L'auteur : OG
La course : Le Grand Raid du Mercantour
Date : 20/6/2009
Lieu : St Martin Vesubie (Alpes-Maritimes)
Affichage : 1825 vues
Distance : 104km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Trail du Mercantour 2009 (82 km - 6000 m +)
« Un sens quelconque vaut mieux que pas de sens du tout »(Nietzsche)
Je pense à ce trail depuis début mai 2005. De retour des balcons du gelas en crampons piolets avec Cécile, nous nous étions arrêtés au refuge de la Madone où nous avions fait la rencontre d’une personne qui avait fait la première édition (2003) et s’apprêtait à faire la seconde.
L’idée de parcourir plus de 100 km dans ce type de terrain produisit immédiatement chez moi un sentiment complexe d’incrédulité et d’attirance. Mon expérience du trail sur longues distances était alors limitée (elle le restera d’ailleurs finalement jusqu’à cette année 2009) au Trail de la Sainte-Victoire (avril 2005).
Revenant dans le Mercantour un week-end en juin 2006 pour faire de la rando (Mont Tenibre) et à l’automne 2006 pour faire de l’alpinisme (Malédie, arrêtes du Basto) l’envie de participer à ce trail continuait de faire son chemin.
Des raisons personnelles (naissance de ma fille, travaux) et professionnelles limiteront mon activité sportive pendant l’année 2007.
Ma deuxième participation au trail de la Sainte-Victoire (2008) renforçait l’envie de franchir une nouvelle étape dans les longues distances.
La décision était donc prise de m’inscrire au trail du Mercantour.
« Il n’y a pas de grande tâche difficile qui ne puisse être décomposée en petites tâches faciles »(Adage boudhiste)
Je note les dates d’inscription (jour de mise en ligne du bulletin d’inscription), prépare mon dossier (certificat médical…) et arrive à avoir un dossard.
Les choses sérieuses démarrent avec la confirmation de mon inscription.
Je me dis alors que ce trail implique que je me prépare sérieusement, contrairement à d’habitude.
En temps normal, je cours au maximum une fois par semaine et pratique en plus une autre activité selon la saison (le plus souvent rando, mais aussi ski de rando, escalade ou alpinisme, kayak).
Je décide pour l’occasion de courir au moins une fois de plus en semaine (je sais cela paraît peu quand je vois les plannings d’entraînement de la plupart des kikous).
Ce sera le mardi soir avec Nicolas, direction le stade et la piste (éclairée) pour des séances d’environ 1 h (fractionné ou non selon nos envies). Cette séance du mardi est sympa.
Les mois de janvier et février se passent bien, puis je ressens une douleur au genou début mars. La douleur s’intensifie et je décide de consulter 3 jours avant le trail de la Sainte Baume (26 Km, +1450 m, une des deux courses que j’ai prévu de faire avant le Mercantour) prévu le 15 mars. Le diagnostic donne une tendinite au genou. Le médecin préconise d’aller voir un podologue (visiblement j’ai le corps complètement tordu) et prescrit 20 séances de kiné. Il m’indique que je peux quand-même courir le trail de la Sainte Baume, cela n’aggravera pas la situation, mais qu’à l’évidence j’aurai mal. Je fais donc la connerie de courir ce trail.
Je pars doucement, tout ce passe relativement bien jusqu’à la mi-course, puis la douleur revient beaucoup plus forte essentiellement dans les descentes. J’arrive néanmoins à terminer (3 h 02 minutes).
Après la course, je décide d’arrêter complètement l’entraînement et de me reposer jusqu’au trail de la Sainte-Victoire. Mon genou me fait mal même en marchant.
C’est très déçu que je renonce à courir le trail de la Sainte-Victoire (deuxième course que j’avais prévu comme préparation au Mercantour).
Le repos et les séances de kiné me font du bien mais je n’ai toujours pas confiance dans mon genou, je me limite à une petite sortie par semaine (30-45 mn tranquille).
