton et c’est finalement bien mieux comme ça), de chaussures, de chaussettes. Je me nettoie les jambes à la balayette au bassin à côté. J’en profite même pour passer aux wc publics ! Je repars comme neuf après environ 20’. Mon père m’accompagne un bout avec son sac d’une dizaine de kilos (il a ses affaires pour la nuit), puis monte directement à Nant Borrant. Je le retrouve après la montée vers le Chenalettaz (360 m+) que je connais puisque parcourue lors de ma reconnaissance. Je me viande quand même en posant le pied en dévers sur une planche qui permets de passer une zone boueuse, ou plutôt bouseuse… rien de grave, j’en ai juste plein les mains. En haut je trouve la bifurcation vers le 95 km, pas encore ouverte. Donc je n’ai pas le choix, je descends vers Nant Borrant (80m d-) ; je glisse quelques fois à cause de la boue mais je me rattrape bien. Heureusement que j’ai mes bâtons !
A Nant Borrant je retrouve… je retrouve qui ? Mon Papa ! Plus 5-6 coureurs à peu près dans le même rythme. Mais même avec du monde avec moi et des jambes en bonne forme je trouve le temps long pour atteindre les Prés et le pâturage de la Balme (465 m d+). A la bifurcation avec le TMB mon père rejoint le Signal directement. On s’éparpille tous un peu au file du temps, je ne trouve pas de compagnon de chemin ayant le même rythme. J’arrive donc seul à la Balme (80 m d- mais longs). Protocole rituel : je bipe (au moins à ce moment-là je pense à Caro, à ma Maman (lire la Manman)) ; puis la poche (je mets 2l car pas d’autres ravitaillement pendant environ 4h00) avec Ergysport (ce n’est pas de la pub hein c’est de l’information). Je me prépare pour la nuit qui tombe avec mon buff de cycliste, ma frontale. La température est très douce donc je ne mets pas la veste. Je sors pour la deuxième fois seulement mon gobelet Raidlight pour mon deuxième bouillon de pâtes, que je bois tout en marchant.
Je monte donc en direction du Lac Jovet (470 m d+). J’ai un bon rythme à 11 m/min sans forcer. Depuis Notre dame, ma fréquence cardiaque est revenue à la normale soit environ 130 bpm (pour comparer, lors de la reconnaissance avec mon père en juin sur ces sentiers, au 3ème jour « choc » avec 6000m de d+ cumulés sur les 2 premiers jours, j’étais à 120-125 bpm). C’est là que j’ai commencé à vraiment doubler du monde, petit à petit. Sur l’aller-retour au Jovet ça fait 6 personnes. Vu les écarts entre nous c’est pas mal et ça me motive. Je sais depuis Notre Dame de la Gorge que je vais aller au bout, au même rythme qu’au début. J’y ai regardé une dernière fois mon tableau de marche pour enregistrer les dénivelés des dernières montées et descentes. Je vois donc la stratégie prudente du départ qui commence à payer. Mais je continue de me concentrer sur mes sensations pour gérer les difficultés à venir.
Je voulais arriver avant la nuit pour voir le lac Jovet. Raté ! La nuit a gagné. Surtout que j’y ai cru mais en sortant au-dessus de la cascade de la Balme, à la place de voir le lac, il y a tout une moraine à remonter avec une sortie euhh, bien raide ; Montagn’Hard quoi. Donc il fait nuit quand je sors sur le lac Jovet. Le spectacle est magnifique : je vois toutes les frontales autours qui se reflètent dans l’eau. Je manque de me mettre dedans une fois ou 2 ou voulant allonger un peu trop. Le tour n’est pas roulant mais alors pas du tout. Plein de flaques d’eau, de rochers à monter, descendre, contourner. Là on est en plein dedans vous savez maintenant hein ! Au bout du lac, un lampion, et à côté du lampion, un bénévole. Je n’en ai pas parlé jusqu’à maintenant mais ils sont toujours là, avec un mot gentil, des encouragements.
Sur le retour du tour du lac je rattrape un gars qui va rester avec moi jusqu’au pied du col de cicle (270 m d-). J’ai trouvé ce passage long ; il est souvent roulant, on arrive à trottiner mais on doit bien mettre 30’ pour passer au-dessus de la Balme. Ça fait bizarre de voir le ravitaillement d’en haut, et tous les gars derrière nous grâce aux frontales.
