Récit de la course : La Baumoise 2009, par seapen

L'auteur : seapen

La course : La Baumoise

Date : 17/5/2009

Lieu : BAUMES LES DAMES (Doubs)

Affichage : 2572 vues

Distance : 20km

Objectif : Pas d'objectif

Partager :

la baumoise 20km 650+

La récupération du trail des forts de Besançon s'effectue assez rapidement dans les jours qui suivent. Dans les 48 heures, le lèger durcissement des muscles antérieur, adducteurs et vaste interne m'amène à pratiquer des étirements au fil de la journée. Le troisième jour je ne ressens plus de gêne. Je décide alors d'effectuer une sortie intégralement sur herbe de 01h20. Le final se fait en beauté. J'ai retrouvé toutes mes sensations et au cours des dix dernières minutes je ressens une explosivité dans la forme retrouvée. J'ai donc récupéré et peut continuer à me reposer.

 

Pour le week-end qui arrive, j'ai vue sur 3 courses, au choix. Une de 15 kms, la plus éloignée de ma base qui me ramène en arrière assez loin dans le temps, un 15 kms sur chemins plats. La deuxième moins éloignée, semi marathon ou 10 kms sur petites routes. Je laisse de côté ces deux pour m'attacher plus particullièrement à la première édition d'une course nature : La baumoise d'une distance de 20 kms avec un dénivelé de 650+. Et l'avantage, un saut de puce et je suis sur place.

C'est celle-ci que je retiendrai et occupera mon esprit jusqu'au jour J.

Elle me séduit, d'abord par son profil, une série de trois dénivelés sur chemins et sentiers techniques et un final de 4.5kms plat sur piste bitumée le long d'un cours d'eau. Donc le dénivelé sur une distance d'environ 15 kms ; ce qui la rend plus attractive au niveau des grimpettes et descentes car moins roulante.

Sur courte distance cette série de trois montées-descentes lui donnera plus d'intérêt. La question du final restera posée mais je ne le crains pas plus que ça. Une telle durée de course ne m'empêchera pas de faire appel à un sursaut d'énergie s'il le faut.

 

La fin de semaine confirme l'évolution du début. Je ne me prépare pas spécialement. Je vis normalement et même au niveau de l'alimentation je ne penserai qu'à ingurgiter la veille une belle assiette de pâtes. Pour les liquides pas de régime particulier et le vin la veille ne sera pas absent de la table.

La décontraction est de mise pour aborder cette course nature dont je veux qu'elle soit distrayante. C'est dire mon état d'esprit. Je suis même prêt à la "faire en touriste" avec plaisir si il m'était forcé de la faire ainsi.

 

Arrivés sur les lieux aux abords de la ville de Baume les Dames dans un cadre verduré et au pied des monts qui attirent déjà notre regard nous pouvons aisément apprécier la situation. Celà correspond à ce que j'attendais. Je crois que je vais passer un bon moment.

Cependant je suis dans l'interrogation la plus totale quant à l'état des pistes. J'hésite quant à mes chaussures. Je ne me fais cependant pas trop de souci et laisse les choses évoluer d'elles-mêmes. Quelques renseignements glanés ici et là me font penser que l'état du terrain est praticable bien qu'il ait plu mais celà remonte quand même à 48 heures. Sur les crêtes l'humidité est moindre, de plus le vent agissant en permanence a vite fait de "ressuyer" comme on dit.

 

La "modique" somme de 20 euros pour l'inscription augmentée de 5 euros car celle-ci se fait le jour même "pose question". C'est cher. Mais l'organisateur assume totalement sans complexe et donne des arguments convainquants en situant le contexte d'organisation. Sans aide pour une première et voulant assurer comme "un grand" les coureurs sont donc amenés à "participer". Je le comprend et en lui "lâchant" mes 25 euros je ne ressens pas de douleur particulière. Il a du talent pour vendre sa course ce monsieur. Encore maintenant, c'est à dire bien plus tard je reste encore sous anesthésie, c'est vous dire.

Le cadeau offert est appréciable, de qualité et de marque. Une ceinture porte bidon dernier cri. j'ai failli l'acquérir dernièrement. La pilule est ainsi avalée. Comme dirait l'autre, ça passe pour cette fois. Fermons le ban.

 

Il fait beau. Le temps est idéal. En fait toutes les conditions sont réunies pour une belle course. Moral, mental, forme physique, sens opportuniste qui facilitera l'adaptation à tout ce qui se présenta durant le parcours, bonne disposition pour apprécier tout et son contraire.