Fin avril, je profite d’une semaine de vacances à la montagne en famille pour me refaire la santé : 3 randos en famille de 2-3 heures ; 3 sorties ski rando, une petite sortie en course à pieds et même un peu d’escalade (une fois n’est pas coutume en salle compte tenu du mauvais temps).
La forme est là, mais je sens toujours mon genou en courant. Je continue les séances de Kiné et par peur de me blesser à nouveau je ne fais quasiment plus de sortie course en mai et juin.
Mon activité physique se limitera à quelques randos en famille, 3 sorties vélo (dont 2 tours de la Sainte-Victoire en 2h20 -2h30) et une belle voie classique d’escalade en terrain d’aventure dans la Sainte avec David (enchainement Moussaillons- arête du jardin des moines- arête SW de la Croix en 4 h).
Les sorties en vélo m’ont montré que la forme est bien présente mais j’ai toujours la sensation que mon genou n’est pas rétabli, il me faite encore un peu mal. Par ailleurs, je n’ai quasiment pas couru depuis trois mois et demi.
Je ne sais pas du tout si mon genou pourra tenir pendant le GRM mais je décide d’y aller et de tenter de finir mon premier ultra.
Le fait que le parcours ne fasse « que » 82 km (distance sur laquelle je ne me suis jamais essayé jusqu’à présent) et non 102 km m’incite à un peu plus d’optimisme. Je me dis également que je pourrai compenser le manque d’entrainement par ma relative aisance dans ce type de terrain et ma « connaissance » de la montagne (la course le confirmera).
Ce qui m’inquiète vraiment ce sont les descentes, ayant eu très mal au trail de la Sainte-Baume dans les descentes, je me dis qu’il sera difficile de terminer le GRM dans des conditions similaires.
Nous partons le vendredi 19 après-midi direction Saint-Martin après une demi journée de travail. Après avoir déposé les bagages à l’hôtel, Cécile et moi rejoignons les kikoureurs pour un repas en commun organisé à l’initiative de l’incontournable L’dingo. L’ambiance est vraiment sympa, je suis impressionné par l’expérience des différents kikou (UTMB, diagonale des fous…), je n’ai pour ma part jamais participé à une course de plus de 65 km. Le Papy s’assoit à côté de moi et m’entreprend sur la diététique, l’entrainement…je n’ai ni tout compris, ni tout retenu, mais c’est impressionnant. J’explique que pour ma part je suis venu quasiment en touriste et que mon objectif est de partir lentement, faire chauffer le genou, et éventuellement de terminer.
Nous rencontrons José. Nos deux moitiés se donnent rendez-vous pour faire voiture commune le lendemain matin pour nous attendre au Boréon. José pense qu’elles peuvent arriver aux environs de 9 h au Boréon, de mon point de vue (même si je viens dans le seul objectif de terminer) il me semble que c’est un peu tard et qu’il est préférable qu’elles prennent un peu plus de marge en arrivant pour 8h- 8h15 (j’arriverai effectivement vers 8 h20).
Je prépare mon sac. Pour l’occasion j’ai sorti le grand jeu, pas des « papys brossards » (clin d’œil à serge et virginie) mais des gels et du produit énergétique (décathlon) testés dans mes sorties rando, vélo et escalade des mois précédents. Je prends également des figolus !
La nuit déjà courte est assez mauvaise. J’absorbe un peu de thé (thermos) et mange quelques figolus.
(Photos de Souris à insérer)
« Qui va piano, va sano e va lontano »
4 h, le départ est donné. Je m’étais placé à peu prés dans le milieu du peloton (d’un peu moins de 500 coureurs) mais je me fais rapidement doubler par la quasi-totalité des concurrents sur le premier km de faux plat descendant.
Je ne me fais pas gagner par l’euphorie. Je me dis que la plupart des concurrents sont partis trop vite et me concentre surtout ma « stratégie » : partir doucement et faire chauffer le genou.