Et là se dresse devant nous l’antépénultième difficulté (comprenez avant avant dernière). Le col de la Cicle avec ses 475 m d+. Maintenant ce sont les quelques gars devant qui doivent scruter nos frontales. D’en bas on voit le croissant que le col dessine grâce à la lune qui se couche côté Ouest. C’est une image gravée dans ma tête ! La montée versant Est est bien régulière mais vraiment raide sur la sortie. Heureusement j’ai en ligne de mire 2 frontales devant moi et je les rattrape petit à petit. Je tiens un petit 10 m/min. Je rejoins mes 2 mires 1’ après eux au col. On échange 2/3 phrases et je sens qu’ils ne repartent pas tout de suite. Donc j’embraye la… la… descente et oui après la montée à la Montagn’Hard, il y a la descente ! Et celle-là je m’en souviendrais également très longtemps. Déjà, un instant d’inattention et je ne vérifie pas le balisage. En plongeant dré dans le pentu, je mets 50 m pour voir qu’il n’y en a pas. J’avais pourtant l’impression d’être sur un chemin. Mais non le sentier est bien en haut à droite. Une rubalise a bien voulue me réfléchir sa fluo lite. Puis 100 m après, sur une croupe, je ne trouve plus de rubalise du tout. Elle sont caractérielles ces rubalises ! Elles devraient toutes s’orientées dans le même sens… Parce qu’avec une seule face réfléchissante, c’est pile ou face. Quand elles ne sont pas parterre, ou enroulées au poteau de direction des chemins. Bref je jardine 2/3 minutes avant de réussir à en repérer une qui veut bien me dire où aller.
Et là je dois dire que la portion suivante est je crois la plus raide de tout le parcours 50 m environ à passer, tout droit : sans les bâtons, je l’aurais fais sur les fesses je pense. Vitesse de descente < vitesse de montée.
Juste après, une autre portion mémorable, tout en dévers, à suivre des sentes à chamois. Je vais de rubalise en rubalise ; l’herbe est trempée et je me vautre sur le côté (heureusement pas de haut parce que c’est raide…) mais sur le coup j’ai pensé à planter mes ongles dans l’herbe pour m’arrêter si jamais je partais vraiment dans la pente. J’arrive enfin au bout de l’arête sud de la Tête de la Cicle, où je trouve 2 contrôleurs forts sympathiques. Je ne m’arrête pas mais prennent de mes nouvelles, ils ont un mot gentil comme les autres. Sauf qu’ils m’annoncent le prochain ravitaillement (le Signal) à 40-45’ cool ! Je regarde ma montre il est 0h30. Je fais rapidement mes calculs et je me dis ouah t’as refais tout ton retard ! J’ai mis 1h30 pour rejoindre le Signal ! Ok je me suis perdu dans la Grande Pierrière avant le Bolchu ; mais ça ma pris peut-être 10’ de jardinage avant de retrouver le chemin sur la gauche (mon père m’avait bien dit « vraiment sur la gauche » pourtant !). Du coup je me fais un peu remonter par quelques gars qui ont bien monté le Col de la Cicle et qui ne se sont pas perdus. Mon père m’attends à la sortie sur la crête de Roselette pour m’accompagner jusqu’au Signal. Il m’explique que tout ceux qu’il a croisés ont pestés contre les 2 contrôleurs de sous le col de la Cicle.
J’arrive vers 2h05 au Signal où j’ai prévu 25’ d’arrêt sur mon tableau de marche. Et je décide de les prendre car il reste encore un morceau de 800 m d+ à faire pour aller vers l’Aguille Croche. Même si la boucle vers la crête est supprimée, ça n’enlève que 350 m d+ environ. Les pâtes que je me suis fais servir ne descendent pas, donc je laisse tomber. Je remplis à peine la poche car je n’ai bu que 750 ml depuis la Balme. Mais je n’ai toujours pas faim et mon estomac va bien. C’est la 1ère base-vie que je vois et je sais qu’il faut que je m’en méfie : c’est trop confortable ! Je fais ce que j’ai à faire et je repars après 25 bonnes minutes de pauses. J’ai mis ma veste car je sais qu’en ressortant je vais avoir froid.
A partir de là je connais tout le parcours pour l’avoir reconnu (ça aide). Une petite descente de 200 m pour me réchauffer et j’attaque la montée vers le sommet du télésiège des Tierces. Mes yeux ont envie de se fermer pendant presque toute la montée, même si le cerveau fonctionne parfaitement. Les jambes répondent bien, je n’ai aucun problème de frottement, ni d’ampoules. Il faut dire aussi que depuis Notre Dame, le ciel s’est dégagé, qu’il n’y a pas un souffle de vent ! La Grande Ourse disparaît derrière la crête de l’Aiguille Croche quand j’atteins le haut de la côte. Un bénévole est là avec un 4x4 et m’indique la piste large à suivre gentiment. 150 m de d- m’amène au Monument Funéraire au dessus du col du Joly. Point d’eau ajouté avant de rejoindre le dernier ravitaillement du Planay vers Megève. Je repars vite car quelques gars ont démarré juste devant. J’en rattrape 2 dans la descente, au niveau des ruines. Je vais rester avec eux jusqu’au Pas de Sion. Je pourrais aller plus vite mais je préfère temporiser et me réserver pour la dernière montée. On discute un peu et on voit le jour se lever peu à peu. Après quelques pieds dans les marais, on trouve un contrôle à la croix de Pierre. J’enlève ma veste et range ma frontale. Quelques centaines de mètres plus loin je sens un petit creux ; donc tout en marchant je sors un pot de gâteau de semoule que je mange sans m’arrêter. Une dernière coquetterie de parcours à cause d’un névé trop fragile pour le traverser à pied : un détour de 30 m - et 30 m + le long du ruisseau de Cassioz, bien raide comme on l’aime à la Montagn’Hard. Passage sans difficulté vers le Pas de Sion pour descendre au Planay. C’est une portion, finalement tout comme la traversée du Monument à la Croix de Pierre qui tranche avec le reste du parcours. C’est long, plutôt roulant à part une portion avec des cailloux, pas raide ni technique, mais c’est sur une piste, puis sur la route. Est-ce qu’on est à la Montagn’Hard ?