Put.in ! J'ai un jeu d'enfer, il n'y a que des atouts et je n'ai même pas envie de gagner. Au tarot c'est un jeu de grand chelem (ça n'arrive qu'aux autres) et je le refilerais bien à mon voisin, comme ça pour le "fun". C'est un jour comme ça.

C'est l'esprit d'avant course et je n'ai pas l'impression de me faire des illusions. J'ai le sentiment de léviter, les choses autour de moi ne m'atteignent pas bien que je leur offre le plus grand intérêt. Comme si j'avais le talent d'éviter de  m'empêtrer dans les considérations stériles et inutiles tout en restant acteur et spectateur. C'est très confortable à vivre. Je vis en somme un moment de plénitude ou de... zénitude. 

Un seul sentiment d'inquiètude maîtrisée est paradoxalement comme le petit moteur qui me fait apprécier l'instant parce qu'il pourrait le remettre en question. Je ressens comme de l'appréhension pour tous les moments qui vont suivre. Je les imagine et ne peut m'empêcher d'essayer de débusquer le petit grain de sable qui pourrait faire tout tourner au vinaigre.

Des passages délicats au bord de la falaise suscitent des discutions entre coureurs. J'y pense. et comme lorsque que l'on s'imagine courir, on imagine, c'est-à dire qu'on invente une réalité, un événement virtuel totalement irréaliste. Tous ces éléments de crainte qui vous font entrevoir la course faussement disparaissent lors de celle-ci  et seul alors les éléments réels qui s'imposent sont pris en considération. Il vaut mieux alors ne pas trop penser à ce qui nous attend. En tous cas ce n'est pas ce que l'on imagine. Et sur le terrain, on fait face non seulement sans appréhension mais avec détermination.

Et c'est ainsi que je me présente sur la ligne d'arrivée dans le premier tiers du groupe se préparant à inaugurer cette épreuve.

 

Le départ est donné, la meute s'étire déjà car les premiers "se taillent" en vitesse. En queue de peloton on attend pour voir. Les deux premiers kms sont au début plats puis rapidement montants. Il offrent un premier petit déccrochement qui fait du bien pour amorcer une descendante. Déjà le corps a bougé en tous sens. Le début de course sert vraiment à échauffé tous les muscles.

Puis c'est l'amorce du premier dénivelé important. A mi pente une interruption nous amènera à courir sur du plat et de la descente pour mieux nous préparer à poursuivre vers le haut. En attendant c'est bien parti.

Les chemins sont humides sous la végétation et nous courons à l'ombre. Il fait frais mais bon. Le sol caillouteux est stable et nous progressons sans glisser car l'accroche se fait bien si nous savons choisir au mieux les passages les plus favorables.

La montée est régulière et avec l'échauffement d'avant course suivi des deux kms d'amorce le rythme est vite régulier et tout se passe correctement.

Les sensations sont bonnes. Je me sens bien et module mon effort sans être obligé d'aller à fond.

le rythme trouvé par chacun permet encore les dépassements en ce début de course car chacun va vite trouver sa place quasi définitive. En effet à part 2 ou 3 coureurs qui m'accompagneront et 2 ou 3 qui seront amenés à me dépasser ou à être dépassés je n'aurai pas l'occasion de revoir l'ensemble qu'à l'arrivée sinon sur cette longue ligne vers la fin de la course qui m'en fera apercevoir quelques-uns au loin en enfilade.

Il est agréable de courir dans ce coin de nature. Une certaine fraîcheur ravigotante nous enveloppe et n'avons pas encore la sensation du chaud.

Celà va venir car sur une courte distance la vitesse est plus rapide et sollicite puissamment les muscles. Un tempo plus élevé sollicite l'organisme dont la température augmente régulièrement, direction chaud bouillant. J'entamme alors une de mes deux topettes d'eau que j'ai l'intention d'utiliser parcimonieusement durant tout le parcours. Bien sûr je ne manquerai pas de profiter au maximun des deux ravitaillements. Je sens que l'on va avoir besoin de se rafraîchir. 

 

Après avoir naviguer un peu sur le sommets nous nous apprêtons à dévaler les sentiers en grande partie à travers bois. Très techniques et irréguliers, ils sollicitent des appuis sûrs ; la descente se révèle longue et sans interruption. La traversée des sous-bois est zigzagante. Bref l'effort est tellement intense que la sudation l'est tout autant. Je me débrouille pas mal, reste concentré et continue sans relache. Pas question de ralentir et de souffler, la pause ne serait d'ailleurs pas conséquente ; le mieux est tenir le coup jusqu'à la vraie cassure qui annonce la fin.