La route se redresse peu à peu, sans changer de rythme, je ne me fais plus doubler. Puis progressivement, la pente étant plus forte, je commence à doubler pas mal de monde.
Je suis maintenant sur un chemin, suis heureux d’être là, de nuit à courir. Souvenirs de départs de course d’alpinisme de nuit à la frontale …
Nous traversons la station de la Colmiane. Je me méfie de la descente ( piste en terre large et roulante) en veillant à ne pas aller trop vite.
Je rejoins José, rencontré la veille. Nous traversons le village de Saint-Dalmas et entamons la remontée vers le col de Veillos. Nous échangeons quelque mots. Il m’a l’air à l’aise et je pense à ce moment là de la course qu’on fera un bon bout de chemin ensemble.
(photo de Michel)
Je double un petit groupe puis prends la tête d’un autre. Je me rends compte que je suis en super forme.
Le paysage est magnifique et j’arrive à milefont au premier ravito (Km 16). Je rempli ma poche à eau et repars. J’en profite pour satisfaire un besoin naturel puis repars et rejoins José qui m’avait doublé au ravito.
Cette montée est sympa, elle n’est pas trop difficile et on court.
Je rejoins un groupe ou je retrouve Hervé, que j’ai déjà croisé dans d’autre courses et au Off Himoucha. Je ne sais pas encore que nous allons faire le « yo yo » toute la journée et qu’on va finir ensemble.
Je double son petit groupe et arrive au col du Barn.
La descente commence par plusieurs gros névés. Certains coureurs sont un peu en perdition, je suis relativement à l’aise même si comme un idiot je n’ai pas mis les rondelles sur mes bâtons.
La descente est sympa, je me fais rejoindre puis doubler par Hervé et son groupe de trois. Je ménage mon genou et pour l’instant, il tient bon. Je fais l’effort de rester au contact de ce groupe par ce que je sais qu’ensuite une partie en faux plat montant sur une piste nous attend.
On discute, tranquillement en remontant le vallon. Le rythme me va très bien.
Puis on arrive au col de Salèse. La descente commence, elle est rapide. Je plante un bâton dans un tas de cailloux et le lâche, je m’arrête pour le récupérer et prend immédiatement 50 m dans la vue. Le petit groupe descend vite et bien. Je comprends immédiatement que cela ne sert à rien d’essayer de revenir dans cette partie. La course est encore longue. Je lève le pied et court aux sensations en ménageant mon genou.
Je débouche sur la route. Je veille à ne pas trop laisser d’énergie sur cette portion sur laquelle le manque d’entraînement se fait sentir. Je me fais doubler dans cette descente par deux concurrents et arrive au ravito du Boréon (Km 30 – 4h21 de course).
Cécile est là est à l’air rassurée de me voir arriver à cette heure et en bonne forme, je suis lucide et relativement serein, mon genou tient bon. Je demande à Cécile de m’apporter mes rondelles de bâtons, restées dans la voiture, à la Madone. Cécile me remet de la poudre décathlon dans ma bouteille, je fais le plein d’eau dans mon Camel back et repart après un petit bisou. Je connais en grande partie la portion suivante pour l’avoir parcouru en rando avec Cécile en mai 2004. Cécile se remettait peu à peu d’une jambe cassée (ski !). Nous avions passé la nuit au refuge de la cougourde et avions randonné au lac de Trecoplas. Cette année là il y avait déjà beaucoup de neige.
(photos de Dieter)
La montée au lac est très jolie, un concurrent se met dans ma « roue », je lui précise que le ressaut qu’on voit n’est qu’un début et qu’arrivé au lac, il nous restera encore une grosse montée pour rejoindre le Pas des Ladres (2448 m).