Je m’arrête 1’ seulement au Planay (finalement placer au bout de la portion de route et pas au Planay même) pour biper, et vérifier que j’ai assez d’eau pour aller au bout. A partir des Blancs, j’essaie d’enclencher le turbo pour la dernière grimpette vers la Pavillon du Mont Joly pour 600 m d+. Je dis j’essaie parce que j’ai vraiment l’impression de bomber, alors qu’en fait je plafonne à 11m/min parfois 12, 1 fois 14 m/min pas plus. Pareil pour le cœur ! Je ne dépasse pas les 132 bpm. Par contre je n’ai pas mal aux jambes, le ventre va bien. Lors de ma reco, j’ai fait cette montée en 40’ tout rond, entre 155 et 160 bpm ; c’était ma dernière montée de mes 3 jours chocs avec un cumul de 9000 m +. Sauf qu’au détour d’un virage j’aperçois des gars qui me reviennent dessus ! C’est pas possible, on peux même pas se lancer un défi à soi tout seul il faut toujours que d’autres s’en mêlent ! Finalement un seul s’accroche et me revient dessus sous le Pavillon Je le laisse revenir ? Bref on finit ensemble au Pavillon en faisant le tour par la piste, donc sans monter droit dans la pente comme l’avait imaginé Olivier au départ. Je crois qu’on a pris un peu de court les contrôleurs qui ne nous ont pas vus arriver. Sans m’arrêter je traverse de suite vers la crête au-dessus du Mottey. Mon acolyte s’est accordé quelques secondes de repos, et je me dis que je vais essayer de rester devant. Sauf que lui a mis son turbo, ou plutôt il a lâché les freins et il m’a mis 2’50 sur la descente alors que je suis descendu vite pour moi. Cette descente de 800 m est vraiment raide sur les pistes de ski en haut ; il y a une portion sur piste 4x4 au milieu puis la fin sur Saint Nicolas est raide mais sympa entre les maisons.
Je finis 26ème en 28h43’.
Pour mon 1er ultra trail c’est une réussite ! Je veux remercier Caro ma femme, mon Papa évidemment, ainsi que tout les gens qui m’ont encouragés, Yan Greg et Vincent en particulier, sans qui que je n’aurais pas pu faire tout ça !
Ce que je retiens (ce n’est pas pour faire la morale à qui que ce soit c’est un conseil parce que c’est ce que j’ai fait et ça m’a permis d’aller au bout dans de bonnes conditions) :
- faire un entraînement typé montagne ! parce qu’on va faire la Montagn...
- partir sur un rythme que j’espère pouvoir tenir jusqu’au bout (exit le coef de ralentissement)
- Er-gy-sport ! Er-gy-sport ! Er-gy-sport ! encore ? Er-gy-sport ! Vraiment super, c’est passé jusqu’au bout, en mangeant de temps en temps.
- Prévoir le matériel adapté : c’est vraiment un parcours de MONTAGNE. Donc une veste digne de ce nom et pas un « kway ». Si un orage survient la nuit, derrière le col de la Cicle en pleine nuit ce n’est plus une carte postale, ça se transforme en enfer ! J’avais à disposition un camping car à Notre Dame, où j’avais prévu (en plus de ma veste que je mets l’hiver pour faire du ski de fond et ski de rando par -10°), une 2ème veste de montagne pour mettre par-dessus l’autre et le sac en même temps, un collant doublé polaire, de gros gants polaires, un vrai bonnet (et pas un bout de tissu comme j’ai porté toute la nuit). Tout ça en prévision d’un possible gros temps.
Maintenant RECUP’. L’UTMB va arriver très vite !
1 commentaire
Commentaire de sarajevo posté le 17-08-2009 à 07:52:00
alors là chapeau ...
belle course et ca parait tellement simple ...
Bravo a toi ... l'UTMB n'a qu'a bien se tenir...
a+
pierre
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