Et on finit par y arriver. Allez ! encore un petit effort et c'est le ravito. Je peux dire que la fraîcheur de l'eau dans le gosier fait du bien. Et hop un gobelet versé sur la tête, doucement... quelle sensation! des bretzells à croquer ! génial et salés bien sur. C'est ce qu'il me fallait. J'ai prévu de prendre 2 comprimés glucose-arnica et à deux reprises une gorgée de gel énergétique. Sur la totalité du parcours celà reste raisonnable et si pas spécialement nécessaire, en tous cas bon pour le moral. De plus un ou deux comprimés sodium seront utiles pour limiter la déshydratation.

Encore une dernière rasade et c'est reparti comme en 14.

Mais la descente au plus bas n'est pas terminée il faut pour la continuer reprendre une grimpette toujours aussi pentue. La course ne baisse pas d'intensité toujours rythmée par un tempo soutenu. A cet instant je ne ressens pas de signe de faiblesse, pas de problèmes musculaires ou autres.

Toujours 2 - 3 coureurs devant ou derrière suivant la volonté de chacun de mener le groupe dont une féminine qui sera troisième au classement féminin. Un coureur V2 m'accompagnera jusqu'à la fin et un autre que je ne capterai pas du fait qu'il nous précédera toujours. La compétition entre nous est stimulante et bénéfique. Elle rend la course plus attrayante. J'ai l'impression d'un jeu à partir de ces moments là. En plein dans la bagarre. De plus les sensations de relance constante amplifie l'effet de se projeter en avant quelque soit la pente. Autrement dit, je crois que je "m'éclate". C'est tout bon et à chaque instant je me dis que j'ai bien fait de venir.

 

Changement de programme. Fin de la descente. Début de la dernière partie ascendante. Un bon 220+ assez régulier sur chemins. Irrésistiblement nous partons à l'assaut sans faiblesse. Mon coéquipier a décidé de ne pas "mégoter" et force ces appuis. Je le sens nerveux dans ces foulées mais je reste à distance, tout près. Pas de ralentissement perceptible. j'ai bien l'impresion qu'il a décidé de m'avoir à l'usure. Je n'ai cependant pas d'inquiètude car je tiens, sans dépasser la limite qui me ferait céder rapidement.

De plus il se sent meilleur dans la grimpe, il le pense et c'est là qu'il veut faire la différence. Le rythme est tellement soutenu que la féminine a lâché du lest pour ne pas se "griller".

J'accroche donc mon lièvre et il constate régulièrement en se retournant que je suis toujours là. Il n'a pas l'air de s'en émouvoir plus que ça quoique ça peut finir par l'inquièter dans le sens où je suis peut-être plus performant dans la descente. Et après la montée, qu'est-ce qu'on va "se faire", la descente bien sûr, toujours aussi accidentée que les précédentes.

Arrivé au sommet sur le bord de la falaise. Il faut faire attention. Nous rasons véritablement le précipice. heureusement, le sol est sec. Je n'ose imaginer de passer par là en cas de pluie battante ou même de sol très mouillé ou brouillard. Le balisage nous guide parfaitement et partout où le risque est réel notamment dans certains déccrochages de pente un bénévole est là pour tempérer notre ardeur et nous prévenir. Je n'ai pas rencontrer de déficience dans cette partie d'organisation qu'est le balisage et le soutien des coureurs. Je n'ai jamais abordé un passage difficile et risqué sans en avoir eu connaissance quelques secondes avant par du balisage ou une personne là pour ça.

J'ai donc pu négocier le parcours dans sa totalité "à fond dans ma tête" et sans appréhension aucune. J'étais en confiance. J'en suis responsable biens sûr mais pas seulement moi, les organisateurs surtout qui ont bien fait leur travail et les coureurs qui vous côtoient, eux aussi en confiance. Tout se tient. Pas de grain de sable dans la mécanique qui la perturbe au risque de la faire dérailler.

Et c'est maintenant que la pente se précise. Elle s'accentue de plus en plus. La technicité du terrain varie. Les bras et le haut du corps bougent sans cesse en tous sens pour rattaper le déséquilibre. Le choix de la pose du pied se fait au tout dernier moment, un laps de temps infinitésimal avant que celui-ci ait choisi son endroit ; sur le caillou, avant ou après, sous la racine (oh! non), sur la racine ou à côté et ces pierres roulantes ? que font-elles là ? Jauger la partie glissante de celle qui retiendra mon appui, que cachent ce tapis de feuilles et le passage entre ces deux rochers je saute par dessus ou je prends le risque de m'arracher le mollet, tout en évitant les branches à hauteur et contournant les troncs des arbres qui font obstacle. Et tout ça en une seconde et demie chrono, ce pendant quinze minutes sans interruption.