(photos de Dieter)
La quasi-totalité de la montée se fait dans la neige. Je suis vraiment bien et je double quelques concurrents. Je rattrape un kikoureur rencontré la veille au resto. Il n’est pas en grande forme, je lui dis de s’accrocher et on arrive ensemble au col. Il s’arrête pour récupérer je décide de faire tout de suite la bascule.
La descente est un vrai plaisir. Droit dans la pente, j’utilise la technique du « piolet ramasse » avec les bâtons. C’est génial. Fin du gros névé balisé. Le chemin tracé évite un autre névé que l’organisation a sans doute décidé de ne pas baliser ayant peur que certains ponts de neiges ne cèdent. Le danger me paraît limité (compte tenu de mon poids) et je décide de continuer sur la neige immaculée de trace. C’est un pur bonheur. Je suis heureux.
Quelques minutes plus tard je vois le refuge de la Madone (km 40 – 6h24 de course) et rejoins Cécile.
Tout va bien je suis à mi course, je retire mon t-shirt à manche longue et mon collant, j’enfile un short, fais le plein d’eau et de produit énergétique. Je pose les rondelles sur les bâtons. Je m’alimente (bananes, soupe de pates).
(photos de Dieter)
Petite discussion avec Cécile, je suis bien, les sensations sont bonnes, le plaisir domine même si c’est difficile, le genou tient. On est à mi-course, il n’y a pas à s’inquiéter.
« Le bonheur n’est pas au bout du chemin, le bonheur c’est le chemin ».
Adage tibétain
Je repars, direction la Baisse de Prals. Cette montée est celle dont je me souviens le moins.
Plaisir de faire le vide, de ne penser à rien.
Je bascule côté vallée de la Gordolasque, je descends prudemment, mon genou commence à me faire mal, je me fais doubler par Hervé (que j’avais doublé dans la montée précédente).
Je pense aux courses d’alpinisme faites ici à l’automne 2003 avec Bruno: l’arête sud-est de la Malédie (5h30 depuis le pont du Countet après une nuit dans la voiture) et le lendemain, les arêtes du Basto depuis le refuge de Nice.
(photos de Michel)
J’arrive au relais des Merveilles (km 50 – 8h26 de course), une personne (médecin ?) me demande si tout va bien, je réponds que oui, il n’y a aucun souci, je suis complètement lucide. Je fais le plein d’eau et de produit énergétique, je mange un peu et repars.
Cette portion ne me convient pas beaucoup, faux plat descendant sur une piste large puis la route. Le manque d’entrainement se fait une nouvelle fois sentir. Je me fais doubler par trois coureurs.
Je quitte la route et arrive sur un petit sentier qui se prête à quelques relances. J’essaie de ne pas y laisser trop de force.
Puis la montée commence, il fait très, très chaud. Il n’y a pas du tout de vent, le temps est lourd, il n’y a pas d’ombre. Le sentier est complètement sec, le terrain est du style « drailles provençales ».
La montée est très raide. De mon point de vue, c’est la partie la plus difficile du parcours.
Je rejoins Hervé et Laurent qui font une pose à l’ombre de l’un des rares arbres de cette montée. Hervé a visiblement très chaud. Je suis moins affecté par la chaleur. Je discute quelques secondes puis repars préférant garder mon petit rythme de peur que la forme ne me quitte.
Peu à peu on quitte le paysage provençal pour se retrouver en haute montagne, d’abord les alpages puis la caillasse.
Je sens que le temps change et pense prendre l’orage.
Je m’arrête pour enfiler une veste de montagne en gore tex et des gants que j’ai dans mon sac depuis le départ (la pluie était annoncée par la météo).
15 minutes plus tard c’est un orage de grêle qui tombe. Je n’ai jamais pris la grêle comme ça. La grêle ne cesse pas de tomber pendant 1h30.
Je suis maintenant entre 2200 et 2500 mètres d’altitude, il y a du brouillard et on n’y voit pas grand-chose. Le point positif c’est que le risque de prendre la foudre me semble très limité. J’ai une pensée pour ceux qui passeront ici de nuit.
Je double un concurrent puis un autre qui semble un peu perdu. Je lui dis de s’accrocher, on pointe au contrôle intermédiaire. Les bénévoles sont en train de monter ou de consolider la tente ( ?) en plein vent. On continue – toujours sous la grêle – de suivre le fil de la crête. J’imprime le rythme.
Le brouillard est intense. Je vois un piquet au bord d’un névé et des traces. Je commence naturellement à descendre dans ces traces mais au bout de 10 mètres je me rends compte que la pente est trop raide… Je stoppe on fait demi-tour, en réalité il fallait longer le névé. Nouvelle pensées pour ceux qui passeront là de nuit.
Je suis concentré à 100 %, inutile de préciser qu’avec toute cette eau et la grêle le terrain glisse. Je veille à boire et à manger régulièrement comme je le fais depuis le départ (un gel et un figolu !). Je sais par expérience qu’on peut vite se refroidir dans ces conditions. Mon gore tex tient le coup et j’ai été bien inspiré de le mettre juste avant que ça tombe.
Compte tenu de toutes ces données, je ne me sens pas personnellement en danger même si les conditions sont très difficiles. Ça peut paraître bizarre mais je prends même du plaisir. Je pense à Cécile et à notre fille Emilie, je suis heureux qu’elles ne soient pas physiquement à mes côtés à cet instant précis.
La descente commence, le gars resté dans ma roue me double et je préfère temporiser mon genou me fait mal. Hervé, Laurent et Pierre-Yves me doublent à nouveau. Hervé me dit de m’accrocher, ce que je fais en prenant un peu sur moi.
On arrive en bas de la descente, il y a une petite remontée pour arriver au refuge de la Madone, je suis tout de suite plus à l’aise et le temps s’améliore. On discute, l’ambiance est vraiment sympa. Pierre-Yves est gelé.
On arrive au refuge (km 68) en ayant décidé de terminer la course ensemble.
Nouveau bisous à Cécile, je lui dis que les conditions étaient terribles mais que tout va bien. Elle voit que je suis en forme. Elle est également rassurée par notre décision de finir à quatre.
Je me change complètement, collant, T-shirt, chaussettes et mêmes (comble du luxe à ce moment) chaussures (j’avais mon ancienne paire dans la voiture). Ce changement complet, ma bonne alimentation et hydratation et l’idée d’être à seulement 12-14 km de l’arrivée me donnent un moral d’enfer.
On reste environ une demi-heure au refuge, cela me semble un peu long mais on est certain d’arriver avant la nuit et l’idée de finir à quatre me ravie.
Pierre-Yves semble toujours gelé, malgré la couverture en laine qu’il a sur les épaules, son nez et ses lèvres sont violets et il grelote. Il nous dit d’y aller qu’il finira tout seul mais ce qui est dit et dit, on terminera à quatre.
On repart tous les quatre. J’imprime le rythme en montée, pas trop rapide pour ne lâcher personne.
On discute de notre forme, de nos différentes expériences en montagne et en trail. Laurent nous parle de la Réunion, c’est impressionnant. On voit quelques chamois.
Pierre-Yves récupère peu à peu. On double un groupe de deux puis un coureur seul. On passe au pointage intermédiaire. Sur la crête, on alterne en tête avec Hervé et Laurent.
L’itinéraire – mais nous passons de jour et sans brouillard – ne me semble pas présenter de difficulté particulière. Il m’est alors impossible d’imaginer que quelques heures après un drame se déroulera à cet endroit.
« Qu'on me donne l'obscurité, puis la lumière
Qu'on me donne la faim la soif puis un festin
Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire
Pour que je retrouve le prix de la vie enfin… »(Paroles de la Chanson : L'envie)
La descente commence, mon calvaire aussi.
Pierre-Yves semble avoir complètement récupéré, Hervé et Laurent semblent super frais. Hervé prend la tête dans la descente, il va vite.
En temps normal je pense que je pourrai suivre sans trop de difficulté mais là j’ai vraiment mal au genou et je m’accroche pour garder le contact.
Quelques arbres en travers du chemin ralentissent un tout petit peu et pendant une poignée de secondes le groupe. Je prie pour qu’il y en ait un maximum !
Hervé et Laurent se rendent compte que c’est difficile pour moi et lèvent un peu le pied.
Merci les amis ! Tout seul je ne sais pas si j’aurai eu le moral et donc les jambes pour faire toute la descente en courant (en tous les cas pas à cette allure).
Saint-Martin est proche, mon moral revient, je fais un peu d’humour : « Selon un proverbe tibétain « le bonheur n’est pas au bout du chemin, le bonheur c’est le chemin ». Oui, sans doute, mais putain çà fait quand même du bien d’arriver ! »
On discute, ces derniers kilomètres à quatre constituent une expérience très forte.
On arrive dans la rue principale de Saint-Martin, les gens applaudissent, Cécile nous prend en photos, on franchit la ligne d’arrivée à quatre, c’est génial de vivre çà. Le tout en 14 h 57 mn 07.
On m’annonce le classement, je suis 32ème, sur le coup je suis étonné et ravi pour mon premier ultra, j’ai couru aux sensations et ne me suis jamais soucié du classement.
On partage ensemble une bière (et même plusieurs) à l’arrivée.
Le lendemain matin, nous partons tôt pour récupérer notre fille chez mes parents. Vers 16h, Nicolas me téléphone, il est fébrile et m’apprend la triste nouvelle, il y a eu trois morts au GRM. Cette nouvelle est terrible, sentiment d’injustice et d’impuissance…
OG le 3 juillet 2009
5 commentaires
Commentaire de superchoco posté le 03-07-2009 à 10:50:00
un récit au coeur de la course, qui montre que plaisir, expérience et envie (et figolus !) permettent de se dépasser et de maîtriser une gestion de course du début à la fin.
C'était pas gagné vu ta blessure persistante qui a gâché ta préparation !
Félicitations pour ton 1er ultra et ta performance.
superchoco (nico :-)
Commentaire de gmtrail49 posté le 03-07-2009 à 18:37:00
Merci pour ce magnifique témoignage qui tend à prouver que des qualités de montagnard, une gestion parfaite de l'effort et de l'alimentation peuvent remplacer un entrainement lourd. A méditer sans aucun doute...
Bravo encore.
JP.
Commentaire de Papy posté le 06-07-2009 à 16:14:00
Impressionnant comme CR, on dirait un vieux briscard. ;-)
Je conçois aisément ton plaisir en montée et tes douleurs en descente, j'étais pareil, quelques heures derrière, mouarf...
Penses à aller voir un ostéo pour qu'il te remette d'aplomb ce genou, il serait dommage que la douleur revienne à chaque fois.
Maitrise physique, maitrise intellectuelle, la totale, bravo !!!
L'Papy_clap_clap
Commentaire de OG posté le 06-07-2009 à 16:24:00
merci à tous les trois, c'est beaucoup d'honneur, l'essentiel pour moi c'est de conserver la dimension plaisir
à +
OG
Commentaire de L'Dingo posté le 06-07-2009 à 17:00:00
Voila un CR dont je prends à mon acquis pas mal de partie.
Les paysages (sauf les randos escalades :-) ,les différentes sections du Raid ( sauf que mon rythme était bien plus faible), la meme grele (sauf qu'on était pas aux meme cols ,arff) et pour finir l'entraide et la solidarité que l'on trouve à finir en groupe ( meme si j'etais surtout pratiquant de la "boulet-attitude", snif).
Et que dire de la fin de course , de ce drame qui se jouait alors que personne n'en n'avait conscience jusque tard dimanche.
belle reussite donc que ton premier mercantour.
a une de ces 4
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.