Je vous l'ai dit c'est très intense.

 

Et la compétiton d'avec mon adversaire ? Et bien c'est maintenant moi qui lui file le train et de très près. Il sent cette présence insistante et comme dans les courses de grand prix de formule un, je n'ai qu'à attendre qu'il se lasse et n'en peuve plus de la pression qui risque de lui prendre toute son attention au point de se déconcentrer ce qui serait fatal à ce rythme infernal.

Il me laisse passer. J'en remet donc une couche vu que le terrain est devenu plus sage. La pente moins accentuée et plus roulante se fait sur un chemin de terre cabossé où la progression ne peut se faire qu'en empruntant les axes défoncés ou carrément les lignes de crêtes qui les séparent.

Je file sur mon élan.

Le fond en bas est visible et maintenant proche, il se devine aisément à travers les feuillages de moins en moins épais.

Je pense alors au ravito qui m'attend et au restant de la course. Je m'y prépare donc et suis bien content d'en finir avec toutes ces difficulés que j'ai superbement passé.

Ravito. Des bretzels !!! génial et salés. J'apprécie. Un grand verre d'eau bue, un autre en guise de douche. Je me ressers, c'est gratuit et voilà "à toute blinde" mon poursuivant qui finit de dévaler la pente. L'effort qu'il a fourni se voit sur son visage. Les bénévoles à l'accueil l'ont remarqué. Ils remarque aussi qu'il ne s'arrête pas. Je leur souris d'un air entendu en finissant mes agapes et leur explique que nous nous "tirons la bourre" en désignant le passager rapide qui me prend deux dizaines de mètres. Ils rient. Un autre venu de nulle part passe comme un Ovni.

Alors je repars aussi sec. J'ai bien l'intention de jouer ma partie.

Reste 4.5 kms.

Les 500 premiers mètres servent à bien s'installer dans cette dernière partie de course qui est une course en elle-même.

Un rythme saccadé, régulier s'est vite imposé, très véloce. Je me sens bien, presque tout neuf. C'en est étonnant. Devant, même schéma pour mon adversaire n°1. Les centaines de mètres défilent et l'écart reste sensiblement le même. 4mn 30s au km. Reste 3 kms.

J'avale le bitume toujours sur le même rythme. Devant c'est kif kif. Visiblement il veut profiter de son avantage pris au ravito. J'attends de voir.

La campagne au bord de canal défile devant mes yeux. 04 mn 30 pour ce nouveau km parcouru. Reste 2 kms.

Un coureur avalé par mon adversaire va bientôt l'être par moi.

Je devine une légère accélération devant et l'écart se creuse un peu plus. Je ne me fais pas de bile et poursuit en cherchant à conserver ma vitesse. Soit j'allonge en essayant de mettre le turbo ou soit j'augmente la cadence. Mais je ne crois pas que je vais plus vite. J'accuse plutôt le coup et le chrono sur cet avant dernier km sera augmenté d'une à deux dizaines de secondes.

Mon adversaire lui a renforcé son avance.

Je crois que les jeux sont faits. Durant toute cette partie plate la course a été maîtrisée au point que j'ai pris du plaisir sans ressentir aucunement toute la partie précédente.

J'entame donc le dernier dans un esprit totalement libéré.

L'arrivée se précise rapidement. Un dernière grande courbe avant d'y accéder et c'est le passage sous l'arche. Les spectateurs applaudissent dont l'une me crie : "bravo! sous les deux heures". Je regarde ma montre, en effet : 01h 59mn et des poussières.

Sur les 4.5 derniers kms, 04mn 35s au mile. J'avais la forme, à n'en pas douter.

Grande satisfaction. Une course nature qui offre des parties techniques assurant le plein de sensations.

Des sensations uniques. Sensation de vitesse comme si l'on passait à travers le paysage. S'il fallait pour l'illustrer des images de cinéma je choisirais  "Le dernier des mohicans" où l'on voit au tout début les protagonistes, principaux personnages, filer irrésistiblement et sans relâche tel des traits de lumière sur les sentiers à la poursuite de leur gibier.

Merci à l'organisateur de cet événement, aux bénévoles et bonne chance pour une deuxième édition plus soutenue matériellement et financièrement.

 

Aucun commentaire

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran